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| | [Fic]L'Achèvement du Destin | |
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Auteur | Message |
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Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: [Fic]L'Achèvement du Destin Lun 18 Juil - 20:04 | |
| Rappel du premier message :
Et oui, déjà la saison 3, ça va vite tout ca, dire que y'a 3 ans, je commençais à peine à écrire la saison 1 et que je me prenais toute la haine du monde...Bref, donc la saison 2 est finie maintenant, ca aura été long mais la saison 3 prend la place! Au programme, changement de prota, avec maintenant Drago et Laura. D'un côté, Drago devra essayer de concilier le retour de l'une de ses anciennes amies avec sa nouvelle vie, tandis que laura...surprise, j'ai pas envie de gacher ca :3 Egalement, retour d'un bon nombre d'ancien persos oubliés et evidemment, une grosse baston en vue :3 Mais sans plus attendre, voila le prologue de cette saison 3!
Prologue
Il faisait froid…beaucoup trop froid dans cette citadelle de glace. La créature qui se tenait seule sur le trône avait beau avoir reconstruit ses quartiers, elle n’avait pas les pouvoirs adéquats pour modifier son environnement. Le sombre dragon ne pouvait que modifier le passé et l’avenir mais s’était juré de ne jamais agir pour lui-même. Son rôle se limitait à faire respecter l’ordre dans cet univers, éliminant tous les rebelles contre leur destin, et rien d’autre… Cependant, le dragon noir commençait sérieusement à en avoir assez de prendre des coups sans pouvoir riposter à cause de ce serment fait à lui-même, d’autant plus que des temps sombres étaient à venir à présent que les démons étaient réunis et alliés aux humains. Pour couronner le tout, ses propres espions, envoyés sur terre, s’étaient retournés contre lui. Quelle ironie. Lui, Armageddon, la créature la plus puissante de cet univers, avait scellé sa propre perte et, même en refusant cela, ses chaines l’empêchaient d’agir, le rendant aussi impuissant que n’importe quelle autre créature vivante. Non…Cela ne pouvait pas continuer. Il savait pertinemment ce qui allait se passer s’il laissait les choses telles qu’elles étaient. Il devait agir avant les ennemis du destin, même si pour cela, il devait briser tous ses principes. Si les démons cherchaient à entrer en guerre contre lui, alors soit, Armageddon les attendait de pied ferme. Il était hors de question que les événements s’étant passés plus de dix mille ans auparavant se reproduisent. Le dragon divin se mit alors à réfléchir à la meilleure solution afin d’éliminer définitivement son problème. Evidemment, il aurait pu remonter dans le temps et détruire cette rébellion avant même qu’elle ne commence, mais dans ce cas, même lui ne pouvait pas prévoir les conséquences d’un tel changement. Non, il fallait agir dans le présent s’il voulait préserver le cours du temps. En premier lieu, il fallait qu’il trouve un moyen d’éliminer cette Laura. Sa présence dans le présent modifiait bien trop le futur qu’il tentait de préserver. Même s’il vainquait les démons, cette fille continuerait à perturber le destin par sa simple existence. Cependant, face à lui se dressait un obstacle de taille : Yuiko Iori, la fille venant du futur et l’ayant presque vaincu en duel et il savait que tant qu’elle serait en vie, il lui serait impossible d’éliminer définitivement l’élément perturbateur. Soudain, une idée nouvelle germa dans l’esprit d’Armageddon. Il n’avait pas besoin d’éliminer Laura de ses propres mains, il lui suffisait de la pousser à l’autodestruction et pour cela, il avait l’arme idéale. Le dragon claqua des doigts et devant lui apparut un jeune garçon brun soigneusement coiffé mais cependant avec une mèche de cheveux passant entre ses deux yeux, au visage assez fin et aux traits doux. Il semblait dans une sorte de stase le maintenant en vie. Après tout, Armageddon l’avait sauvé in extremis de la mort, il fallait du temps à son corps pour récupérer toutes ses forces. Mais à présent, l’heure était grave. Armageddon n’avait plus aucun soutien, il lui fallait agir dans l’urgence et ce garçon était sa dernière solution en attendant de trouver une meilleure idée. Armageddon claqua une nouvelle fois des doigts et le l’adolescent se mit à remuer. Lentement, il releva la tête et ouvrit ses yeux verts comme l’émeraude en grimaçant, ce qui était normal puisqu’il avait passé presque quatre ans sans voir une seule lumière. -Où…Suis-je ? Lança-t-il d’une voix faible et éraillée. -Tu te trouves dans la citadelle des dieux, un lieu hors du temps et de l’espace ; lui répondit le dragon d’une voix tentant de paraitre compatissante. Mon nom est Armageddon. -Je ne comprends pas…Comment suis-je arrivé ici ? Tout est si flou dans ma tête… -Ne t’inquiète pas mon jeune ami, tout te reviendra rapidement. Pour l’heure, j’ai simplement besoin que tu me rendes un service. -Que voulez-vous dire ? Et de Quel genre…de service parlez-vous ? Demanda le garçon, perdu. Le dragon ne répondit rien et se contenta d’ouvrir un portail derrière le garçon. Ce dernier se retourna, de plus en plus déconcerté par la situation et Armageddon reprit : -Je veux simplement que tu franchisses ce portail et que tu t’approches d’une personne du nom de Laura Garden. Tu me dois bien ça à moi, ton sauveur, n’est-ce pas ? Si tu le fais, la mémoire te reviendra, j’en suis persuadé. -Laura…Garden…Ce nom me dit vaguement quelque chose…Murmura-t-il en essayant de se souvenir. Et une fois que je l’aurais approchée, que devrais-je faire ? -La tuer. Le garçon hésita un instant avant d’acquiescer. Il n’avait aucun souvenir de sa vie, mais s’il pouvait retrouver ses souvenirs par ce moyen, alors il était prêt. Alors qu’il s’apprêtait à passer au travers du portail, le garçon brun se retourna une dernière fois et interpella le dragon. -Au fait Armageddon, quel est mon nom ? J’aimerais au moins savoir ça si vous le savez. -Tu t’appelles Arthur, Arthur Garden.
Bien loin de là, dans le désert ardent du Sahara, sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, marchaient trois hommes. Juste devant eux se dressaient d’imposantes ruines d’une cité disparue, engloutie par les âges et le sable. Sans un mot, les voyageurs prirent la direction de la cité antique et s’arrêtèrent une fois arrivés devant une sorte de temple un peu à l’écart des autres bâtiments. Contrairement au reste de la ville, il se trouvait dans une sorte de cuvette, empêchant toute visibilité, mais le cachant également de tous les regards. Il n’était ni spécialement grand ni spécialement majestueux, seuls deux ou trois statues ornaient le portique. L’homme en tête fit un signe aux deux autres qui s’écartèrent aussitôt et soudain, le temple rayonna d’une lumière noire. La terre se mit à trembler, le ciel se couvrit de nuages noirs chargés d’orage et une tempête comme il n’y en a jamais dans le désert se leva. C’était comme si tous les éléments de la nature répondaient à la volonté de cet homme. Puis, aussi rapidement que cela avait commencé, tout se calma d’un seul coup. -Qu’est-ce que c’était encore que cette blague Gariatron, je croyais que nous allions lever une armée, mais je ne vois que du sable moi ; railla le plus jeune étant resté sur le côté. Pour toute réponse, le meneur pénétra dans le temple et un éclair noir fendit les cieux pendant une demie seconde et, lorsque les deux autres recouvrèrent la vue, il n’y avait plus personne devant eux. -Qu’est-ce que…Bégaya le garçon du nom d’Aymeric, abasourdi. Est-ce que…Gariatron vient de se faire…désintégrer Shadow ? -Je vois, un portail, je n’y aurais pas pensé mais ce n’est pas si bête en fin de compte ; marmonna l’homme au masque en ignorant la question. Le dénommé Shadow sortit de sa poche un petit pendentif en or dans lequel se trouvait une vielle photo abimée représentant une famille de quatre personnes devant une grande maison. Sur cette photo, une petite fille brune taquinait son frère tandis que leur mère tentait de les faire obéir et leur père regardait la scène avec amusement. -Tout cela a intérêt à fonctionner, dans le cas contraire, j’irai moi-même affronter Armageddon. Pour Laura, je n’ai pas le droit à l’échec. Il s’avança à son tour dans le temple et, tout comme Gariatron, disparut dans un éclair noir, laissant le jeune garçon seul au milieu du désert, totalement perdu. -J’imagine que je n’ai pas le choix ; grogna-t-il. Dans quoi me suis-je encore embarqué moi… Et il disparut à son tour de l’autre côté du portail. Cependant, il ne s’attendait en aucun cas à trouver ce qu’il y avait au-delà et il tomba à la renverse immédiatement lorsqu’une paire d’yeux jaunes et luminescent se posa sur lui. -A…Apo… Le garçon ne réussit pas à terminer sa phrase tant il était paralysé par la peur. Devant lui se dressait un serpent immense, bien plus gros que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Même son maitre, le démon originel des ténèbres, devait n’être qu’un nain face à lui. Cependant, ce dernier ne tremblait pas et lui faisait face tout en gardant forme humaine. Il en allait de même pour Shadow qui croisait les bras et semblait impatient. -Alors Gariatron, comme ça on s’allie aux humains ? Siffla le serpent géant. -Il faut parfois reconnaitre ses erreurs mon cher Apophis. Mais ne va pas croire que j’ai abandonné ma vengeance. J’aviserai une fois tout ceci terminé. -Toujours aussi malhonnête envers lui-même ; marmonna Shadow suffisamment pour que personne ne l’entende. -Et donc, j’ai cru comprendre que tu requerrais à nouveau mes services ? Reprit la créature. -C’est exact, j’ai besoin de ton aide ainsi que de celle de tous les autres. Accepterais-tu de t’allier à moi une seconde fois ? -Pour que le grand Gariatron s’abaisse à demander de l’aide aux dieux maudits que nous sommes, l’heure ne peut-être que grave. -Non, je veux simplement en finir une bonne fois pour toute. -Je vois…Soit, nous acceptons Gariatron, mais n’oublie pas de tenir ta promesse également sinon tu sais ce qu’il t’arrivera ; le menaça le serpent en rapprochant son immense tête du démon. -Evidemment, lorsqu’Armageddon sera vaincu, je ferai en sorte de vous réintégrer parmi vos pairs. -J’ai hâte que tout ceci soit terminé ; se contenta de répondre Apophis avant de disparaitre dans l’ombre. |
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Auteur | Message |
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Heart
Messages : 4965 Date d'inscription : 06/01/2014
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Sam 19 Oct - 12:44 | |
| ah bah la c'est vraiment la dernière ligne droite oui x) |
| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Dim 20 Oct - 15:20 | |
| Chapitre 51 : Satoshi, jumeaux au-delà des âges- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=eIqxHpK97m4Les sentiments humains, en voilà une chose bien étrange. Pour moi qui avais vécu et grandi dans une ville en ruines, gouvernée par la pègre et l’injustice, ils n’avaient pas leur place dans mon cœur. Je l’avais compris le jour où nos parents avaient péri. A quoi bon s’attacher à quelqu’un, l’aimer, partager ses joies et ses peines, s’entraider face à la mort, pour finalement finir seul, rongé par le regret et des souvenirs qui, tels des spectres du passé, nous hantent et nous dévorent lentement. Telle était ma philosophie. Le seul moyen de ne pas souffrir était de ne pas aimer. La souffrance provenait de la séparation ? Fort bien, pour l’éradiquer, je n’avais qu’à ne créer aucuns liens pour que ceux-ci ne puissent jamais être brisés. Pourtant, cette attitude était contraire à la nature humaine. Même en tentant de renfermer au plus profond de mon être tous ces sentiments qui m’entravaient et m’empêchaient d’avancer, une personne sur cette terre m’empêcher de renier ma condition et de devenir un monstre sans cœur. Et cette personne n’était nulle autre que ma sœur jumelle, Serena. Elle était ma lumière, le soleil qui éclairait la Lune que je représentais. Grâce à elle, les nuances de gris dans lesquelles je vivais se paraient de milles et unes couleurs flamboyantes. Si j’avais continué à vivre toutes ces années sans me laisser aller au désespoir, c’était uniquement car je refusais qu’elle devienne comme moi. A cause d’elle, je m’étais lié à Hélios et avais ressenti à nouveau cette peine dans mon cœur que je m’étais juré de ne plus jamais connaitre. Et malgré tout, cela me faisait du bien. Je souffrais à cause de quelqu’un d’autre. Je n’étais pas comme Fuji Makoto. Je n’étais pas un monstre. J’étais encore humain. Malheureusement, j’avais échoué. Je n’avais pas pu protéger ma sœur des ténèbres qui la guettaient et son corps, comme une étoile dévorée par un trou noir, n’était plus que folie et destruction. Je n’avais plus le choix. Si je voulais faire revenir ma sœur à la raison, il allait falloir que je me batte une dernière fois contre la personne que j’avais été incapable de protéger… je devais me battre contre cette Serena qui était devenu ce moi que je détestais tant à présent… ce moi obnubilé par une quête insensée… ce moi qui ne pouvait pas avancer sans l’aide d’une lumière éclatante. « Hélios, éclairez mon chemin encore quelques heures, j’ai besoin de votre guidance pour ramener ma sœur à la raison… » ** https://www.youtube.com/watch?v=0GcX-HDyUwkUne longue course poursuite prenait fin. Serena était acculée. Il n’y avait plus d’échappatoire pour elle. En apprenant la mort de notre mentor, ma sœur avait été prise de folie et s’était enfuie jusqu’en Avalon et je l’avais poursuivie jusque dans le palais impérial. A présent, nous nous trouvions dans la salle du trône et je bloquais la seule sortie. Il n’y avait derrière la jeune fille qu’un immense escalier tapissé de velours et menant à un pinacle sur lequel se dressait fièrement un unique siège serti de joyaux. Serena serra les dents lorsqu’elle comprit qu’elle ne pouvait aller plus loin et se retourna vers moi pour me faire face, la lance d’Armageddon dans les mains. « N’approche pas, Satoshi ! me hurla-t-elle, hors de contrôle. — Ecoute moi, Serena, Hélios n’est plus, tu dois te faire une raison ! — Silence ! Hélios vit encore quelque part, je le sais ! Si tu refuses de partir à sa recherche, j’irai seule, et ce, même si je dois y passer ma vie entière ! — Bon sang, qu’est-ce que tu peux être bornée, grommelai-je en serrant le poing. Je sais que tu es sous le choc de sa mort, et je le suis aussi… mais s’il te plait, pour l’amour du ciel, sois raisonnable pour une fois dans ta vie ! » Folle de rage, Serena décrivit un arc de cercle avec sa lance et une violente onde de choc se propagea dans ma direction. Comprenant que le dialogue était inutile, je matérialisai ma propre lance pour contrer son attaque. Lorsque nos deux faisceaux d’énergies se rencontrèrent, l’espace-temps vibra. Je fus projeté violemment en arrière, de même que ma sœur, mais je réussis tout de même à me remettre sur mes jambes, le visage crispé. « Je dis cela pour toi, Serena ! repris-je de plus belle. Ce n’est ni le désespoir, ni la résignation qui me font parler, mais simplement le bon sens : Hélios n’est plus, tout comme nos parents, tu dois l’accepter ! » Ma jumelle, comme prise de démence, se boucha les oreilles et se mit à se tortiller sur place tandis qu’autour d’elle s’élevait une sinistre aura violette, ainsi que l’ombre d’un serpent gigantesque. Je réprimai un juron lorsque je compris ce qu’il se passait réellement. Ma sœur avait abusé du pouvoir d’Armageddon et désormais, son Spiritual avait pris le dessus sur ses émotions. Il ne contrôlait ni son corps, ni sa conscience, mais il décuplait ses sentiments à tel point que son jugement était totalement faussé. Je devais l’arrêter absolument avant qu’il ne soit trop tard. « Je fais cela pour ton bien, Serena. Pardonne-moi. Armageddon Shift ! » Une immense horloge apparut derrière ma sœur et au loin, le son d’une cloche retentit. Aussitôt, ma jumelle fut plaquée au sol, incapable de se tenir debout. D’un pas lent, je m’approchai d’elle, prêt à lui retirer le pendentif qui lui octroyait ses pouvoirs. Cependant, alors que je n’étais plus qu’à quelques pas d’elle, un sourit mauvais fendit son visage. Je m’immobilisai, pressentant un danger imminent. « Armageddon… Destiny ! » Les aiguilles de mon horloge volèrent en éclat comme si elle avait été percutée par un missile. Toutefois, les débris de verre ne s’éparpillèrent pas sur le sol mais furent comme absorbé par le cadran de la montre géante, à l’intérieur d’un gigantesque trou noir. Je me cramponnai comme je pus au sol, me maudissant d’avoir été incapable de prédire cela. Sereine, ma sœur se releva et épousseta son épaule. Cependant, alors que je pensais son esprit incapable de tout raisonnement logique, l’aura mauve qui l’enveloppait se dissipa et la jeune fille reprit ce visage calme et innocent qu’elle arborait si souvent dans les ruines de Tokyo. https://www.youtube.com/watch?v=MMkrFlYySzUElle fit alors un pas en arrière, se rapprochant dangereusement de ce monstre insatiable qui dévorait quiconque serait assez fou pour s’en approcher. Derrière elle, sa cape bleu nuit et ses longs cheveux châtains flottaient comme les branches d’un saule pleureur balancées par la tempête. Dans ses yeux iris, toute la folie semblait l’avoir quitté d’un seul coup pour ne laisser place qu’à une tristesse et une culpabilité infinie. « Alors c’est comme ça… c’est comme ça que tout va finir, Serena ? lâchai-je d’une voix teintée d’un sentiment qui m’était désormais familier. » Un sourire triste passa sur les lèvres de ma sœur, puis elle baissa les yeux, consciente que, cette fois-ci, il n’y aurait pas de retour en arrière. « Tu sais, Satoshi… je n’ai jamais pu te le dire en face parce que j’avais peur que tu me fasses la morale et que tu me ressortes tes discours sur l’inutilité des relations humaines… mais je tenais à te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ces dernières années. Sans toi, j’aurais certainement fini comme toutes ces ordures que j’ai toujours rejetées, à piller, voler, tuer, blesser sans foi ni loi. Cependant, je dois aussi m’excuser… je n’ai jamais pu être la fille indépendante et forte que tu aurais voulu que je sois… — Qu’est-ce que tu racontes encore comme sottises ? Je n’ai jamais voulu que tu changes, c’est pour cela que je me comportais de la sorte… Je voulais que tu voies en moi un anti idéal, un modèle à ne pas suivre… parce que je voulais que ça soit toi qui me montre le chemin. » Un rire amusé s’échappa de la gorge de ma sœur. Elle sortit de sa poche une photo que je connaissais bien et plongea son regard dedans, comme elle en avait tant l’habitude autrefois. « Il faut que je le revoie, déclara-t-elle d’une voix à la fois triste et remplie d’espoir. Tu as toujours été là pour moi, mais lui a toujours été là pour nous et nous n’avons jamais pu le remercier correctement. — Tu sais que c’est impossible, Serena… murmurai-je. — Je le sais, Satoshi. Mais il était aussi impossible pour nous de sortir de cet enfer dans lequel nous avons grandi. Et pourtant, il l’a fait. Il a réalisé l’impossible pour nous. Alors, tout comme lui, je vais accomplir un miracle. — Je… — Si toi tu as pu t’excuser, je n’ai jamais pu lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. Il y a tant de choses qu’il me reste à apprendre à ses côtés, tant de merveilles dans ce monde que nous aurions dû voir ensemble, tant de gens formidables dont nous aurions pu croiser la route… Sans lui… sans lui, nous sommes condamnés à retourner à notre misère et je ne veux pas que tu subisses à nouveau cela, Satoshi ! » Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. J’ouvris la bouche mais aucun son n’en sortit. A la place, seul un liquide salé brouilla ma vision et s’écoula le long de mes joues. Ma sœur pleurait. Même si elle tentait de se retenir et que ses larmes étaient aspirées par le trou noir, c’était la première fois que je la voyais dans cet état depuis le jour où Hélios nous avait sortis de la misère. « Tu sais… si j’aimais tant être à ses côtés, c’était parce qu’il n’y avait que dans ces moments là que tu réussissais à sourire ! me cria-t-elle entre deux sanglots. — Serena, tu… — Tu m’as toujours protégée mais moi, je ne t’ai jamais rien donné en retour. Je le savais. Tu prenais les coups à ma place, tu subissais les maltraitances des gangs et les injustices pour moi. Et pourtant… pourtant tout ce que je réussissais à faire, c’était t’attirer encore plus d’ennuis en tentant de t’aider ! Si tout rentre dans l’ordre, nous devrons retourner à Tokyo et vivre à nouveau dans la misère. Tout recommencera exactement comme avant. Je ne veux pas ça ! Tu as assez souffert, tu ne penses pas ? Alors, pour une fois, laisse-moi t’aider et te rapporter celui qui percé ton cœur glacé ! » D’un revers de la main, je m’essuyai le visage et lâchai un long soupir. « C’est moi qui ai été stupide, Serena. Je n’avais jamais réalisé à quel point tu souffrais à cause de moi. Je dois être un bien piètre frère pour ne même pas le remarquer. — Qu’est-ce tu racontes encore ? Pourquoi est-ce que tu t’excuses ? Tu n’as rien à te reprocher, rien du tout ! Tu… — Va, Serena. Si tel est ton désir, plonge dans ce portail et retrouve l’homme qui a changé nos vies. Cependant, je lui ai déjà fait mes adieux. Si je le revoyais, ils perdraient leur sens, tu ne crois pas ? — Satoshi… — Même des jumeaux ne marchent pas sur le même chemin éternellement. Il arrive toujours un jour où chacun devra suivre sa propre voie. Et on dirait bien que ce moment est arrivé. — Non, tu ne comprends pas, je… — Serena, la coupai-je d’une voix ferme. Trouve Hélios si tu t’en crois capable, et dis-lui ce que tu n’as jamais pu lui dire. Quant