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| | L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 | |
| Auteur | Message |
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Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Sam 2 Nov - 1:48 | |
| Allez, c'est reparti! Prologue : Prison éternelle- Spoiler:
Un tintement de métal résonna dans le palais tout entier. Une épée sombre tourna plusieurs fois sur elle-même avant de se planter dans le sol de pierre chaude, puis s’évapora en laissant derrière elle une longue trainée de fumée noirâtre. Le souverain était vaincu. Dans la salle du trône, l’homme à l’armure d’or et à la cape pourpre, désarmé, refusait pourtant de se rendre. Il avait beau être acculé et blessé, comme une proie traquée par son prédateur, il n’en restait pas moins sans défense. Ses assaillants le savaient, c’est pourquoi, ils restaient à distance, sur leurs gardes, à l’affut du moindre geste brusque. Le monarque, même affaibli, pouvait aisément les vaincre au moindre faux pas. Pourtant, l’homme, qui avait terrassé des centaines, voire des milliers d’ennemis, savait que sa fin était proche. Un long filet de sang écarlate coulait le long de sa tempe, une vilaine entaille laissait la chair de ses épaules à vif et il ne tenait sur ses jambes que grâce au peu de pouvoir qu’il lui restait. Une femme à la chevelure d’or se détacha du groupe et s’approcha de son Pharaon. Dans ses yeux bleus comme le plus pur des saphirs se lisait une colère incommensurable, mais également une peine immense. Seul le bruit de ses pas résonna dans l’immense salle, méconnaissable après le combat qui avait fait rage au sein du palais. Elle s’arrêta à quelques centimètres de l’homme puis pointa son épée sous sa gorge. « Hélios, ta folie s’arrête ici. Tu as dirigé le royaume avec force et tu l’as guidé vers la paix, mais tu t’es laissé corrompre par ce pouvoir. — Ma chère Luna, je te trouve bien injuste avec moi, ricana le roi d’une voix faible mais remplie de sarcasmes. Tu sais pourtant que, même toi, tu ne peux rien face à la prophétie de Chronos. — Toi non plus, tu ne peux rien, siffla la femme. Tu as beau posséder un pouvoir quasi divin, le destin finira par te rattraper. — C’est ce que nous verrons… » Le roi poussa un cri de rage et une vague d’énergie sombre s’échappa de son corps. Luna fit un bond en arrière pour l’esquiver avant de retomber avec grâce et de poser sa main au sol alors qu’un halo doré enveloppa son corps tout entier. Lorsque ses doigts entrèrent en contact avec la pierre, un cercle lumineux se dessina sous les pieds d’Hélios et des chaines de fer surgirent des entrailles de la Terre. Les bras et les jambes du souverain furent immobilisés et aucun de ses pouvoirs ne parvint à briser ces liens imprégnés de magie. Lentement, l’homme commença à s’enfoncer dans le sol, incapable de lutter contre le plus puissant sort de la prêtresse. Finalement, il se résigna à son sort et se contenta de fermer les yeux, serein face à son funeste destin. « Puisque tu es incapable de me vaincre, tu m’emprisonnes, Luna… Ce n’est qu’un répit temporaire. Ce n’est qu’une question de temps avant que je ne me libère. Et ce jour-là, le jugement du démon originel des ténèbres s’abattra sur la Terre. » Puis le pharaon disparut, ne laissant derrière lui qu’un pendentif d’or en forme d’aile de colombe. La prêtresse le ramassa et le serra contre son cœur. Alors que ses compagnons l’acclamaient pour avoir mis fin au règne du tyran, des larmes se mirent à couler sur son visage encore marqué du sang de son frère. « Je suis désolée, Hélios… Puissent les âges te rendre la raison, mon frère. »
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| | | Heart
Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 26 Déc - 23:35 | |
| Chapitre 1: La fuite- Spoiler:
Qu’est-ce que le destin ? Une force surnaturelle à laquelle tout être est soumis ? Un concept purement intellectuel créé par les hommes pour trouver un sens à leur existence ? Une volonté supérieure, mais non absolue ? Depuis l’aube de l’humanité, nous avons cherché à dominer le temps, prévoir l’avenir, remonter dans le passé, effacer ses erreurs, modifier le cours des choses, contrôler ce qu’elle appelle « destin ». Toutefois, aucun homme n’a jamais donné de réponse exacte à cette question, pourtant simple et banale : « que se serait-il passé si… ». Or, nombreux sont ceux qui se sont opposés au destin, qui l’ont refusé, et même combattu, quitte à mettre en péril l’équilibre fragile d’un monde déjà instable. Était-ce de la folie ? De l’inconscience ? Ou un vulgaire espoir ? Je l’ignore. Mais les conséquences résultant de ces actions prouvèrent une chose : que nul ne peut se prétendre maitre du destin ni le maitriser parfaitement. Nous ne pouvons qu’influer dessus, comme une rivière que l’on détournerait pour l’utiliser à notre avantage. Cependant, la moindre crue nous serait fatale et tous nos efforts seraient réduits à néant. Car oui, ceux qui tentent de modifier l’histoire… doivent être supprimés de l’histoire. Et cela, je l’ai appris à mes dépens. Mon nom est Drago Mio, et cette histoire est celle d’une bataille pour un monde, pour une époque, pour un homme, pour un souhait, pour un rêve, pour une lueur d’espoir.
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Des bruits de bottes dans la boue se firent entendre au loin. Un groupe d’hommes se trouvait non loin de notre position. À en juger par le rythme de leurs pas, ils devaient être au moins une petite dizaine. Nous nous figeâmes. Mon cœur battait la chamade à l’idée que nous puissions être découverts si proches du but. Cachés derrière un pauvre arbre mort, irradié par les armes ennemies, nous attendîmes pendant plusieurs secondes qui nous parurent une éternité. La vision qui s’offrait à moi était bien triste. Une vaste étendue stérile, en proie à des flammes que même la pluie ne pouvait éteindre. Le sol, jadis si coloré, se réduisait à un tas de cendres et des gouffres béants desquels une épaisse fumée noirâtre et nauséabonde s’échappait. Contre ma poitrine, je pouvais sentir le pouls de ma partenaire, Asuna Hoshino, blottie contre moi. Dans ses yeux vairons — vert et bleu — autrefois si joyeux et innocents, ne se reflétait plus que la peur et la haine. À quelques mètres de nous, notre mentor, Marc d’Amonville, que l’on surnommait Amon, surveillait nos arrières, armé d’un simple revolver trouvé sur une dépouille ennemie. Le grand homme au teint mat et aux cheveux longs était à l’affut du moindre danger, du moindre mouvement, du moindre signe de vie. Au milieu de cet enfer, même les chiens étaient à craindre. Mais tout cela allait bientôt prendre fin. Notre objectif était en vue : les ruines d’un ancien laboratoire, celui où avaient travaillé mes parents avant que tout cela ne commence.
Tout était allé si vite. Je menais jusque-là une existence paisible dans une petite bourgade du sud de la France en tant que simple lycéen de Seconde. Avec Asuna, mon amie d’enfance, nous vivions sans nous soucier des lendemains. Nous faisions partie de l’association d’astronomie amateur de la ville dans laquelle nous passions énormément de temps après les cours. À l’époque, la jeune fille était toujours pleine de vie, prête à partir à l’aventure quitte à se mettre en danger. Mes parents étaient ingénieurs, spécialistes dans les nanoparticules et la physique quantique. Leurs principales recherches s’orientaient sur la création de trous de vers artificiels et la découverte de nouvelles énergies. Évidemment, elles faisaient rire une grande partie de la communauté scientifique qui ne leur accordait que peu de crédit, voire même les méprisaient, mais ils s’en fichaient. Ce fut certainement ce qui causa leur perte. Alors qu’ils étaient sur le point de finaliser leurs travaux, de mystérieux agresseurs avaient surgi de nulle part. Ils étaient dotés d’armes et de combinaisons inconnues des services de sécurité et de l’armée, si bien qu’en moins d’un an, toute la France fut mise à feu et à sang. Dans le chaos, mes parents, ainsi que ma sœur ainée, Théa, avaient disparu. Leur assistant, Amon, nous avait pris sous son aile, Asuna et moi et était devenu, au fil des mois, une sorte de mentor pour nous. Du haut de ses quarante ans, il possédait une connaissance et une expérience extraordinaire du combat, si bien que nous avions réussi à nous enfuir. Néanmoins, ce jour-là, il n’était plus question de nous cacher. Le gouvernement venait d’abdiquer après plusieurs mois de guerre sans relâche et de destructions répétées. Les terroristes avaient pris le pouvoir et s’apprêtaient à envoyer de nombreux citoyens en camp de travail pour accomplir ce qu’ils appelaient « le grand projet ». Nous n’étions ni des héros ni des sauveurs, mais nous possédions un atout unique. Et cet atout, il s’agissait des recherches de mes parents, ainsi que de leur réacteur expérimental, conservé dans une pièce secrète du sous-sol du laboratoire. Selon Amon, si nous réussissions à mettre la main dessus, la victoire serait assurée. C’est pourquoi nous nous cachions dans l’attente du moment propice pour passer à l’attaque.
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— Drago, la voie est libre, me chuchota Asuna à l’oreille. Je fus tiré de mes pensées. Amon s’était déjà relevé et avançait discrètement vers les lignes ennemies. Cela faisait maintenant des semaines que nous observions cet endroit, et nous avions fini par remarquer que, durant un très court laps de temps, le laboratoire était laissé sans surveillance à cause du changement de garde. C’était l’occasion ou jamais. Mon amie et moi rejoignîmes notre mentor. Heureusement, nous nous trouvions sur notre propre terrain. Une fois le grillage qui délimitait le périmètre franchi, nous pénétrâmes à l’intérieur du complexe scientifique. Juste à temps, car, à peine quelques secondes après notre passage, les bruits de pas se firent entendre de nouveau. Mais il était trop tard. Nous étions de l’autre côté de la barrière, habillés des mêmes blouses blanches floquées du logo terroriste : une tour violette, enveloppée d’un halo assorti. J’ignorais comment Amon avait réussi à se les procurer, mais, grâce à elles, nous pouvions nous fondre dans le décor et passer pour de simples scientifiques sans craindre d’être soupçonnés. — Maintenant, les enfants, vous ne dites plus un mot et vous me suivez, c’est bien compris ? Nous opinâmes de la tête avant de prendre la suite de notre mentor. Les laboratoires, bien que détruits en grande partie, étaient restés identiques au temps où mes parents et Amon y travaillaient, si bien que nous n’eûmes aucune difficulté à trouver notre chemin. Personne ne se posa de questions sur nous. Il fallait dire que les pauvres employés faisaient partie de ces gens forcés à travailler sur le « grand projet » et que de nouveaux visages venaient grossir leurs rangs chaque jour. Je me sentais mal à l’intérieur de ce bâtiment à la fois si familier et si étranger. L’ambiance y était pesante. Nul ne disait mot. Les scientifiques semblaient épuisés. Et une odeur pestilentielle de soufre planait dans les longs couloirs sombres, comme pour nous rappeler à tous les horreurs de la guerre. Suivant le personnel, dont les âges variaient de simples adolescents comme nous, à retraités, nous nous engouffrâmes dans les escaliers de service qui nous menaient aux sous-sols. Plus nous nous enfoncions sous terre, et moins il y avait de monde, signe que les terroristes ignoraient ce qu’il se cachait dans les entrailles du laboratoire. Car, s’ils en avaient eu connaissance, nul doute qu’ils se seraient précipités dessus et auraient déployé tous leurs employés à cet endroit précis plutôt qu’au niveau du réacteur nucléaire principal. Nous passâmes dans un dédale de couloirs si complexes et si labyrinthiques que, sans l’aide d’Amon, jamais je n’aurais pu retrouver la salle « secrète » où travaillaient mes parents. Finalement, après plus de dix minutes dans l’obscurité et le silence le plus total, nous arrivâmes devant une porte blindée, exactement comme celles utilisées dans les coffres-forts des banques. Amon, sans hésiter une seconde, sortit une carte magnétique qu’il plaça sur un terminal de contrôle, l’un des trois seuls pass qui permettaient de desceller le sas. Sans émettre le moindre bruit, la porte s’ouvrit. Lorsque nous mîmes les pieds de l’autre côté, je fus subjugué par ce que je découvris. Le laboratoire secret de mes parents s’étendait devant moi. Il s’agissait d’une immense pièce circulaire, devant avoisiner les cinquante mètres de diamètre. Au centre, une grande baie vitrée donnait sur une seconde salle intérieure dans laquelle se trouvait une sorte de réacteur nucléaire surmonté d’une arche de pierre. Des câbles débranchés pendaient des murs et quelques papiers étaient éparpillés au sol. Mis à part cela, tout semblait prêt à être utilisé. Tandis qu’Asuna resta près de la porte pour surveiller que personne ne nous avait suivi, Amon se dirigea immédiatement vers ce qui ressemblait à un poste de contrôle. Après plusieurs secondes d’incertitude, un sourire illumina son visage fatigué lorsque l’écran de l’ordinateur s’alluma. — Je vois que tu avais tout prévu, Samson, déclara-t-il d’une voix amusée. — Alors, Amon, maintenant que nous sommes ici, est-ce que vous pouvez enfin nous révéler sur quel projet vous travailliez, mes parents et moi, et en quoi cela nous sauvera-t-il ? Notre mentor fit pivoter légèrement son siège puis croisa les bras, pensif. — Drago, je sais que tu vas avoir du mal à me croire, mais ce que je vais te dévoiler est la stricte vérité. Il ne s’agit ni de science-fiction, ni de théories farfelues, mais bien de la réalité. Ce que tu vois ici, ce que nous avons développé dans le plus grand secret, Samson, Lucie et moi-même, n’est ni plus ni moins que le prototype d’un transporteur dimensionnel. Je reculai d’un pas, abasourdi. Mais avant que je n’aie pu émettre la moindre contestation ou poser la moindre question, l’homme reprit, la mine grave. — Nous n’avons aucun moyen de régler ce problème par nos propres moyens. C’est pourquoi ce réacteur est notre dernière chance. — Attendez, Amon, est-ce que vous envisagez sérieusement de… commença Asuna, aussitôt interrompue. — Nous avons besoin d’une aide extérieure. Et nous ne la trouverons ni en Europe, ni en Amérique, ni sur notre planète, mais bien dans une autre dimension.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 26 Déc - 23:36 | |
| Chapitre 2 : au-delà des dimensions- Spoiler:
Alors qu’Amon s’attelait à remettre en route tout le processus pour rendre le réacteur de nouveau opérationnel, j’étais pensif. Ce qu’il m’avait révélé me semblait à la fois absurde, et totalement sensé. Absurde dans le sens qu’une découverte pareille impliquait tant de choses qu’il était inconcevable que nul n’en ait eu vent. Et sensé car, bien que risée de la sphère scientifique, mon père était certainement l’homme le plus passionné dans ses recherches. Ce réacteur était, sans nul doute, la finalisation de ses travaux sur les trous de vers. Je croisai les bras sur mon torse et me mis à taper frénétiquement du pied. Si ce projet s’avérait opérationnel, à quoi pouvaient bien ressembler les autres mondes ? Alors que j’étais perdu dans mes pensées, Asuna vint s’asseoir à côté de moi. Malgré les combats incessants, mon amie d’enfance était fidèle à elle-même. Sur son visage à la peau plus blanche que neige, un léger sourire fendait ses lèvres abîmées. Même au milieu du chaos, elle essayait de garder espoir. Elle passa sa main dans ses cheveux pour redresseur la frange irrégulière qui tombait sur son front de façon dissymétrique. En effet, elle était fendue au-dessus de son œil gauche, laissant un petit espace qui mettait en valeur ses magnifiques iris vairons. — J’ai vraiment une mine patibulaire, sérieusement…, soupira-t-elle devant son reflet dans la vitre. Et puis, regarde ces vêtements ! On dirait que je les ai trouvés dans un cimetière ! Je passai jetai un œil rapide sur l’accoutrement de ma partenaire qui ne se composait que d’un débardeur sans manches, noir, et d’un pantalon tout aussi sombre. Elle portait à sa ceinture de nombreuses armes blanches, bien que je ne l’eusse jamais vue s’en servir pour autre chose que couper de la viande. — Il est vrai que je t’ai connu sous de meilleurs jours, m’amusai-je. Et puis, tu sais bien que des vêtements colorés, en guerre, ce n’est pas le top… Tu peux t’estimer heureuse de ne pas avoir été défigurée comme Amon, au moins. — C’est bon, ce n’est qu’une cicatrice au milieu du nez ! Et puis, ça lui va plutôt bien, je trouve ! Alors que la jeune fille se recoiffait comme elle le pouvait, la perle de son collier se décrocha et roula sur le sol. Je la rattrapai juste à temps pour éviter qu’elle ne se perde au milieu des câbles électriques. — Je me demande bien comment tu fais pour te battre sans avoir peur que ton collier se prenne dans une branche et t’étrangle…, lui lançai-je tout en lui rendant son bijou. — Je me débrouille, on va dire. Et puis, tu sais aussi bien que moi que cette perle m’est précieuse. Je baissai la tête, la gorge serrée alors que je repensais au passé. — Tu penses que… Nico et Carly, tu penses qu’ils vont bien ? Quand nous avons été faits prisonniers, je me souviens que… — Pour être honnête, je l’ignore, Drago. Nous nous sommes échappés et nous avons vécu reclus, depuis. La voix d’Asuna se brisa et je lâchai un soupir à mon tour. Nos deux amis du club d’astronomie nous avaient aidés à nous enfuir, mais ils en avaient été incapables. Je m’en voulais terriblement de les avoir laissés derrière, et ma partenaire aussi. Il ne se passait pas un seul jour sans penser à eux. — Mais, tu sais, s’il y a un infime espoir de les sauver, et que cet espoir se trouve dans le réacteur de tes parents, alors je n’hésiterai pas à faire moi-même le grand saut, reprit Asuna d’une voix plus assurée. — Et je viendrai avec toi. Nous sommes relativement inutiles en l’état, donc, si nous pouvons mettre fin à la guerre, je suis prêt à tout pour le faire ! — Ça, c’est le bon esprit ! Mon amie me donna une tape amicale sur l’épaule accompagnée d’un large sourire. — D’ailleurs, je pense à un truc depuis que nous sommes ici. Tu te souviens du jour où on s’est fait agresser, lorsque nous étions en primaire ? — Évidemment. Tu crois que ces types et nos agresseurs de l’époque ont un rapport entre eux ? demandai-je, surpris qu’elle évoque un événement aussi lointain. — Je ne sais pas. Mais, est-ce que tu te souviens de ce qui nous a sauvés ? Je fronçai les sourcils. Ce qu’il s’était passé ce jour-là, personne n’avait voulu le croire. Personne, à part mon père. Mais, puisque j’étais jeune, j’avais fini également, au fil des années, par ne considérer cet événement que comme un rêve. — Tu parles… de cette forme blanche et ailée ? Ce… dragon ? murmurai-je. — Oui. Tu m’as toujours dit que, quand j’étais dans le coma après mon agression, un dragon m’avait sauvée. — Et tu t’es toujours moquée de moi, je te rappelle. Asuna pouffa de bon cœur. — En même temps, comment tu voulais que je te croie ? — Parce que ton œil a changé de couleur après cet incident peut-être ? lui répétai-je pour la énième fois depuis ce jour. Elle haussa les épaules. — Enfin bref. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, je reviens sur ce que j’ai dit et je te crois. — Vraiment ? Les radiations du réacteur t’ont ouvert les yeux ? raillai-je. Asuna me donna une pichenette sur le front qui me fit reculer vivement. — Très marrant, je vois que la guerre n’a pas entaché ton humour vaseux ! Non, je parle de ces autres mondes, crétin ! Tu m’as bien dit que ton dragon est sorti de ton médaillon et y est retourné après ? — Oui, c’est ce que je t’ai dit, mais… — Dans ce cas, peut-être que ton caillou moche est, lui aussi une sorte de passerelle ! Je pris dans mes mains le collier. Contrairement à Asuna, il n’était ni précieux ni joli. Il ne s’agissait que d’un bout de ficelle au bout duquel j’y avais accroché une pierre bicolore, nacrée d’un côté, noire comme la nuit de l’autre. Sa seule particularité notable était la faible chaleur qu’elle émettait en permanence. C’était un cadeau de ma sœur dont je ne me séparais jamais depuis le début de la guerre, comme une relique du passé. À vrai dire, j’avais toujours été intrigué par ce caillou. Théa me l’avait confié en me disant que, s’il m’arrivait malheur, de le garder auprès de moi. Au début, j’avais pensé qu’il s’agissait donc d’un simple porte-bonheur, mais Asuna venait de soulever un point sensible. Oui. J’avais vu une forme lumineuse en sortir pour faire fuir nos agresseurs à l’époque. Mais depuis, jamais plus elle ne s’était manifestée. Pas même lors des attaques terroristes, alors que je côtoyais la mort de près. — Tu es très perspicace, ma chère Asuna. La voix d’Amon nous prit par surprise et nous sursautâmes. L’associé de mes parents émit un rire amusé. — Q… qu’est-ce que vous venez de dire ? m’étranglai-je. — Drago, est-ce que tu penses que ta famille a été enlevée par les terroristes ? enchaina-t-il sans aucune transition. — Je… Je ne pense pas. Ils doivent avoir trouvé refuge quelque part. — Et ton intuition ne te trompe pas. En vérité, je sais même où ils se trouvent en ce moment. Asuna et moi fixâmes l’homme avec des yeux ronds, comme s’il était devenu fou. Cependant, son visage ne plaisantait pas. — Ce que tu portes autour du cou, Drago, est une relique quantique. — Une… relique quantique ? répétai-je, perdu. — Oui. Les reliques quantiques, dans notre monde, sont extrêmement rares. Elles sont liées à une Terre du nom d’Izrath, une dimension parallèle à la nôtre. — Vous me dites… que mes parents sont sur… Izrath ? — Tout à fait. Vois-tu, j’ai moi-même supervisé leur départ. Quand les terroristes n’avaient pas encore pris ce laboratoire, ils ont utilisé le transporteur dimensionnel pour trouver de l’aide ailleurs. Cependant, depuis, je n’ai pas réussi à les recontacter. — Donc… ce que vous suggérez, c’est de partir pour Izrath, nous aussi ? déclara Asuna d’une petite voix. — Pas exactement. Samson m’a laissé des instructions à l’époque. Il m’a demandé, en cas d’échec de sa part, d’utiliser le transporteur pour me rendre ailleurs, dans un monde qui, selon nos calculs, serait en tout point similaire au nôtre. — A… attendez ! m’écriai-je. Vous êtes en train de me dire que je dois abandonner mes parents sur cette Terre… Izrath, pour partir vers l’inconnu ? Vous pensez vraiment que je vais accepter ça sans broncher ? — Je peux te comprendre, Drago. Cela me fait aussi mal que toi de devoir laisser mon meilleur ami ainsi. Toutefois, tu dois admettre qu’en guerre, nos sentiments ne sont rien de plus que des entraves. Seule la victoire compte. Aurais-tu oublié tout ce que je t’ai appris pendant ces derniers mois ? — Je… Non, je n’ai pas oublié…, lâchai-je. Mon poing se contracta sous l’effet de la colère et de la frustration. Évidemment, Amon avait raison. Abandonner notre mission pour retrouver mes parents était stupide et inconscient. Mais je n’étais pas un héros. Je n’étais qu’un adolescent dans une guerre insensée. Devant mon hésitation, Asuna prit mes mains dans les siennes et me lança un regard rempli de détermination et de douceur. — Si tu veux partir sur Izrath, vas-y, je pourrai me débrouiller seule et ramener de l’aide. — Non. Je ne peux pas fuir, pas après ces mois de combat. Nico et Carly ne me le pardonneraient pas. Amon, dites-nous ce que nous avons à faire, et, une fois la paix rétablie, j’irai sauver mes parents. Le scientifique hocha la tête puis se mit à pianoter sur le clavier de l’ordinateur central. Dans la pièce du réacteur, une épaisse fumée grisâtre se forma tandis que les lumières du cœur de la machine s’allumèrent dans un vacarme assourdissant. À son sommet, l’arche de pierre rayonna d’une intense lueur mauve et une passerelle se déploya à l’étage supérieur. — Durant nos travaux, nous avons pu obtenir certaines informations sur cet autre monde. Selon nos sources, elle serait sous la protection d’une organisation planétaire connue sous le nom de « fédération Ether ». À sa tête se trouve une femme, Violet Leblanc. Notre mission sera de retrouver cette personne et de la convaincre de joindre ses forces aux nôtres. — Et comment allons-nous faire ? demanda Asuna d’une voix incertaine. Je veux dire, qu’est-ce qu’elle gagnerait à nous aider ? — Là est le plus gros problème. Nous n’avons que très peu d’arguments à notre disposition. Cependant, mon petit doigt me dit… que nos agresseurs proviennent de ce même monde. — C… comment ?! m’exclamai-je, effaré. Comment vous pouvez affirmer ça ! — Je n’en aurai que la confirmation sur place, mais les technologies qu’ils utilisent ne viennent pas d’ici. C’est pour ça qu’ils ont pu nous vaincre aussi facilement. Quoiqu’il en soit, si nous échouons, la guerre sera perdue. — Quitte ou double, hein…, murmurai-je, peu rassuré. Je n’aime pas ce genre de plans, mais puisqu’il le faut… — Je vous expliquerai plus en détail le reste une fois de l’autre côté. Mais vous avez déjà les bases, au cas où nous serions séparés. Maintenant, il n’y a plus une seconde à perdre. Montez à l’étage supérieur et préparez-vous au départ. Sans nous faire prier davantage, nous nous exécutâmes. Quelques minutes plus tard, Asuna, Fuji et moi fûmes devant l’arche de pierre sous laquelle se trouvait le portail. Il s’agissait d’un long couloir de lumière mauve dont on ne pouvait voir le bout. À l’intérieur, l’espace y était comme distordu. Des formes indistinctes se dessinaient, mais il m’était impossible de les discerner de manière nette. C’était comme si l’espace-temps lui-même se déformait sous l’action de cette arche et du générateur sous nos pieds. Je lançai un regard peu rassuré à Asuna, qu’elle me rendit. Seul Amon semblait détendu en se trouvant devant cette entité qui défiait les lois de la physique classique. — Drago, Asuna, une fois de l’autre côté n’oubliez pas votre mission. Elle doit être prioritaire sur tout le reste. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? N’hésitez pas à utiliser tous vos atouts, mais nous devons rallier cette Violet Leblanc à notre cause, coute que coute. Je ne sais pas moi-même à quoi ressemblera ce monde, cependant… Notre mentor fut coupé dans son discours par le bruit sourd d’une explosion en contrebas. Affolés, nous reportâmes notre attention sur la salle de contrôle. Ce que je vis me glaça le sang. Les murs qui entouraient la porte blindée étaient en train d’être détruits à coup de dynamite ! Je m’apprêtai déjà à redescendre pour arrêter moi-même les terroristes, mais Amon fut plus rapide que moi. — Allons bon. Il semblerait que nous ayons manqué de discrétion. Il va falloir détruire ce laboratoire pour éviter que nos recherches ne tombent entre de mauvaises mains. Sans nous prévenir, l’associé de mes parents nous poussa à l’intérieur du vortex. En une fraction de seconde, avant même que nous n’ayons pu réaliser ce qu’il nous arrivait, Asuna et moi fûmes aspirés par le portail, incapables de lutter contre la force écrasante que ce véritable trou noir exerçait sur nous. — Amon ! hurlai-je, affolé. L’homme se retourna brièvement pour nous lancer un dernier sourire d’encouragement. Puis le monde tel que je le connaissais disparut.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 26 Déc - 23:38 | |
| Chapitre 3 : Séparation- Spoiler:
Mon corps était balloté dans tous les sens, comme une barque au milieu de la tempête. Respirer était un supplice. J’avais l’impression que mes poumons étaient en feu à chaque inspiration. Je me sentais lourd, écrasé par une force de pression intense. Cependant, je tenais encore la main d’Asuna dans la mienne. Je la serrais de toutes mes forces, et elle faisait de même. À travers l’obscurité, la silhouette de mon amie d’enfance se dessinait, tel un phare dans la nuit auquel je pouvais me raccrocher. Tant que nous étions ensemble, nous ne risquions rien. — Dra… Drago, est-ce que tout va bien ? articula-t-elle avec difficulté. — Je… Je crois… Nous… nous y sommes presque, tiens bon encore un peu… Oui. Après des secondes qui me parurent durer une éternité, une lumière intense perça les ténèbres. Cependant, alors que je pensais qu’il s’agissait du bout du tunnel, la lueur chaude et réconfortante vira au mauve, tandis qu’un vent glacial me transperça les os. L’ombre d’une gigantesque créature se dessina. Lentement, je sentais mon amie m’échapper. Un éclair aveuglant déchira le trou de ver, suivi du cri de terreur d’Asuna. Sa main venait de lâcher la mienne. — Asuna ! hurlai-je, désespéré. Je tendis mon bras pour la rattraper, mais il était trop tard. Je la voyais s’éloigner de moi, impuissant. — Ne t’occupe pas de moi ! s’exclama-t-elle, les yeux remplis de peur. N’oublie pas ce qu’a dit Amon, l’un de nous doit retrouver Violet Leblanc et ramener la paix ! Alors, quoiqu’il arrive, je ferai tout pour mener à bien cette mission. C’est ton devoir de faire de même, Drago ! Dans la pénombre, l’œil émeraude de ma partenaire de toujours brilla de façon si intense qu’elle dissipa la créature des ombres avant de disparaitre dans les ténèbres.