à moi, je m’efforcerai de reconstruire notre ville pour que, le jour où tu reviendras, tu trouves un endroit digne de t’accueillir. » Ma sœur détourna le regard et serra le poing. « Tu es certain que tu ne veux pas venir avec moi, Satoshi ? — Je ne suis pas ta baby-sitter. Tu es assez grande pour te débrouiller sans moi désormais il me semble. Alors vas-y, vis ta vie pleinement sans te soucier de ton incapable de frère. » Après un moment d’hésitation, ma jumelle me tourna enfin le dos pour faire face à ce portail qui menait certainement à une autre époque, une époque où Hélios vivait encore. Ce voyage dans le temps allait être le dernier de l’histoire. Sans les Time Gates, seul nos deux pouvoirs réunis étaient en mesure d’ouvrir un portail. Selon son choix de destination, c’était un aller sans retour que Serena s’apprêtait à faire et elle le savait. Elle fit un pas en direction du trou noir mais, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques centimètres, ma sœur s’arrêta et posa sa main sur son cœur. « Dis, tu te souviens de la raison pour laquelle nous nous sommes alliés à Armageddon, Satoshi ? Est-ce que tu penses que nous avons fait le bon choix ? Est-ce que nous n’aurions pas dû essayer de la convaincre dès le début ? — Je l’ignore, répondis-je en fermant les yeux, perdu dans mes souvenirs. Tout ce que je sais, c’est que ne faisions pas fausse route. Pour sauver notre monde, Izrath devait périr, et Fuji Makoto avec lui… — Tu dois avoir raison, j’imagine, soupira ma sœur. Je te souhaite de trouver ta voie toi aussi. N’oublie pas que Marie à un petit faible pour toi, j’espère que tu la rendras heureuse ! — C… Comment ?! m’étranglai-je en sentant le sang me monter à la tête Qu’est-ce que tu vas chercher encore ! » Ma sœur pouffa, l’air fière d’elle-même, et me tira la langue comme une enfant se moquant d’un adulte. Je lâchai un soupir de fatigue, puis tournai les talons. « Essaie de grandir un peu, Serena. Tu en auras besoin là où tu iras. — Et toi, essaie d’être moins ronchon de temps en temps, ça te fera du bien et ça t’évitera d’avoir des rides à trente ans ! » Je me retournai, prêt à rétorquer sèchement mais il était trop tard. Sans réfléchir, ma jumelle avait sauté dans le portail. Celui-ci se referma comme il s’était ouvert et il ne resta plus rien à l’endroit où ma sœur se tenait une seconde plus tôt. « Sérieusement, tu veux toujours avoir le dernier mot… tu es vraiment casse-pieds… Mais ne change jamais, Serena. » Je m’apprêtai déjà à sortir de la salle du trône avant que quelqu’un ne remarque ma présence ici lorsque je vis que, devant la porte, se tenait un visage familier. La jeune fille aux cheveux de jais était adossée au battant et me fixait d’un oeil brillant et malicieux tandis que, dans sa main, elle tenait une sorte de parchemin. « Tiens, tiens, voila monsieur l’allié d’Armageddon, ça faisait longtemps, n’est-ce pas ? — Qu’est-ce qu’il y a encore, Marie ? Tu es venue te moquer de moi parce que j’ai fait preuve de sentimentalisme ? raillai-je. — J’aurais bien voulu mais non. Je sais aussi ce que ça fait de dire au revoir à un proche donc je m’abstiendrai. Par contre, j’ai une lettre pour toi. — Une… lettre ? » La sœur de Darksky me jeta le bout de papier que j’attrapai au vol entre mon index et mon majeur. Au dos était inscrit le chiffre « 1 », ainsi qu’une date, effacée par le temps. La missive était accompagnée d’un bout de papier plastifié qui, lui aussi, avait subi l’action du temps. Dessus, sur la partie blanche, je pus y lire : « la première photo de l’histoire de l’humanité, n’est-ce pas génial ?! ». Je retournai ce minuscule carré mais les couleurs avaient fini par disparaitre. Il ne restait de l’image que des formes floues, trois cercles, deux bruns et un jaunâtre devant un bleu délavé. Je ne pus m’empêcher de rire devant cette tentative ratée et mis ces deux trésors dans ma poche avant de m’avancer vers la sortie. « Eh bien, tu n’ouvres pas ? Tu ne veux pas savoir ce qu’elle a à te dire ? — Inutile, je le sais déjà, répondis-je calmement. — Tant mieux parce que j’en ai encore une centaine chez moi à te donner ! — Une… une centaine ?! m’exclamai-je, les yeux ronds. Qu’est-ce que… — Je ne sais pas, j’ai trouvé ça un jour dans un des coffres de ma mère et toutes ces lettres t’étaient destinées, du coup, je les ai gardées. — Sérieusement, pourquoi est-ce que tu as besoin d’être aussi bavarde, toi, murmurai-je, les dents serrées. — Hm, tu as dit quelque chose ? s’amusa la jeune fille. — Non, rien. Allons-y. Nous n’avons rien à faire ici et Ladd doit t’attendre. — Comme tu voudras ! » Marie, avec son énergie habituelle, me prit par la main et m’entraina à sa suite malgré mes protestations. Mais pour la première fois, je me sentais libre, comme si ce lien qui m’unissait à ma sœur, qui m’entravait et qui m’empêchait de m’ouvrir aux autres s’était brisé. Plus rien ne me retenait désormais. Je pouvais vivre, non pas pour protéger une sœur un peu trop empotée, mais pour moi-même. « Alors c’était donc cela ton but… tu es vraiment insupportable… Serena… »
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| | | honest
Messages : 2044 Points : 2067 Réputation : 3 Date d'inscription : 03/01/2015 Age : 25 Localisation : Stairway to heaven
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Dim 20 Oct - 16:43 | |
| Tiens, un chapitre sur Satoshi... que c'est intéressant... |
| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Lun 21 Oct - 23:44 | |
| Ladd : La chute du prince- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=_Gm7-BPZ7AM&Finalement. Après des millénaires de lutte incessante, mon utopie était devenue réalité. Izrath n’était plus. Et sur les ruines de l’empire déchu se levait le soleil du renouveau. Pour la première fois depuis ma rébellion, je ressentais cette chaleur apaisante et réconfortante caresser tendrement ma peau. Il n’y avait pas de meilleure sensation que celle d’un effort récompensé. Depuis le sommet du dôme du palais de la nouvelle Babylone, capitale de cet empire en devenir, je contemplai mon œuvre. A mes pieds s’étendaient les jardins impériaux, gigantesques labyrinthes de verdure inspiré des monuments de la Rome Antique. Au-delà se dressait une ville immaculée, encore vierge de toute vie et flamboyante sous les rayons rosés de l’aurore. Contrairement à ma résidence, j’avais laissé libre cours à l’imagination de mon associé pour le style, si bien que cette cité, bien que mélangeant les immeubles haussmanniens parisiens, les tours new-yorkaises, ou encore les maisons traditionnelles japonaises, respirait l’harmonie et le bien-être. Chacun pouvait y trouver sa place. La modernité côtoyait la tradition, Izrath se mêlait à la terre et le passé embrassait le futur. Encore plus loin, par-delà les dernières habitations se trouvaient un monde qui n’attendait que d’être découvert et conquis. Même moi j’ignorais jusqu’où cette terre s’étendait. Je n’avais jamais voulu le savoir. Avalon était peut-être ma planète, mais j’avais préféré laisser sa découverte aux futurs habitants. Après tout, la conquête faisait partie de l’ordre naturel et créait cette adrénaline dont nous avions tous besoin. Cependant, je savais une chose : quelque part, ici, sur cette terre, se dressaient des merveilles qui n’attendaient qu’à être découvertes. Des océans sans fond, des montagnes perçant les cieux, des cavernes extraordinaires et des forêts si denses que même les flammes ne pouvaient détruire. Il me tardait de voir tout cela de mes propres yeux. Alors que j’étais perdu dans mes pensées contemplatives, un bruit de bottes parvint jusqu’à mes oreilles. Je ne me retournai pas. La personne vint se placer à côté de moi et sa longue chevelure d’or se mit à flotter, bercée par l’auster qui apportait de la chaleur à cette journée historique. « Alors, nous y sommes, Ladd ? déclara-t-elle d’une voix amusée. Je n’aurais jamais cru que ce jour arriverait. — Tu doutais de moi, ma très chère Théa ? Ou devrais-je dire… Isis ? » Mon amie émit un rire amusé qu’elle étouffa en passant sa manche devant sa bouche. « Cela fait une éternité que l’on ne m’a pas appelée ainsi. Je ne sais même pas si mon père a déjà prononcé lui-même ce nom. — Pourtant, c’est sous ce patronyme que tu as été liée à Osiris. Pourquoi y avoir renoncé, et ce, alors même que tu n’en avais plus besoin ? — Pour la même raison que toi, j’imagine. Tout comme tu n’étais plus le souverain d’Izrath, je ne suis plus l’héritière du trône. — J’imagine que cela se tient, me contentai-je de répondre en fermant les yeux. » Pendant quelques instants, seul le bruissement du vent dans nos vêtement brisait le silence absolu qui régnait en Avalon. Théa, d’une voix moins assurée, reprit la parole sans oser me regarder. « Etions-nous vraiment obligés d’en arriver là ? Les choses n’auraient-elles pas été plus simples si… — Non. C’était impossible. Ma mère me l’a bien fait comprendre avant de… enfin, pendant notre dernière discussion. — Était-ce réellement un problème ? — « Le temps des dieux est éternel. Pour eux, le passé, le présent, le futur n’existent pas. Ils vivent dans leur monde, coupés de la réalité. Ils ne peuvent pas mourir et n’ont donc, pas conséquent, pas d’histoire. C’est pourquoi, nous devons détruire ce système de l’intérieur en commençant par leur roi. ». Tels sont les mots que m’a un jour dit Gariatron. Même si, pour lui, cela n’était destiné qu’à me rallier à sa cause dans sa rébellion, il ne mentait pas. Il ne faisait qu’énoncer des faits. Izrath était gouverné par des seigneurs qui étaient incapables de prendre conscience de la réalité, pas parce qu’ils n’en avaient que faire, mais simplement car pour eux, ce que les Spiritual vivaient n’existait pas. » Tandis que je prononçai ces mots, je me mis à me perdre dans mes souvenirs brumeux, oubliant moi aussi la réalité qui me faisait face. ** https://www.youtube.com/watch?v=ZKCCs9DNEJsLa guerre que les démons avaient lancée contre Armageddon fut un échec. Alors que lui et ses alliés pensaient pouvoir renverser le pouvoir en place, ils furent exilés et furent accablés de ce nom ingrat. Pire, rien ne changea au sein du conseil d’Izrath. Nul ne se remit en question, pas même lorsqu’Apophis se révéla traitre. Tout comme ses congénères, il fut expulsé d’Izrath et condamné à l’exil. Mais les sanctions s’arrêtèrent là et la vie reprit son cours. Alors que je venais d’être nommé en tant que futur souverain d’Izrath, cela me répugnait. Le monde, autant celui des humains que des Spirituals, avait frôlé la destruction alors que ni l’un ni l’autre n’étaient concernés par ce conflits. Ils n’étaient que des victimes collatérales d’un affrontement qui n’eut pour les dieux que l’effet d’une brise sur une montagne. Lorsque, moi, héritier du trône, m’était offusqué de cela, le conseil m’avait ri au nez et tourné en ridicule. Ils m’avaient dit qu’avec le temps, j’apprendrais à ne plus me préoccuper de « broutilles » comme ils disaient eux-mêmes. Et cela, je ne pouvais le tolérer. Simplement car ces vieux croulants possédaient une pseudo immortalité et un pouvoir qu’ils ne méritaient pas, ils se permettaient de se placer au-dessus des mortels. Ce jour-là, les seigneurs d’Izrath venait de commettre la seule erreur que jamais ils ne pourraient réparer. Je m’étais juré de faire tomber de leur piédestal ces soi-disant êtres tout puissants, et ce, pas n’importe quel moyen, même si pour cela je devais emprunter la même voie que les démons et provoquer une nouvelle guerre de laquelle je sortirais vainqueur. Pour moi, la solution était claire : je devais détruire Izrath et élever sur ses ruines le drapeau d’un monde neuf et sans tache. Ainsi, je rejetai mon titre. Sans aucune surprise, personne en terre des seigneurs ne fut, ne serait-ce qu’ébranlé par une telle décision. Seuls mes parents, les souverains de l’époque, se fâchèrent, mais tout comme leur congénères, leur réaction fut minime par rapport à la gravité de mon acte. Fuyant ce monde qui me répugnais, je trouvai refuge en Izrath, plus particulièrement au sanctuaire céleste où le juge me prit sous son aile. Sous le faux nom de Ladd et sous une apparence presque humaine, j’appris à ses côtés toutes les lois qui régissaient ce monde et qui étaient absentes de la terre des seigneurs. Je me liai également d’amitié avec un des apprentis, un jeune ambitieux qui devint par la suite le nouveau juge, Astaris. C’est grâce à cette personne que j’entendis parler pour la première fois du rôle de gardien. Sans hésiter, je postulai pour devenir celui du prochain pharaon d’Egypte dans l’espoir d’en apprendre également sur le monde des humains, leurs cultures et leurs lois. Si je voulais créer un nouveau monde, il me fallait toutes les ressources disponibles pour en extraire ce qu’il y avait de meilleur. Malheureusement pour moi, il restait un obstacle de taille pour m’incarner sur terre. Je devais avoir l’aval d’un seigneur. Il était évidemment hors de question que je m’abaisse à leur demander le moindre service, et c’est pourquoi, je m’incarnai dans l’illégalité. Alors que le nouveau-né du pharaon Solaris aurait dû se lier à Osiris, je pris sa place au dernier instant dans le portail reliant Izrath et la terre. C’est ainsi que je me réveillai quelques instants plus tard en tant qu’esprit protecteur de Drago. Mais cet enfant ne m’intéressait guère. Dès les premières secondes dans ce monde, mon regard se posa sur le prêtre qui m’avait invoqué. Dans ses yeux, je pus y lire le même doute et les mêmes craintes que ceux qui me hantaient avant ma rébellion. Au début, je n’avais pas compris ce qui le terrorisait tant, alors, dans le plus grand des secrets, je créai un deuxième pacte avec lui. Cela me permit de voir le monde à travers ses yeux. Un monde au bord de la destruction. Sans aucune surprise, des conflits existaient sur Terre. Mais ces conflits étaient l’œuvre de dieux incapables et irresponsables. En voulant enfermer Gariatron, ils avaient créé un monstre encore plus grand et plus dangereux. Car, contrairement au démon des ténèbres, ce monstre ne combattait pas des immortels, mais de simples humains. C’était répugnant. Tout simplement répugnant. Osiris, Nout et bien d’autres… aucun d’entre eux n’avait jamais, ne serait-ce qu’évoqué le chaos qui régnait dans le monde des hommes alors que ceux-ci leur vouaient une foi inébranlable. Dans un espoir vain, je convoquai un soir le grand prêtre dans le temple du Soleil et de la Lune, le mien, pour m’entretenir avec lui. Je lui révélai ma véritable identité de prince déchu et lui expliquai en quoi Izrath était si dangereux pour son monde. Sans surprise, il refusa de me croire. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Il n’était qu’une victime de plus de ces faux imposteurs qui se disaient dieux du haut de leurs trônes d’or. Cependant, il me restait une dernière carte à abattre pour recruter ce premier allié dans ma quête de destruction. https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4« Amon, crois-tu vraiment qu’en suivant ce chemin, toi et ta famille vous connaitrez le bonheur ? — Je n’ai aucune raison de douter. Solaris gagnera cette guerre contre le souverain de l’Est. — Ne t’ai-je pas déjà dit que votre ennemi n’est ni ce souverain, ni un humain, mais Izrath lui-même ? Vous vous battez actuellement contre des forces qui vous dépassent et qui consument votre monde, telles des insectes rongeant lentement une forêt déjà morte. — As-tu la moindre preuve de ce que tu avances, Spiritual renégat ? me répondit le prêtre sur la défensive. — Si tu ne me crois pas, pourquoi ne m’as-tu pas encore renvoyé sur Izrath ? rétorquai-je sèchement. Tu sais que je suis illégitime, et pourtant, tu n’en as rien dit, ni au pharaon, ni aux autres Spirituals. — Je… — Tu veux découvrir la vérité, n’est-ce pas ? Tu veux savoir si je suis digne de confiance ou si je ne suis qu’un criminel ? Tu veux asseoir ta curiosité personnelle avant l’intérêt de ce nouveau-né auquel je suis lié ? — Non, c’est faux ! Jamais je ne prendrais un tel risque pour le futur roi ! Solaris et Hélios triompheront du désespoir, je le sais ! — Deux jours. — Comment ? — Dans deux jours, le pharaon partira vers le futur pour échapper à une prophétie ingrate. Cependant, même s’il pense que cela sauvera son royaume, ce n’est qu’une illusion. Je connais Chronos. Jamais il ne s’est trompé dans ses visions. Il est peut-être le seul seigneur à reconnaitre l’existence de la terre d’ailleurs. — Je le sais. Solaris m’en a parlé, et il a été convenu qu’Hélios monterait sur le trône à sa place. — Amon. Je sais que tu fais une confiance aveugle à ton roi et c’est bien normal. C’est pourquoi, je te propose ceci : viens avoir moi dans les méandres du temps et vois par toi-même ce qu’il adviendra de ce royaume, susurrai-je d’une voix doucereuse et envoutante à l’oreille du prêtre. — Je… Je ne peux pas laisser Iris seule contre… — Si tu faisais réellement confiance à ton roi pour protéger son peuple, cette inquiétude ne devrait même pas te traverser l’esprit. — Ce n’est pas la question, Ladd ! Il est normal pour un père de s’inquiéter pour sa fille ! rétorqua-t-il avec véhémence. Je ne peux pas l’abandonner ainsi à son propre sort ! — Tes paroles peuvent mentir, Amon, mais pas tes yeux. Tu sais très bien que, si Hélios parvient à défendre la ville, ta fille ne craint rien, surtout au vu de son statut. — Je… j’ai besoin de réfléchir. Ce n’est pas une décision qui se prend se le moment… » Je ne pus m’empêcher de sourire. A ce moment-là, je savais que la partie était déjà gagnée. Le cœur du prêtre vacillait entre sa volonté de me prouver que j’avais tort, sa foi dans sa religion donc, et son devoir de père. Mais un cœur vacillant est destiné à prendre la solution la moins rationnelle, j’en étais la preuve. « Soit. Un mois. Dans un mois de ton point de vue, je reviendrai du futur et te reposerai cette même question, grand prêtre Amon. » Je mis fin à notre conversation sur ces mots, laissant mon futur associé avec ses doutes. De retour en Izrath, mon premier réflexe fut de passer à l’académie des gardiens et de prévenir Astaris de mon départ imminent. Mon ami et rival fut choqué par la nouvelle mais n’essaya pas de me dissuader. Après tout, il savait que chacun de nos débats finissaient toujours en une impasse. Jamais l’un de nous n’avait réussi à convaincre l’autre. Alors que je voulais sauver le monde des humains et les Spirituals en détruisant le gouvernement, Astaris n’aspirait qu’à séparer notre monde de la Terre qui, selon lui, était la source de nos problèmes. https://www.youtube.com/watch?v=-Zm2MnYBXHY« Ladd, écoute-moi bien, déclara mon ami avec son sérieux habituel. Je sais que nous n’avons pas toujours été d’accord… — Pas toujours ? répétai-je avec ironie. Est-ce que tu peux me citer une seule fois où nous avons trouvé un terrain d’entente ? — Bon, nous ne sommes jamais d’accord, je le reconnais. Mais… — Dis-moi, Astaris, le coupai-je tout en contemplant la cour de l’académie à travers la fenêtre de la salle de classe. Tu comptes devenir Juge du sanctuaire, n’est-ce pas ? — Oui. Contrairement à toi, je ne crois pas en la violence pour le changement. Le gouvernement d’Izrath est loin d’être parfait, nous en sommes tous les deux pleinement conscient. Cependant, je pense que provoquer un bain de sang sera aussi futile que la révolution des démons. En devenant Juge, et en accédant ainsi à la plus haute fonction que peut posséder un Spiritual de sang non divin, je pourrai faire entendre la voix du peuple aux grands de ce monde. — Le dialogue ne fonctionne qu’avec ceux qui acceptent de s’écouter, déclarai-je dans un murmure. Tu auras beau user de toutes les lois et faire valoir tous les droits des Spiritual, nous ne vivons pas sur le même plan d’existence, eux et nous. Tu dois ouvrir les yeux, Astaris, la violence fait partie de notre monde tant que personne ne l’aura éradiquée. Pour affronter un ennemi plus fort que toi, tu ne dois pas te battre selon tes règles mais selon les siennes. Je renverserai ce gouvernement et je créerai mon monde parfait, et ce, quel qu’en soit le prix à payer. — Il semblerait qu’une fois de plus nous soyons dans une impasse, soupira mon ami en haussant les épaules. Nous sommes vraiment incompatibles toi et moi. — Un prince déchu, et un roturier aux ambitions démesurées… notre alliance aurait pourtant pu inspirer nombre de récits, souris-je du coin de la bouche. » Un silence s’installa sur cette salle de classe déserte à cette heure-ci. Au loin, le soleil d’Izrath disparaissait derrière les montagnes et projetait une lueur orangée sur un monde sur le point de s’endormir. Cette vision aurait pu faire croire qu’Izrath était en paix, mais ce n’était qu’une illusion. La guerre continuait à faire rage entre les alliés des démons, les Qliphort et les Infernoids, et les troupes du sanctuaires dirigées par Trichiona. Sans surprise, seuls quelques seigneurs participaient à cette bataille pour leur propre royaume tandis que la plupart continuait à observer de loin leur monde se faire consumer à petit feu. Après de longues minutes à contempler ce paysage qui je n’allais certainement jamais revoir, je me retournai vers mon ami et lui tendit une poignée de main chaleureuse. Le futur juge, étonné, me regarda quelques secondes, ne sachant pas comment réagir et je ne pus m’empêcher de rire. « C’est un rituel humain, déclarai-je avec amusement. Nous nous serrons la main pour nous saluer et nous souhaiter bonne chance. — Oh, je vois… quelle étrange tradition. La Terre ne cessera de m’étonner. » C’était étrange. Il n’y avait aucune force dans la poignée de main de mon ami. En apparence, Astaris était quelqu’un de très frêle. Malgré sa haine pour les humains, il était celui qui y ressemblait le plus dans sa forme spirituelle. Cependant, comme tous les jours, il portait un masque mauve sur la moitié de son visage pour dissimuler ces traits qui le répugnait. J’ignorais d’où lui venait cette haine des humains, mais je sentais qu’au fond de lui, il avait simplement peur de découvrir un monde qui remettrait en cause les fondements d’Izrath. Qui aurait cru que ce Spiritual allait devenir l’un des plus grands juges, et l’un des plus respectés ? Lorsque nos mains se séparèrent, nous restâmes quelques instants face à face sans rien nous dire. Nous n’avions pas besoin de parole pour nous comprendre. Je repris ma forme originelle, celle d’un dragon noir et blanc puis, toujours sans ajouter un mot, je m’envolai par la fenêtre en laissant mon ami et rival derrière moi. Plus rien ne me retenait dans cette époque désormais. Le futur m’attendait. Un futur aux heures sombres, teinté de rouge et de larmes. Néanmoins, tout cela était nécessaire. C’était parce que la nuit était si sombre que le soleil nous paraissait si radieux. Telle était la loi de ce monde. Alors, pour le bien d’Avalon, il était de mon devoir de plonger Izrath dans la nuit la plus sombre et de son histoire.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Mar 22 Oct - 22:26 | |
| Ladd : La déchéance d’Izrath- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4ACinq mille ans avaient passé. Rien n’avait changé en Izrath. Alors que sur terre, la technologie avait remplacé la magie et que l’humanité avait évolué dans le bon sens, mon monde était toujours dans une impasse. Les mêmes immortels continuaient à gouverner sans voir les problèmes qui se trouvaient sous leurs yeux. Les mêmes conflits subsistaient, les mêmes inégalités n’avaient fait que se creuser et les mêmes injustices sévissaient encore et toujours. Astaris avait beau être devenu juge du sanctuaire, il n’avait fait que profiter du désintérêt de la Terre envers les Spirituals pour fermer toujours un peu plus les portails qui liaient nos deux mondes. Pire, il avait même banni une race entière, les reptiles, du royaume principal car ceux-ci s’apparentaient aux démons qui avaient jadis comploté contre le pouvoir. Dans un espoir vain pour masquer les fuites qui faisaient couler lentement son navire, le nouveau souverain avait, par une ironie du sort, eu recours à une tradition humaine : les jeux olympiques. Chaque année, tous les clans d’Izrath étaient conviés en une grande fête durant laquelle de nombreuses épreuves sportives avaient lieu afin de célébrer l’unité et la paix de notre monde. Quelles foutaises. Les yeux du peuple pouvaient bien être trompés, mais pas sa chair. Un jour ou l’autre, Astaris n’allait plus être capable de contenir toute la colère d’Izrath par de simples divertissements. J’ignorais s’il croyait réellement à son projet, mais pour moi, mon vieil ami avait échoué. « Allons, mon bon Ladd, tu ne peux pas juger ainsi le travail que nous avons accompli, Astaris et moi ! » Zesunis Bright, un vieil ami de l’académie, me donna une grande tape dans le dos qui expulsa tout l’air de mes poumons alors que je venais de lui faire part de mon ressenti. Je toussotai pendant de longues secondes. Ce type avait toujours été un mastodonte mais ces quelques millénaires, au lieu de le rouiller, n’avaient fait que le renforcer. Contrairement à son acolyte aigri et colérique, Zesunis était un Spiritual enjoué, toujours souriant et apprécié de tous. Avec ses allures de surfeur professionnel qu’il cultivait – c’est à dire chemise à fleur, lunettes de soleil, bermuda et longs cheveux blond - nul ne se serait douté qu’il avait occupé un jour la place de Juge du Sanctuaire. Bien que son règne ait été plutôt calme et détendu, il avait fini par laisser sa place à Astaris pour « se consacrer à sa véritable passion » selon ses propres mots. « Tu sais très bien ce que je pense de ce monde, Zesunis, grognai-je en reprenant mon souffle. — Evidemment que ce monde n’est pas parfait, mais c’est pour cela qu’il est d’autant plus amusant, tu ne crois pas ? me répondit-il avec un large sourire éclatant. Tu dois toi-même que tu détestes la Terre des seigneurs parce que l’histoire n’existe pas. Mais, est-ce que ce ne sont pas les conflits qui nous forgent notre histoire ? Les humains nous l’ont bien montré. Même si Astaris refuse de l’admettre, Izrath telle que nous la connaissons aujourd’hui est le fruit de ces millénaires d’évolution côte à côte. — Toujours à voir le verre à moitié plein, mon cher Zesunis, m’amusai-je en constant que même cela n’avait pas changé. — Que veux-tu, ce n’est pas en broyant du noir que nous avancerons. Au lieu de se voiler la face comme Astaris, il faut sourire à la vie et elle te sourira en retour, foi de Zesunis ! » Le grand blond leva le pouce devant lui d’un air confiant et je soupirai. Il n’y avait rien à faire. J’étais incapable de m’énerver contre mon ami. Contrairement à Astaris ou moi, son cœur était pur. Il ne connaissait ni la tristesse, ni la colère. J’avais entendu dire que de nombreux criminel avaient été graciés sous son règne malgré leurs fautes impardonnables. « Et toi, vieille branche, ou est-ce que tu étais passé pendant toutes ces années ? Tu sais que le professeur Akulia a failli nous tuer quand tu as disparu ? Je me suis inquiété moi aussi, j’ai cru que tu avais été capturé par les démons ! — Ne dis pas n’importe quoi, rétorquai-je, amusé. J’étais juste… — J’oubliais ! Est-ce que ça te dirait de venir dans mon équipe de surf pour les jeux olympiques ? Il nous manque une personne et je pense que tu serais parfait dans ce rôle ! — Est-ce que tu m’as bien regardé ? raillai-je. Je suis gardien, pas clown. — Allez, mon vieux copain, fais un effort pour moi ! Astaris sera content de te revoir aussi et je suis certain que ta perception de notre monde changera ! » https://www.youtube.com/watch?v=qSvpN72u9F8Sans vraiment savoir pourquoi, j’acceptai sa proposition sans trop de protestation. De toute façon, je ne pouvais rien refuser à Zesunis. Et puis, il avait raison, si je voulais me persuader que ce nouveau monde n’était pas mieux que l’ancien, il n’y avait pas de meilleur moyen que d’en infiltrer le cœur. Ainsi, je rejoignis l’équipe de Surf et intégrai la compétition. Pendant de très courts instants, j’eus l’illusion d’être à ma place ici, entouré de Spirituals bienveillants et heureux de vivre. Même en ville, l’ambiance était détendue et à la rigolade. Je fus interpelé de nombreuses fois par les marchands qui prenaient les paris et par les enfants insouciants excités à l’idée de rencontrer l’un des athlètes. Pendant toute une semaine, je logeai à l’auberge principale, une taverne miteuse tenue par Maximus sixième du nom, un Spiritual bourru à six bras qui respirait la bonne humeur et l’alcool fort. Malgré les apparences, l’ambiance y était chaleureuse. Je m’y serais presque senti chez moi. En surface, Astaris avait réussi, c’était indéniable. Il avait façonné ce monde comme il le souhaitait. La paix s’était installée et le chaos avait fait place à l’ordre. Cependant, il y avait une tâche sombre dans ce tableau si parfait. Et cette tâche n’était nulle autre que les seigneurs d’Izrath. Le jour de la compétition qui se voulait égalitaire, tous les Spirituals se firent éliminer un à un par une équipe non inscrite qui raflait les victoire grâce à des pouvoirs illégaux mais contre lesquels nul n’osait s’opposer. Et, tandis que ma mère, Eos, observait la scène avec amusement, je compris ce qui se tramait. Peu à peu, l’enthousiasme du public diminuait, comme si la lassitude prenait le dessus face à un événement récurrent. « Alors, c’est ainsi que les choses se passent… murmurai-je en tentant de contenir ma colère. — Un problème, mon cher Ladd ? Tu es stressé parce que nous passons bientôt ? s’étonna Zesunis. — Non… tout va bien, mon ami, tout va très bien… j’ai eu la confirmation de ce que j’attendais… merci à toi de me l’avoir donnée… continuai-je, un sourire mauvais au coin de la bouche. — De rien… j’imagine ? » Alors qu’un nouveau vainqueur était annoncé, je me levai et attirai tous les regards vers moi. Des murmures s’élevèrent de l’assistance, puis je tournai mon regard vers la reine qui observait la scène depuis son trône surélevé. Lorsque nos yeux se croisèrent, je crus distinguer un rictus d’énervement sur ses lèvres. Toutefois, je ne lui laissai pas le temps de prendre la parole. Sans autre sommation, je tirai un rayon de lumière avec mon index directement sur la reine. La foule poussa un cri d’horreur devant mon geste et Zesunis tomba de son siège, abasourdi, alors qu’un épais nuage de poussière s’était levé. Lorsqu’il se dissipa, à la stupéfaction générale, la reine n’avait aucune égratignure et contenait mon attaque dans le creux de sa main, l’air nullement inquiète. Elle semblait même amusée par ma tentative vaine. Je jurai et serrai le poing si fort que le sang se mit à couler. Puis, sans ajouter un mot, je tirai ma révérence, laissant derrière moi un public interdit et sous le choc. https://www.youtube.com/watch?v=gPUv0cgIl14Alors que je quittai le stade, je tombai nez à nez avec la dernière personne que j’aurais voulu croiser en ces lieux. Lui non plus n’avait pas changé. Il portait toujours ce stupide demi-masque tandis que sur son visage, une barbe violette et épaisse cachait son menton carré et ses quelques rides. Le Spiritual me dévisageait. Dans ses yeux se lisaient des sentiments contradictoires : la colère, peur, surprise, et déception. Comme devenu fou, je ne pus m’empêche d’éclater de rire jusqu’à ce que des larmes commencent à couler de mes joues et que le souffle me manque. « Mon pauvre Astaris, c’est donc cela, ton Utopie ? Un monde fait d’illusion et de chimères ? — Pourquoi as-tu fait cela, Ladd ? grogna-t-il, menaçant. Lorsque Zesunis m’a annoncé ton retour, je pensais que tu aurais eu le temps de réfléchir. Mais je vois que tu n’as pas changé. Explique-moi, pourquoi essaies-tu de détruire tout ce que je me suis efforcé de construire ?! — Alors, toi aussi, tu es prisonnier de ton propre rêve, mon vieux Astaris ? m’amusai-je. Tu me fais vraiment pitié. — Co… Comment oses-tu… — Ce que tu t’es efforcé de construire ? repris-je d’une voix plus lente et plus grave. Je ne vois rien de plus qu’une attraction, non pas pour Izrath, mais pour les seigneurs. C’est toi qui vas devoir t’expliquer. Pourquoi le peuple, qui est censé être mis à l’honneur, est relégué au second plan ? Ces athlètes n’ont aucune chance contre les miens, et tu le sais pertinemment ! A quoi bon leur donner un espoir vain et leur retirer, et ce, chaque année ?! — Tu ne comprends pas, Ladd, je… ce n’est pas aussi simple. Les Seigneurs… — Qu’est-ce que je ne comprends pas, Astaris ? Que les dieux ont été plus puissants que toi ? Que tu as été faible ? Que ton obsession pour fermer les barrières d’Izrath t’ont fait oublier ton véritable objectif ? Où est le Spiritual plein d’ambition qui a dit vouloir changer le gouvernement d’Izrath ? Où est le gardien qui se voyait déjà le plus grand juge de l’histoire ? Où est l’ami qui avait toujours réponse à tout ? L’homme qui se tient devant moi aujourd’hui n’est qu’une image rémanente de toutes ces personnes qui ont été absorbées par les âges ! J’en ai plus qu’assez des mots, seuls les actes comptent. Et tu viens de me prouver par ton échec que j’ai raison depuis le début : Izrath ne changera pas tant que les Seigneurs ne seront pas éradiqués définitivement ! — Ladd. Sans ton statut, tu aurais déjà été exécuté, rétorqua sèchement mon ancien ami. Si tu es en vie, c’est uniquement parce que tes parents n’ont jamais voulu ta mort. Tu devrais leur être reconnaissant au lieu de te montrer ingrat. Les lois qui existent en Izrath ne sont peut-être pas parfaites, mais tout changement prend du temps, tu ne peux pas imposer tes idées sous peine de les voir se faire refuser. — Tu sais quel aura été ton problème, Astaris ? C’est que tu es trop mou. Tu as peut-être la carrure d’un Spiritual tout puissant et l’autorité nécessaire pour changer les choses, mais tu es incapable de prendre tes responsabilités. Séparer Izrath et la Terre tu disais ? Laisse-moi rire ! Si tu avais vraiment voulu cela, les liens entre nos mondes n’existeraient déjà plus ! Et toi, qu’est-ce que tu as fait ? Tu t’es contenté d’empêcher les humains de venir ici ? Quelle bonne blague. Si tes convictions sont aussi faibles, je ne sais même pas pourquoi je perds encore mon temps à discuter avec toi. » Ignorant le barrage que le juge formait, je passai à côté de lui en le bousculant et reprit mon apparence originelle pour retourner sur terre. Cependant, alors que nous étions dos à dos, mon ancien ami reprit la parole, d’une voix ferme. « Si telle est ta décision, je te bannis du sanctuaire, Ladd. Je t’interdis d’y remettre les pieds, et ce, jusqu’à ce que je perde mon autorité de Juge. Si tu t’avises de transgresser cela, sois sûr que je viendrai m’occuper de toi, personnellement. — Oh, des menaces ? Mais comme je le dis, ce ne sont que des mots. Je ne les croirai que lorsque tu les mettras à exécution. — Je te déconseille fortement d’essayer. Astaris est peut-être ton ami. Mais le Juge du sanctuaire, lui, n’est l’ami de personne. Pas même celui des dieux si ceux-ci s’opposent à l’ordre. Garde bien cela en tête, prince déchu. — Nous verrons cela, raillai-je avec un ton de défi. » C’est ainsi que je quittai Izrath. Ce monde n’avait désormais plus rien à m’apporter. Je devais me concentrer uniquement sur la naissance d’Avalon, et pour cela, je devais retourner sur Terre et attendre le moment propice.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Mer 23 Oct - 12:03 | |
| Ladd : Les ambitions du roi- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=u7WMgrZVna4La Terre. Bizarrement, je m’y sentais bien. Je n’avais aucune présence physique dans ce monde, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’admirer cette planète. Les humains étaient des créatures fascinantes. Je ne comprenais vraiment pas la haine qu’Astaris leur vouait. Certes, comme les Spirituals, ils étaient loin d’être parfaits et possédaient même de nombreux défauts, mais ils possédaient tant d’aspects différents et étaient des êtres si complexes que je ne pouvais m’empêcher de les admirer. Sur Izrath, la plupart des habitants ne possédaient qu’un visage, voire deux tout au plus. Il y avait les Spirituals bons, résidant au sanctuaire, et les criminels exilés au Pandémonium gouverné par mon père. Peut-être que si je ne m’étais jamais senti à ma place au royaume, c’était parce que j’étais bien plus proche dans ma conception d’un humain que d’un Spiritual. Après tout, j’étais né de sentiments contradictoires, presque antinomiques. La lumière et les ténèbres s’étaient alliées en un seul être, en lutte incessante entre elles au fond de mon âmes, sans cesse à chercher l’équilibre et la perfection. Amon était le genre d’homme qui m’intriguait au plus haut point. Il était l’exact opposé de ceux de mon espèce. Son cœur se trouvait à la frontière entre le bien et le mal. Il cherchait la vérité au cœur du chaos. Même s’il sa foi paraissait inébranlable, son esprit remettait sans cesse en question ses acquis pour y démêler le vrai du faux. C’est en jouant sur ces contradictions présentes en son cœur que je pus le convaincre facilement de me suivre dans ce futur. Comme je l’avais prévu, il constata l’amère réalité dans les livres d’histoire. Héliopolis avait survécu aux assauts, mais à quel prix. Hélios avait sombré dans la folie, Luna avait disparu peu de temps après… et sa fille fut retrouvée dans un tombeau de fortune, morte à l’âge de vingt ans. La guerre qui avait mêlé les forces d’Izrath et les démons avaient consumé l’Egypte jusqu’à sa racine, dévorant tout jusqu’à la vie elle-même pour ne laisser qu’un immense désert aride où seule la mort régnait en maitresse absolue. Lorsqu’Amon le réalisa, l’ancien prêtre changea du tout au tout. Il n’avait plus qu’une idée en tête : détruire Izrath qui lui avait tout pris, mais aussi de faire revenir sa fille à la vie. Nos buts étant communs, nous scellâmes une alliance avec pour seul et unique objectif de renverser les dieux et les démons. Ainsi, Amon prit le nom de Fuji Makoto, un nom banal au Japon, et poussa le pharaon Solaris à s’intéresser au nucléaire, la plus puissante énergie connue à cette époque. Il cherchait non seulement à trouver une énergie capable de détruire une planète, mais également semblable au Kvantiki, la sang d’Izrath, qui avait le pouvoir de défier les lois physiques de l’univers. De mon côté, banni du sanctuaire, je ne pouvais pas agir tant que Drago serait lié à cette dimension bien trop éloignée de mon monde. C’est pourquoi, plutôt que d’attendre, je décidai de jouer mon rôle de gardien et de me rapprocher de mon protégé. C’était un garçon plutôt énergique, un peu faible à cause du voyage dimensionnel qu’il avait subi très jeune, mais suffisamment robuste pour me maintenir en vie. Malheureusement, ses talents d’invocateurs ne pouvaient se développer aussi loin d’Izrath. C’est pourquoi je fus incapable d’établir le lien avec lui. Sa famille, au contraire, avait pleinement conscience de mon existence. Je me liai rapidement d’amitié avec le Pharaon. Même si nous ne partagions pas les mêmes idées, il m’était reconnaissant de veiller sur son fils, et ce, même si je n’étais qu’un imposteur. Un jour, je lui avais demandé pourquoi il n’avait jamais rompu le lien qui me liait à Drago. La réponse qu’il me donna me laissa bouche bée. « Pourquoi devrais-je rompre ce lien ? Tu n’as jamais montré le moindre signe de danger pour mon fils. Au contraire, tu veilles sur lui là où de nombreux gardiens auraient refusé de continuer leur mission. — Vous n’êtes pas sans savoir, Pharaon, que je suis un Spiritual renégat, l’équivalent d’un démon, n’est-ce pas ? — Ce ne sont que des noms et des paroles. Seuls les actes comptent. Peu importe quel est ton véritable objectif. Tant que tu n’atteins pas à la vie de mon fils, je n’ai aucune raison de me méfier de toi. — Qu’est-ce qui vous dit que je ne suis pas un traitre et que je le poignarderais dans le dos à la première occasion ? » Solaris éclata de rire dans son fauteuil puis il prit son fils endormi contre lui et commença à passer tendrement sa main dans ses cheveux. « Parce que je te le demande ? J’aimerais que tu veilles sur mon fils, Ladd. Non pas en tant que gardien mais en tant qu’ami. Je ne serai pas toujours là pour lui, mais toi, si. Est-ce que tu pourrais faire cela pour moi ? » Avec le peu de compassion qu’il me restait, j’acceptai. J’ignorais à l’époque toutes les conséquences que cela allait engendrer pour moi et pour mes plans, mais je m’en fichais. Pour la première fois depuis ma création, quelqu’un avait besoin de moi. Cela me touchait. Cet homme avait toutes les raisons du monde de se méfier de moi, et pourtant, il me faisait confiance. Était-il stupide ? Naïf ? Inconscient ? Ou tout simplement bon ? je l’ignorais. Je me rappelais simplement des enseignements de mon professeur Akulia à l’académie. On nous avait toujours appris que le devoir d’un Spiritual lié à un humain était de le protéger, et ce, même au péril de sa vie. Là était peut-être bien la seule valeur que l’on m’avait inculquée que je respectais. Les humains n’avaient pas à souffrir des conflits d’Izrath. Nous nous mêlions aux leurs uniquement car nous le voulions. Mais eux, jamais ils n’avaient demandé à se retrouver au cœur d’une guerre que même nous, nous avions du mal à régler. « Un jour, vous le regretterez, Pharaon, déclarai-je à l’homme avec un sourire amusé. — Peut-être bien. Mais ce jour-là, Drago sera devenu quelqu’un de fort, et ce, grâce à toi, Ladd. — L’espoir est un bien beau sentiment, soupirai-je. » Je fus néanmoins fidèle à ma promesse. Lorsque des hommes d’Hélios, et donc de Gariatron, attaquèrent cet enfant sans défense et son ami, j’utilisai toute la puissance que je possédais pour me matérialiser dans ce monde et repousser les agresseurs. Malheureusement, j’avais été trop lent. Hoshino Asuna, l’amie de mon protégé, avait été blessée gravement à l’oeil tandis que Drago, lui, était sous le choc. Dans un élan de pitié, je partageai mon pouvoir avec cette jeune file pour lui offrir, non seulement une seconde vision, mais également un lien avec son ami. A présent, elle aussi était gardienne de Drago, au même titre que moi. Cela me permit par la suite de prendre un peu de distance vis à vis du garçon puisque je n’étais plus seul. Encore un interdit que je brisai. Mais cela n’avait aucune importance. Bientôt, les règles allaient être réécrites de ma main. Ce n’était qu’une question de temps avant que la prophétie de Chronos ne se réalise et que je puisse enfin retourner sur Izrath. Néanmoins, cette attaque me laissa perplexe. Même s’il était destiné à se libérer, la question du « comment » restait en suspens. Ainsi, j’allai consulter Amon que je soupçonnai lié à cette affaire. Sans surprise, il l’était bel et bien. Dans un désir d’ouvrir un portail grâce à une aide venu de l’autre monde, il avait brisé la prison du temps et libéré le roi possédé. https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4Lorsqu’il me révéla cela, je ne pus m’empêcher de déchainer ma colère contre lui. Je l’attrapai par la gorge et le levai à quelques centimètres du sol, furieux. « Amon, je t’ai déjà dit de ne pas agir sans me consulter, grognai-je, de la fumée sortant de ma bouche. — Ce n’était qu’une malheureuse expérience, je voulais tester mon nouveau projet… jamais je n’ai voulu libérer cet assassin… articula l’homme en se débattant vainement. » Je le projetai contre le mur et il s’écrasa