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Un rêve… Tout était sombre autour de moi. Mon corps, translucide, flottait simplement au milieu du néant. Au loin, il n’y avait rien. Rien d’autre que les ténèbres, comme si tout ce qui existait avait disparu. Je n’entendais rien. Je ne voyais rien. Je ne sentais rien. Je ne touchais rien. J’étais seul, perdu dans l’infini d’un univers mort. Soudain, une faible lueur se mit à luire sous mes pieds. Sortant du néant, des centaines de lignes blanches apparurent, puis se répandirent tout autour de moi pour se dissiper au loin, dans l’horizon sombre et glacial. En regardant plus attentivement, j’eus l’impression de reconnaitre une sorte de carte mère géante. C’était comme si toutes ces lignes n’étaient rien d’autre que des circuits électriques dans lesquels des millions de données, ici de minuscules points lumineux qui filaient à grande vitesse, se déplaçaient. Tout à coup, toutes les courbes se mélangèrent entre elles, comme des bouts de ficelle et, en s’entrecroisant, finirent par donner naissance à un être immense. Il s’agissait d’une créature mythologique, un dragon, lumineux du côté droit, sombre du gauche, et dont les deux yeux pourpres et or me fixaient intensément. Lentement, la terrifiante entité avança sa patte de lumière vers moi comme pour m’attraper. Mais alors que j’aurais dû trembler de peur et m’enfuir à toutes jambes, ma propre main vint à la rencontre de ce monstre, guidée par une force supérieure. Lorsque nous nous touchâmes, un frisson parcourut tout mon corps tandis que le titan rayonnait de plus belle. La lueur devint si puissante qu’elle m’aveugla complètement. Elle me plongea dans un océan de lumière blanche, chaude, rassurante, et réconfortante. En recouvrant la vue, l’univers sombre et froid dans lequel je baignais quelques instants plus tôt s’était métamorphosé. Désormais, des centaines de milliers d’étoiles brillaient faiblement au loin et une planète bleue en tout point semblable à la Terre gravitait autour de son Soleil. C’était comme si ce big bang avait suffi à redonner vie à cet univers déchu. Cependant, je n’étais plus seul. Quelqu’un se tenait devant moi. De dos, je ne pouvais distinguer de qui il s’agissait, mais cette personne portait une cape blanche et noire, ainsi qu’une armure d’or et d’opale. Elle possédait de longs cheveux, oscillant également entre le gris et le noir qui tombaient sur sa nuque de façon désordonnée. Il regardait fixement cette terre alternative, les bras croisés sur son torse. — Cela faisait bien longtemps que nous ne nous étions pas vus, Drago, déclara l’homme d’une voix lente, grave et solennelle, tel un roi s’adressant à un sujet. — Nous… nous connaissons ? lui demandai-je aussi confus que perdu. — Non… tu ne m’as jamais rencontré… — Alors pourquoi... Il me coupa la parole d’un signe de la main, puis pointa la planète. Là, d’énormes nuages sombres commençaient à la recouvrir entièrement et, bientôt, elle disparut sous ce voile de ténèbres infranchissable pour la lumière du soleil. — Les rouages du destin se sont déjà mis en marche, il semblerait, continua-t-il dans un murmure. Il ne nous reste que peu de temps… Le chevalier en armure tourna très légèrement la tête vers l’arrière. Je pus distinguer son œil rouge sang luire dans l’obscurité. Il me fixait, comme s’il attendait quelque chose de moi. « Si je veux que mon monde voie le jour… Je n’ai pas d’autre choix. » Sans ajouter un seul mot, l’individu claqua des doigts et, aussitôt, je me sentis lourd et épuisé. Juste avant de sombrer dans l’inconscience, je crus discerner un second homme s’approcher du premier, mais je ne pus distinguer que le bas de ses vêtements, une sorte de long manteau blanc qui descendait jusqu’aux genoux. Puis tous mes sens m’abandonnèrent de nouveau.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 26 Déc - 23:39 | |
| Chapitre 4 : Confusion- Spoiler:
Le réveil fut brutal. Je me trouvais dans une petite ruelle sombre où la lumière ne se faufilait qu’au travers de fenêtres sales des derniers étages des immeubles autour. Il n’y avait personne, tout semblait abandonné depuis longtemps. Même les chats avaient déserté cet endroit. Après quelques secondes passées l’esprit complètement embrumé, la réalité me rattrapa. Je me levai d’un bond et regardai frénétiquement dans toutes les directions à la recherche de ma partenaire. — Asuna ! appelai-je, désespéré. Dis-moi que tu es là, par pitié ! Seul le silence me répondit. Mon cœur battait la chamade. Je suai à grosses gouttes. Je ne m’inquiétais pas d’être perdu dans une dimension parallèle, non. Je m’inquiétais pour celle qui m’avait toujours accompagné depuis notre enfance. Je sortis mon téléphone, mais, sans surprise, il me fut impossible de la joindre. Toutefois, je me retenais de laisser éclater mes émotions. Comme je le faisais depuis le début de la guerre, je devais garder espoir, croire que mon amie était arrivée saine et sauve dans ce monde et qu’elle avait atterri simplement à un autre endroit. J’inspirai et expirai plusieurs fois pour me calmer. Il fallait que je reste rationnel. Notre mission était de trouver une personne en particulier, Violet Leblanc. Il ne faisait aucun doute qu’Asuna allait privilégier cet objectif sur tout le reste. Après tout, l’échec signifiait la perte de ses parents qui, eux, étaient encore en vie et en sécurité au Japon… pour le moment du moins. En rencontrant cette femme, j’allais certainement finir par tomber sur mon amie aussi. Je devais le croire. Je n’avais pas le choix de toute façon. Avec cette idée en tête, je sortis de la ruelle nauséabonde dans laquelle j’avais atterri. La ville dans laquelle j’avais débarqué semblait assez ancienne, et me faisait surtout penser très fortement à Paris. Comme la capitale, où je m’étais rendu quelques fois, de hauts immeubles aux allures haussmanniennes bordaient une large avenue passante. Partout, des magasins qui vendaient des tours Eiffel attiraient des touristes par milliers. Comme dans mes souvenirs, cette ville était une véritable fourmilière géante. Pourtant, même si ce lieu était en tout point semblable à celui que je connaissais, un détail qui ne trompait pas me confirma que je n’étais plus dans mon monde : l’insouciance des badauds. Selon les informations, la capitale était dans un état critique avant l’abdication du gouvernement, et de nombreux bâtiments officiels avaient été bombardés. Tout le contraire de cet endroit qui flamboyait de mille feux. Pensif, je me mis à marcher dans la grande artère. Maintenant, restait à savoir où trouver la personne que je cherchais. Si cette Violet était aussi célèbre que le laissait entendre Amon, alors n’importe qui aurait pu me renseigner. C’est pourquoi je m’arrêtai à un kiosque à journaux pour demander mon chemin, lorsque le gros titre du Figaro attira mon attention. Sous la date du 16 mars 2013, le quotidien mentionnait une violente explosion au CERN, près de Genève. Apparemment, un éminent professeur japonais, mondialement connu, un certain Ryoko Seiu, était porté disparu depuis. — Pauvre professeur, il lui en est arrivé des malheurs… déclara le buraliste. Ce qu’ils lui ont fait, je ne le souhaite vraiment à personne. — Euh… oui, c’est terrible, lâchai-je précipitamment, surpris. — Tu n’étais pas encore né à l’époque, jeune homme, mais je me souviens très bien de son projet qui devait révolutionner le monde ! Enfin bon, à défaut d’avoir créé une énergie perpétuelle, la catastrophe a donné naissance à la fédération Ether, et, depuis, la planète se porte bien mieux. Un mal pour un bien on dira… Lorsque l’homme prononça ce nom, je réagis au quart de tour. — Oui. C’est exactement comme vous dites. D’ailleurs, je viens d’arriver en ville et je cherche leurs locaux pour le… tourisme. Est-ce que vous sauriez où je peux les trouver ? — Ce n’est pas la porte à côté. Il faut vous rendre à Montparnasse avec la ligne 12, arrêt Montparnasse-Bienvenue. La tour Ether n’est qu’à quelques pas. Je remerciai chaleureusement le marchand pour cette information cruciale et lui achetai le journal au passage, puis me dirigeai vers la station de métro la plus proche. Apparemment, j’avais eu plutôt de la chance. J’espérais juste qu’Asuna n’ait pas atterri au fin fond de la Creuse, ou pire, dans un autre pays… Je marchais quelques minutes dans les rues en pente de la butte de Montmartre avant de me retrouver à Abbesses, comme indiqué. Cependant, une mauvaise surprise m’attendait. Devant la bouche de métro, deux hommes en noir étaient stationnés. Mon sang se glaça lorsque je remarquai que, sur leur costume, était brodé le même insigne que celui des terroristes. Que faisaient-ils là ? Amon avait-il échoué à fermer le portail derrière nous ? Ou bien avait-il raison et ces hommes venaient-ils vraiment de ce monde ? Je m’arrêtai net, à l’angle de la rue, trop tard. Les deux colosses m’avaient déjà repéré et se dirigeaient vers moi avec des airs menaçants. Je ne me fis pas prier pour faire demi-tour. Je tentai de me fondre dans la foule pour semer mes poursuivants, mais il n’y avait rien à faire. Pire, à chaque fois que je me retournais, j’avais l’impression que leur nombre augmentait. Lorsque j’arrivai sur le parvis du Sacré-Cœur, ils n’étaient plus deux… mais une vingtaine. Évidemment, je n’avais emporté aucune arme avec moi. Je voulus continuer à fuir, mais je découvris avec effroi que j’étais dans une impasse. Derrière moi, il n’y avait qu’un flanc de colline abrupte sur lequel je préférais ne pas prendre le risque de me briser le cou. Et devant moi, mes assaillants s’approchaient dangereusement, comme un troupeau de buffles enragés. Les touristes et passants, effrayés, quittèrent les lieux dans la précipitation. Je me retrouvai seul contre une armée d’hommes en noir, l’air tous plus agressifs les uns que les autres. Par réflexe, je reculai, mais me heurtai à la balustrade qui surplombait le vide. Je n’avais plus aucun moyen de m’échapper. Alors que je pensais être au bout de mes surprises et avoir tout vu au cours de la guerre, ils s’écartèrent pour former comme une haie d’honneur. Ils s’agenouillèrent ensuite comme un seul être tandis qu’un individu se rapprochait de moi. — Seigneur Hélios, nous avons le garçon, dit l’un de mes poursuivants d’un ton respectueux. Le nouveau venu était grand, peut-être atteignant le mètre quatre-vingt-dix, et avait une carrure bien plus imposante que n’importe quel rugbyman. Sur son visage mat d’homme ayant passé la trentaine se dessinait une courte barbe mal taillée. Ses cheveux, très volumineux, tombaient en pic de chaque côté de sa tête, tandis que sur son front était posée une couronne incrustée de joyaux scintillants. Ses petits yeux, rouges comme le sang, me fixaient. Je pouvais y lire une haine incommensurable alors qu’un rictus mauvais déformait ses lèvres. Mais le plus bizarre chez lui était peut-être sa tenue : une épaisse armure aussi luisante que le soleil qui recouvrait son torse et ses membres, le tout par-dessus une tunique dorée de style Renaissance. Enfin, dans son dos flottait une longue cape écarlate, ornée d’un motif pour le moins particulier. On aurait dit une sorte de pupille de reptile à l’intérieur d’un œil formé par deux griffes de tailles différentes. Qu’est-ce que c’était encore que ce guignol ? Le chef de l’organisation terroriste qui avait mis à genou notre pays ? J’avais vraiment du mal à y croire… Bizarrement, je trouvais une ressemblance entre ce dégénéré et mon père. Physiquement, personne n’aurait pu les confondre, mais quelque chose dans leur teint, ou peut-être dans leur regard, était similaire. Lorsque l’homme ouvrit la bouche, il s’adressa à moi d’une voix grave et puissante qui imposait le respect. — Je te souhaite un bon retour dans notre monde, Drago, déclara-t-il très calmement. Je ne pensais pas que ce cher Samson… ou devrais-je dire, Solaris, aurait le courage de réaliser la prophétie finalement. — La… prophétie ? Vous connaissez mon père ? couinai-je, aussi choqué que perdu. L’homme émit un léger ricanement amusé avant de reprendre, toujours avec ce sourire cruel et malicieux. — Allons bon, je ne peux pas croire que ton père t’ait abandonné en pleine nature sans même te révéler qui tu es, cela ne lui ressemble pas… Enfin, j’imagine que cela sera plus simple pour moi. N’y vois en aucun cas quelque chose de personnel, mon garçon, je ne fais qu’accomplir mon destin. Sans ajouter un mot de plus, l’homme fronça les sourcils. Son sourire s’élargit et ses yeux luisirent d’un éclat de plus en plus inquiétant. Le vent se leva subitement et d’épais nuages d’orage recouvrirent le ciel de Paris, une seconde plus tôt, d’un bleu total. Une vive lueur émana du cristal incrusté dans sa couronne et une silhouette lumineuse se dessina derrière lui. Je retins mon souffle et écarquillai les yeux, abasourdi face de la créature qui prenait forme juste devant moi, en plein Paris, à la vue de tout le monde. Deux ailes éclatantes se déployèrent, puis deux pattes griffues, une queue écailleuse, un corps couleur saphir étrangement humanoïde et, pour finir, un long cou terminé par une tête reptilienne… Une tête de dragon. Oui. Je ne rêvais pas. L’homme venait d’appeler un dragon de cinq mètres de haut ! La bête se tenait sur ses membres postérieurs, recouverte d’une épaisse armure dorée et brillant aussi fort que le soleil lui-même. — Finissons-en rapidement, Atoum ! — A… attendez, temps mort ! m’écriai-je, soudain conscient de la situation. Je suis venu ici pour trouver… Le monstre rayonna de plus belle et un large faisceau de lumière blanche s’échappa de sa gueule. Une déferlante d’énergie rasa tout sur son passage et fusa dans ma direction avant même que je n’aie eu le temps de réaliser ce qu’il m’arrivait. Par réflexe, dans un geste désespéré de survie, j’étendis les bras devant moi, comme si j’avais la force d’arrêter une attaque pareille. Cependant, je ne finis pas en cendres comme je m’y attendais. En effet, autour de mon cou, j’avais gardé la pierre bicolore et celle-ci semblait absorber le déluge de puissance, tel un trou noir dévorant la lumière. L’homme fronça les sourcils face à ma résistance. Il ne devait pas avoir anticipé que je survive plus de cinq secondes. Néanmoins, plus cette pierre emmagasinait de l’énergie et plus elle devenait brûlante. Elle fut bientôt si chaude que je ne pus la conserver dans ma main. Dans un mouvement de panique, je lâchai mon rocher et fus projeté violemment en arrière. Je roulai sur la pente, incapable de m’arrêter. Je mangeai littéralement la poussière et sentis les graviers frotter contre ma chair. Après une chute qui me parut interminable, je finis par m’écraser sur le bitume de la rue en contrebas. Un désagréable gout de sang m’envahit la bouche. J’étais sonné et tout mon corps était en feu. Mes habits n’avaient pas survécu à cette cascade, me laissant entrevoir les nombreuses entailles qui parsemaient ma peau. Je levai la tête vers la basilique, toujours sous le choc. Dans la pénombre, le dragon ressemblait réellement à un soleil vivant, tout aussi majestueux et dangereux que notre étoile. La créature mythologique chargea un nouveau rayon de lumière qui déferla sur moi, annihilant une fois de plus tout ce qui était sur son passage. — Au moins, Asuna n’a pas à faire à ce cinglé… murmurai-je, résigné. À ce moment-là, une ombre furtive se dessina devant mes yeux pour s’interposer entre cette attaque destructrice et moi. « Light Barrier! » À peine la personne eut-elle crié cette incantation qu’un écran lumineux se créa dans les airs pour arrêter net les flammes blanches du reptile. Elle se retourna ensuite vers moi et je pus voir le visage d’une jeune fille blonde aux yeux azurés qui devait avoir à peu près mon âge. — Ether, je vous laisse la suite ! s’écria-t-elle. — E… Ether, tu as dit ? murmurai-je. Une dizaine d’hommes en blanc surgirent de nulle part et formèrent un rempart de protection entre nous et le dragon. Tous étaient enveloppés de halos d’énergie. Sans me laisser observer davantage la scène, la blonde m’attrapa par le col puis me força à la suivre tandis que, derrière nous, une explosion retentit. Une épaisse fumée noirâtre s’éleva sur le champ de bataille et nous permit de prendre la fuite.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 26 Déc - 23:40 | |
| Chapitre 5 : Un nouveau monde- Spoiler:
Bien que je fusse encore sous le choc de ma dégringolade, je suivis la jeune fille à travers les rues désormais désertes de Paris. Nous passâmes un barrage de sécurité constitué des mêmes agents aux costumes blancs et continuâmes notre chemin jusqu’à une place carrée. Les touristes semblaient avoir quitté l’endroit en vitesse, à en juger par tout le matériel d’artiste de rue qui trainait au sol. Après un regard furtif dans toutes les directions pour s’assurer que nous n’étions pas pourchassés, la blonde pénétra à l’intérieur de l’un des immeubles. Nous passâmes à travers un long couloir et elle m’allongea sur le canapé du salon, puis m’apporta un torchon humide qu’elle posa sur mon front. Je sursautai lorsque la serviette toucha ma peau. Elle était brûlante ! « Oups… Dé… désolée, je ne voulais pas… s’affola la jeune fille en me retirant précipitamment cette bouillotte. » Je n’avais même pas la force de protester. Elle ne cherchait qu’à bien faire et j’avais enduré bien pire, de toute façon. Lorsqu’elle tenta de m’apporter un second torchon, je levai péniblement la main pour lui faire comprendre que ce n’était pas nécessaire. Alors que mon esprit redevenait peu à peu lucide, je pus enfin distinguer à qui j’avais à faire. Il s’agissait d’une lycéenne dont la frange irrégulière tombait sur son front, juste au-dessus de ses yeux de saphir remplis d’interrogations. De chaque côté de son visage pendaient deux longues mèches qui ne s’arrêtaient qu’à ses épaules. Son nez fin et ses lèvres retroussées me laissaient entrevoir un sourire éclatant plein de fossettes. Elle avait un air plutôt innocent, comme une gamine qui aurait trouvé un animal bizarre dans son jardin… ce que j’avais l’impression d’être à en juger par la façon dont elle me dévisageait. La jeune fille était simplement vêtue d’une veste beige, d’un T-shirt assorti en V et d’un jean clair qui mettait ses formes en valeur, l’habit typique d’une personne de ma génération. Je baissai les yeux, gêné qu’elle me fixe de la sorte. Elle dut se rendre compte de ce qu’elle faisait, car elle détourna le regard également. — Tu… tu as de la chance qu’Ether ait été dans le coin, bégaya-t-elle, tentant de paraitre assurée. Ce type est une vraie plaie, un peu plus et tu finissais comme moi ! — E… Ether… Est-ce que fais partie de leurs rangs ? lui demandai-je d’une voix encore faible. Mon interlocutrice ne put s’empêcher de rire, comme si je venais de dire quelque chose de stupide. — J’ai l’air si vieille que ça ? Je n’ai que quinze ans, je te signale ! — Il faut… Il faut que je les retrouve… Je tentai de me relever, mais je m’effondrai aussitôt sur le sol. Ma sauveuse me rattrapa juste à temps, puis me remit sur le canapé, perplexe. — Du calme. Ether s’occupe des affreux à l’extérieur, ils nous préviendront quand ils en auront terminé. En attendant, faisons les présentations. Je m’appelle Angéla Hopper, simple lycéenne jusqu’à il y a encore quelques jours. Et toi, tu es ? — Un simple voyageur dimensionnel. Je lâchai cela sans même réfléchir. Je n’avais pas le temps d’inventer des excuses ni d’y aller en finesse. Cependant, alors que je pensais que la dénommée Angéla allait me prendre pour un fou, elle se contenta de pencher la tête sur le côté, intriguée. — Un voyageur dimensionnel ? Tu es un Spiritual venu d’Izrath ? me demanda-t-elle de façon si naturelle que j’en eus des frissons. — Un… Spiritual ? répétai-je, surpris par ce terme. Et attends, tu ne t’étonnes même pas de ce que je viens de dire ? — Pourquoi est-ce que je m’étonnerais ? Je ne sais pas trop d’où tu sors, mais, ici, c’est plutôt commun. Les Spirituals, ces créatures qui vivent sur Izrath, franchissent les dimensions tous les jours quand nous les appelons avec nos amulettes. Angéla me tendit son bras et me montra le bracelet qu’elle portait. Il était banal, un simple bout de ficelle sur lequel était accrochée une petite chouette blanche, mais dont les yeux semblaient avoir été créés avec deux pierres bien plus précieuses que de vulgaires cristaux artificiels. « Vois-tu, grâce à ce bracelet, je peux convoquer, en théorie, un Spiritual du nom d’Athéna. — En théorie ? — O... Oui ! Ce n’est pas aussi évident que ça en a l’air ! bafouilla-t-elle en s’empourprant, gênée. Il faut des années avant de pouvoir matérialiser un Spiritual sous sa forme physique dans notre monde. Souvent, on ne peut user que d’une partie de leurs pouvoirs et cela nous coûte beaucoup d’énergie… — Merci pour ce cours théorique, mais je suis désolé de te décevoir, je suis humain. Mon nom est Drago Mio. Je suis ici parce que j’ai besoin de rencontrer Violet Leblanc dans les plus brefs délais ! J’ignore qui sont les types qui m’ont attaqué, mais, chez moi, ils ont détruit le pays et… La jeune fille me montra la paume de sa main pour me dire de me calmer, puis reprit la parole : — Je comprends, je comprends. Déjà, le guignol que tu as vu tout à l’heure s’appelle Hélios. Je ne sais pas trop ce qu’il veut, mais j’ai eu à faire à lui… Et je peux t’assurer que tout le monde n’a pas la chance que tu as eue aujourd’hui en t’en sortant uniquement avec quelques plaies… Le Spiritual qui t’accompagne doit être drôlement puissant pour avoir encaissé une telle attaque. —Mon... Spiritual ? Je penchai la tête sur le côté, perplexe. Angéla désigna alors ma poche. Une faible lueur en émanait. J’écarquillai les yeux lorsqu’en y mettant la main, j’y trouvais la pierre bicolore. Comment était-ce possible ? Je l’avais lâchée en plein combat avant de dévaler une pente de plusieurs dizaines de mètres. Comment avait-elle atterri là ? Devant mon incompréhension, la blonde émit un gloussement amusé. — Heureusement, nous ne pouvons pas perdre nos artéfacts. Lorsque nous sommes liés à un Spiritual, celui-ci reviendra toujours vers son hôte, quelle que soit la distance qui les sépare. Je suis d’ailleurs étonnée, c’est la première fois que je vois un tel artéfact… — Vraiment ? C’est un caillou tout ce qu’il y a de plus banal pourtant. — Justement. Normalement, l’artéfact doit représenter un attribut qui lui est propre, comme ma chouette. Mais tout comme le dragon d’Hélios…, le tien semble avoir canalisé son énergie dans une simple pierre, comme s’il n’avait rien trouvé d’autre pour s’ancrer dans notre monde… » Mon interlocutrice croisa les bras sur sa poitrine, pensive, et murmura un « non, je dois me tromper… » à peine audible que je ne relevai pas sur le moment. — Enfin, bref. Je n’ai pas tout saisi de ce que tu me racontes, mais ça m’a l’air plutôt grave. En plus, on dirait que nous sommes dans la même galère, toi et moi, à cause de monsieur cape-et-épée. Tu as de la chance, j’avais justement rendez-vous avec la présidente d’Ether, si tu veux, je peux t’y emmener et, là-bas, tu nous expliqueras en détail. Qu’est-ce que tu en penses ? Encore perdu à cause de cette masse d’informations, je mis quelques secondes avant de répondre. Tandis que j’essayais de digérer tout cela, ma sauveuse reçut un message sur son téléphone et son visage s’illumina. — Bon, au pire, tu demanderas directement à la fédération de t’y conduire. On dirait qu’ils en ont fini avec ces cinglés. Dans tous les cas, tu ne peux pas rester ici, nous ne sommes pas vraiment chez moi, mais chez une amie… et pour faire simple, je dois passer quelques jours hors de chez moi… La blonde chercha ses mots, mais, ne les trouvant pas, elle m’attrapa le bras et me força à la suivre à nouveau sans que je n’aie pu émettre la moindre protestation. De toute façon, je savais qu’elle ne m’écouterait pas et j’étais bien trop faible pour résister. À ce moment-là, j’ignorais qu’en acceptant de venir avec elle, je m’étais embarqué dans les origines d’un conflit qui m’avait toujours dépassé, mais dont j’étais le protagoniste malgré moi.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Ven 27 Déc - 14:47 | |
| Chapitre 6 : Violet Leblanc- Spoiler:
Lorsque nous ressortîmes dans la rue, la vie reprenait lentement son cours alors que des hommes en blanc continuaient à arpenter le périmètre. Au centre de la place, une voiture noire aux vitres teintées, une limousine, semblait nous attendre. Quelqu’un y était adossé, une tablette à la main et le visage pensif. Il devait avoir aux alentours de soixante ans à en juger par les quelques rides qui parsemaient son front et ses cheveux grisonnants. Ses sourcils épais se rejoignaient presque tant il les fronçait et ses petits yeux gris-anthracite reflétaient son inquiétude. À l’instar d’un majordome, il était vêtu d’un costume deux pièces, bleu marine en queue de pie, au-dessus d’une chemise d’un blanc éclatant. Sa carrure était plutôt imposante malgré son âge. Même les plus grosses brutes du lycée faisaient pâle figure face à lui. Lorsqu’il nous aperçut enfin, son visage se détendit et il poussa un soupir de soulagement. — Mademoiselle Angéla, je suis heureux que vous ayez pu vous en sortir indemne. Madame Violet ne m’aurait jamais pardonné si j’avais été incapable de vous protéger. — Désolée, Elwood, j’ai été prise par le temps, s’excusa-t-elle. Merci d’avoir accédé à ma requête et de m’avoir permis d’intervenir. — C’est normal. Si la fédération laissait des innocents se faire agresser, nous ne mériterions pas notre titre. Et donc, ce jeune homme qui vous accompagne est la personne qui a été attaquée également, je suppose ? — Tout à fait ! s’exclama Angéla, enthousiaste. Voici Drago. Je sais que c’est un peu soudain, mais pourrait-il venir avec nous ? J’ai cru comprendre qu’il avait quelque chose d’important à demander à Violet. Le dénommé Elwood me dévisagea quelques secondes, surpris. Alors que je m’apprêtais déjà à exposer mes arguments, son visage se détendit. — Cela ne devrait pas poser de problème. S’il y a quoique ce soit que la fédération puisse faire pour vous, c’est avec plaisir que nous accéderons à votre requête. Je remerciai brièvement l’homme et, sans épiloguer davantage, nous montâmes dans le luxueux véhicule. Je profitai de ce trajet pour reprendre à tête reposée les dernières informations que j’avais eu à ingérer. Le transporteur dimensionnel m’avait, comme prévu, envoyé dans un monde parallèle. Cependant, j’avais été séparé d’Asuna, mais je ne m’inquiétais pas réellement pour elle. La fédération semblait vraiment connue ici. Elle ne devrait pas avoir de mal à trouver une branche pour la conduire au quartier général. Toutefois, le sort d’Amon, lui, était plus préoccupant. Je savais l’homme excellent combattant. Mais de là à faire face à une armée, seul… Je chassai ces idées noires de mon esprit. Je devais rester positif et espérer qu’il s’en soit sorti. De toute façon, me faire un sang d’encre n’allait l’avancer à rien, sinon me détourner de mon objectif principal. Pour la première fois, je pus réfléchir à tête reposée sur une autre question qui me tourmentait : Izrath. Mes parents s’y étaient rendus pour trouver de l’aide, mais quelque chose me disait que ce monde ne leur était pas inconnu. Le collier que je portais autour du cou en était la preuve. Le dragon qui avait sauvé Asuna autrefois…, il ne pouvait s’agir que d’un Spiritual. Comment était-il entré en possession de ma sœur ? Si, ici, les artéfacts étaient chose commune selon Angéla, chez moi, ils n’étaient rien de plus que des légendes poussiéreuses. Pour ne rien arranger, les types qui m’avaient poursuivi, ainsi que le guignol en armure, connaissaient mon père. Ce qui ne laissait qu’une seule possibilité… — Dis-moi, Drago, déclara soudain Angéla en me tirant de mes pensées. C’est peut-être indiscret, mais pourquoi est-ce que tu as besoin de voir Violet ? Je jetai un rapide coup d’œil vers notre chauffeur. Une épaisse vitre nous séparait de lui, si bien qu’il ne pouvait certainement pas entendre nos conversations. Je me mis donc à raconter à la jeune fille la guerre qui déchirait mon monde. Je ne cherchais pas à lui cacher quoique ce soit, pas même l’existence d’Asuna. Elle m’écouta attentivement tout le long de mon récit sans prononcer un mot. Puis, lorsque j’eus enfin terminé, elle croisa les bras sur sa poitrine, pensive. — Et bah, moi qui croyais en avoir vu des oranges et des pas mures… — On dit pas plutôt : des vertes et des pas mures ? la rectifiai-je. Elle s’empourpra immédiatement et détourna le regard, gênée. — Je… Oui, évidemment, je ne faisais que te tester pour savoir si vous aviez les mêmes expressions ! Bref, pour trouver de l’aide, tu es au bon endroit ! Je suis certaine que Violet te fournira tout ce dont tu as besoin. Le maintien paix est sa priorité depuis la création de la fédération ! — Tu me sembles bien sûre de toi. Qu’est-ce qu’elle y gagnerait ? Angéla m’adressa un large sourire, puis embraya aussitôt : — Tes gus ont l’air de venir de notre monde, déjà, c’est une raison suffisante. De plus, la fédération intervient sur tout ce qui touche de près ou de loin à Izrath et au Spiritual. Même si la possession d’un artéfact n’est pas interdite, il faut bien des gens pour réguler leur utilisation. C’est une sorte de super police, si tu veux. Elle comporte également de nombreuses branches dans la recherche historique afin d’étudier les liens qui unissent la Terre à Izrath. D’ailleurs, d’après certains de leurs travaux, une connexion suffisamment e avec un Spiritual permettrait de comprendre des langues qui nous sont normalement inconnues. C’est pour cela que beaucoup d’archéologues s’engagent dans la fédération, autant pour approfondir leurs connaissances que pour protéger les artéfacts les plus anciens et les plus puissants. — Je vois… murmurai-je, toujours aussi pensif. Merci pour cet exposé… très complet… Je n’en demandais pas tant. — De rien, j’ai une amie proche qui est en lien direct avec eux. Si tu as la moindre question, je suis la personne qu’il te faut ! Je suis totalement incollable sur Ether et son histoire. Par exemple, est-ce que tu savais que Violet Leblanc, la présidente, est quelqu’un de formidable ? Elle a étudié à la prestigieuse université Rikoukei dans sa jeunesse et… Angéla partit dans un long exposé sur cette Violet et me vanta tous ses mérites qui, à en croire ses mots, forçaient l’admiration. Je ne comprenais pas tout ce qu’elle me racontait, mais je devais reconnaitre que le peu de choses que je saisissais était impressionnant. Après une demi-heure sur l’autoroute, nous nous engageâmes sur un petit chemin de campagne non goudronné. Celui-ci était entouré de champs à perte de vue et bordé d’une allée d’arbres qui offraient une perspective digne d’un tableau de Cézanne ou de Monet. Au bout de cette route se dressait un majestueux château d’un blanc éclatant. Un panneau marqué « propriété privée » m’indiqua que nous étions arrivés à destination. Nous entrâmes donc dans la résidence de Violet par un immense portail doré, surplombé par deux statues, certainement des Spirituals à en juger par leurs allures guerrières. Nous passâmes ensuite dans un vaste parc entouré d’une grande forêt verdoyante, et au milieu scintillait une belle fontaine de marbre sculpté dans laquelle un serpent crachait un fin jet d’eau. Dans le parc, la pelouse semblait taillée au millimètre près tandis que des parterres de fleurs colorées répandaient leurs senteurs jusque dans le véhicule. Le château, quant à lui, était assez imposant avec ses quatre tourelles qui se dressaient fièrement vers le ciel, comme des gardiens chargés de veiller sur la demeure. La façade principale était ornée de sculptures de créatures en tous genres, autant de chevaliers que de bêtes ailées ou écailleuses sur lesquels les rayons du soleil venaient faire scintiller la pierre nacrée. Elle donnait vraiment l’impression d’être incrustée de joyaux. Tous les murs étaient peints en un blanc pur et éclatant. Il n’y avait pas une seule trace de fumée ou d’usure. Quelques rayures dorées au niveau des fenêtres et au sommet des tourelles brisaient parfois cette harmonie. La résidence devait bien comporter plus d’une trentaine de pièces à en juger par les immenses vitres et les nombreux balcons. J’étais époustouflé par cette demeure, qui ressemblait davantage à un musée qu’à une habitation privée. Elwood s’arrêta sur le parvis du château qui, comme ceux des églises, était un peu surélevé de quelques marches. Une femme nous attendait là, blonde comme le soleil et aux grands yeux verts en partie cachés par les mèches de cheveux tombant sur le côté droit de son visage effilé qui respirait la bienveillance. Elle devait avoir aux alentours de la quarantaine, même si sa peau semblait être celle d’une personne de vingt ans tant elle était blanche et sans défauts. La femme, qui dégageait un charisme certain, portait un élégant costume immaculé composé d’une veste ornée de dorures aux extrémités et sur le col, ainsi qu’une jupe serrée et des chaussures noires à talons hauts. Au niveau de son cœur, un badge d’or en forme de spirale scintillait de mille feux. En nous voyant, celle que je pensais être la propriétaire s’avança vers nous avec un sourire chaleureux sur ses lèvres fines. — Bienvenue Angéla, je suis désolée pour ce qu’il t’est arrivé ces derniers jours, mais l’attaque du CERN nous a pris au dépourvu, déclara-t-elle d’une voix claire et douce. — Non, ce n’est rien, madame Leblanc, répondit précipitamment Angéla, gênée. La fédération a mieux à faire que de s’occuper des problèmes d’une adolescente turbulente. Donc merci beaucoup d’avoir accepté de m’héberger le temps que les choses se calment un peu ! — Et ce garçon qui t’accompagne est ? Dès qu’elle posa les yeux sur moi, elle me mit immédiatement mal à l’aise. Cette femme possédait une prestance écrasante même. Je n’aurais su dire pourquoi, mais je me sentais vraiment faible et lamentable face à quelqu’un aussi éminent d’après les dires de la jeune fille. — Je suis désolé, mademoiselle Violet, je n’ai pas eu le temps de vous avertir que j’ai dû déployer nos forces aujourd’hui et que nous aurions un invité supplémentaire en la personne de monsieur Drago. Apparemment, il aurait quelque chose à vous demander en personne, déclara Elwood en s’inclinant. Violet fronça les sourcils, intriguée. Je me ressaisis sur le champ et pris la parole de la voix la plus assurée possible. — S’il vous plait, madame Leblanc, je sais ce que je vais vous dire va vous paraitre dingue, mais je vous jure que ce n’est que la stricte vérité ! Mon monde… mon monde a besoin de votre aide !