sur le sol de son laboratoire, blême. Je mis quelques instants à me calmer puis repris la parole. « Ecoute-moi bien. Izrath tombera et tu auras ta vengeance, sois-en certain. Mais jamais, je dis bien, jamais, je ne te permettrai de toucher à ce monde. Seuls les Spirituals doivent être la cible de tes foudres, est-ce que je suis clair ? — Tr… très clair, grommela l’homme en se relevant. » Ce fut la notre première discorde. Plus le temps passa et plus nos avis divergèrent. Et finalement, arriva le jour fatidique. Le jour où Armageddon revint prévenir Solaris qu’il ne pouvait vivre davantage. Sautant sur l’occasion, Amon sabota les plans du Pharaon dans l’espoir d’ouvrir un portail vers Izrath. Mais tout ce qu’il obtint fut la mort de Solaris, sa femme et sa fille, laissant Drago dans le désespoir le plus total. Toutefois, pour moi, c’était l’occasion de retourner dans l’autre monde. L’explosion nucléaire avait fragilisé la réalité et me permettait ainsi de voyager librement. J’emportai ainsi Drago avec moi dans une aventure qui, même maintenant, me laissait nostalgique. De retour sur Izrath, je fus étonné de tomber nez à nez avec une personne supposément morte : Théa. La pauvre fille s’en voulait terriblement d’être encore en vie alors que ses parents étaient morts, mais plus que tout, elle désirait aider Drago dans sa quête contre Gariatron. Je vis immédiatement une alliée en elle. Je ne comptai pas la manipuler mentalement comme Amon. Je comptais simplement passer un accord avec elle, accord dans lequel nous étions tous les deux gagnants. « Théa, occupe-toi de ton frère quelques temps à ma place, et en échange, je te promets que tu ne mourras pas de sitôt. Mieux, si tu me suis, tu deviendras la nouvelle reine de mon monde, qu’en dis-tu ? — La… nouvelle reine ? répéta-t-elle, perdue. Ladd, tu es vraiment… un gardien ? — Je l’ai déjà dit à ton père. Je suis un prince déchu de son titre… enfin, pour le moment, car bientôt commencera une nouvelle ère, une ère dans laquelle Izrath n’existera plus ! » Théa recula d’un pas, terrifiée et prête à se battre mais je la rassurai aussitôt. « Evidemment, tout le monde ne pourra survivre à la tempête qui se prépare. Mais toi, tu es différente. Ton père était un homme bien. C’est pourquoi, je te fais cette proposition. Libre à toi de l’accepter ou non. Dans cette histoire, tu n’as rien à perdre et tout à gagner, tu ne crois pas ? Qu’est-ce qu’Izrath représente pour toi sinon la cause de la mort de tes parents ? Tu ne crois pas que vous auriez pu vivre heureux, tous ensemble si Zetsubo n’avait jamais rencontré Gariatron, il y a cinq mille ans ? » Ces simples mots suffirent à convaincre la jeune fille. Elle prit ainsi ma place de gardien durant les premières semaines qui suivirent l’arrivée de Drago dans ce nouveau monde qui lui était inconnu. J’aurais été ravi de l’aider mais de toute façon, il était si pitoyable qu’il était incapable de m’invoquer correctement. Et contrairement à avant, j’avais d’autres choses à régler bien plus importantes que lui sauver la peau. Cela allait le forger un peu au moins, ce n’était pas une si mauvaise chose finalement. Je retournai de nombreuses fois aux côtés d’Amon et je pus constater que, plus le temps passait et plus la folie le gagnait. Se voir prisonnier de cette dimension alors que Drago avait réussi à s’enfuir l’avait sérieusement atteint. Il avait quitté son poste de scientifique pour s’engager dans l’armée. J’ignorais ce qu’il complotait de ce côté-là, mais je devinais aisément qu’il était en train de briser nos accords. Lorsqu’il s’en prit directement à Asuna et tenta de la manipuler, je sortis enfin du silence relatif dans lequel je m’étais muré et me décidai enfin à avoir une conversation sérieuse avec lui. Je le menaçai de nombreuses fois, mais il n’y avait rien à faire. L’homme avide de vérité que j’avais recruté autrefois était loin désormais. Il ne restait plus qu’une coquille vide uniquement guidée par la soif de vengeance. « Je crois que nous avons assez discuté, Amon, déclarai-je en tournant le dos à mon associé. Si tu persistes à vouloir utiliser ce monde comme terrain d’essai pour tes petites manigances, cela sera sans moi. — Comment ? Tu m’abandonnes ? Après tout ce que tu m’as dit pour me faire venir ici ?! rugit l’homme, hors de lui. — Non. Je suis fidèle à mes engagements. C’est toi qui décides de quitter le navire. Alors, si tel est ton souhait, va. Prends ce canot de sauvetage et rame jusqu’à atteindre la terre ferme. Mais sache que si tu fais cela, jamais plus je ne t’accepterai à mes côtés. — Ladd… espèce d’ordure… tu m’as promis de corriger les erreurs du passé mais ce n’était que mensonges ! Jamais tu n’as eu l’intention de me permettre de me venger ! Tu voulais simplement quelqu’un pour faire le sale boulot qu’était de tuer Solaris ! — Tu te trompes, rétorquai-je sèchement. Jamais je ne t’ai menti. Tout ce que je t’ai promis, je l’accomplirai, avec ou sans toi. Cependant, je ne tolère pas que tu sacrifies des vies humaines pour y arriver. Ne t’ai-je pas déjà dit que seul Izrath devait être la cible de tes foudres ? — Allons bon, voila que le grand Ladd est un dégonflé ! Je croyais que tu étais prêt à tout pour voir les Seigneurs tomber, et maintenant, tu te soucies de la vie de quelques milliers d’humains. Ta logique m’échappe, ricana Amon d’un rire qui ne présageait rien de bon. » Je fermai les yeux et tournai le dos à cette coquille vide, prêt à repartir aider celui qui avait vraiment besoin de moi. Cependant, alors que je commençais déjà à disparaitre, l’ancien prêtre reprit la parole d’une voix que je ne lui connaissais pas jusqu’à présent, une voix uniquement guidée par la folie. « Les valeurs humaines, hein… Toi qui les pônes haut et fort… finalement… tu ne vaux pas mieux que tous ces seigneurs que tu détestes. La confiance ou l’espoir… ne sont que des mots. On ne peut vraiment se reposer que sur soi-même… Alors soit, si telle est la loi de ce monde, je m’y plierai… Le monde connaitra bientôt la définition de la folie humaine… » A ce moment-là, je n’avais pas prêté attention à ses paroles. Je devais m’occuper avant tout de tenir ma promesse à Solaris et sortir Drago des galères dans lesquelles il se mettait constamment. Ce fut également mon dernier échange avec Amon avant de couper définitivement les ponts. https://www.youtube.com/watch?v=RqxmFkmEoZQLes mois passèrent. Mon protégé et moi enchainâmes les batailles, comme de véritables partenaires. Le garçon semblait avoir tout oublié de son passé mais je ne jugeai pas utile de le lui rappeler. Après tout, à mes yeux, il n’était qu’une larve incapable durant ses années de collège. Mais à présent, je comptais bien faire de lui un véritable guerrier comme je l’avais promis à son père. Dans un même temps, aux côtés de sa sœur, j’entamai la construction d’Avalon. Grâce à mes pouvoirs, je donnai naissance à une nouvelle planète que je plaçai à l’exact opposé d’Izrath par rapport à son soleil et je reproduis la plupart des caractéristiques qui avaient donné naissance à la vie sur Terre. Les travaux de la ville principale, Babylone, nommée en l’honneur de l’antique ville mésopotamienne, berceau de l’humanité, furent longs et fastidieux. Il fallait dire que ni Théa, ni moi, n’avions de notion en maçonnerie. Mais, dans notre galère, une étrange complicité naquit entre nous. Elle et moi étions dans le même bateau, à cheval entre la protection de Drago et la construction d’un monde nouveau. Et, même si elle m’avait paru réticente au départ, elle mettait à présent tout son cœur pour m’aider dans ce projet fou. C’était étrange. Moi qui avais toujours pensé marcher seul sur mon chemin, je me retrouvai à travailler main dans la main avec l’une des dernières personnes que j’aurais pensé être mon allié. La fille d’un Pharaon supposément morte, et un prince déchu. Quel étrange duo nous formions. Alors que nous venions de terminer le dôme du palais principal, nous avions décidé de prendre une pause et d’admirer notre œuvre depuis son sommet. A nos pieds s’étendait un gigantesque chantier de pierres, de taules, de verre et de métal. Nous n’avions accompli qu’une infime partie de ce travail herculéen, et pourtant, l’un comme l’autre, nous en retirions une immense satisfaction. Soudain, je vis au loin une grande colonne s’effondrer dans nuage de poussière. Mais, au lieu de nous déprimer, Théa et moi éclatâmes de rire en harmonie. « Allez, cette fois c’est toi qui t’en charges, Ladd, j’en ai assez de la remonter sans cesse, rit ma future reine, les larmes aux yeux. — Peut-être que ce n’est pas une si bonne idée après tout… — Ça, je te le dis depuis le début qu’une colonne de cent mètres de haut, c’est irréalisable. Je suis contente que tu le remarques enfin ! — Cela ne coutait rien d’essayer… grommelai-je en détournant le regard. » Alors que je m’apprêtai à reprendre ma forme de dragon pour relever encore une fois cet édifice, je sentis la chevelure de Théa se poser sur mon épaule tandis que la jeune fille attrapa ma manche. « Dis… Je me demandais… pourquoi fais-tu tout ça ? Tu pourrais vivre simplement en acceptant les défauts de ton monde tu sais… — Peut-être oui… Mais contrairement à la vie humaine, celle d’un Spiritual est incroyablement longue. Cela est dû au Kvantiki qui coule dans le noyau de la planète et qui nous alimente. Cependant, ailleurs, sur terre par exemple, un Spiritual exilé ne survivrait pas plus d’une centaine d’années. Et il en va de même pour les Seigneurs. Tant qu’Izrath continuera à exister, rien ne changera car rien ne mourra. Sur Terre, les lois et les traditions perdurent tant que la société est vivante. Mais si celle-ci s’éteint, elle emporte avec elle tout ce qu’elle a apporté. Il suffit de regarder les peuples Inca ou Romains. Que reste-t-il d’eux sinon des ruines, quelques textes et une langue disparue ? Il suffit d’une invasion, d’une épidémie, d’un changement climatique pour que tout disparaisse et que tout recommence. Ces cycles n’existent pas dans mon monde. Depuis la nuit des temps, les mêmes incapables gouvernent le même continent peuplé des mêmes personnes. Et plus les années passent, et plus les rites s’ancrent dans les esprits. Mon but est de briser cette éternité, de redonner le gout de vivre à mes semblables, qu’ils profitent d’un temps qui leur sera peut-être court, mais rempli d’expériences et non vide de sens. — Je vois. Je comprends ton point de vue. De nombreux hommes ont tenté de parvenir à l’immortalité. Après tout, il est normal d’avoir peur de la mort et je suis la première à la craindre. Mais telle que tu l’as décrit, votre situation n’est nullement enviable. — Du point de vue de l’histoire, je serai peut-être un tyran… cependant, il n’y a pas d’histoire dans l’éternité. Alors, s’il faut faire cela pour mettre en marche les aiguilles du temps, je le ferai et j’écrirai la première page d’un nouveau livre, un livre dont les générations futures s’inspireront pour corriger nos erreurs et atteindre la perfection. — C’est un bien beau rêve que tu as là, Ladd, murmura la fille de Solaris d’une voix apaisée. Je serai honorée d’être la première reine de ton histoire dans ce cas. » Finalement, nous restâmes tous les deux, assis au sommet de ce dôme jusqu’à la tombée de la nuit. Pour la première fois, je me sentais heureux et apaisé aux côtés de Théa. Malgré tout ce que j’avais fait et ce que je m’apprêtais à faire, elle restait avec moi alors qu’elle aurait pu se ranger du côté des Seigneur pour m’arrêter. Et pour cela, je lui étais infiniment reconnaissant. Lorsque je posai mon regard sur elle, la jeune fille dormait paisiblement contre mon épaule. Je ne pus m’empêcher de sourire. Quelle différence y avait-il entre un Spiritual et un humain ? A cet instant, je n’en voyais aucune. D’un geste doux, je passai ma main sur son visage pour remettre l’une de ses mèches qui s’était égarée sur sa joue. « Merci, Théa… non, Isis, de marcher vers l’enfer à mes côtés. »
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| | | Heart
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Jeu 24 Oct - 13:24 | |
| Ladd : La chute du sanctuaire- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=n01q7X16uzsUn rêve. Un espoir. Une lueur à travers les ténèbres. Un monde nouveau. Un destin à accomplir. Tel était ce que représentait Avalon pour moi. Alors que je possédais tout Izrath, un beau jour, je m’étais rendu compte que rien ne m’appartenait. Ni ma vie. Ni mon destin. Ni mes choix. Ni mes rêves. J’avais renié le trône, comploté contre mes parents, trahi mon meilleur ami et rival, abandonné mon professeur, fui mon époque et trompé mon protégé. J’avais brisé de nombreuses promesses, manipulé des personnes innocentes, fait pleurer mes amis et tourné le dos à mes devoirs et mes proches. Pourtant, malgré tout le sang que j’avais sur les mains, je ne regrettai rien. Pour moi, les choses n’auraient pu se dérouler autrement. Izrath devait changer. La vie telle que je la connaissais n’était qu’une illusion, une chimère dorée au milieu d’un océan de larmes et de tristesse. La destruction n’est pas synonyme de fin, mais de renouveau. C’est pourquoi, sur ma longue route au milieu des ténèbres, il restait une lumière, infime, mourante, quasiment invisible, mais existante. Une promesse, un simple résidu de valeurs vides de sens mais que je ne pouvais pas briser. Je devais… protéger la Terre. Changer le destin funeste qui l’attendait, pour que mes derniers compagnons qui m’avaient escorté jusqu’aux tréfonds des enfers puissent jouir de la paix qu’ils avaient toujours rêvée avant de pouvoir, moi aussi, me reposer… pour l’éternité. ** https://www.youtube.com/watch?v=_u362U8rCV0Enfin. Après des millénaires de lutte acharnée, je touchais mon rêve du bout des doigts. Alors que je retirai la lame de mon épée du cœur de ma mère, son corps sans vie tomba mollement au sol, sous les yeux ébahis du juge, Astaris. J’avais dû en baver pour arriver là. A cause des folies d’Amon, Izrath et la Terre avaient commencé à se rapprocher dangereusement et menaçaient désormais de rentrer en collision à tout moment. Je ne me battais pas que pour moi désormais, mais pour une planète toute entière. Et cela, Satoshi et Serena l’avaient pleinement compris. C’est pourquoi, il me fut très facile de les convaincre de se joindre à ma cause durant mon court séjour chez les humains. Ainsi, tout deux acceptèrent l’offre d’Armageddon dans l’unique but d’obtenir les pouvoirs nécessaires pour détruire Izrath. De son côté, Théa œuvra à la création de l’Arc Avalon, un immense vaisseau capable d’accueillir une grande partie de la population des Spirituals. Evidemment, tous ne pouvaient être sauvés mais c’était un sacrifice nécessaire. Mes retrouvailles avec Astaris avaient été plutôt glaciales. Cependant, avec sa naïveté habituelle, il me fit confiance. Le juge pensait certainement qu’en la présence d’humains en Izrath, je n’oserais pas m’attaquer au sanctuaire. Cela aurait été vrai dans d’autres circonstances. Mais pas ici. Le temps pressait. Non seulement nos deux mondes se rapprochaient, mais en plus Amon continuait à accumuler de la puissance. Je m’en voulais. La situation avait échappé à mon contrôle et voila que je me retrouvais à devoir lutter sur deux fronts. Ce n’était pas bon. Pas bon du tout. Si Amon réussissait à réveiller Noun comme il le prévoyait, je pouvais dire adieu à mon paradis et dire bonjour à l’éternité solitaire. Cependant, il restait un obstacle de taille avant de pouvoir embrayer sur la seconde partie de mon plan. Et cet obstacle portait le nom d’Astaris Borhn. Le Juge du sanctuaire avait perdu toute compassion dans son regard. Seules les flammes de la colère et de la haine brûlaient dans ses iris mauves. Il était clair que, jamais, il ne me laisserait m’en tirer à si bon compte. Mais soit, je m’étais préparé à un tel affrontement. Lentement, je me tournai vers mon adversaire pour lui faire face avec dignité, un léger sourire au coin de la lèvre. « Ladd… comment as-tu osé… grogna-t-elle, prêt à me sauter à la gorge, tel un félin devant sa proie. — Je t’avais pourtant prévenu, Astaris, rétorquai-je d’une voix malicieuse. Ne t’ai-je pas déjà dit que tu étais trop mou ? J’ai transgressé tes règles, et pourtant, tu n’as appliqué aucune sentence envers moi. Est-ce que, au fond, tu ne partages pas mes convictions, monsieur le juge ? — Silence ! Tonna le Spiritual avec une autorité que je ne lui connaissais pas. Tu es peut-être un prince déchu ou le roi d’un monde nouveau, mais ici, tu es dans MON tribunal, et tu dois suivre MES règles ! » Tandis qu’il prononçait ces mots, mon ami fut entouré d’une sinistre aura violette. Le sol se mit à trembler sous nos pieds et la cape pourpre qu’il arborait disparut pour laisser place à une armure sombre qui recouvrait entièrement son corps. Dans sa main gauche apparut un marteau d’or, et dans sa droite, une balance d’argent. Le masque qu’il portait se fissura et me laissa entrevoir un visage ayant perdu toute son humanité pour ne laisser que le Spiritual qui était en lui. Amusé, je me transformai partiellement. Je déployai mes ailes dans mon dos et mes vêtements royaux furent remplacés par une peau dure et écailleuse. Des griffes prirent place sur mes ongles et un cristal d’or et d’opale s’ancra au milieu de ma poitrine. Autour de nous, le ciel bleu azur du sanctuaire s’obscurcit alors que de sombres nuages envahissaient l’espace tout entier, nous plongeant dans les ténèbres. Tout en me mettant en position de combat, je lançai un dernier appel à mon ancien ami, n’espérant même pas de réponse. « Tu sais, Astaris, j’ai toujours su que ce jour arriverait. Déjà à l’académie, nous nous lancions nos repas à la figure quand nous étions en désaccord. Ce n’est que la suite logique, tu ne crois pas ? » Pour toute réponse, le Juge du sanctuaire poussa un cri de rage et abattit son marteau sur le sol. Des éclairs jaillirent tout autour de moi tandis que les débris fusèrent à grande vitesse. D’un puissant battement d’aile, je repoussai cette attaque. Cependant, il ne s’agissait que d’une diversion. Astaris s’était caché derrière les éclats de pierre pour se jeter sur moi à pleine vitesse. Il brandit son marteau sur moi et je le reçus de plein fouet. Je fus projeté en arrière sur plusieurs dizaines de mètres avant de pouvoir reprendre mon équilibre. Cependant, mon adversaire fut plus rapide. Il m’asséna un second coup dans les côtés qui me fit valser contre les murs du sanctuaire. Je passai à travers comme s’il ne s’agissait que de papier mâché pour finir ma course dans la salle du trône. Je rebondis plusieurs fois sur le sol pour finalement me stabiliser grâce à mes griffes que j’enfonçai profondément dans les dalles. Les yeux d’Astaris émirent un vif éclat à travers la fumée. Cela me permit de prédire son prochain coup et de riposter avec toutes mes forces. J’attrapai le manche du marteau divin et l’arrêtai dans sa course. Interdit, mon adversaire n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. Je le désarmai sans difficulté puis, de ma main libre, je tirai un rayon sombre à bout portant dans son ventre. Le demi Spiritual transperça la voute du Sanctuaire avec un cri de douleur. Et, alors qu’il retombait lourdement sur le sol, je m’envolai à sa rencontre. Profitant de ce moment de vulnérabilité, je lui assénai un violent coup de genou dans l’abdomen suivi d’une rafale de feu blanc. Toutefois, mon plan ne se déroula pas sans accroc. Ignorant la douleur, je vis la main d’Astaris percer à travers les flammes et m’attraper fermement le visage. Effaré, je me débattis de toutes mes forces, mais il n’y avait rien à faire. Le juge refusait de me libérer. Dans un dernier recours, je me transformai entièrement, reprenant ma forme originelle, celle d’un dragon de cinq mètres d’envergure. Mon crâne devint bien trop grand pour la main de l’homme et il fut obligé de me relâcher. https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHANous reculâmes tous les deux de plusieurs mètres avant de nous refaire face. Désormais, je le dominai de par ma taille, mais j’étais aussi bien amoché. Même s’il ne possédait plus son arme principale, Astaris n’en restait pas moins un redoutable adversaire au corps à corps. Je m’en souvenais parfaitement. Nous nous entrainions souvent, lui et moi, dans le gymnase de l’académie, sous l’oeil amusé de Zesunis qui prenait les paris avec sa future femme, Amunis. Je ne pus m’empêcher de sourire en repensant à ces jours heureux et insouciants. Devant mon amusement, mon ennemi du jour fronça les sourcils, perplexe. « Tu ris face à la mort, Ladd ? — Non, je repensais simplement à nos entrainements. Tu m’en auras fait baver, mon cher Astaris. — Ne dis-tu pas toi-même que ces souvenirs sont des illusions ? Je croyais que, pour toi, rien n’avait d’importance, rétorqua le juge. — Oui. Ce sont des illusions. Je jouais un rôle à l’époque. Et pourtant, même une illusion peut être gravée dans les souvenirs, tu ne crois pas ? — Si tu essaies de te racheter maintenant, il est trop tard, ton châtiment a déjà été prononcé. Izrath est sous ma protection, je ne laisserai personne la menacer, pas même toi, Ladd. — Je n’essaie pas de me racheter, au contraire. Je voulais simplement repenser une dernière fois à ce temps… avant de l’oublier définitivement ! » Avec un cri de rage, je m’élançai vers le demi Spiritual. Il frappa le sol de son pied pour faire surgir des entrailles de la terre des éclairs mauves, mais je connaissais cette technique. Il m’avait défait avec bien assez de fois pour que je puisse prédire tous ses faits et gestes. Ainsi, j’évitai tous les obstacles sur ma route, slalomant entre les vagues d’énergies, les débris de pierre