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Sam 28 Déc - 0:22 | |
| Chapitre 7 : Le contrat- Spoiler:
Je déglutis. Violet se trouvait en face de moi, derrière un grand bureau de marbre blanc, ses yeux vert émeraude rivés dans ma direction. La présidente nous avait amenés aussitôt dans la bibliothèque du château, qui servait apparemment aussi de pièce de réunion. Même si elle semblait prête à écouter ma demande, je n’étais pas confiant. Après tout, je n’étais qu’un gamin face à elle. Si Amon avait été à ma place, certainement aurait-il su trouver les mots pour la convaincre, mais, moi, je n’avais aucune expérience en négociations. Voyant que je n’étais pas à l’aise, Violet se détendit et elle s’installa de manière moins formelle dans son fauteuil de la Renaissance, les jambes croisées et les mains posées sur les accoudoirs. — Alors, si j’ai bien compris, tu as besoin d’aide, Drago, déclara-t-elle soudain d’une voix à la fois amicale et ferme. — O… oui, c’est exact ! — La fédération serait ravie de te venir en aide, cependant, il faut que je sache quelles sont tes motivations pour cela. Pour la seconde fois de la journée, je me mis à raconter mon histoire. Comment les terroristes avaient surgi de nulle part, comment ils avaient écrasé toute résistance, comment le gouvernement avait abdiqué, et surtout, comment j’avais pu me rendre jusqu’ici. Violet ne dit pas un mot pendant tout mon monologue qui dura bien cinq minutes sans interruption, mais je voyais bien qu’elle prenait des notes de façon furtive et qu’elle ne négligeait pas un seul détail. Lorsque j’arrivai au bout de mon récit, un silence pesant s’installa sur l’immense pièce. La présidente relut plusieurs fois ce qu’elle avait écrit, l’air vraiment préoccupé par ma situation. À côté de moi, Angéla faisait de son mieux pour rester discrète, adossée à l’une des étagères, mais son anxiété était palpable. Après plusieurs secondes qui me parurent une éternité, la femme au charisme écrasant se redressa sur son siège et posa son menton sur ses doigts entrecroisés. Une goutte de sueur perla sur mon front tant la pression sur mes épaules était grande. — Je vois. Si j’ai bien tout saisi, les terroristes qui ont pris possession de votre monde viendraient du nôtre. De plus, ils pourraient être liés de près à Hélios. Puisque nous sommes actuellement sur cette affaire, ton cas relèverait de notre juridiction. Un sourire se dessina sur mon visage lorsque j’entendis cela. Je m’apprêtai déjà à remercier chaleureusement la présidente, mais sa mine s’obscurcit presque aussitôt. Cela m’arrêta dans mon élan. — Cependant, deux problèmes majeurs vont m’obliger à devoir refuser ta requête pour le moment. Ces mots me firent l’effet d’une balle de fusil en plein cœur. Toutefois, Violet ne me laissa pas me lamenter et enchaina : — J’imagine que tu peux comprendre aisément que, en ce moment, la situation avec Hélios est assez critique et que je ne peux pas me permettre de déployer une armée entière. Il n’a pas encore fait de victimes notables, mais ce n’est qu’une question de temps. Il est normal que je privilégie mon monde, celui pour lequel j’ai consacré mon existence depuis la création de la fédération. Je ne veux, en aucun cas, reproduire les erreurs du passé et fermer les yeux devant une telle menace. — Oui… je comprends, mais… — Et la seconde raison, m’interrompit-elle, c’est que, contrairement à vous, si tout ce que tu me racontes est la stricte vérité, nous n’avons pas développé de transporteur dimensionnel opérationnel. Je ne peux pas prendre le risque d’investir autant d’effort dans la création d’une machine aussi théorique avec le danger qui pèse actuellement sur mon monde. Je me mordis la lèvre tellement fort qu’un désagréable gout de sang m’envahit le palais. Évidemment, je n’avais même pas pensé à cette alternative du voyage retour ! Si Amon avait été avec nous, cela aurait été un jeu d’enfant pour lui de reconstruire son transporteur. Cela faisait certainement partie de son plan initial. Si seulement il avait fait le grand saut à ma place…, les choses auraient peut-être été différentes… — Je suis vraiment désolée que tu sois arrivé à un moment pareil, reprit Violet avec compassion. Crois-moi, ce n’est pas dans mes principes de refuser de l’aide à quelqu’un dans le besoin… Je ne pouvais même pas en vouloir à la présidente. Avec des arguments aussi faibles que les miens, j’aurais également répondu par la négative à sa place. D’un geste lent, je me levai de ma chaise, la tête basse, démotivé. — Non, c’est moi… Désolé de voir avoir dérangé dans ce cas, murmurai-je, dépité. Je vais… — Attends une minute, Drago ! J’ai, moi aussi, mon mot à dire ! s’exclama soudain Angéla. Tous les regards convergèrent vers la jeune fille dont l’œil de saphir brillait de malice. — Si vous n’aviez pas le problème d’Hélios sur les bras, vous vous consacreriez à sauver ce monde, je me trompe ? — Évidemment. Nous en ferions même notre priorité. — Dans ce cas, laissez-moi faire ! Je vais régler son compte à ce type au plus vite ! — Attends, Angéla, tu ne crois pas que… — Violet, je sais que May vous a demandé de me protéger. Cependant, je suis impliquée dans ce conflit, que je le veuille ou non. Je n’ai peut-être pas le niveau d’un agent d’Ether, mais je sais me battre. Il me suffit d’un peu d’entrainement ! — Tu… tu n’as pas besoin de faire ça pour moi, bégayai-je, gêné par l’attention qu’elle me portait. — Drago, tout comme toi, j’ai été victime des attaques de ce type. Je sais très bien ce que tu ressens. J’ai eu de la chance de m’en sortir, mais tout monde, des gens que je connais n’ont pas eu cette chance. Qu’il s’agisse de mes amis ou des tiens, quelle différence ? Pour moi, nous ne sommes tous que des victimes de ce maboul ! La présidente lâcha un long soupir alors qu’Angéla la regardait avec des yeux emplis d’une détermination sans faille. — Je ne reviendrai pas sur ma décision. Vous pouvez trouver cela égoïste, mais je continuerai à privilégier mon monde. Toutefois, nous pouvons conclure un marché, Drago. — Un… marché ? répétai-je, plein d’espoir. La femme sortit de sa poche une sorte de badge doré qu’elle prit entre son pouce et son index. Il représentait deux lettres : Êta et R, intriquée l’une dans l’autre. — Tu es venu ici pour trouver de l’aide. Même si je ne peux pas te la fournir pour le moment, je peux te former au combat de Spiritual. Tu possèdes déjà un artéfact et tu as appris à te battre avec ton mentor. Si tu rejoins les rangs de la fédération pour affronter Hélios à nos côtés, je peux te promettre que les terroristes ne ton monde ne seront qu’une vaste blague une fois ton entrainement terminé. Et comme Angéla l’a si bien expliqué, plus vite ce fou sera au tapis, et plus vite je pourrai me consacrer à la création d’un transporteur dimensionnel. Qu’en dis-tu ? — Affronter… Hélios ? Les images du dragon de lumière me revinrent en mémoire. Je frissonnai. J’avais frôlé la mort de très près. Je tremblais rien qu’à y repenser. Toutefois, nous étions en guerre. Je n’avais pas le droit d’avoir peur. De plus, selon Amon, cette femme était la plus puissante sur cette planète. Si elle ne pouvait pas m’aider dans l’immédiat, personne ne le pouvait. Mon unique chance de secourir mon monde résidait donc dans ma capacité à affronter Hélios, ce qui type m’en voulait personnellement. Asuna n’aurait pas hésité une seule seconde. Ma mission était de sauver mon pays, je devais tout faire pour y parvenir, même si pour cela je devais braver la mort elle-même. — Très bien. J’accepte, déclarai-je avec assurance. Je combattrai Hélios à vos côtés. Mais j’aimerais rajouter une condition à cela. Je voudrais que vous retrouviez ma partenaire, Asuna Hoshino. La présidente me sourit. — Aucun problème à ça. Elwood, ordonne à Laure, Édouard et Masamune de déployer leurs équipes de recherche. Ce sont peut-être des idiots, mais ils sont compétents quand il s’agit de dénicher quelqu’un. — À vos ordres, mademoiselle. — Quant à vous deux, Angéla, Drago, je vous préviens tout de suite que l’entrainement de la fédération n’est pas à prendre à la légère. Je vous formerai personnellement. Si je vois que vous n’êtes pas capable de suivre, j’y mettrai un terme, c’est bien compris ? — Si June a pu passer les tests, j’y arriverai aussi ! s’exclama la blonde, déterminée. — Je… Je n’ai pas le droit d’échouer. Je ferai tout mon possible pour apprendre les combats de Spirituals afin de renvoyer chez eux ces types qui ont détruit mon pays ! — Pour l’heure, laissez-moi vous offrir l’hébergement. Profitez bien de la soirée, car, dès demain, les choses sérieuses vont commencer. Violet se leva pour signifier que l’entretient était terminé et nous invita à rejoindre les autres pièces du château. Même si le plan ne s’était pas déroulé exactement comme prévu, j’avais réussi à limiter la casse. Je pouvais enfin entrevoir une lueur d’espoir pour mon monde dans cet océan de ténèbres que je traversais depuis plusieurs mois.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Dim 29 Déc - 2:43 | |
| Chapitre 8 : La prophétie- Spoiler:
Pour rejoindre nos chambres, nous passâmes par le hall d’entrée que j’avais négligé lors de mon arrivée tant j’étais préoccupé. À présent que j’avais l’esprit plus léger, mon cerveau marqua un temps d’arrêt lorsque je me rendis compte dans quel genre d’endroit j’avais atterri. Pendant plusieurs secondes, je me demandai si je n’avais pas pénétré par erreur dans un musée. D’imposantes colonnes de marbre noir soutenaient le haut plafond du château, entièrement peint, comme celui de la chapelle Sixtine. Le sol était recouvert d’un grand tapis rouge qui parcourait toute la pièce et s’étendait bien au-delà. Les murs, eux, étaient tapissés de peintures toutes plus extraordinaires les unes que les autres, représentant le plus souvent de magnifiques paysages marins, sylvestres ou même champêtres. J’étais persuadé que, parmi eux, certains devaient valoir plusieurs millions d’euros. Le mobilier n’était pas en reste. Les commodes, chaises et fauteuils semblaient tout droit sortis d’un autre siècle. Le velours et les dorures qui les ornaient leur donnaient un aspect presque royal. La propriétaire nous mena à l’étage et nous nous retrouvâmes dans un long couloir tout aussi somptueux que le rez-de-chaussée. Violet s’arrêta à la deuxième porte. Lorsqu’elle l’ouvrit, je me demandais une nouvelle fois si elle vivait réellement ici tous les jours ou si ce n’était que pour impressionner ses invités. La chambre était exactement comme j’aurais pu l’imaginer dans un château de l’époque des Lumières. Le lit à baldaquin fut la première chose qui me sauta aux yeux. De longs rideaux laiteux ondulaient paisiblement au gré du vent qui s’infiltrait par la porte-fenêtre ouverte sur le balcon. Le mobilier se composait, quant à lui, d’une imposante armoire en bois massif, entièrement sculpté, ainsi qu’une table de chevet tout aussi élégante et deux fauteuils Louis XIV. Une magnifique cheminée en marbre blanc ornait un coin de la pièce. Enfin, au sol, un tapis de velours protégeait le parquet soigneusement ciré. Il y avait même une salle de bain privée et des habits propres posés sur la commode de celle-ci. Étrangement, tout cela me semblait familier. Lorsque nous avions dû redécorer notre salle d’activités, nous avions épluché de nombreux catalogues. Notre chère présidente de club, Carly, avec ses goûts de luxe, avait ramené un guide du Louvre, si bien que j’étais plutôt calé pour reconnaitre le style français des Lumières. Je restai néanmoins bouche bée plusieurs secondes devant cette pièce, ne réalisant toujours pas que c’était ici que j’allais dormir. Ce fut un cri de surprise d’Angéla lorsqu’elle découvrit sa chambre qui me tira de ma torpeur. Amusée, Violet s’excusa et descendit au rez-de-chaussée pour s’entretenir avec Elwood. — Je n’y crois pas… Je dois être en train de