et les éclats lumineux. Tout en me rapprochant, ma vision se troubla. Ce n’était plus le juge du sanctuaire qui me faisait face. C’était Astaris, étudiant brillant de l’académie des gardiens, mon éternel rival. Il portait son uniforme et ses rides avaient disparu, de même que son air grincheux pour ne laisser qu’un élève plein de rêves et d’espoirs. Je clignai des yeux. L’illusion s’était dissipée. Encore une fois. Ma main agit d’elle-même. Elle fusa vers la poitrine du grand homme, visant son cœur, prête à l’arracher de ses entrailles. Mais, alors que je n’étais plus qu’à quelques centimètres, les lèvres d’Astaris bougèrent. La balance qu’il tenait dans sa main gauche rayonna de mille feux et, en une fraction de secondes, je fus cloué au sol, incapable de bouger. « Qu… Qu’est-ce que c’est encore que ça, Astaris… — La balance du jugement. Tel est l’ultime arme que je possède pour vaincre les criminels comme toi, Ladd. Tous ceux qui sont en désaccord avec la loi du sanctuaire se retrouvent immobilisés, pris dans les chaines de la justice. — Je… je vois… c’est bien trouvé. Tu as progressé dans tes tours de passe-passe depuis l’académie… grimaçai-je alors que je sentais un poids énorme pesant sur mes épaules. — C’est terminé pour toi. Ta petite révolution s’arrête ici, et tes ambitions avec toi. » Alors que j’aurais dû me maudire de ma propre faiblesse, je ne pus m’empêcher de rire. D’abord faiblement, puis de plus en plus fort, jusqu’à ce que mon éclat de rire emplisse tout l’espace du sanctuaire. « Tu es serein face à la mort je vois. Tu n’as donc pas peur de l’au-delà ? — La mort… tu dis ? Mon pauvre Astaris… Laisse-moi te montrer… la véritable justice. Non pas celle que tu prônes, mais celle qui devrait-être. » Avec un cri de rage, je puisai dans mes dernières ressources pour générer une quantité phénoménale d’énergie. Non pas pour forcer le passage, je savais que c’était inutile, mais pour évacuer de mon corps toutes les ténèbres qui déplaisaient au juge. Mon corps se para d’un blanc éclatant tandis que je sentais le poids sur mes épaules diminuer considérablement. Sous les yeux ébahis de mon ami, je réussis à prendre appui sur mes avant-bras pour me relever lentement malgré la puissance de la balance du jugement. « Impensable… la balance… la balance ne peut être contrée… bégaya-t-il en reculant, les yeux remplis de doute et de peur. — Tu te trompes. La justice n’est pas celle que tu crois. Tu penses défendre une cause noble mais tu t’es égaré en chemin. La seule vérité est celle que j’ai découverte le jour où j’ai renié mon titre de prince. » Tremblant, Astaris lâcha le symbole de la justice et ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, puis il tomba à genou, livide. A présent que les rôles étaient inversés, je levai la main au-dessus de sa tête et me mis à charger un puissant rayon tandis que mon adversaire, lui, ne bougeait plus et regardait fixement le sol d’un oeil vide. « Ton rôle s’arrête ici, juge du sanctuaire céleste. Tu auras fait un beau parcours, mais à présent, je prends la relève. Adieu, mon a… » https://www.youtube.com/watch?v=PazIOuoPObgUn bruit d’applaudissement retentit alors et me coupa dans mon élan. Sur mes gardes, je me retournai d’un seul coup pour faire face à Zesunis. L’ancien juge, toujours habillé de sa chemise hawaïenne et de ses lunettes de soleil noires posées sur ses cheveux en bataille, avait surgi de nulle part et nous regardait avec amusement et intérêt. Je restai sur mes gardes, prêt à tirer au moindre signe d’hostilité, mais le grand gaillard semblait totalement détendu et il leva même les mains en l’air pour se blanchir. « Ola, du calme mon ami, je ne suis pas venu ici pour me battre. — Ze… sunis ? murmura Astaris d’une voix éteinte. — Eh bien, mon vieil ami, tu sembles dans un piteux état. Laisse-moi deviner, ta balance n’a pas fonctionné comme tu l’avais prédit, je me trompe ? — Que viens-tu faire ici ? grognai-je, méfiant. — Moi ? Je viens me remémorer le bon vieux temps, rien de plus, me répondit-il en haussant les épaules. Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu vous battre, cela m’avait manqué pour tout vous avouer. » En passant le regard par-dessus mon épaule, l’ancien juge remarqua finalement le cadavre de ma mère et haussa les sourcils, étonné. « C’est fâcheux, il semblerait que le sanctuaire vienne de perdre sa reine, marmonna le surfeur d’un air ennuyé. On dirait bien qu’on assiste à un coup d’état ! C’est une première dans ce monde ! — Zesunis, tu es conscient que… — Mais bon, qu’importe, je ne suis pas ici pour parler politique. Je ne pouvais simplement pas laisser mes deux meilleurs amis s’entretuer pour des convictions stupides ! — Des… convictions stupides ? nous répétâmes, le juge et moi, en chœur, choqués. — Tout à fait. Astaris, tu désires protéger les habitants d’Izrath et je te comprends. C’est tout naturel. Mais tu vois bien que ta propre justice est impuissante. Alors, pour une fois, jette-toi à l’eau et fonce vers l’inconnu ! — Je… — Et toi, Ladd. Ton but est de changer ce monde et d’en créer un nouveau ? Fort bien. Mais au lieu de te créer des ennemis, pourquoi ne recherches-tu pas des alliés ? Si tu m’avais demandé, j’aurais été le premier à t’accompagner, mon ami ! — Comment ? Toi, ancien juge, tu aurais… » L’homme croisa les bras sur son torse musclé et vint s’interposer entre nous. « Je ne suis pas le seul à penser qu’un petit changement ferait du bien à tous. Nos pouvoirs en tant que juges sont limités. Nous ne pouvons qu’agir à notre échelle Malheureusement, nous sommes impuissants face à ce qu’il se passe actuellement et détruire la Terre pour nous sauver me semble une solution quelque peu radicale. — Mais détruire Izrath est aussi… — Astaris, mon brave, tu le vois par toi-même. La justice de Ladd n’est pas erronée. Cette balance représente, non pas ta justice, mais celle de notre monde. Si elle-même juge que Ladd n’est pas dans le tort, nous ne pouvons rien y faire. Izrath doit changer, c’est un fait. Alors, qu’avons-nous à perdre en suivant notre vieil ami ? » Le Spiritual blond tendit une main chaleureuse au juge. Après un long moment d’hésitation, ce-dernier s’en saisit et se remit debout. Ses yeux étaient toujours remplis de doutes mais il semblait désormais apaisé. Sans nous prévenir, Zesunis nous prit tous les deux dans ses bras musclés et nous serra contre lui dans une accolade étouffante. « Haut les cœurs, mes amis ! Ce qui compte, ce n’est pas ce qui nous sépare, mais ce qui nous rapproche ! Si nous avons été unis à une époque, nous pouvons l’être à nouveau. Au fond de nous, nous sommes toujours les mêmes. Alors, serrez-vous la main et avancez ensemble désormais, Ladd, Astaris. » Le demi Spiritual et moi nous regardâmes, légèrement gênés après un tel discours. Zesunis avait raison. Rien n’avait changé depuis l’académie. Ce grand gaillard était toujours là pour mettre fin à nos chamailleries et nous ramener à la raison. Nous éclatâmes de rire en même temps. A ce moment-là, nous n’étions plus Ladd, le prince renégat et Astaris, le juge du sanctuaire céleste, mais simplement deux amis fâchés l’un avec l’autre. L’homme à la barbe mauve fut le premier à me tendre la main. Avec un soupir, je répondis à son geste de paix, sous le sourire éclatant de notre grand-frère à tous les deux. « Dis, Ladd, est-ce que sur Avalon… est-ce que les humains pourront venir de temps en temps ? déclara soudain mon rival en détournant le regard, gêné. » Je pouffai, ce qui me valut un coup de poing dans la figure. Mais, contrairement à ceux de notre combat, celui-ci était totalement dénué de force et de haine. Ce n’était qu’une petite frappe amicale. « Evidemment, lui répondis-je en souriant. Tes filles pourront te rendre visite à n’importe quel moment. Tu pourras même les emmener faire du ski sur les montagnes ! » Je lançai un clin d’oeil malicieux à l’homme qui rougit aussitôt de honte et détourna le regard. — Ne… Ne dis pas n’importe quoi, abruti ! Je déteste le ski ! — Oh, tout ça me donne envie d’organiser de nouveaux jeux olympiques une fois que tu auras atteint ton objectif, rit Zesunis, les yeux brillant d’étoiles. — Sérieusement, vous êtes irrécupérables tous les deux… » Zesunis nous prit tous les deux sur une épaule pour nous aider à marcher et, ensemble, nous quittâmes les ruines du sanctuaire céleste. Même si ma quête était loin d’être terminée, je me sentais apaisé. La simple présence de ces deux gaillards suffisait à me conforter dans l’idée que je n’étais pas dans l’erreur. C’était ce monde qui était erroné. A présent, des gens comptaient sur moi. Pas seulement Théa, mais aussi mes amis de l’académie. Pour eux, je ne pouvais pas échouer. Je refusais d’être incapable de tenir mes promesses. Il en allait de mon devoir de futur souverain. Avant de quitter cet espace qui commençait à s’effondrer sur lui-même, je jetai un dernier regard vers le corps défunt de ma mère. Elle n’était que la première victime d’une longue série macabre. Cependant, elle était un sacrifice nécessaire pour ouvrir la voie à cette nouvelle ère dont je… dont nous rêvions désormais. « Un problème, Ladd ? s’étonna Zesunis qui avait continué à marcher sans moi. — Non. Rien. Tout va bien à présent. » Puis je laissai définitivement ma mère derrière elle pour rejoindre le chaos de la bataille et me préparer aux heures les plus sombres qu’ait jamais connu.
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| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Jeu 24 Oct - 18:21 | |
| Ladd : Avalon Symphony- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStwAstaris, Zesunis, Théa et moi travaillâmes d’arrache pieds à partir de là. Nous n’étions que peu mais chacun de nous avait son rôle à jouer. Après l’attaque du sanctuaire, je revins prêter main forte à Drago dans son combat tout en bridant volontairement mes pouvoirs. Je ne voulais pas qu’il remporte cette bataille, mais je ne voulais pas non plus qu’il se fasse tuer. C’est pourquoi, alors que sa chute aurait dû lui être mortelle, je le transportai ici, en Avalon, où il était en sécurité jusqu’à la fin de la tempête qui allait s’abattre sur Izrath. Pendant que sa sœur prenait soin de lui, Astaris, Zesunis et moi planifiâmes notre attaque contre le pandémonium. Le juge proposa alors un pari fou : celui de laisser Amon s’emparer du cœur d’Izrath. Certes, c’était une action risquée, mais il était bien plus simple pour nous de le laisser s’attirer les foudres des humains. De cette manière, nous nous placions en terrain neutre. Nous n’étions ni alliés aux humains dans la protection d’Izrath, ni coupables de sa destruction, mais de simples spectateurs de ce conflit millénaire. Pendant que les deux camps se détruisaient mutuellement, je continuai à agir dans l’ombre. Je réussis à rallier de nombreux seigneurs à ma cause, eux aussi lassés de vivre. Nout, Osiris, Chronos et quelques autres acceptèrent de renoncer au combat et à leurs titres pour s’installer en Avalon en tant que simples citoyens. Cela fut possible en grande partie grâce aux talents d’orateur de Zesunis qui, malgré sa retraite, restait un Spiritual respecté et apprécié de tous. Amon finit par acquérir le pouvoir qu’il convoitait tant, les time Gates furent détruites et Noun fut réveillé. J’observai ce combat depuis mon royaume, assistant aux dernières heures d’Izrath avec une certaine nostalgie. L’histoire était écrite. J’avais gagné. Qu’importe qui allait remporter la bataille, Izrath était au bord de la destruction et plus rien n’y personne n’était en mesure de l’arrêter. Ironiquement, ma meilleure alliée dans cette bataille fut cette fille venue du futur, Iori. Selon Chronos, le destin ne me permettait pas de réaliser mon œuvre. Cependant, à cause des perturbations qu’elle avait engendrées, Armageddon avait perdu tout pouvoir sur l’avenir et me laissait donc le champ libre pour agir. La bataille fut sanglante. De nombreux Spirituals périrent dans le conflit. Toutefois, Théa, aux côtés de Nagisa et Luna qui l’avaient rejointe, faisait son possible pour récupérer les survivants à bord de l’Arc Avalon. Finalement, Amon fut vaincu. Izrath fut emporté avec lui. Ne restait de la planète que notre vaisseau qui se dirigeait lentement vers la capitale. Et, alors que j’attendais mon heure depuis le dôme principal du palais de Babylone en compagnie de Théa, en me remémorant tous ces souvenirs, une ombre immense plana au-dessus de nos têtes. L’heure était venue. L’heure où le rêve laissait place à la réalité. Tout allait se terminer. Et tout allait recommencer. ** https://www.youtube.com/watch?v=ehpmMxTjTDwIls s’avançaient vers moi d’un pas assuré. Au milieu des torches qui éclairaient l’allée impériale, les humains qui avaient triomphé d’Amon venaient à moi, le souverain du nouveau monde. A mes côtés se tenaient mes alliés, Zesunis, Théa et Luna, ainsi que les quelques dieux m’ayant prêté allégeance. Leur cortège à eux était mené par Drago et Asuna, suivis de près par tous leurs compagnons. Je vins à leur rencontre dans le silence le plus total. La tension était palpable entre nous, et je pouvais le comprendre. Je m’étais servi d’eux pour parvenir à mes fins. Pour eux, je n’étais qu’un tyran sans cœur, assassin et destructeur de monde. C’est pourquoi, je le savais… que la paix entre nous ne serait jamais possible. Alors que nous n’étions plus qu’à quelques mètres l’un de l’autre et que Drago s’apprêtait à dégainer son arme, les portes du palais s’ouvrirent brutalement. La silhouette d’un homme portant un masque mauve se dessina dans l’ouverture, et dans sa main luisait une lame aux reflets écarlates. L’homme se précipita à travers la foule directement vers moi. Evidemment, Zesunis et Théa tentèrent de l’arrêter mais il dévia les rafales d’énergie avec une facilité déconcertante. Alors qu’il repoussa l’ancien juge avec force contre le mur, un sourire triste se dessina sur les lèvres de mon ami. « Est-ce vraiment cela que tu désirais… Ladd ?... murmura-t-il. » D’un bond, l’étranger enjamba la foule d’humain et arriva à ma hauteur. Je reculai en grimaçant. Je voulus riposter mais l’individu trancha ma lame avant même que je n’aie pu riposter. Puis, lorsqu’il pointa son épée vers le cristal qui ornait ma poitrine, un dernier rictus amusé déforma mon visage. Tout se déroulait comme je l’avais prévu. https://www.youtube.com/watch?v=t2tGEiYU9KU« Astaris, toi seul peut le faire, avais-je dit à mon ami quelques heures plus tôt. —Tu es certain, Ladd ? m’avait-il répondu, tremblant. Ce monde doit-il réellement commencer dans le chaos ? — Je ne suis ni un souverain légitime, ni un héros de guerre, ni un sauveur. Pour tous, je ne suis qu’un imposteur, un traitre ayant tué ses propres parents, un tyran sanguinaire prêt à tout pour asseoir ses ambitions. Je ne veux pas que le peuple vive dans la peur que je leur inspire. » A ce moment-là, j’avais tendu à mon ami la balance de la justice que je gardai précieusement avec moi et il avait reculé d’un pas. « Le juge n’a pas encore rempli son rôle. Pour tous, tu restes un modèle à suivre. Zesunis et Théa ont entièrement confiance en toi. Avec toi à la tête du royaume, le peuple aura un repère, une figure à laquelle se rattacher après la perte de son monde. Ce dont Avalon a besoin n’est pas un roi… mais un père. — Cela sera donc le dernier mouvement du requiem du prince… — Et le début de la symphonie d’Avalon. » J’avais ri lorsque mon ami de toujours avait finalement accepté de reprendre ce qui lui appartenait. « Dis, Astaris, crois-tu que la mort soit la signature même de la vie ? Pour qu’un nouveau cycle commence, il faut qu’un autre se termine. — Un cycle, tu dis ? — Izrath a commencé avec la naissance de Noun il y a des millions d’année et n’a que peu évolué depuis. Avec ma mort débutera une nouvelle ère. Une ère de changement perpétuel, une ère où l’immortalité n’aura plus sa place, une ère où le passé ne sera plus la clé de voute du présent, mais le catalyseur du futur, une ère où les rêves et les espoirs seront à nouveau permis. Ceux qui infligent la peine doivent s’attendre à la ressentir. » Je la voyais, la lame de la justice se rapprocher lentement de moi, prête à me transpercer de part en part. Mais tel était mon châtiment pour avoir attisé la haine du monde sur mes épaules. « Astaris. Crois en ta justice. Pas en celle d’Izrath ni en celle d’Avalon, mais la tienne, celle que tu as forgé de tes propres mains. Deviens l’étoile qui brille dans le ciel et qui guidera Avalon vers une ère de paix et de prospérité. Deviens l’homme que je n’ai jamais été. Deviens le héros de la justice que tu as toujours rêvé d’être. — Je… A vos ordres, seigneur Ladd. » A ces mots, il s’était agenouillé devant moi. Zesunis et Théa, qui jusque-là étaient restés silencieux, s’étaient avancé. Dans les yeux du grand gaillard, je pouvais discerner la peine qui le rongeait, mais il savait tout aussi bien que moi qu’il n’y avait pas d’autre solution. Il me prit alors dans ses bras, comme un père protégeant son fils. « Tu aurais fait un grand roi si Izrath n’avait pas été ainsi, mon ami. — Je… Zesunis, tu… tu m’étouffe… avais-je articulé alors que l’air commençai à me manquer. Ma mort n’est prévue que dans quelques heures… — Oh… je suis désolé. » L’ancien juge m’avait relâché aussitôt, confus, alors que je reprenais tant bien que mal mon souffle. Théa s’était rapprochée de moi puis, sans me prévenir, avait posé ses lèvres sur les miennes, sous les regards abasourdis de mes deux compagnons. Surpris, je ne l’avais pas repoussée. Au contraire, je l’avais même prise dans mes bras, commençant soudain à regretter mes paroles. Lorsqu’enfin nous nous fûmes séparés, la fille de Solaris avait posé ses yeux d’émeraude dans les miens et j’avais pu y lire une tristesse sans fond. D’un geste compatissant, j’avais passé mon doigt au coin de ses cils pour essuyer les larmes qui commençaient à obscurcir sa vision et avait déclaré d’une voix douce : « Allons, Isis, ce n’est pas le rôle d’une reine de pleurer les traitres. — Ne… je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler ainsi… — C’est bien dommage, je trouve ton prénom vraiment magnifique. » Je m’étais reculé de quelques pas pour faire face à mes trois compagnons. « Nous avons toujours marché sur des chemins différents, vous et moi. Et pourtant, malgré nos différences, nous avons su partager nos joies et nos peines. Ne pensez-vous pas que c’est parce que nous devons nous séparer aujourd’hui que tous ces moments sont aussi importants à nos yeux ? — Il n’y a pas d’histoire dans l’éternité… n’est-ce pas ? m’avait répondu Zesunis. — Tout à fait. Ce que l’on retiendra d’Avalon, ce n’est pas son fondateur tyrannique, mais ses premiers souverains qui l’ont guidé vers un avenir radieux. Et c’est à vous que cette tâche revient, impératrice Isis, grand Juge Astaris et Maitre Zesunis. » https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHAUne lame de métal froide. Les éclats d’un cristal. Un torrent écarlate. Des cris d’horreur. Les larmes d’un ami. La chaleur de la vie contre ma peau glacée. Je m’effondrai de tout mon poids sur Astaris, tachant sa robe mauve de mon sang impur. Tremblant, je levai la main vers son visage pour lui retirer ce masque et révéler à tous l’identité du sauveur d’Avalon. « C’est à ton tour, Astaris… de porter mon fardeau… Jusqu’à ta mort… tu incarneras la justice et l’ordre… car tel est le symbole que tu représentes désormais…Astaris Borhn, l’étoile de la délivrance et du renouveau… celui qui aura mis fin à la folie du prince renégat… — Oui. Je l’accepte pleinement. Il est temps pour toi de te reposer. Tu as fait du bon travail, mon ami. » Le juge du sanctuaire se décala légèrement et je dévalai les marches de mon trône, laissant derrière moi une longue trainée pourpre. Alors que j’atterrissais aux pieds de Drago, mes ailes et mes écailles disparurent pour faire place à cette enveloppe humaine que j’appréciais tant revêtir. Je ne ressentais plus aucune peine ni douleur. Ma respiration était faible. Je ne distinguais plus que des formes floues autour de moi et tous les sons se mélangeaient entre eux. Cependant, au milieu de ce chaos, je ressentis une chaleur traverser ma main blême. « Ladd… pourquoi… tu n’avais pas besoin d’en arriver là… murmura Drago d’une voix entrecoupée de sanglots. » Je bougeai mes lèvres sèches, mais aucun son n’en sortit. Seul un mince filet de sang envahit ma bouche. « Nous étions partenaires ! Si tu m’en avais parlé plus tôt… si seulement tu m’en avais parlé… peut-être que… nous aurions pu… » La silhouette de Théa s’approcha de son frère et le prit dans ses bras, réprimant ses propres larmes à la vue de mon corps meurtri. Drago ne pouvait pas comprendre. C’était le chemin que j’avais choisi bien avant notre rencontre. Ce que nous avions vécu tous les deux, les épreuves que nous avions surmontées ensemble en tant que partenaires et amis, peut-être que ces moments-là étaient les seuls souvenirs réels qu’il me restait de ma longue existence. Ma rébellion contre le trône, mes années à l’académie, ces années passées avec Solaris, les combats livrés avec Drago, la construction d’Avalon main dans la main avec Théa… et tant d’autres souvenirs défilèrent devant mes yeux en une fraction de seconde. Je n’étais pas triste. Je ne laissais aucun regret derrière. Pour la première fois, j’étais serein face à la douce délivrance de la mort. J’avais réussi. J’avais détruit Izrath… ce monde corrompu et immuable… pour donner naissance à mon utopie… une utopie désormais entre de meilleures mains que les miennes. Zesunis, dans un geste de compassion, s’approcha de moi et, tendrement, il ferma mes paupières pour me laisser sombrer dans mon sommeil éternel.