rêver ! s’exclama la jeune fille en revenant près de moi. Je suis vraiment chez Violet Leblanc, mais, en plus, j’ai le droit à ma propre chambre pour la nuit… Lorsque June apprendra ça ! — Je ne suis pas certain qu’on ait l’occasion d’en profiter avec Hélios qui traine et… — Quel rabat-joie, celui-là ! Elle me donna une tape si forte dans le dos qu’elle me coupa la respiration quelques secondes. — Ce n’est pas en te morfondant dans ton coin et en t’inquiétant en permanence que tu avanceras, crois-moi, je tiens ce conseil d’une source sûre ! On peut bien profiter un peu en attendant que notre entrainement commence. — Au fait, je voulais te demander… pourquoi est-ce que tu as pris ma défense face à Violet ? Tu sais, tu n’avais pas besoin… La jeune fille croisa les bras derrière sa tête et regarda au plafond d’un air distrait. — J’ai déjà exposé mes raisons tout à l’heure, je n’ai pas grand-chose à rajouter. Disons que ça m’arrange autant que toi, — Je comprends… Du coup, j’imagine que je dois te remercier pour… Angéla m’interrompit en me pointant du doigt, l’œil brillant, un large sourire dessiné sur son visage angélique. — Attends d’avoir commencé l’entrainement pour me remercier. D’après ce que j’ai vu tout à l’heure, tu n’as pas l’air à l’aise du tout avec ton Spiritual. — En même temps, je viens de découvrir l’existence ces créatures. Nous ne sommes pas dans un Comics DC où le héros maitrise ses pouvoirs à la perfection au premier essai, raillai-je. — C’est étrange quand même, quand on y réfléchit, enchaina-t-elle, les bras croisés sur sa poitrine, pensive. Votre monde n’a pas l’air plus avancé que le notre sur le plan technologique, vous ne possédez pas de Spirituals, et en plus vous n’avez aucune connaissance d’Izrath. Pourtant, vous avez réussi à créer un portail vers d’autres dimensions. — Les recherches de mon père ont toujours été un peu ésotériques. Ses collègues se sont souvent moqués de lui et de ses travaux, lui répondis-je en haussant les épaules. — Ça ne te parait pas ça bizarre, toi, de bosser sur un tel projet sans avoir la confirmation qu’il y a bien quelque chose de l’autre côté ? Je fronçai les sourcils. — Où est-ce que tu veux en venir exactement, Angéla ? — Pourquoi travailler sur la construction d’une machine à traverser les dimensions avant l’arrivée des agresseurs ? Tu ne trouves pas que son existence tombait un peu trop bien ? — Je dois t’avouer que je n’ai pas encore eu l’occasion d’y réfléchir, mais… — Moi, j’y réfléchis depuis que tu m’en as parlé. Et je me suis souvenu de quelque chose qui pourrait expliquer une grande partie de ce qu’il t’est arrivé. — Allons bon, tu vas me sortir une prophétie ou quelque chose du… — Lorsque la lune deviendra le soleil, elle déploiera ses ailes mortelles. Le monde plongera alors dans un nouvel âge de ténèbres. Le roi des ombres renaitra de ses cendres et étendra son voile de terreur sur la terre. Tous les peuples n’auront d’autre choix que de se soumettre et il règnera pour l’éternité… Cependant lorsque la puissance des ténèbres s’alliera à celle de la lumière, l’exilé reviendra. Il rétablira l’équilibre des pouvoirs et reprendra la place de souverain qui lui est due, mettant un terme à ce règne de terreur et de destruction.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Dim 29 Déc - 2:43 | |
| Chapitre 9 : La fédération Éther- Spoiler:
Je me crispai. Je n’étais pas du genre à être superstitieux, et encore moins à croire aux complots, mais cette prophétie éveillait en moi des sentiments contradictoires. Je ne savais pas quoi en penser. En temps normal, jamais je n’aurais pris un seul de ces mots au sérieux. Cependant, je devais reconnaitre qu’Angéla avait raison. De nombreux éléments n’allaient pas du côté de mes parents et d’Amon, à commencer par le pendentif à de mon cou. Devant mon air perplexe, la jeune fille éclata de rire et me tira de mes rêveries. — Désolée de t’inquiéter avec ça ! Pour tout t’avouer, je n’y crois qu’à moitié, mais je trouvais troublante la ressemblance entre ce qu’il se passe maintenant et ce vieux texte poussiéreux ! — Donc, tu penses qu’un des membres de ma famille jouerait un rôle dans cette prophétie et qu’Hélios serait… — Certainement celui du roi maléfique et tout ça… Quoique ça lui irait bien vu son costume de carnaval. Mais bon, on ne va pas épiloguer là-dessus. Tout ce qui m’importe, c’est d’exploser cet abruti le plus vite possible ! Ma partenaire d’infortune semblait avoir une dent personnelle contre ce type, mais je n’osais pas lui demander pourquoi, de peur de paraitre indiscret et d’obtenir une réponse encore plus incompréhensible que ma question. Et, pour l’heure, mon cerveau avait suffisamment surchauffé pour cette journée. Je n’avais pas besoin d’en rajouter davantage. Angéla me laissa sur ces belles paroles et je pus enfin retirer mes vêtements bons pour la poubelle. Je me douchai rapidement. Cela me permit de me vider l’esprit, puis je me rhabillai avec les habits mis à ma disposition par la propriétaire du château, un simple jean noir et une chemise blanche, avant de descendre pour le diner. Au cours du repas — le premier que je prenais véritablement depuis la première attaque —, nous parlâmes de choses banales du quotidien. Violet nous raconta de nombreuses anecdotes au sujet des missions de la fédération qu’Angéla écoutait, les yeux constellés d’étoiles. Même si je ne saisissais pas tout ce qu’il se disait, je ne pouvais m’empêcher d’être captivé par les prouesses que cette organisation avait réalisées. Au cours de ce diner, je compris donc un peu mieux le rôle de la présidente. Apparemment, dans ce monde, posséder un Spiritual n’était pas chose commune, mais n’était pas si rare non plus. De plus, les niveaux de puissance de ces esprits étaient très variables, pouvant aller de la simple boule de poils inutile au dragon destructeur tel que celui d’Hélios. C’est pourquoi la mission première de la fédération Éther était de protéger la population, et également de former de jeunes recrues afin d’éviter que des personnes inexpérimentées ne produisent d’accidents irréparables. Car, selon elle, il pouvait arriver dans certains cas rares de maitrise insuffisante, que le Spiritual prenne le dessus sur son hôte et cela résultait le plus souvent en des dégâts considérables, autant matériels qu’humains. — Et, dites-moi, Violet, si ce n’est pas indiscret, c’est vrai ce que l’on raconte au sujet de la création de la fédération ? demanda Angéla à la fin du repas. — Les médias ont tendance à exagérer. Si j’ai créé la fédération, ce n’est ni par pure générosité, ni par désir de gloire et encore moins par amour de l’argent. C’est avant tout pour éviter la destruction de villes entières par des hommes pris de folie à cause de leur Spiritual. Je refuse que des gens soient obligés de perdre ceux qui leur sont le plus proche, comme ce fut le cas à Tokyo il y a quelques années… déclara tristement la présidente. — Tokyo… a été détruite ? m’étonnai-je. Notre hôtesse grimaça. Je compris alors que je venais de toucher un point sensible chez elle. Ce fut donc ma sauveuse du jour qui me répondit, avec autant de précision qu’un article Wikipédia. — Le Purple Requiem est le nom donné à ce qui est considéré comme la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire. De mémoire, il a eu lieu dans les années 80, alors que le Kvantiki était sur le point de devenir une source d’énergie alternative à toutes celles que l’on connait. D’ailleurs, si je ne me trompe pas, vous travailliez sur le projet à l’époque, Violet. Ce n’était pas un simple accident, non ? — Si seulement, soupira la femme. Je le répète depuis vingt-cinq ans, aucun média ni gouvernement n’est prêt à accepter que, ce qui a ravagé la ville soit un seul et unique Spiritual. J’ai eu beau leur montrer les preuves des traces résiduelles de Kvantiki, ils n’ont rien voulu entendre, alors avec les années, j’ai fini par abandonner. — Vous parlez beaucoup de Kvantiki… mais qu’est-ce que c’est exactement ? les interrompis-je, perdu. — C’est ainsi que nous avons appelé l’énergie qui permet aux Spirituals de se manifester dans notre monde, reprit Elwood. D’ailleurs, nous devrions envoyer des agents à Montmartre le plus vite possible pour tenter de retrouver la trace d’Hélios avant que les rumeurs ne se répandent. — Effectivement. Je suis désolée, les enfants, je vais devoir couper court à notre petite discussion, j’ai encore beaucoup de travail qui m’attend pour ce soir. Mais si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à appeler Elwood. N’oubliez pas que, dès demain, les choses sérieuses commencent. Sur ces mots, Violet se leva et nous laissa, Angéla et moi, pour finir le repas. Cependant, nous ne nous attardâmes pas beaucoup plus et remontâmes rapidement dans nos chambres. Une fois seul, je sortis mon téléphone portable pour tenter d’envoyer un message à Asuna. Sans surprise, cela ne fonctionna pas. La curiosité me poussa à chercher le laboratoire de mon père sur internet, à nouveau sans succès. Je devais me rendre à l’évidence. Ce monde, bien que semblable au mien, était différent. Et, comme je pouvais m’en douter, il n’y avait aucun travail sur le voyage dimensionnel, pas même sur le site du CERN. Je lâchai un soupir, puis pris la pierre bicolore entre mes mains pour l’observer attentivement. Selon Angéla et Violet, il s’agissait d’un artéfact d’Izrath lié à un Spiritual, certainement celui qui avait sauvé Asuna, autrefois. Si j’avais bien compris ce qu’il s’était dit à table, elle devait renfermer une quantité phénoménale de Kvantiki, une énergie mystérieuse, mais possédant bien plus de potentiel que toutes les autres. Comment Théa s’était-elle procuré une telle chose ? Ma famille avait-elle effectué des tests dans le passé qui les auraient conduits à la découverte de cette pierre ? Dans ce cas, pourquoi me l’avoir confiée si elle était si puissante ? Angéla pouvait-elle avoir raison ? Mes parents connaissaient-ils l’existence d’Izrath avant le début des attaques ? Si oui, depuis combien de temps ? Tant de questions qui me torturaient sans avoir la moindre piste de réponse. L’esprit fatigué par ces interrogations, et par la journée mouvementée que je venais de vivre, je posai cet artéfact sur la table de nuit. Cependant, alors que j’étais sur le point d’éteindre la lumière, un éclat dans le miroir en face de mon lit attira mon attention. Ce que je vis me choqua tellement que je fus incapable de bouger sur le moment, à la fois effrayé, interdit, et euphorique. Mon cœur s’accéléra, j’écarquillai les yeux de surprise, ma respiration devint saccadée et je me mis à reculer rapidement dans la direction opposée. — T... Théa ? bégayai-je d’une voix à demi éteinte. Dans le miroir, à moitié camouflée derrière une étrange brume blanche, je discernai le visage translucide de ma sœur qui m’observait. Il n’y avait aucun doute. J’aurais pu reconnaitre ses traits entre mille. Ces grands iris vert émeraude pétillant de malice, ces joues roses à cause de l’excès de maquillage qu’elle appliquait en permanence, ce nez droit et ces lèvres fines légèrement rouges, le tout surmonté de longs cheveux blonds comme les miens lui tombant sur le côté droit du visage. Il n’y avait aucun doute possible. Néanmoins, en détachant mes yeux du miroir pour regarder le véritable siège, je n’y vis personne. Lorsque je tentai de l’apercevoir à nouveau, je ne trouvai rien d’autre que le reflet du fauteuil, vide. Je me pris la tête dans les bras, persuadé d’avoir déliré. — De mieux en mieux, voilà que je me mets à avoir des hallucinations… Toutefois, même en essayant de me convaincre, une part de moi voulait croire que cette apparition était réelle et que ma sœur cherchait à communiquer avec moi depuis Izrath. Le matelas moelleux et les couvertures chaudes eurent raison de ma volonté. En quelques minutes à peine, je répondis à l’appel de Morphée.