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| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Ven 25 Oct - 12:20 | |
| Chapitre 52 : Drago, au-delà des dimensions- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08Kg« Maximus, une autre tournée ! s’exclama joyeusement Maya à travers la taverne animée. — Tu sais, tu devrais vraiment ralentir avec l’alcool d’Izrath, lui conseilla Ambre, voyant que le visage de son amie virait dangereusement au rouge pivoine. — Hein ? Qu’est-ce que tu racontes encore ! Il faut célébrer comme il se doit notre victoire écrasante aux Jeux Olympiques d’Avalon ! Angéla, dis-lui, toi ! — Tu devrais vraiment aller te coucher, ma pauvre… lui répondit la blonde, mal à l’aise. Sinon tu vas encore finir par sauter du balcon comme hier… — Quoi ? J’ai fait ça, vraiment ? » Ambre et Angéla soupirèrent en même temps avant d’éclater de rire. A la table d’à côté, June et Aymeric observait la scène d’un oeil amusé, prenant les paris sur qui devrait ramener notre alcoolique notoire à sa chambre ce soir-là. Quant à moi, je ne faisais que regarder de loin, adossé à un des murs de l’auberge. Soudain, Zesunis débarqua en grande trompe dans la pièce déjà bruyante, une télévision sous le bras. Tous le monde centra son attention sur l’écran alors qu’Astaris intervenait pour conclure avec la cérémonie de remise des médailles. En théorie, nous aurions dû y participer, mais nous avions, d’un commun accord, décidé de laisser nos places aux véritables habitants de ce monde. https://www.youtube.com/watch?v=XHViAiVuDsADeux mois avaient passés depuis la disparition d’Izrath et la mort de Ladd. A notre retour sur Terre, Violet nous avait accueilli à bras ouverts et remis une médaille d’honneur. La disparition ne passa pas inaperçu. Les centrales Kvantiki cessèrent de fonctionner et les apparitions de Spiritual sous leur forme d’esprit se firent de plus en plus rares. C’était étrange. La disparition de mon partenaire avait laissé un grand vide dans ma vie. J’étais revenu à ma condition d’antan d’étudiant normal, tel que je l’étais avant de venir dans ce monde. Ma sœur avait pris la décision de rester en Avalon d’ailleurs, en tant que reine. Elle m’avait même proposé de gouverner à ses côtés mais j’avais décliné son offre. Cependant, Ladd nous avait laissé un dernier cadeau avant de mourir. Un phénomène étrange avait été constaté par la fédération Ether peu de temps après notre retour, un phénomène à présent connu sous le nom « d’invocation inverse ». Des gens de tous les pays avaient commencé à disparaitre avant d’être finalement localisés en Avalon. Rapidement, la technologie permit de maitriser cela et de plus en plus d’humains vinrent s’installer dans ce nouveau monde tandis que des Spirituals venaient sur Terre sous leur forme physique. Pour nos deux mondes, c’était le début d’une nouvelle ère de commerce et de découverte. Peut-être était-ce là, le véritable son véritable but. Nous coulions des jours heureux, tous ensemble au lycée. La fin d’année approchait à grand pas. Par un tour de force du destin, nous avions passé le bac haut la main. Angéla avait même obtenu une mention, elle qui s’était endormie durant l’épreuve de philosophie… A présent, chacun se préparait à sa future vie. Nous allions devoir nous séparer et prendre des voies différentes. Personnellement, je m’orientai vers la fédération Ether qui avait bien voulu m’accepter en son sein en tant que chercheur, comme mon père l’avait été avant moi. Ambre avait accepté de reprendre les entreprises de ses parents. June avait réussi Angéla à la suivre dans l’éduction tandis qu’Aymeric s’apprêtait à faire sa médecine. Seule Maya ignorait encore ce qu’elle allait faire, mais je ne m’inquiétai pas pour elle. Asuna, quant à elle, avait disparu peu de temps après mais, telle que je la connaissais, elle ne devait pas être très loin. A présent, les jeux olympiques d’Avalon, auxquels Théa nous avait conviés, prenaient fin eux aussi, dans la joie et l’insouciance. Malheureusement, Darksky et les autres étaient trop occupés avec leur propre festival de fin d’année pour s’y rendre, mais je ne doutais pas que nos chemins allaient inexorablement finir par se croiser à nouveau. En revenant au royaume, je pus constater son évolution. Ladd avait réussi. Les survivants de la guerre s’étaient réunis pour former une nouvelle communauté, soudée face à l’adversité. Les anciens seigneurs, eux-mêmes, œuvraient aux côtés des citoyens pour construire un monde meilleur. Evidemment, ce monde était loin d’être parfait, mais la volonté de chacun permettait de surmonter les épreuves du quotidien. Contrairement à ce qu’il pensait, au lieu d’être trainé dans la boue, le nom de Ladd fut célébré comme celui du messager de la délivrance, le Spiritual ayant mis fin à des millénaires figés dans les âges. Même si, en réalité, cela était grandement dû à l’action d’Astaris qui s’était battu corps et âme pour faire comprendre à tous quel avait été le rêve du prince déchu. « Tu pensais être seul sur le chemin de la révolte, mais en réalité, tu refusais d’entrainer dans ta chute des innocents, ai-je tort, Ladd ? https://www.youtube.com/watch?v=Esz_s9OOjdw— Cher client, déclara soudain Maximus en me tirant de mes pensées, je viens de recevoir ceci pour vous. — Une… lettre ? » Le Spiritual à six bras se retira sans ajouter un mot. Toutefois, je n’eus qu’à lire l’écriture pour en deviner l’expéditeur. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Sans perdre une seconde de plus, je me précipitai à l’extérieur et me mis à scruter les environs, tous mes sens en alerte. Une lueur dans la forêt attira mon attention. Sans réfléchir, je me mis à courir jusqu’à sa source. Je ne mis pas bien longtemps à la trouver. Là, dans une petite clairière à l’orée du bois, un petit portail dimensionnel était ouvert. Devant, adossée à un arbre, les bras croisés dans son dos et regardant fixement le ciel d’Avalon, se trouvait une jeune fille aux longs cheveux bleu azur, attachés en une queue de cheval haute. Elle portait une longue écharpe rose pâle autour de son cou, ainsi qu’un imperméable associé à sa chevelure, une jupe claire et des bottes basses. Même si c’était l’été dans notre monde, le portail semblait avoir amené avec lui l’hiver et une fine couche de neige immaculée commençait déjà à recouvrir les troncs environnants, de même que la terre blanchissait à vue d’oeil. « Te voilà donc, je pensais que tu allais me poser un lapin comme la dernière fois, déclara-t-elle sans se retourner. J’ai bien fait d’attendre un peu. — Tu sais, tu aurais pu venir à l’auberge, lui répondis-je avec un soupir. — Je pense que moins je me fais présente, mieux cela vaudra pour tout le monde. Après tout, je ne suis pas de votre monde et je ne pourrais certainement pas revenir avant un long moment. Je préfère filer à l’anglaise tant que je le peux. — Si tu es ici, c’est que les reconstructions avancent bien, n’est-ce pas ? — Elles avancent, oui. Bien, non. Nous avons encore énormément à faire, ce n’est pas demain la veille que nous pourrons vivre comme avant. Cependant, puisque Théa m’a invitée à venir, je me suis dit que c’était l’occasion de te dire au revoir, Drago. » La jeune fille se tourna alors vers moi et me lança un large sourire plein de fossettes. Dans ses yeux d’un bleu profond, autrefois vairons, brillait une lueur d’espoir qui je n’avais encore jamais décelé chez elle. « Je connais déjà ta réponse, mais je te le demande quand même : est-ce que tu rentrerais avec moi, chez toi, chez nous ? Tout le monde t’attend pour te remercier d’avoir mis fin aux ambitions de Fuji Makoto. » Mon cœur se serra dans ma poitrine en entendant ces mots. Mais mon choix était fait depuis longtemps. Je ne pouvais plus revenir en arrière. — Je… j’aurais adoré pouvoir accepter… mais, tout comme tu ne peux pas abandonner Ichigo ou Chizuru, je ne peux pas laisser Angéla et les autres. Ils m’ont tout donné lorsque je suis arrivé ici, il y a trois ans. Alors, à mon tour, j’aimerais pouvoir leur rendre la pareille et m’engager auprès d’Ether pour mettre tout ce que j’ai appris durant la guerre au service de la paix. — Je vois. Toi et moi, nous sommes pareils, liés à deux mondes qui nous sont étrangers. Tu diras à Angéla et aux autres que ces quelques mois passés en leur compagnie étaient amusants. Qui sait, une fois les travaux terminés, je reviendrai peut-être vous passer le bonjour ! — Je n’y manquerai pas. Toi aussi, salue le lycée de ma part. — Evidemment ! Allez, à plus !» Asuna me tourna le dos et commencer à se diriger vers le portail d’un pas décidé. Cependant, elle s’arrêta juste devant et, après un moment d’hésitation, elle pivota lentement pour me faire face une dernière fois. https://www.youtube.com/watch?v=DnZTguZ5H34« Tu sais que tu es vraiment un abruti, Drago, murmura-t-elle avec un sourire timide aux lèvres. Pendant des années, j’ai tenté de te faire retrouver le sourire, et il suffit qu’une blonde écervelée passe pour que tu redeviennes celui que tu avais été. » Mon amie croisa ses mains dans ses dos et se mit à dessiner des cercles dans la neige avec son pied. « Dis, tu te souviens de notre première rencontre ? Toi et ta famille, vous aviez l’air de sortir tout droit d’un mauvais film historique. Qui aurait cru que derrière vos apparences étranges, vous veniez vraiment d’un passé disparu ? — C’est vrai que nous avions l’air étranges, dit comme ça, m’amusai-je. Je me demande même comment mes parents ont fait pour s’habituer à cette vie si différente de la leur… — Vous vous êtes installés à côté de chez nous et tu as commencé à jouer seul dans ton jardin. Tu étais encore plus bizarre que tes parents ou ta sœur. C’était à peine si tu arrivais à parler japonais. Et pourtant, ce sont tes airs maladroits et perdus qui m’ont poussée à venir te parler. En un sens, tu étais comme moi. Mes parents, scientifiques de renom, venaient de rentrer au Japon, si bien que je n’avais encore aucun ami dans le voisinage. Peut-être est-ce pour cela que nous sommes devenus compagnons de jeu quasiment tout de suite. — Oui. Je m’en souviens. Mes parents aussi étaient sans cesse occupés, de même que Théa. Je n’avais personne avec qui parler ou jouer pendant la journée. Puis tu es venue me trouver et tu es revenue chaque jour après. Nous rentrions de cours ensemble, nous faisions nos devoirs ensemble, nous riions ensemble, nous pleurions ensemble. En y repensant, durant tout le cycle élémentaire, je ne me souviens pas d’un seul jour où tu n’étais pas présente pour moi. — Et pourtant, tout a basculé du jour au lendemain, reprit la jeune fille d’une voix teintée de chagrin. Tu as été attaqué par les hommes d’Hélios et Ladd m’a sauvée. Après cela, tu as changé du tout au tout. J’avais beau essayé, je n’arrivais plus à captiver ton attention. Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai souffert d’être rejetée ainsi, et même aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’avoir la gorge nouée en y repensant… — Je… sincèrement désolé, m’excusai-je en baissant les yeux, honteux. A l’époque, je pensais être une source de problèmes pour toi, et pour tout le monde. Alors j’ai pris mes distances. Je pensais qu’ainsi, plus personne ne souffrirait par ma faute. Je m’en voulais, jour et nuit. A cause de moi, tu as bien failli devenir borgne et même perdre la vie. — J’imagine que nous sommes tous les deux fautifs dans l’histoire, rit-elle légèrement. Mais, malgré la carapace dans laquelle tu t’étais enfermée, je savais que, quelque part, mon ami existait encore. Je ne m’étais pas trompée apparemment puisqu’il a suffi d’un minuscule choc pour te faire perdre la mémoire et faire resurgir ta véritable personnalité. » Asuna posa ses mains sur son cœur et ferma les yeux, le visage détendu. https://www.youtube.com/watch?v=ZYjBx5dCGQ4« J’ai vraiment été jalouse d’Angéla. Alors que je vous observais de loin, j’avais l’impression d’avoir été trahi, de n’avoir jamais existé pour toi, de n’être qu’un souvenir inutile dont tu avais préféré te débarrasser sans tenir compte de mes sentiments. Je voulais revenir dans ta vie, mais il n’y avait pas de place pour moi ici. Cependant, je refusai d’abandonner. Je n’avais pas consacré autant d’années de ma courte vie à poursuivre une chimère. Il me fallait des réponses, savoir si tu n’étais qu’un imposteur ou si c’était moi qui étais dans l’erreur. — Et tu es réapparue devant moi en sortant de nulle part, hein ? Cela te ressemble bien… — Le garçon que j’ai retrouvé à ce moment-là n’était pas cette coquille vide que je ne pouvais pas atteindre. Mais ce n’était pas non plus le garçon que je pensais perdu. C’était… quelqu’un d’autre. Lorsque j’ai compris cela, je me suis fait une raison et j’ai décidé de rentrer chez moi. Mais comme tu le sais, les choses ne se sont pas passées comme prévues. » La jeune fille se tourna de trois-quarts puis observa le ciel constellé d’étoiles qui brillait dans la nuit d’Avalon. Un mince filet de brume s’échappa de ses lèvres lorsqu’Asuna poussa un léger soupir. « Malgré cela, j’ai pu me faire de nouveaux souvenirs avec le Drago de ce monde. Les soirées passées sur le toit de l’école restent gravées dans ma mémoire, mais nos entrainements dans la salle de club sont ancrés profondément dans mon cœur. J’ai aimé construire de mes mains le club d’astronomie, mais j’ai apprécié encore davantage intégrer Ether et suivre les mêmes cours que vous. Je remercie Ichigo et Kagari de m’avoir permis de percer ta carapace… mais je suis encore plus redevable à Angéla pour l’avoir brisée et t’avoir libéré de tes tourments. » Lorsqu’elle tourna son visage vers moi, le seul sentiment que je pus y lire fut une profonde reconnaissance alors que dans ses yeux brillaient à l’éclat de la lune qui se reflétait dans ses larmes de cristal. « C’était amusant, tu n’es pas d’accord ? Finalement, alors que je devrais te détester, j’en suis incapable. Malgré tout ce que tu m’as fait endurer, tu restes planté dans mon cœur comme une épine qui empêche mon sang de s’écouler sur le sol. Et toi, Drago, est-ce que, après mon départ, il restera quelque chose de moi dans ton cœur ? — Le coup d’épée que tu m’as asséné m’a laissé une marque indélébile je pense. Chaque fois que je me regarderai dans la glace, je serai obligé de repenser à toi, Asuna. — Tu ne nous oublieras pas cette fois, c’est promis ? — Je me souviendrai à jamais qu’un jour, une petite fille naïve m’a tendu la main alors que je n’avais rien. — Tu me promets cette fois ? Lorsque je reviendrai, tu ne me referas pas le coup de me demander qui je suis ? — Même si tu te teignais les cheveux en brun et que tu portais un masque, je reconnaitrai toujours les yeux de celle qui m’a épaulé pendant toutes ces années. — Je n’ai qu’à ne pas devenir aveugle dans ce cas, s’esclaffa ma meilleure amie. » Elle prit alors une grande inspiration et fit un pas dans ma direction, les joues légèrement rosées. Sans me prévenir, Asuna se dressa sur la pointe des pieds, prit mon visage dans ses mains et ses lèvres se posèrent furtivement sur les miennes, dans un geste aussi bref qu’intense. Je ne pus ressentir que son souffle chaud aux odeurs de fraise sur ma peau froide. Puis elle recula de quelques pas pour me sourire tendrement. Je restai figé, incapable de faire le moindre mouvement alors que mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. « Drago, je t’ai aimé durant le lycée. Je t’aime à présent. Et toujours, je t’aimerai. Même si nous sommes séparés. Désolée de m’immiscer ainsi entre toi et Angéla. Désolée de ne pas pouvoir marcher à tes côtés. Désolée d’avoir tenté de te tuer… Pour tout ce que tu as subi à cause de moi… désolée. Et adieu, mon précieux et irremplaçable ami. » Je tendis la main devant moi pour retenir Asuna mais son corps s’évapora dans un millier de flocons de neige scintillants, tels une multitude d’étoiles tombées du ciel. Le portail s’était refermé, me laissant seul dans cette forêt recouverte d’un fin manteau blanc et glacial, uniquement réchauffé par la chaleur de mes larmes qui s’écoulaient le long des mes joues. « Moi aussi, je t’ai aimé, Asuna. Sois heureuse, mérite plus que n’importe qui de trouver le bonheur, mon amie. » Un petit objet s’échappa de l’enveloppe que je tenais dans la main. Je me penchai pour le ramasser et mes doigts se mirent à trembler lorsque je lus le mot qui l’accompagnait. « Puisque je ne peux pas être témoin, je t’ai acheté ça pour toi et Angéla. J’espère que tu lui remettras et que cela lui plaira ! Si tu en as déjà une, ignore-là juste et donne-là à quelqu’un d’autre, histoire que je n’ai pas dépensé tout mon argent pour rien. » Mon nom résonna dans la forêt et des bruits de pas se rapprochèrent de moi. Intrigué, je levai la tête pour voir une Angéla frigorifiée émerger de l’épais talus des arbres glacés. La pauvre ne s’attendait visiblement pas à une température aussi basse et grelottait. Elle tentait tant bien que mal de se réchauffer en se frottant les bras avec ses mains mais sa robe blanche à manches courtes n’était vraiment pas adaptée à ce temps. « Sérieux, Drago, ça fait au moins dix minutes que tout le monde te cherche et voilà que je te retrouve planté au milieu de la forêt comme un piquet ! grommela-t-elle en éternuant. Maximus a besoin de toi pour ranger ! — J’imagine que tu t’es portée volontaire pour partir à ma recherche juste pour éviter cette corvée, je me trompe ? lui répondis-je tout en essuyant les larmes qui gelaient aux coins de mes yeux. — B… Bien sûr que non ! protesta-t-elle, les joues rouges comme des pivoines. Ce n’est pas mon style, tu me connais mal ! » A ce moment-là, ma main agit par elle-même et je tendis l’objet que je tenais dans ma main à la jeune fille. Angéla écarquilla les yeux, interdite et se mit à bredouiller des phrases incompréhensibles alors qu’elle s’empourprait toujours davantage. Je ne pus m’empêcher de rire puis reprit l’anneau d’or avant d’attraper la main de la blonde avec un sourire bienveillant. « Rentrons avant que tu n’attrapes froid, Angéla. » Mon amie, reprenant ses esprits, me rendit mon sourire et me suivit à travers la forêt, tandis que je laissai derrière moi cette clairière enneigée où seule une écharpe rose était restée accrochée à l’une des branches. « Prends soin de toi, Asuna. Adieu. Et merci d’avoir aimé un égoïste tel que moi. »
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Ven 25 Oct - 15:59 | |
| Chapitre 53 : Miyako, promesse de vie- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=4FqoqxD-DHA« Salut, Daniel. Ça faisait longtemps, n’est-ce pas ? Désolée de ne pas être venue te voir plus tôt, j’ai été très prise ces derniers temps. Il s’en est passé des choses depuis la dernière fois… je ne sais pas vraiment par où commencer… Et si je te disais que la guerre était définitivement terminée cette fois ? Izrath a disparu, emportant dans sa chute les démons et les fléaux qui ont ravagé notre monde. J’aimerais bien pouvoir te dire que tout est calme désormais, mais ça serait un mensonge. L’ouverture d’Avalon avec la Terre est difficile à accepter pour beaucoup de gouvernement encore. Mais j’ai confiance en l’avenir. Je suis certaine qu’un jour nos deux mondes pourrons vivre en harmonie. Et si personne n’est décidé à faire le premier pas, je le ferai. Après tout, n’est-ce pas la promesse que je t’ai faite ? Tu sais… j’ai décidé de me lancer dans la politique comme tu l’avais suggéré à notre entrée au lycée. Tu dois me trouver stupide, non ? Est-ce que j’ai pris tes moqueries un peu trop au sérieux ? Où alors es-tu fier de moi ? Je ne sais pas trop où cela va me mener. Peut-être deviendrai-je la risée du monde entier, ou bien laisserai-je mon nom dans l’histoire, je ne sais pas. Dans tous les cas, je tenais à passer une dernière fois ici avant longtemps. J’ai finalement obtenu des places à l’université de Paris. Dès la fin de l’année, j’emménage à la capitale et j’irai retrouver les UWS. Ces idiots ont quasiment terminé leur formation chez Ether et s’apprêtent à devenir des agents officiels. Je me demande bien qui voudra bien d’eux… Quant à Denys et Julie, ils ont décidé de se marier dès la fin de leurs études. Je ne doute pas que leur couple sera explosif mais je suis certaine qu’ils vivront heureux. Je le leur souhaite. Mais j’imagine que ce que tu te demandes, c’est ce que ton frère devient… Je ne sais pas vraiment moi-même. Cela fait un moment que je ne l’ai pas croisé, mais aux dernières nouvelles, il se portait bien. Peut-être est-il déjà venu te voir d’ailleurs. Cela ne m’étonnerait pas de lui. » Vingt heures sonnèrent au loin. Je rouvris les yeux et adressai un léger sourire à la pierre tombale qui se trouvait devant moi. Sur la tombe, un simple bouquet garance rouge était posé à même le sol. Après avoir adressé une dernière prière, je me relevai pour contempler le coucher de soleil flamboyant derrière la falaise au loin. On m’avait toujours dit que les cimetières le soir étaient des endroits lugubres. Mais pas celui-ci. Face à la Manche, les tombes scintillaient de mille feux au crépuscule tandis qu’une brise légère faisait bruisser les feuilles des cerisiers ayant déjà perdu leurs fleurs. Le printemps avait pris fin. L’été approchait à grand pas, balayant dans ses vents secs la froideur et l’humidité du printemps pour laisser place aux beaux jours. https://www.youtube.com/watch?v=yt-gEaawASQSoudain, des bruits de pas retentirent près de moi. Une grande ombre s’étala sur l’allée mais je ne me retournai pas. J’avais reconnu cette démarche lente et pesante entre mille. « Regardez qui voilà, tu sais te faire désirer à ce que je vois, raillai-je en posant ma main gauche sur ma hanche sans quitter l’horizon des yeux. — Je ne pouvais pas manquer le concert de fin d’année, me répondit l’homme d’une voix amusée. » Un second bouquet vint se joindre au milieu, apportant avec lui une multitude de senteurs exotiques. Nous restâmes là, devant cette pierre tombale, de longues minutes durant, sans nous dire un mot. Puis, après avoir adressé ses quelques mots silencieux à son frère, Hiroki se tourna vers moi. Son visage avait légèrement changé depuis notre retour sur Terre. A présent, une légère barbe descendait de ses cheveux et encerclait parfaitement les contours de sa mâchoire En ce jour si spécial, il avait revêtu ses plus beaux habits : une longue veste blanche surmontée d’épaulettes dorées au-dessus d’une chemise bleu ciel et d’un pantalon de soie sombre. A son cou était noué une sorte de foulard nacré, lui donnant l’air d’un homme du XIXème siècle, sans pour autant être ridicule. « Tu es bien élégante ce soir, Miyako, déclara avec une révérence exagérée tout en prenant ma main dans la sienne. Est-ce que tu me ferais l’honneur d’être ma cavalière au bal ? — Puisque je n’ai pas le choix, répondis-je dans un soupir. » Pour l’occasion, j’avais enfilé une robe cousue spécialement pour ce jour. Le long vêtement blanc cassé laissait mes épaules nues et mes jambes à l’air libre. A mes mains, j’avais passé des gants de velours pourpre, assorti avec mes chaussures à talons haut qui me hissait à la même taille que le frère de Dan. A mon cou pendait un collier d’hématite que j’avais emprunté à ma mère. Je n’avais pas fait de nombreuses recherches pour m’habiller mais j’étais tout de même flattée du compliment de mon ami. « Si tu es revenu ici, ce n’est pas uniquement pour assister au concert et au bal, je me trompe ? — Tu devines bien. » Le garçon sortit de la poche intérieure de sa veste un petit bout de papier qu’il prit entre son index et son majeur d’un air satisfait. « Tu vas étudier à Paris l’année prochaine, je me trompe ? Et bien figure toi que moi aussi, déclara-t-il fièrement. — Génial, je vais devoir te supporter encore combien de temps ? — De nombreuses années, je le crains. Comme tu peux le voir sur ce bail, nous vivons ensemble désormais ! » Je ne pus m’empêcher de pouffer devant cette demande très peu subtile. Mais au fond de moi, j’étais heureuse. « Et qui te dit que je suis d’accord ? J’ai peut-être déjà mes propres projets, tu y as pensé ? — Allez, Miyako, sois sympa ! J’ai passé les deux derniers mois à économiser pour prendre cet appartement, tu ne peux pas me faire un coup pareil, gémit-il comme un gamin. » J’avais envie de m’amuser encore un peu avec lui, mais malheureusement, Laura risquait de me tuer si je ratai la représentation finale. Je me contentai donc de lâcher un soupir et lui lançai les clés de mon propre appartement. Hiroki les rattrapa maladroitement tandis que je reprenais le chemin du retour. « Bonne chance pour annuler mon propre bail alors, si tu réussis, je suis prête à te supporter pendant quelques années encore. — Aucun problème, affirma-t-il en se frappant le torse. » Alors que nous nous apprêtions tous les deux à retourner au lycée pour célébrer la fin de l’année avec nos compagnons, je remarquai qu’une lettre s’était glissée sous mon bouquet de fleur sans que je ne l’aie remarquée. Intriguée, je la ramassai. Mon cœur se serra lorsque je reconnus l’écriture peu soignée sur le bout de papier froissé. « Alors, nous y sommes… est-ce là ce que vous aviez prévu, Akane, Iori ? » Hiroki, voyant que je trainais, m’appela au loin. Je me contentai de ranger l’enveloppe dans mon sac à main avant de rejoindre mon ami pour assister aux derniers moments de notre club avant que chacun ne suive sa propre voie.
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Sam 26 Oct - 9:44 | |
| Chapitre 54 : Laura, la dernière mélodie- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=yt-gEaawASQTout était fin prêt. Mes valises m’attendaient dans le hall. Mon billet de bateau et mon passeport se trouvaient au fond de mon sac à dos. Ma chambre était rangée. Après une dernière inspection rapide des lieux, je descendis les marches, non sans une certaine nostalgie. La ville allait me manquer. C’était déjà la deuxième fois que cette situation se présentait à moi. Cependant, les choses avaient changé en six ans. Et cette fois, j’allais revenir, c’était une certitude. Devant la porte d’entrée, Darksky m’attendait, ainsi que Marie et Arthur. C’était un tableau à la fois étrange et familier, comme si j’avais rêvé de ce jour de nombreuses fois. Finalement, mon père avait tenu une partie de ses promesses. Mon frère était de retour parmi nous, plus énergique que jamais et bien déterminé à rattraper le temps perdu. Je m’arrêtai à quelques mètres de tout ce beau monde. Ils me souriaient. Nul n’affichait le moindre signe de tristesse. Au contraire, ils étaient heureux, heureux que je puisse enfin réaliser mes rêves. « Alors, Laura, tu es prête, tu es certaine que tu n’as rien oublié ? déclara mon frère. On vient à peine de se retrouver et tu nous quittes déjà… — Tu t’inquiètes trop pour moi, Arthur, Cambridge n’est pas si loin, je serai de retour pour les prochaines vacances, lui répondis-je, amusée. — Quand même, je crois que tu dois en avoir assez, mais encore félicitations pour ton admission, ajouta Darksky avec un sourire. — Je n’ai quasiment rien fait, Violet a beaucoup plaidé ma cause pour mon dossier… — Oui, et c’est pour ça que ce type a échoué lamentablement, ricana Marie avec ses sarcasmes habituels. — Je… je ne t’ai rien demandé toi ! protesta son frère, rouge de honte. » J’éclatai de rire. Ces scènes banales du quotidien allaient me manquer une fois en Angleterre. « Et donc, tu ne sais toujours pas où tu vas l’année prochaine ? repris-je en tentant de garder mon sérieux. — Pour l’instant, je n’ai été accepté nulle part donc j’imagine que je vais continuer mes études à la fac de la vile, lança mon ami en se frottant l’arrière de crâne, gêné. — Pas d’inquiétude à avoir de ce côté-là, Darksky, on sera ensemble, je suis certain qu’on va passer de bons moments ! s’exclama mon frère. — Avec un duo comme le vôtre, j’ai bien peur que le niveau de notre fac baisse considérablement… » Les deux garçons me lancèrent un regard noir, ce qui fit rire aux éclats Marie. Alors que quatre heures sonnaient au loin, je remis mon sac sur mon épaule et pris ma valise qui m’attendait devant la grande porte. Mais, alors que la cadette et mon frère s’écartèrent pour me laisser passer, Darksky ne bougea pas. Il leva simplement sa main droite devant lui à laquelle scintillait un mince anneau d’or. « J’attendrai ton retour, Laura. » En réponse, je levai à mon tour ma main pour qu’un deuxième éclat vienne se joindre au sien. « Je reviendrai. Je t’en fais le serment. — La maison fera bien vide sans toi. La ville aussi… murmura mon ami d’une voix faible. — Elle aussi, elle reviendra. J’en suis persuadée. » Sans en dire davantage, je passai à côté des trois personnes les plus importantes à mes yeux et m’engageai sur la voie de l’inconnu, laissant derrière moi un passé rempli de sourires et de rires, un passé qui n’attendait que d’être retrouvé. Alors que je marchai sur la route de la plage qui menait à la gare, je passai devant de nombreux endroits qui m’étaient familier et que j’avais pris plaisir à redécouvrir en revenant ici aux côtés de Darksky : le parc où je me battais autrefois avec Dan, le marchand de glace, la plage, toujours aussi belle, surmontée de cette majestueuse et immuable falaise, si symbolique pour moi, et enfin l’école. Je regardai l’heure. Il me restait encore un peu de temps avant de prendre mon train. Ainsi, je fis un détour par ce chemin que j’avais emprunté si souvent. Arrivée au bout de l’allée, je franchis le portail entrouvert pour me retrouver dans la cour du lycée. Un sentiment de nostalgie m’envahit. Je n’avais pas posé les pieds ici depuis la cérémonie de fin d’année. Mes pas me guidèrent jusqu’aux salles de classe, désertes. Les chaises avaient été montées sur les tables, les casiers vidés et les tableaux effacés. Une forte odeur de produit ménager emplissait les couloirs lumineux tandis que mes pas résonnaient longuement dans ces locaux vides de toute vie. Machinalement, je pris la direction de notre salle de club, effleurant du bout des doigts ces murs entre lesquels j’avais passé tant d’heures heureuses. Et, lorsqu’enfin j’arrivai devant cette porte bien connue, mon cœur s’accéléra. Tremblante, j’appuyais sur la poignée. Heureusement, la salle n’était pas fermée. En y pénétrant, la nostalgie me submergea. Tout était resté exactement comme à notre dernier jour. Personne n’était venu faire le ménage depuis. Sur le tableau noir étaient encore dessinés les pendus de Saya au milieu des instructions du déroulement de notre journée. Par terre trainaient des livres et des affiches poussiéreuses. Mon piano scintillait à la lueur des rayons du soleil qui passaient à travers l’immense baie vitrée. Sur le bureau de Miyako s’empilaient tous les cours qu’elle avait laissés derrière elle en partant. C’était étrange. J’avais l’impression d’entendre les voix de mes amis dans le silence de cette pièce. Je voyais encore Darksky et Saya se disputer sous le regard amusé de Nagisa et les soupirs de notre présidente. Je fis quelques pas dans la pièce et m’arrêtai devant l’étagère où, devant une multitude de livres que nous n’avions jamais lus, se trouvait un cadre photo. Avec un sourire, je le pris dans mes mains. « Les dernières vacances d’été ont été amusantes… murmurai-je. » C’était une sensation étrange. J’avais l’impression que tout était pareil, et différent à la fois. Miyako était partie pour Paris en compagnie d’Hiroki peu de temps après les résultats du bac, Nagisa était toujours en ville, se préparant pour l’année suivante, Darksky s’apprêtait à rentrer en faculté, Iori avait accompli son devoir, et moi, j’étais sur le point de repartir vers l’Angleterre, comme je l’avais fait, six ans plus tôt. Un courant d’air ébouriffa mes cheveux et fit voler tout autour de moi les affiches qui trainaient sur le sol. C’est alors que je sentis quelque chose entre mes doigts et le dos du cadre. Intriguée, je retournai la photo pour y découvrir avec stupeur un petit bout de papier froissé sur lequel un message était inscrit. Mon cœur se serra dans ma poitrine en reconnaissant la plume de celle qui l’avait écrit. Malgré la peine que je ressentais au fond de moi, je souris tout en retenant quelques larmes aux coins de mes yeux. « Jusqu’au bout… jusqu’au bout tu auras su te faire remarquer, Saya. » Avec délicatesse, je reposai le cadre photo et quittai cette pièce où se trouvaient tous nos souvenirs de lycée, laissant aux générations futures un trace de notre passage. Tandis que je reprenais ma route, les images de notre dernier jour à l’école se mirent à défiler dans ma mémoire. Et je revis cette scène immense sur laquelle nous nous tenions, Marie, Saya et moi, devant une foule en liesse. Les mots de notre amie blonde écervelée résonnèrent dans mon esprit, tel un fantôme du passé me rappelant une dernière fois la conclusion de ces merveilleuses années passées aux côtés du club de duel. « Et pour conclure cette année comme il se doit, voilà le clou du spectacle ! Cher public, Laura, Marie et moi moi-même allons vous interpréter une chanson composée par nous-mêmes et que nous venons de terminer ! Comme vous le savez, nous avons été impliqués dans le conflit d’Izrath, c’est pourquoi, nous n’avons eu que peu de temps pour répéter. Malgré cela, j’espère que vous nous pardonnerez et que vous l’écouterez avec votre cœur jusqu’à la toute fin de cette journée mémorable organisée par le club de duel ! Elle se nomme : I still love you. »
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Sam 26 Oct - 21:41 | |
| Chapitre 55 : Saya, Le dernier sourire- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=n01q7X16uzs&Un vœu qui surpasserait la mort elle-même. Telle est la prière que j’avais adressée au ciel en ce funeste jour où mon corps perdit la vie, au cœur de la citadelle originelle. Mon souhait fut exaucé. Grâce à la compassion de Luminion pour l’âme perdue que j’étais, je fus dotée d’un nouveau corps aux capacités surhumaines. En échange, mon rôle était de lui permettre de se manifester sur Terre pour raisonner ses frères et sa sœur. Cependant, j’étais prévenue. Si un jour le démon de lumière venait à disparaitre, ce corps artificiel disparaitrait en même temps que lui. Je l’avais bien compris. Mon temps était compté. Je ne bénéficiai que d’un répit temporaire, mais un répit suffisant pour accomplir ce dont j’avais toujours rêvé : vivre une vie ordinaire, entourée, non pas de soldats, mais d’amis dignes de confiance, avec lesquels j’aurais pu rire, pleurer, me fâcher, combattre et même mourir. Et mon choix était tout fait. Je voulais revoir Darksky. Même si ce souhait était égoïste, il était le seul qui pouvait m’apporter le bonheur que je désirais tant. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’être celle que j’aurais voulu être. J’ai commencé à agir de façon à n’avoir aucun regret à emporter avec moi dans les cieux. Je me suis mise à sourire face à l’adversité, à rire d’un rien et à me moquer de tout. Je ne voulais pas vivre mes dernières années dans la tristesse. Et c’est là que j’ai pu retrouver le garçon qui m’avait sauvée de la solitude et de la folie. Comme il me l’avait promis, Marie était sauvée et son amie, Laura, était de retour. Je n’étais pas jalouse d’eux. Au contraire, j’étais heureuse. Heureuse de voir que, même après ma disparition, quelqu’un serait là pour l’épauler et partager sa vie. Les voir ensemble suffisait à faire mon bonheur. Rapidement, je me pris à mon propre jeu et finis même par oublier ma mission. Cependant, la réalité me rattrapa lorsque les démons attaquèrent notre monde. Sans Iori, je me serais certainement enfuie pour ne jamais réapparaitre. Mais les mots de celle que j’ignorais encore être ma fille me touchèrent en plein cœur. Je n’avais pas le droit d’abandonner Darksky et les autres, pas dans cette situation. Je n’étais plus cette inconnue qui squattait temporairement un club qui n’était pas le sien. J’étais un membre à part entière d’un édifice qui ne pouvait tenir sans l’un de ses piliers. Alors je revins et pris part au combat à leurs côtés. Plus tard, Iori vint s’installer chez moi. Après seulement quelques semaines, je finis par deviner sa véritable identité. Les gestes qu’elle avait avec moi, ses réflexes face à mes étourderies, ses tics de langages, sa façon de s’habiller et tant d’autres détails qui ne trompaient pas étaient révélateurs de ce que je craignais le plus. C’est alors qu’elle me révéla l’horrible vérité. Elle tenta vainement de trouver une solution à mon funeste destin, mais je savais qu’il n’y en avait aucun. Même une technologie de l’an 2041 ne pouvait sauver un corps artificiel comme le mien. Tout ce que nous pouvions faire était de lutter contre le destin, non pas pour me sauver, mais pour sauver Laura, pour que Darksky ait toujours quelqu’un sur qui s’épauler après ma disparition. Et, pendant que ma fille tentait de lui trouver un remède, je continuai à jouer mon rôle de la blonde énergique, toujours prête à foncer vers l’inconnu, quitte à me mettre moi-même en danger, continuant à sourire, encore et toujours pour transmettre à mes compagnons d’arme l’espoir que je gardais au fond de moi. Finalement, après de longues semaines de lutte incessante, Izrath fut détruite, emportant avec elle les démons et l’énergie qui me maintenait en vie. Il ne me restait désormais plus beaucoup de temps. Mon corps devait puiser dans ses réserves pour continuer à exister, mais je refusais de disparaitre. Pas avant d’avoir tenu ma promesse à Laura… C’était peut-être un autre désir égoïste, mais je ne voulais pas partir sans avoir accompli cette dernière volonté qu’était de terminer la vie de lycéenne que Luminion m’avait offerte. ** https://www.youtube.com/watch?v=ajiyhH68Hm0Le rideau tombait sous les applaudissements du public après notre dernière performance. Laura, Marie et moi nous inclinâmes puis les projecteurs s’éteignirent. La journée de remise des diplômes était terminée. Elle avait été un succès du début à la fin. Même ce stupide président du conseil n’avait rien trouvé à redire sur l’organisation. Ensemble, nous regagnâmes les vestiaires, le sourire aux lèvres. Marie et Laura semblaient vraiment heureuses. Nous avions dû composer, écrire et répéter notre spectacle en quelques jours à peine. Cependant, le résultat avait été au-delà de toutes nos attentes. Nous jouions en parfaite harmonie, sans même avoir besoin de nous regarder. Mais c’était normal. Après tout, nous avions combattu côte à côte pendant des semaines, nous nous connaissions par cœur. Pendant que mes deux amies se changeaient, mon corps émit une douce lueur puis des sphères de lumière s’en échappèrent. L’heure approchait à grand pas. Il ne me restait plus beaucoup de temps. J’aurais préféré célébrer avec tout le monde notre réussite, mais cette fin me convenait parfaitement. Je sortis de ma poche les deux dernières lettres que je n’avais pas encore remise et les posai sur le lavabo avant de me laisser disparaitre pour retourner à ma forme spirituelle. « Saya, est-ce que tu peux me passer ta brosse à cheveux ? J’ai oublié la mienne, déclara Laura en passant sa main à travers le rideau de la cabine. » Elle n’eut aucune réponse. Elle ne pouvait plus m’entendre désormais. J’étais, telle un Spiritual, bloquée entre deux mondes. Je n’étais plus qu’une spectatrice, incapable d’interagir avec mon environnement. La brune passa sa tête à l’extérieure, surement surprise par mon silence, puis écarquilla les yeux de stupeur lorsqu’elle ne vit que ces deux morceaux de papier. Avec un sourire, je détournai le regard et sortis de la pièce. Avec ça, mes adieux étaient faits à tout le monde. Je n’avais plus qu’à attendre patiemment que mes dernières réserves d’énergies s’épuisent en arpentant une dernière fois ces lieux où j’avais passé les meilleures années de ma courte vie. Je sortis dans la cour mais ne ressentis ni la chaleur des derniers rayons du soleil sur ma peau translucide, ni la douce brise qui faisait bruisser les feuilles des arbres. Mes pas ne soulevaient ni poussière, ni ne laissaient de trace. Mes anciens camarades de classe qui rentraient chez eux me traversèrent sans même être conscients de ma présence. Tous riaient aux éclats après cette journée, ou bien pleuraient à l’idée de devoir se séparer. Voir la vie fourmiller et continuer son cours alors que la mienne était sur le point de s’arrêter me réchauffa le cœur. J’avais réussi ma mission de donner un dernier sourire à ces élèves avec qui je n’avais peut-être jamais parlé, mais qui avaient partagé les mêmes joies et les mêmes peines que moi tout au long de ces deux années. Je jetai un dernier regard vers le bâtiment principal, là où se trouvait notre salle de club où nous avions passé tant de temps. Darksky, Miyako et Nagisa devaient encore s’y trouver, attendant avec impatience le retour des trois stars de la soirée. Je ne voulais pas croiser leurs regards non plus après leur avoir laissé à chacun un mot plus tôt dans la soirée. C’est pourquoi, je fis demi-tour et franchis les grilles du lycée pour la dernière fois. Le chemin du retour fut long et pénible. Mes jambes étaient lourdes. Ma respiration se faisait de plus en plus difficile. Mon cœur peinait à suivre la cadence. Mais malgré cela, il y avait un dernier endroit que je voulais voir. Cette falaise visible depuis toute la ville qui était si symbolique aux yeux de Darksky et Laura… je voulais m’y rendre et y passer mes derniers instants. Après une marche qui me parut interminable, je me trainai tant bien que mal jusqu’à son sommet, puis m’effondrai sur la pierre tiède, face à une mer de sang dévorant un soleil dont les rayons n’étaient plus que de minces filets perçant à travers l’obscurité de la nuit. https://www.youtube.com/watch?v=HCsXApCxD_kAlors que je pensais pouvoir profiter pleinement et sereinement de mes derniers instants, un bruissement dans les feuilles, suivi de bruits de pas, m’arracha un sourire. Ils avaient été plus rapides que je ne l’avais prévu… Des branchages, émergea mon club de duel, avec Darksky à sa tête. « Saya, où es-tu ? Montre-toi, je sais que tu te caches ici ! s’écria-t-il d’une voix déformée par la douleur et la tristesse. — Darksky, c’est trop tard, elle… — Non, Laura, ce n’est pas trop tard ! Je sais que Saya est encore parmi nous, sinon, pourquoi nous aurait-elle donné un moyen de la retrouver en réunissant tous ses mots ! » Je ne pus m’empêcher de rire. Aussitôt, le regard de mon ami se tourna dans ma direction. Il m’avait entendu, mais il ne pouvait toujours pas me voir. Je profitai de cet instant pour m’amuser une dernière fois avec eux. « C’est nul, vous avez déchiffré mon énigme trop vite, vous savez combien de temps j’ai mis à dessiner le plan de la ville sur tous ces papiers ? — Sa… Saya ? bégaya Nagisa, regardant frénétiquement de tous les côtés. Est-ce que c’est toi ? — Qui veux-tu que ce soit ? Tu connais vraiment quelqu’un d’autre capable d’élaborer un tel plan ? rétorquai-je fièrement. » A ce moment-là, Marie se détacha du groupe puis s’avança vers moi. Mon ancienne confidente, qui n’avait pas perdu sa clairvoyance avec la chute d’Izrath, devina ma position et s’arrêta juste devant moi. Avec un sourire franc et rayonnant, la sœur de Darksky se baissa légèrement, puis me tendit une main chaleureuse. « Saya, tu sais, nous aussi, nous avons des choses à te dire avant que tu partes. Alors, ne joue pas aux égoïstes et laisse-nous te dire adieu nous aussi. — Marie… murmurai-je, la gorge serrée. — Je sais que notre rencontre ne s’est pas faite dans les meilleures conditions qui soient… mais j’ai été heureuse de te rencontrer. Je ne t’ai jamais vraiment remercié pour avoir veillé sur mon imbécile de frère… Et on s’est bien amusés, toi, moi, Hélios, tu ne trouves pas ? Si un jour nous sommes réunis tous les trois, on recommencera, c’est promis, partenaire du crime ? — Oui… c’était amusant… lui répondis-je d’une voix faible. — Saya, merci de t’être battue pour le club alors que nous ne nous connaissions même pas ! lança Nagisa avec un sourire qui dissimulait sa peine. Si tu ne l’avais pas fait, jamais nous ne nous serions rencontrés et je ne serais peut-être plus de ce monde à l’heure actuelle… alors pour tout ce que tu m’as apporté ce jour-là, merci ! — Nagisa… — Tu es une idiote, Saya, soupira l’ancienne présidente qui tenait son bras gauche dans sa main, les yeux baissés vers le sol. Tu sais à quel point je déteste ne pas pouvoir dire adieu… et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de nous laisser un mot bourré de fautes d’orthographe… sérieusement, tu croyais vraiment que j’allais te laisser partir sans rien dire ? Tu es peut-être la plus casse-pieds, la moins réfléchie et la plus têtue que je connaisse, mais tu es aussi une amie précieuse et irremplaçable. Grâce à tes bêtises, j’ai pu continuer à me battre pour ce qui est juste, et je continuerai. — J’espère que tu ne t’ennuieras pas trop sans moi dans ce cas, Miyako. — Tu sais… au début, je ne t’appréciais pas vraiment. Tu représentais tout ce que je n’avais jamais été pour Darksky. Et pourtant, je te suis reconnaissante de t’être occupée de lui en mon absence, enchaina Laura, la main serrée sur le cœur. Jamais tu ne l’as abandonné. Jamais tu ne nous as abandonnés. Lorsque j’étais au plus bas après la mort de mon père, je pensais que je ne pourrais jamais remonter la pente, mais tu m’as montré qu’un simple sourire peut transformer des larmes de tristesse en larme de joie. J’aurais tellement aimé que nous puissions mieux nous connaitre, toi et moi. Je n’ai pas les mots nécessaires pour exprimer ma gratitude envers toi qui t’es battue aux côtés de Iori pour sauver ma vie, alors que moi, maintenant, je suis impuissante à t’aider… — Tu en as déjà fait bien assez en me permettant de me produire sur scène à tes côtés ce soir, Laura. — Je… Merci d’être revenue pour moi, Saya, termina Darksky dans un murmure. Si je n’ai pas sombré dans la folie, c’est parce que tu étais à mes côtés tout ce temps. Dans l’armée d’Hélios, au club de duel, ou même dans le futur de Iori… jamais tu ne m’as abandonné. C’est ton sourire qui a éclairé mes heures les plus sombres, c’est ta joie de vivre qui m’a redonné foi en l’avenir, et c’est ton espoir qui m’a rappelé comment sourire. Tout ce temps… tout ce temps, tu as gardé tes tourments pour toi et tu t’es occupé de nous sans jamais te plaindre. Mais à présent, s’il te plait, laisse-nous partager tes larmes avec toi ! » Mon ami tomba à genou, le visage trempé de ses propres larmes. Non, ce n’était pas ce que je voulais. Si j’avais décidé de disparaitre de la sorte, c’était parce que je ne voulais pas que mes amis pleurent mon départ. Je voulais leur laisser cette dernière image de moi, rayonnant sur scène aux côtés de Laura et Marie et non l’ombre que j’étais en train de devenir. Puisant dans mes dernières forces, je canalisai le peu d’énergie qu’il me restait pour me relever et me matérialiser une dernière fois en face des ceux avec qui j’avais partagé les deux plus belles années de ma vie. Lorsqu’ils me virent réapparaitre, une lueur d’espoir éclaira leurs regards alors que je me tenais face à eux, au bord de cette falaise. Les rayons du soleil couchant transperçaient mon corps et j’émettais une lueur de plus en plus intense à mesure que je disparaissais, mais, à nouveau, je pouvais sentir la fraicheur du soir et la brise marine sur ma peau translucide. « Franchement… vous ne trouviez pas que disparaitre derrière le rideau de la scène aurait été une belle fin ? lâchai-je d’une voix faible mais amusée. — Saya… murmura mon ancien partenaire. — Ma prestation était si impressionnante que vous demandez un bis ? Alors, soit, je vous l’accorde ! Le rideau ne tombera que lorsque le soleil se sera entièrement couché. Jusqu’à ce que ce moment arrive, la cérémonie de clôture de cette année ne sera pas terminée ! — Oui. Tu as raison. Le club ne se séparera pas sans s’être dit au revoir, déclara Marie d’une voix rassurante. Alors, dis-les-nous, Saya, ces mots que tu n’as jamais osé prononcer. » Alors que je m’efforçais de sourire jusqu’à la toute fin, mes yeux se mirent à me piquer tandis que je sentis un liquide chaud couler le long de mes joues. « Je… Je voudrais que le temps s’arrête, que le club de duel ne disparaisse jamais, que nous restions ensemble pour toujours ! m’écriai-je, la gorge nouée. C’est pourquoi… ce n’est pas la fin ! Mon âme va retrouver mon corps d’origine, je ne vais que me réveiller d’un très long rêve… Et, c’est pourquoi, que cela prenne un mois, un an ou même dix, je reviendrai. Et ce jour-là, nous pourrons à retourner en Avalon tous ensemble pour disputer les jeux olympiques ! » Mes dernières forces me quittèrent. Je ne pus supporter davantage le poids de mon corps et tombai vers l’avant. Darksky se précipita vers moi, mais il y avait un tout dernier désir qu’il me restait, ancré au plus profond de mon cœur. Dans ma chute, j’attrapai le visage de mon partenaire entre mes mains pour poser mes lèvres sur les siennes. Alors que les derniers rayons du soleil disparaissaient pour faire place à une lune éclatante, mon corps se fondit dans les ténèbres, laissant derrière moi un unique ruban rouge et une shungite, vidée de son éclat. « Je l’ai fait. Jusqu’à la toute fin… j’ai souri. Il est enfin temps pour moi de vous rejoindre, Hélios, Iori. »
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| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Dim 27 Oct - 16:37 | |
| Epilogue : Vingt-cinq ans plus tard- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=ENpWEGNycMg« En ce 27 octobre 2041, j’ai l’honneur de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du traité de paix entre la Terre et Avalon. Je ne parle ni pour un peuple, ni pour un pays, ni pour un continent, mais bien pour l’ensemble de l’humanité. J’espère que nos relations resteront prospères et que nos deux mondes pourront cohabiter en paix comme ils l’ont toujours fait depuis des millénaires, juge Astaris. — Je possède les mêmes espoirs que vous, présidente Hikari. Je suis certain que, comme chaque année, le festival inter-dimensionnel sera une réussite phénoménale. » Alors que les deux chefs d’Etat étaient sur le point de se serrer la main, la télévision s’éteignit brutalement. Je me tournai aussitôt vers mon amie qui lâchait un immense bâillement d’ennui. « Akane ! Pourquoi tu as éteint, je voulais voir Zesunis allumer la flamme olympique moi ! gémis-je. — Sans façon. J’en ai plus qu’assez de voir chaque année le même cinéma, grommela la rouquine tout en se levant de son fauteuil. En plus c’est une rediffusion, tu peux la regarder quand tu veux. — Tu n’as vraiment toujours pas digéré le coup de Miyako, même après toutes ces années ? — N’importe quoi. Ce n’est pas comme si j’avais envie de poser les pieds à Avalon de toute façon. C’est sûr que je suis bien mieux à Ronchin-sur-mer. — C’est bien ce que je me disais, tu n’as pas digéré, soupirai-je, dépitée. Tu devrais être plus cool avec ta mère, elle essaie vraiment de bien faire… » Sans me répondre, la fille de la présidente quitta la pièce et me laissa seule. C’était épuisant. Depuis que Miyako avait été élue présidente de France et chef des relations avec Avalon, Akane avait quitté son foyer pour venir s’installer chez nous. Je n’étais pas mécontente de l’avoir à la maison, mais cela me faisait mal au cœur de la voir se disputer avec ses parents. Le pauvre Hiroki était venu la chercher plusieurs fois, mais il n’y avait rien à faire, elle refusait de rentrer. Elle ne se rendait pas compte de la chance qu’elle avait. Contrairement à elle, je n’avais jamais connu mes géniteurs. Mes parents actuels m’avaient recueillie à Avalon lors de l’un de leurs voyages et m’avaient donné le nom de Iori. Cependant, je n’étais pas un Spiritual contrairement à ce qu’ils avaient pensé en premier lieu. J’étais humaine. Quant au pourquoi du comment je m’étais retrouvée sur le pas de la porte d’Astaris, il demeurait un mystère. Cependant, cela ne me gênait pas plus que cela. J’avais tout ce dont j’avais besoin : l’amour de mes parents adoptifs, une amie d’enfance en la personne d’Akane, des résultats plus qu’honorables au lycée, et surtout un petit ami sur Paris. Il me tardait d’aller le retrouver pour l’ouverture des jeux d’ailleurs. Son père, Drago Mio, un scientifique de renom, était l’un des organisateurs tandis que sa mère, Angéla, participait avec une équipe pour le moins hétéroclite. « Iori, est-ce que tu es prête ? On part dans moins d’une heure ! — J’arrive, Maman ! » Je rassemblai mes affaires en vitesse et descendis les escaliers pour me retrouver dans le hall d’entrée où mes parents m’attendaient, leurs valises déjà faites et leurs manteaux sur le dos. « Laisse-moi porter tes sacs, tu ne dois pas t’épuiser maintenant, déclarai-je. — Tu sais, je peux encore me débrouiller seule pour l’instant, me répondit ma mère avec un sourire. » Sans prendre en compte son avis, je m’emparai de son sac à main pour le passer à mon épaule. Même si elle n’en était qu’à trois mois, son ventre commençait déjà à légèrement s’arrondir et notre médecin sur Paris, le docteur Muller, lui avait conseillé de ralentir son rythme de vie, et surtout d’arrêter de courir à travers le monde pour donner des concerts à l’autre bout de la planète, voire sur une autre planète. « Bon, on est d’accord, Laura, c’est ton dernier concert de la saison, après tu restes ici au chaud ? — Evidemment, je ne suis pas stupide et irréfléchie comme toi, Michael. — Et moi qui essaie juste d’être gentil, ça m’apprendra, soupira mon père. Et au fait, Iori, j’y pense, mais Nagisa m’a demandé si je pouvais passer chez elle pour prendre des papiers ou je ne sais pas trop quoi… est-ce que tu pourrais me les prendre au cas où je n’aurais pas le temps avant le départ de ta mère ? — Pas de problème ! Je reviens vite ! » Sans perdre une seconde, je m’éclipsai et pris la direction de la demeure de ma tante. J’avais pris l’habitude de faire ce chemin depuis quelques temps. Avec l’approche des jeux olympiques d’hiver, Nagisa, qui épaulait la présidente dans certaine de ses tâches à côté de son métier d’avocate, demandait régulièrement quelques petits services à mes parents en tant qu’anciens camarades de club. Ces allers-retours faisaient partie de mon quotidien en cette période. La route était recouverte d’une fine couche de neige vierge de toute trace de pas. C’était stupide mais je me sentais honteuse de détruire cette harmonie si parfaite en marchant dessus avec mes chaussures pleines de sable et de poussière. https://www.youtube.com/watch?v=Wp0xitgAc4AJe longeai la mer pendant une bonne dizaine de minutes tandis qu’au loin, l’astre du jour disparaissait lentement derrière l’horizon et faisait flamboyer la falaise visible depuis n’importe quel point de la ville, telle un gardien ancestral veillant sur elle. Mes parents aimaient m’y emmener lorsque j’étais petite. Apparemment, ils y avaient de nombreux souvenirs et attendaient le retour de quelqu’un là-bas. Je continuai ma route, tournant dans la grande avenue où logeait Nagisa puis, après quelques minutes de marche supplémentaires, j’arrivai sur le palier. Le quartier dans lequel elle logeait était plutôt résidentiel. Des dizaines de pavillons bordaient la route, chacun possédant un style unique. Celui de ma tante n’était pas en reste puisqu’il arborait des couleurs vives, principalement dans des teintes rouges, tandis que devant, on pouvait apercevoir dans le jardin un grand volatile aux allures de paon mauve et écarlate. « Oh, Iori, contente de te voir, tu tombes à pic ! » Je me retournai et l’amie de mes parents m’apparut, un sac de de courses rempli à ras-bords à la main. C’était une femme brune, aux cheveux assez courts tombant juste au niveau de ses épaules. Ses yeux marron clair reflétaient une grande gentillesse et elle avait conservé un visage assez enfantin sur sa peau claire et sans défaut. Elle portait une grosse laine et une écharpe que je lui enviais en cette fin de mois de novembre. « Bonjour, Tante Nagisa, je suis venue chercher un tas de feuilles de la part de mon père. — Tu as de la chance, je viens de revenir et Alan est en déplacement. Ça m’aurait embêté que tu attendes devant la porte par ce froid. — Ce n’est pas grave, faire partie de la garde personnelle de Miyako, ce n’est pas rien ! — C’est toi qui le dis, soupira la femme. En attendant, j’ai reçu la cinquième lettre de licenciement du mois… Enfin, attends-moi, je ne serais pas longue… » Nagisa rentra à l’intérieur de sa demeure, puis ressortit presque aussitôt avec un dossier aussi épais que le dossier scolaire d’Akane. Je grimaçai à l’idée de devoir le transporter à bout de bras jusqu’à chez moi. « Désolée qu’Adam soit à Paris pour ses études, sinon il t’aurait aidé volontiers, s’excusa la femme, gênée. — Ce… Ce n’est pas grave… je vais me débrouiller… On se revoit bientôt de toute façon ! » Avec grande peine, je me trainai jusqu’à la maison, non sans faire de multiples pauses. Lorsque j’arrivai enfin chez moi, mon dos était en compote. J’avais l’impression d’avoir quatre-vingt-dix ans… En franchissant le portail, je vis qu’une élégante berline noire était stationnée dans le jardin. Mon cœur se mit à battre dans ma poitrine alors que j’imaginais déjà qu’une tempête avait lieu dans notre salon. https://www.youtube.com/watch?v=IU3nyjA08KgJe rentrai en vitesse. Je déposai cet énorme dossier sur la commode de l’entrée puis me précipitai dans la pièce principale. Heureusement pour moi, pas de vase brisé ni de fauteuil retourné. A la place, trois individus en costume noir sirotaient tranquillement, assis confortablement dans le canapé, en compagnie de mes parents, toujours sur le départ, et d’une grande femme aux cheveux rouge écarlate. Malgré leurs différents, elle était le portrait craché de sa fille, autant sur le plan physique que mental. Peut-être était-ce pour cela qu’elles ne pouvaient pas se supporter. Lorsque je pénétrai dans le salon, tous les regards se tournèrent vers moi. Je ne pus m’empêcher de rougir, mal à l’aise. Je n’aimais vraiment pas être le centre d’attention… « B… bonjour, présidente Hikari, les UWS, bégayai-je. — Ohoh, bonjour ma chère Iori, la forme ? s’exclama le garde du corps du nom d’Ugo. — Tiens, Iori, tu tombes bien, tu n’aurais pas vu Akane ? Hiroki et moi, nous aurions deux mots à lui dire sur ses résultats scolaires, la coupa Miyako. — Désolée, mais j’imagine qu’elle doit être sur la plage. Elle y passe beaucoup de temps en ce moment. Est-ce que vous voudriez que j’aille lui dire ? — Si cela ne te dérange pas. J’ai encore beaucoup à faire. Désolée de ne pas pouvoir rester plus longtemps, Laura, Michael. — Oh, non, ne t’inquiète pas. Nous allions partir nous aussi, répondit ma mère avec un sourire. — Dans ce cas, est-ce que je peux te conduire quelque part ? Il serait impoli de ma part de te laisser marcher dans ta condition. — Avec plaisir. Iori, avant que je n’oublie, je compte sur toi pour venir assister à la réunion de Noel d’Avalon. D’après Zesunis, ça sera la fête du siècle pour célébrer les vingt-cinq ans de paix. Et essaie de convaincre Akane de venir aussi, ça lui fera du bien… » Sur ces mots, les adultes se levèrent. Ma mère m’étreignit longuement, ce qui fit bien rire les trois lascars jusqu’à ce que la présidente les menace de les renvoyer. Cette-dernière m’embrassa à son tour, puis tous partirent. Seul mon père resta à la maison et lâcha un long soupir devant l’énorme pile de papiers que je lui avais ramenée. Il se frotta la tête d’un air épuisé avant de se diriger vers son bureau d’un pas lourd. Quant à moi, n’ayant rien à faire pour le reste de la soirée, je me décidai d’aller retrouver mon amie et de lui passer le message de sa mère. https://www.youtube.com/watch?v=eL4mJHaxGLMEn moins de dix minutes, je me retrouvai sur cette plage que j’appréciais tant. En hiver, personne n’osait y mettre un pied à cause des fortes bourraques de vent glacial qui y soufflaient. Mais moi, j’aimais l’ambiance qui y régnait. Les rayons crépusculaires frappaient la vaste étendue d’eau et l’embrasaient d’un rouge sang. Le seul bruit qui parvenait à mes oreilles était celui du ressac, va-et-vient incessant des vagues sur un sable maculé de fins cristaux blancs et glacés. Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour repérer la chevelure flamboyante de mon amie au milieu de ce désert immaculé. La jeune fille était simplement assise sur le muret qui séparait la plage de la route, les yeux rivés sur son téléphone. A pas furtifs, je m’approchai d’elle mais j’étais repérée avant même d’être arrivée à mi-chemin. « Tiens, Iori, quel bon vent t’amène ? Tu es venue transmettre un message de la part de ma mère, j’imagine ? — Tu es perspicace, ris-je légèrement. » Je m’assis à côté de la rouquine et regardai par-dessus son épaule. « Alors, qu’y a-t-il de neuf aux infos ? enchainai-je pour changer de sujet. — Pas grand-chose. Apparemment, ils bossent sur une machine à voyager dans le temps où un truc du genre chez Ether Japon. — Une machine à voyager dans le temps ? C’est possible ça ? — Va savoir, me répondit la jeune fille en haussant les épaules. Si tu veux des réponses, demande à ton cher oncle Satoshi et à Marie. Ce sont eux qui sont à la tête du projet. — Vraiment ? Je me demande bien ce qu’ils veulent faire encore… — D’après l’article, ils tentent d’envoyer un humain artificiel dans le passé pour récupérer quelque chose, je n’ai pas trop compris, ce sont des termes trop techniques pour moi. — Un humain artificiel, hein ? J’en ai entendu parler, mais je ne pensais pas qu’ils avaient réussi à en créer un… — Une histoire de science et de Kvantiki, des trucs trop avancés pour nous quoi. — Quand même, je me demande bien ce qu’ils peuvent chercher dans le passé qui n’existerait plus aujourd’hui… — Beaucoup de choses. Mais bon, le portail est ouvert, l’humain artificiel est rentré à l’intérieur et s’il ne revient pas, c’est qu’il a échoué, fin de l’histoire. — Tu manques sérieusement d’imagination, ma pauvre Akane, me moquai-je gentiment. Par simple curiosité, comme se nomme ce projet ? Les noms d’expériences scientifique m’ont toujours amusée. — Project I.O.R.I, comme Intelligence Of Rikoukei Institute. » https://www.youtube.com/watch?v=-9Do--Q97lQMon amie et moi sursautâmes lorsque nous entendîmes une voix féminine prononcer ces mots dans notre dos. A côté de nous, debout sur le muret et regardant l’horizon, la main sur sa hanche, se tenait une femme. Mon cœur s’emballa lorsque mon regard croisa le sien et un sentiment de nostalgie profonde m’envahit. Elle possédait des yeux bleus comme l’azur, pétillant de malice, son visage, malgré quelques rides légères au coin des yeux, était étrangement enfantin. Sur son front tombait une frange irrégulière tandis que dans son dos se déployait une longue chevelure aux reflets dorés à cause des rayons du soleil se reflétant dessus. J’étais troublée. J’avais l’impression de me voir dans un miroir qui m’aurait vieillie de plusieurs années. Akane remarqua aussi la ressemblance de nos traits mais ne fit aucune remarque. La femme reporta son attention sur nous et me lança un large sourire. « Alors, les jeunes, vous pensez qu’ils vont y arriver ? Défier les lois du temps n’est pas chose facile, déclara-t-elle avec un certain amusement dans sa voix. — Ce n’est que de la science-fiction. Je ne crois pas aux voyages dans le temps, répondit aussitôt mon amie. — Et toi, jeune fille, qu’en penses-tu ? continua l’inconnue. — Moi ? Je… je ne sais pas vraiment. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, avouai-je. Mais nous sommes capables de voyager entre les dimensions, alors pourquoi pas dans le temps ? — Je vois… Si tu en avais la capacité, est-ce que tu serais prête à partir vers l’inconnu ? » Je réfléchis quelques secondes avant de lui donner ma réponse. « Non, ça ne m’intéresse pas vraiment. — Vraiment ? s’étonna mon interlocutrice. Tu n’as pas envie de découvrir des trésors disparus, ou de rencontrer des personnes qui se sont éteintes avant ta naissance ? — Si, évidemment, cela serait formidable… Mais ma vie actuelle me convient. J’ai déjà tant à découvrir dans le présent que je ne ressens pas ce besoin de partir dans un passé qui n’est pas le mien. Je pense que je me sentirai beaucoup trop loin de mon époque. » La femme émit un rire amusé en entenant ma réponse. « C’est une façon de penser intéressante. Autrefois, j’ai connu une personne qui désirait changer le cours de l’histoire. Peut-être que si elle avait entendu ton raisonnement, sa vision des choses aurait changé. — Et vous, qu’en pensez-vous ? lui demanda Akane, intriguée. — Moi ? » Son regard se posa sur la falaise au loin où un portail s’était ouvert vers Avalon, signifiant certainement que ma mère était repartie, puis un sourire éclatant fendit son visage. « Je pense que le présent ne pourrait pas être meilleur que maintenant. » Une bourrasque de vent souffla sur la plage et m’obligea à fermer les yeux pour me protéger du sable volant. Lorsque je les rouvris, la femme avait disparu. Il ne restait à sa place que de fines particules scintillantes, ainsi qu’un petit bout de papier sur lequel un unique mot avait été griffonné. « Merci »
~Fin~
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| Sujet: Re: [Fic]L'Achèvement du Destin Dim 27 Oct - 17:06 | |
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