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Messages : 4965 Points : 5210 Réputation : 5 Date d'inscription : 06/01/2014 Age : 26 Localisation : paris
| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Lun 30 Déc - 14:30 | |
| Chapitre 10 : Réminiscences- Spoiler:
Le silence régnait dans la salle d’astronomie du lycée. Située au dernier étage, nous avions une vue imprenable sur toute la ville grâce aux immenses baies vitrées que nous avions fait installer. À travers elles s’infiltraient les faibles rayons crépusculaires du Soleil qui projetait des ombres grandissantes sur les télescopes et autres instruments de mesure entreposés ici. Au loin, la mer rougeoyante, paisible et immuable, dévorait l’astre de feu dans une danse aussi majestueuse qu’inquiétante. Je tournai mon regard vers le côté nord, là où se découpait dans la pénombre la silhouette fantomatique d’un laboratoire flambant neuf. Une légère fumée blanche s’échappait des cheminées et se fondait parmi les quelques nuages accrochés au fin croissant de Lune qui se dessinait dans le ciel cramoisi. Assise derrière son bureau en bois de chêne, la présidente du club, Carly Catherine feuilletait distraitement les magazines de mode. La fille aux cheveux d’albâtre, également déléguée de notre classe, s’amusait de temps à autre à lancer des piques à son suppléant. Lui aussi membre du club d’astronomie, Nicolas Aimer, un garçon aux allures bourrues, mais de bonne volonté, se tenait à l’écart. Lorsque nous n’avions rien à faire, il aimait regarder les informations sur la télévision que nous avions « empruntée » au club audiovisuel. En tendant l’oreille, au-dessus des commentaires du présentateur de TF1, je pouvais entendre le doux son de la voix d’Asuna. Elle chantonnait paisiblement dans la salle de bain, installée dans la pièce adjacente pour nos longues nuits d’observation nocturne. Je me trouvais là, translucide, à contempler cette scène si banale de mon quotidien d’antan. Ce que j’avais sous les yeux était une journée typique dans notre club d’astronomie. J’aurais été bien incapable de dater avec précision le souvenir qui m’assaillait cette nuit-là. — Eh, Nico, ça ne te dirait pas d’organiser une montée sur Paris prochainement ? résonna la voix de Carly dans mon esprit. — Alors que nous avons contrôle, demain ? Vas-y, mais ne compte pas sur moi pour remplir deux copies. — Tu n’es pas drôle ! Et puis, je ne te vois pas beaucoup réviser, monsieur le délégué suppléant ! rétorqua la présidente en gonflant les joues. Au même moment, Asuna sortit de la salle de bain et une colonne de vapeur se déversa dans la pièce. Mon amie d’enfance, vêtue d’une simple robe de chambre et d’une serviette sur les cheveux, s’avança parmi nous, amusée. — Au moins, en passant la nuit à l’école, on ne risque pas d’être en retard, déclara-t-elle d’une voix claire. C’est une soirée parfaite pour observer les étoiles, je suis certaine qu’on réussira à dégoter quelque chose pour le journal du lycée, cette fois ! — Ça serait mieux si notre présidente adjointe était parmi nous, grommela Nico avec sa bonne humeur habituelle. Au même moment, un bruit de pas dans l’escalier se fit entendre, aussitôt suivi d’un grand « boum » et d’injures contre les pauvres marches un peu trop abruptes. La porte s’ouvrit avec fracas pour laisser rentrer une copie de moi-même, à bout de souffle, un sac de courses à la main. J’avais vraiment du mal à me reconnaitre. À l’époque, j’arborai un visage plutôt insouciant, presque niais en fin de compte. Malgré les cours, je n’avais aucun cerne sous les yeux et mes cheveux d’or luisaient encore à la lumière du jour. Lorsqu’elle me vit, Asuna se dirigea vers moi d’un air sévère. — Et bah, alors, tu en as mis du temps, je ne t’attendais même plus ! — Désolé, Asuna. Je pensais qu’un diner correct ne nous ferait pas de mal, m’excusai-je en me frottant la nuque. Le visage de la jeune fille se détendit aussitôt lorsque je lui tendis ce que j’avais acheté. En s’approchant, le regard de Carly s’illumina à son tour et elle commença à sautiller sur place comme une gamine. — Oh, oui, tu as pris tout ce qu’on aime, on va pouvoir faire un festin ce soir ! Mon double interpela Nico, qui ne s’était toujours pas exprimé depuis son arrivée. — Un peu qu’on va faire un festin ! J’ai même ramené de quoi faire un burger ! Le délégué suppléant ne demeura pas sourd à cet appel. Sans se faire attendre, il éteignit la télévision et vint se joindre au reste du groupe. — S’il y a des burgers, cela peut se négocier, lança-t-il en se saisissant du sac. Montez sur le toit et installez le matériel, je m’occupe du diner. — Tout de suite, chef ! s’exclama notre présidente. Mon cœur se serra alors que cette image, autrefois, si banale s’estompait peu à peu. Les visages souriants de mes amis disparurent, de même que les rayons du soleil et les baies vitrées. Des ruines prirent leur place. En une fraction de seconde, ce monde si joyeux et enfantin s’était transformé en enfer. Les vitres étaient brisées, le parquet noirci par les flammes, les instruments de mesure en miettes. La télévision n’était plus qu’un tas de boulons informe et les restes de carreaux sales laissaient passer des courants d’air glaciaux qui venaient faire voler quelques feuilles éparpillées sur le sol. Le seul rescapé de la catastrophe était le bureau de Carly, dernier vestige et témoin d’une époque révolue. Quand les terroristes s’étaient introduits dans le lycée, Nico et Carly nous avaient ordonné, à Asuna et moi, de nous cacher sur le toit, relié à la salle du club uniquement par une échelle en bois qui traversait le plafond. Malheureusement, les hommes avaient débarqué avant que nos deux amis n’aient pu nous rejoindre. Je plongeai mon regard vers le fond de la pièce, là où des morceaux de bois gisaient au milieu des décombres. Un sentiment de culpabilité me saisit à la gorge. Nico avait brisé l’échelle et camouflé la trappe après notre passage pour brouiller les pistes, faire croire à nos agresseurs qu’ils étaient seuls et qu’il n’y avait aucun moyen de s’enfuir. Et son plan avait marché. Depuis le toit, roulés en boule sous la bâche qui servait à protéger nos instruments d’astronomie, nous avions entendu les ennemis emporter les deux délégués avant de mettre le feu à l’endroit. Quelques jours plus tard, Amon était venu à notre secours et nous avait pris sous son aile. Nous avions appris à nous battre à ses côtés, à tuer pour survivre, à nous méfier du moindre craquement. Il avait fait de nous de véritables guerriers. Je clignai des yeux et le décor changea à nouveau. Les ruines et la désolation laissèrent place à un océan d’étoiles scintillantes au-dessus de nos têtes. Dans l’obscurité totale de la nuit, seul le doux son des vagues au loin résonnait jusqu’à mes oreilles, tandis qu’un vent chaud et sec soufflait sur la ville endormie. Asuna se trouvait à côté de moi, fixant la voute céleste de ses yeux bicolores et luisants dans la pénombre, comme deux lueurs d’espoir perdues dans mes souvenirs brumeux. — Tu penses que… tu penses que, parmi l’une de ces lumières se cache un monde dont nous ignorons tout ? déclara mon amie d’enfance d’une voix fantomatique qui résonna longuement dans la nuit. Machinalement, la jeune fille passa la main devant son œil émeraude et tendit son autre bras vers le ciel, la paume tournée vers les astres. — J’aimerais pouvoir le rencontrer… celui qui m’a un jour sauvée grâce à ses pouvoirs… Celui qui défie les lois humaines… Celui qui surpasse même la mort… Celui qui vient de cette Terre qui nous est inconnue. Même si elle ne me croyait pas la plupart du temps lorsque je lui disais qu’elle avait été secourue par une créature surnaturelle, parfois, la personnalité d’Asuna changeait du tout au tout. Dans ces moments-là, elle évoquait toujours cet événement qui envahissait ses pensées. Puis elle oubliait à nouveau, tel un rêve disparaissant avec les premières lueurs du jour. — Tu parles encore de ce dragon ? déclara un double de moi-même, nullement surpris. Quel était son nom déjà ? Il te l’a dit, non ? — Ladd. ** Un doux courant d’air chaud me tira de mon sommeil. Lorsque je revins à moi, mon visage était trempé par les larmes, comme à chacun de mes réveils, depuis la perte de notre vie d’antan. Toutefois, le temps de la fuite était révolu. Aujourd’hui commençait mon entrainement avec Violet Leblanc afin de renverser ces hommes qui nous avaient tout pris. Je me saisis mon pendentif et le serrai contre mon cœur. — Je tiendrai ma promesse, Asuna, murmurai-je. Quand tout sera terminé, nous rencontrerons Ladd, et nous le remercierons de t’avoir sauvée.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Lun 30 Déc - 18:07 | |
| Chapitre 13 : Investigations à la bibliothèque- Spoiler:
Le lendemain, après quelques courses pour refaire ma garde-robe, Violet accepta de nous déposer en ville avant notre entrainement. Elle nous laissa ensuite seuls pour rejoindre ses bureaux dans le quartier de Montparnasse. Même si la façade de Sainte-Geneviève était très sobre et dépouillée, un simple pavé rectangulaire sans aucun ornement, le vestibule se démarquait clairement des bibliothèques que je connaissais. Le sol, marbré, était décoré de motifs géométriques et d’imposantes colonnes carrées soutenaient le plafond. Sur les murs, je pouvais apercevoir des peintures de jardin derrière une longue allée de bustes de personnages célèbres. Tout au bout, un grand escalier de pierre menait au premier étage, salle de lecture, mais ce n’était pas ici que nous nous dirigions. En effet, sur les côtés, deux petites portes à peine visibles permettaient d’accéder aux archives, là où les documents précieux étaient entreposés. Angéla montra le passe-droit d’Ether à une employée qui nous ouvrit la partie interdite au public. Cependant, ce que nous cherchions ne se trouvait pas non plus dans la réserve, dans un local souterrain et mal éclairé, où tous les ouvrages à propos d’Izrath étaient conservés. Dès mon entrée dans la pièce, la poussière qui s’accumulait entre les pages des livres me fit tousser. L’endroit n’était pas immense, à peine une dizaine d’étagères, mais fouiller ces ouvrages un par un risquait de prendre du temps. Angéla se mit en tête de consulter la partie droite tandis que je m’occupais de la gauche. Ainsi, je commençai à éplucher ces manuscrits qui, pour certains, dataient de plusieurs siècles. L’un d’entre eux attira tout particulièrement mon attention. Il expliquait brièvement la source du Kvantiki qui était, selon ces lignes, le sang d’un Spiritual originel, Noun. Celui-ci, après avoir donné naissance à son monde, se serait endormi et constituerait le noyau actuel de la planète. Il aurait divisé son pouvoir entre de nombreux seigneurs chargés de gouverner ce nouveau monde, seigneurs qui possédaient, pour beaucoup, des noms de diverses mythologies. Pour moi qui avais toujours aimé les théories exotiques sur la formation de notre univers qui expliqueraient les phénomènes étranges, j’étais comblé. Fasciné, je me mis à parcourir les différents chapitres : la séparation d’Izrath entre le Grand Sanctuaire et le Sanctuaire Déchu, la naissance d’une créature nommée d’Armageddon, l’ascension d’Astaris sur le trône, la guerre des démons. Je m’attardai davantage sur cette dernière partie. Il s’agissait certainement de la moins fournie en informations, mais elle évoquait un combat qui avait déchiré Izrath, des millénaires auparavant. Selon ce livre, elle aurait opposé les armées du maitre du destin, Armageddon, et un groupe de rebelles connus sous le nom de « démons originels ». Je repris soudainement conscience du monde qui m’entourait. Ces histoires étaient bien intéressantes, mais elles ne m’aidaient en rien à communiquer avec ma famille ! Je grimaçai lorsque je vis que nous avions déjà passé deux heures dans cette réserve sans faire la moindre découverte. Violet n’allait pas tarder à revenir. Je me relevai, dépité d’avoir laissé filer un après-midi entier, puis partis en quête de retrouver Angéla au milieu de ces montagnes de livres. Après quelques minutes de recherches, je finis par distinguer sa chevelure blonde dans un coin de la bibliothèque, assise sur le sol, entourée de dizaines d’ouvrages qu’elle avait sortis. Avec un soupir, je me mis en tête de ranger tout ce bazar à sa place. Cependant, lorsque je lus le titre de l’un de ces manuscrits, j’eus un moment d’arrêt : Lithemba, la dimension du désespoir. Intrigué, je pris un second livre qui s’intitulait « la dimension prison ». Un troisième se nommait « Prisonnier du désespoir ». Et ainsi de suite pour tous les ouvrages que la jeune fille avait sortis. Il me fallut bien vingt bonnes minutes pour remettre à leur place toutes ces archives, vingt minutes pendant lesquelles Angéla n’avait pas levé le nez ni ne m’avait remarqué. Alors que je m’apprêtai à la tirer de ses pensées, la porte de la réserve s’ouvrit brutalement et laissa entrer Violet et Elwood, tous les deux affichant des mines contrariées et angoissées. La blonde poussa un cri de surprise et arrêta sa lecture. — Vi… Violet ? Ne me faites pas peur comme ça, j’ai failli avoir une crise cardiaque ! rouspéta-t-elle. — Désolée de vous interrompre dans vos recherches, les enfants, mais nous avons un problème, répondit la présidente Ether d’une voix grave. Hélios est repassé à l’action. Mon cœur rata un battement et Angéla fronça les sourcils à son tour en entendant cela. — Et où se trouve cette ordure ? demanda-t-elle en serrant le poing. — Au Louvre et apparemment, il n’y va pas de main morte. Tout le personnel a été pris en otage et les forces de l’ordre sont dépassées par des esprits… répondit Elwood en lisant un rapport de police sur son téléphone. — Et qu’est-ce qu’on attend alors ? Allons lui régler son compte ! s’exclama mon amie en frappant le siège avec colère. — Nous avons déjà envoyé quelques membres, mais même eux rencontrent des difficultés. Tu sais bien que May t’a confiée à moi, je n’ai pas le droit de vous exposer au danger inutilement. Votre entrainement attendra. Je suis simplement repassée pour vous dire de vous mettre à l’abri le temps que les choses se calment. S’il en a toujours après vous, mieux vaut ne pas vous balader dans la rue et attirer l’attention. Dans un moment pareil, mon instinct de survie me hurlait de ne surtout pas contredire la présidente de la fédération et de m’éloigner le plus possible de ce fou dangereux. Je portais encore les marques des blessures qu’il m’avait infligées deux jours plus tôt après tout. Cependant, c’était l’occasion ou jamais. Lui seul connaissait la vérité sur mes parents et sur les liens qui m’unissaient à Izrath. J’allais peut-être regretter ce que je m’apprêtais à faire, mais je ne pouvais pas rester dans l’incertitude plus longtemps. Je relevai donc la tête et m’adressai à Violet en prononçant un discours pseudo héroïque dans l’espoir de la convaincre. — C’est moi qu’il veut, je l’ai bien vu il y a deux jours. Je refuse que des innocents soient impliqués dans cette affaire si elle peut se régler par ma simple présence, déclarai-je en essayant de paraitre confiant. — Et moi aussi, j’aurais deux mots à lui dire à ce gus en armure ! renchérit Angéla. Je sais que vous êtes chargée de notre protection par May, mais je ne peux pas me permettre de laisser ce type agir à sa guise… Je ne veux pas que la même scène se reproduise deux fois… Devant nos airs déterminés et comprenant que nous ne céderions pas, Violet serra les dents et déclara à contrecœur : — Bon… Soit, nous n’avons pas le temps de tergiverser de toute façon, mais ne faites rien d’imprudent, les enfants. Au moindre pas de travers, je vous renverrai au château, vous m’avez bien entendue ? Nous acquiesçâmes comme une seule personne, puis nous remontâmes en vitesse dans la voiture. Elwood appuya sur l’accélérateur et nous filâmes à travers les rues de Paris en direction du plus grand musée du monde. Je voulais des réponses, et je comptais bien les obtenir, même si pour cela je devais faire face à un fou armé d’une puissance issue du fond des âges.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Lun 30 Déc - 19:19 | |
| Chapitre 14 : Attaque au Louvre- Spoiler:
Vingt minutes plus tard, nous étions arrivés au Louvre. Cette fois-ci, j’étais prêt à faire face, bien déterminé à le faire répondre à mes interrogations. Il m’avait peut-être attaqué par surprise et pris au dépourvu, mais, aujourd’hui, les rôles étaient inversés. Certes, je n’avais pas encore la maitrise de mes pouvoirs pour lutter à armes égales, mais j’avais dans ma poche l’une des principales armes de la fédération : le révolver Anti-Kvantiki. Selon Violet, même si les « balles » étaient inefficaces sur les humains et ne pouvaient pas tuer un Spiritual, elles étaient en mesure de diminuer considérablement leurs capacités. Le véhicule s’arrêta brutalement et je fus projeté en avant. Lorsque je relevai la tête, je vis trois monstres surgir juste devant nous, suivis de près par les hommes d’Hélio. Ils étaient facilement reconnaissables grâce à leur insigne infect qui hantait mes nuits depuis des mois. Mon sang ne fit qu’un tour dans mes veines. À la vue de ce logo, je ne pus contenir ma colère. Je sautai hors du véhicule, le révolver braqué sur les Spirituals ennemis. Il s’agissait de sortes d’insectes humanoïdes aux allures de cafard géant, armés de longs doigts crochus. Ils étaient vraiment laids à voir. Mais, comme leurs homologues, je comptais bien les écraser sans pitié. Les hommes n’eurent pas le temps de donner d’ordre que j’avais déjà vidé mon chargeur. Les balles leur passèrent au travers sans leur faire la moindre égratignure. Néanmoins, les Spirituals n’eurent pas cette chance et furent terrassés en un clin d’œil. Leurs carcasses fumantes s’évaporèrent dans une pluie d’étoiles noires. Alors que je m’apprêtai à tirer une seconde salve, Elwood me ramena à la réalité, le regard sévère. — Drago, je m’occupe de ces clowns à l’extérieur. Garde tes munitions pour plus tard. — Seul contre tous ? m’étranglai-je, me souvenant parfaitement du sort de mes camarades qui avaient voulu jouer aux héros dans mon monde. Pour toute réponse, le majordome sortit de sa poche une minuscule dague de fer qui rayonna d’une vive lueur argentée. Un instant plus tard, un imposant guerrier en armure blanche, armé d’une épée dans chaque main, se tint devant Elwood. Il chargea sans autre sommation les hideuses créatures qui affluaient à nouveau en masse, ce qui nous permit de nous éclipser. Nous laissâmes donc l’homme derrière nous à contrecœur. J’ignorais s’il pouvait combattre deux adversaires en même temps. Toutefois, Violet nous assura que nous n’avions aucun souci à nous faire, bien que son visage n’exprimât pas une aussi grande confiance en son majordome qu’elle voulait le laisser paraitre. — Les renforts ne vont pas tarder à arriver, dit-elle, davantage pour elle-même que pour nous. Tout ira bien pour lui. Je n’étais toujours pas complètement serein. Combien avaient péri en tentant de sauver des camarades face à ces terroristes ? J’espérais vraiment que, contrairement à eux, Elwood savait ce qu’il faisait. Lorsque nous atteignîmes la pyramide de verre, l’endroit était désert. Des voitures sans conducteurs étaient entassées sur la chaussée et des sacs éparpillés un peu partout, comme si les touristes avaient dû quitter les lieux dans la précipitation. Toujours personne pour garder l’entrée à l’intérieur. Quelque chose ne tournait pas rond. Angéla ne semblait pas vouloir attendre davantage pour s’assurer que nous étions bel et bien seuls. Elle descendit les escaliers roulants immobiles et nous la suivîmes. Une fois en bas, je regardai de tous les côtés, mais il n’y avait pas un chat, l’endroit était aussi désert que l’extérieur. Soudain, des bruits de pas retentirent. Immédiatement, nous nous cachâmes derrière un comptoir. Deux hommes masqués apparurent, l’air satisfait d’eux-mêmes à en juger par leur intonation. Ils ne semblaient pas nous avoir remarqués et continuèrent de parler : — Quelle plaie d’être de corvée à la surveillance ! Moi aussi j’aurais bien aimé voir la finalisation du grand projet d’Hélios, grogna le premier. — Nous le verrons bien assez tôt. Tout se déroule à merveille, personne n’est en mesure de nous arrêter, pas même ces bouffons de la fédération Ether, ricana le second. Ce n’est plus qu’une question de minutes avant que le monde ne plie devant nous. Sur ces mots, les deux hommes partirent en direction de la section sur l’Égypte. Nous restâmes cachés encore quelques secondes, puis Violet jeta un coup d’œil furtif par-dessus le comptoir pour s’assurer qu’il n’y avait plus personne et nous fit signe de sortir. Nous remarquâmes que, dans le couloir où ils avaient disparu, brillait une inquiétante lumière mauve dont les ombres dansaient sur les murs, tels des fantômes. Nous nous regardâmes, peu rassurés, autant à cause des paroles de ces hommes que de ces lueurs. — Tout cela ne présage rien de bon… marmonna Violet. Ne perdons pas de temps, à partir de maintenant chaque seconde compte ainsi que chacun de nos gestes. Faites donc le moins de bruit possible. — Compris, dis-je. — Ce n’est pas mon genre de me faire remarquer ! ajouta Angéla en se faisant justement trop remarquer à mon gout. Heureusement que nous étions seuls dans la pièce, car j’étais persuadé que la blonde nous aurait fait repérer en moins de quelques minutes. Nous partîmes donc à la suite des deux lascars et nous nous enfonçâmes dans la lumière mauve. Après avoir traversé un long couloir, où nous pûmes voir les restes de ce qui était autrefois le palais royal, nous nous attendions à tomber nez à nez avec Hélios. Toutefois, ce ne fut pas le roi fou qui nous fit face, mais un scientifique en blouse blanche, totalement encerclé par quatre hommes et leurs Spirituals, tous plus hideux les uns que les autres. On aurait dit des sortes de croisements entre des chauves-souris, des amphibiens et lézards. J’avais vraiment envie de vomir rien qu’en les regardant. — Professeur Ryoko ! s’exclama soudainement Violet. Immédiatement, l’attention se focalisa dans notre direction. La présidente fit un pas en arrière, consciente de sa propre bêtise tandis qu’Angéla écarquillait les yeux, interdite que celle qu’elle admirait ait pu commettre une erreur aussi grossière. — Ce… ce n’était peut-être pas le moment de crier… hasarda la jeune fille en serrant les dents. — Qui va là ? s’écria l’un des quatre. Les hommes d’Hélios semblaient furieux, mais eurent un mouvement de recul lorsqu’ils me virent, moi qui avais échappé à leur maitre et qui revenais de moi-même me jeter dans la gueule du loup. — Violet, commença le scientifique sans se laisser déconcerter. Ne reste pas là et file dans la salle du livre des morts ! Il faut que tu arrêtes Hélios à tout prix ! — Et… et vous, professeur ? bégaya-t-elle. — Ce n’est pas parce que je n’ai plus ton âge que je ne sais plus me battre. On se retrouve à la sortie, j’ai réussi à obtenir des informations qui vont te plaire, je crois. L’homme lança un large sourire à Violet tandis que les monstres se jetèrent sur lui. Mais contre toute attente, je vis ses yeux briller d’un éclat bleuté avant que le dénommé Ryoko n’esquive les attaques avec une agilité surhumaine. C’était d’autant plus impressionnant en considérant ses cheveux grisonnants et ses rides nettement visibles, témoins de son âge avancé. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, mais il avait l’air en mesure de se défendre seul. Nous suivîmes donc ses instructions sans broncher. Plus je me rapprochais de la source lumineuse, plus je sentais son effet destructeur. Angéla ne semblait pas plus rassurée que moi. Toutefois, elle continuait à avancer vaillamment, sans hésiter. Je ne savais pas ce qui la motivait réellement, mais elle devait avoir une sacrée dent contre ce type et être aveuglée par la colère ou par un quelconque sentiment négatif pour foncer vers le danger. Après avoir passé trois ou quatre portes, je vis enfin celui que nous étions venus affronter : Hélios. Le roi fou se tenait debout devant un morceau de papyrus qui devait être le livre des morts selon moi et qui était la source de la lumière maléfique. C’est alors que le parchemin se mit à briller d’une lueur sombre. La relique rétrécit jusqu’à avoir la forme d’un bracelet qui, tel un serpent, s’enroulait sur lui-même. Un sourire mauvais passa sur les lèvres du souverain en contemplant sa nouvelle possession. Hélios leva alors la tête et nous vit : — Encore vous ? dit-il en se grattant la barbe d’un air confus. Vous me faussez compagnie à Montmartre et vous venez vous faire tuer de votre propre volonté ? Moi qui pensais que vous teniez à la vie… J’ai bien du mal à comprendre les gens de cette époque… Je déglutis, puis braquai mon arme sur l’homme dans une tentative vaine pour l’intimider. Jusque-là, je croyais pouvoir lui faire face sans trembler, mais les images de mes combats dans mon monde, ainsi que ma défaite cuisante, me revinrent en mémoire comme une épine plantée profondément dans ma chair. Toutefois, mon désir de vérité était bien plus fort que ma peur. Le roi fronça les sourcils, perplexe devant ma détermination. — Hélios, je…, commençai-je avant de me faire interrompre. — Espèce d’enflure ! s’exclama Angéla en serrant le poing. Vous avez de la chance que j’aie été dans l’incapacité de me battre pleinement les deux dernières fois, mais, aujourd’hui, vous allez payer pour ce que vous avez fait à Ambre et Maya ! Sans aucune autre sommation, la jeune fille se jeta sur lui. Son bracelet s’était illuminé et elle décocha un vif rayon de lumière vers l’homme qui ne bougea pas d’un poil. Pire, il se contenta de fermer les yeux et croiser les bras sur son torse. Lorsque l’attaque le toucha, elle ne sembla même pas lui faire le moindre dégât tandis qu’Angéla jura, toujours hors d’elle. — Pendant un moment, j’ai cru que tu serais une menace pour mes plans, ma très chère Angéla. Mais maintenant que j’ai vu de quoi tu étais capable, tu ne m’intéresses plus, déclara Hélios très calmement, d’une voix teintée d’ironie. — Comment ?! Je me fiche bien de ce que vous pensez ! Je vais vous obliger à m’affronter et je vous vaincrai pour ce que vous leur avez fait… Pour ce que vous nous avez fait avec votre sous-fifre et ce cinglé aux singes ! — Tu me fais bien rire. Cependant, j’ai toujours un compte à régler avec toi, Drago. Tu ne m’échapperas pas cette fois-ci. Je jurai intérieurement. Dans sa précipitation, Angéla avait réduit à néant toutes nos chances d’entamer le dialogue. Néanmoins, ce n’était pas une raison pour renoncer sans même avoir essayé. Je n’étais pas venu ici pour me battre en premier lieu, mais pour obtenir des réponses. Je ne comptais pas laisser ce type me filer entre les doigts aussi facilement. — Hélios, vous me devez des explications ! déclarai-je d’une voix se faussement assurée. Que me voulez-vous à la fin ? Puisque vous allez me tuer… Vous pouvez bien m’expliquer pourquoi tout de même, non ? L’homme lâcha un long soupir avant de plonger son regard dans le mien. Je remarquai alors un détail qui jusque-là ne m’avait pas frappé. Sa pupille gauche était légèrement allongée, à la façon de celle d’un chat ou d’un reptile. Était-ce normal dans ce monde, comme un effet secondaire de la connexion avec les Spirituals ? Je n’en avais pas l’impression. Cela venait de quelque chose d’autre… mais quoi ? — Si vous ne vous étiez pas enfuis, les choses auraient été beaucoup plus simples… — Pas… enfuis ? répétai-je, perdu. — Je n’ai pas le temps de m’occuper de ton éducation, mon garçon. Si Solaris ne l’a pas fait, je n’ai aucune raison de le faire non plus. Alors, sois gentil… et disparais de ma vue ! Le roi ouvrit la paume et des flammes blanches en surgirent pour déferler vers moi comme un véritable tsunami. Cependant, Violet, qui semblait avoir anticipé cette action, s’interposa. Elle réussit à repousser le torrent de feu d’un simple revers de la main. À ce moment, je remarquai que la bague qu’elle portait au doigt luisait d’une intense lumière. Ses yeux brillèrent à leur tour du même éclat tandis que ses cheveux se mirent à virevolter dans son dos alors qu’un vent violent s’était levé dans la salle. — Désolée, Hélios, mais ces enfants sont sous ma responsabilité donc vous devrez me passer sur le corps si vous voulez les atteindre ! tonna la femme d’une voix forte et autoritaire. — Et à qui ai-je l’honneur exactement ? — Je suis Violet Leblanc, présidente et fondatrice de la fédération Éther et également la personne qui mettra un terme à vos agissements ! Le roi grimaça légèrement lorsqu’elle se présenta, mais ne se laissa pas impressionner pour autant. Il tira une seconde rafale de flammes dans sa direction. Cette fois-ci, Violet les attrapa dans sa main, puis les renvoya à l’envoyeur comme une simple balle de tennis. Ce dernier les dissipa aisément d’un claquement de doigts, mais je vis que cette résistance avait réussi à l’agacer. — La fondation Ether, tu dis ? reprit-il d’une voix toujours aussi calme bien que son visage trahissait son énervement. Comme si je n’avais déjà pas assez de problèmes avec Shadow, je n’ai vraiment pas besoin que d’autres parasites viennent se mêler de ce qui ne les regarde pas. — Hélios. Ce que vous faites actuellement est contraire aux traités signés par les nations concernant l’utilisation de Spirituals. C’est pourquoi si vous refusez de coopérer et de vous rendre, je serai obligée d’utiliser la manière forte ! — Essayez donc de me faire plier pour voir, s’amusa le roi, soudain intéressé. — Vous l’aurez voulu ! Brûle tout sur ton passage, Kitshono ! Comme réagissant à l’appel de la femme, la bague qu’elle portait au doigt s’enflamma. Un torrent de feu bleuté s’en échappa. Très vite, les flammes s’assemblèrent de façon ordonnée pour former une silhouette d’un animal majestueux. Le brasier se dissipa pour me laisser constater qu’un renard de couleur bleue glacée venait d’apparaitre sous nos yeux. La bête devait mesurer la taille d’un cheval. Sur ses pattes et sa queue brûlaient des flammes de glace. Elle poussa un long hurlement à la façon d’un loup avant de montrer les crocs, prêts à se jeter sur Hélios au moindre ordre de Violet. Angéla était bouche bée devant cette créature, à la fois fascinée et impressionnée. Hélios ne s’attendait visiblement pas non plus à ce spectacle et pencha la tête sur le côté. — Je dois admettre que je suis un peu surpris. D’après ce que j’ai pu voir, peu de monde dans cette époque est capable de matérialiser un Spiritual sous sa forme physique, déclara l’homme. — Vous nous sous-estimez, je pense, rétorqua Violet d’un ton tranchant. — Vraiment ? Dans ce cas, montre-moi ce que tu sais faire, Violet Leblanc.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Lun 30 Déc - 23:24 | |
| Chapitre 15 : Darksky- Spoiler:
La femme n’attendit pas une autre invitation et ordonna à son Spiritual d’attaquer. Dans un grognement furieux, le renard de feu bondit vers Hélios. L’homme ne bougea toujours pas. Je le crus d’abord inconscient, mais, au dernier instant, il leva le bras pour faire signe à l’un de ses sous-fifres qui s’interposa. Il arrêta à mains nues l’attaque du monstre sans même sourciller. — Je vous présente Darksky, l’une de mes meilleures recrues. C’est lui qui va se battre contre vous aujourd’hui. Je n’ai pas la force ni la motivation de le faire. La personne désignée était un garçon qui devait avoir à peu près mon âge, aux cheveux de jais en épis sur le côté droit de sa tête et qui tombaient sur ses yeux tout aussi sombres. Il n’était pas spécialement grand ni musclé et portait un étrange pendentif en forme de plume autour du cou. Il n’avait pas du tout le profil d’un homme de main. Au contraire, son visage, encore légèrement arrondi, lui donnait un air enfantin malgré l’expression dure et dénuée d’émotion qui se reflétait dans ses pupilles. Même ses habits étaient très classiques, composés uniquement d’une veste bleu nuit, d’une chemise anthracite et un pantalon beige. J’avais beau le regarder sous tous les angles, il n’était qu’un simple lycéen, tout comme Angéla et moi. — Heureusement que quelqu’un est là pour surveiller vos arrières…, grommela le garçon. D’un coup de poing, il repoussa le renard de feu. Mais, contrairement au Spiritual qui ne semblait avoir pris aucun dégât, le sous-fifre d’Hélios avait utilisé beaucoup d’énergie pour contenir l’attaque. Cela se lisait sur son visage. Malgré cela, il se jeta sur l’animal, son bras transformé en une sorte de serre de rapace. Il sauta sur le dos du renard pour tenter d’y planter ses griffes. Au même moment, Violet claqua des doigts. Le pelage de la bête, tel un immense brasier, s’enflamma d’un magnifique feu azur. Le dénommé Darksky recula vivement avec des jurons. Il avait manqué de peu de se faire carboniser le bras. Je compris alors la différence de puissance dont parlait Angéla. Même si ce garçon avait l’air bien plus fort qu’un humain normal, il ne semblait pas en mesure de rivaliser avec un Spiritual sous sa forme physique. Hélios le savait également. C’est pourquoi, à ce moment-là, son visage, si calme et détendu, se crispa. Ses yeux s’assombrirent et se mirent à rougeoyer comme des rubis tandis qu’un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. — Vous me faites perdre mon temps, j’ai vu de quoi vous étiez capables, tous autant que vous êtes, s’exclama-t-il en décroisant finalement les bras, le regard chargé en reproches envers son sous-fifre. — Puisque vous êtes si malin, allez-y, je vous laisse, grogna Darksky, n’appréciant visiblement pas l’attitude de son maitre. Le roi ouvrit à nouveau la paume de sa main et une sphère lumineuse apparut à l’intérieur. Tout d’abord, je crus qu’il allait viser le renard de feu, ce à quoi Violet s’attendait aussi. Elle ordonna à sa créature d’ériger un mur de flammes tout autour d’elle. Mais, au dernier instant, Hélios dévia son attaque pour tirer un laser de lumière dans ma direction. Dans un geste désespéré, j’appuyai sur la détente du révolver. La balle se fit happer par la déferlante avant d’être réduite en cendres. Toutefois, je ne subis pas le même sort funeste. En effet, le rayon mortel arrêté net dans sa course par cette forme brumeuse qui m’avait déjà protégé lors de mon entraînement. Le roi fronça les sourcils. Il ne s’attendait visiblement pas à une intervention extérieure. La brume quant à elle, en la personne de ma sœur, s’adressa pour la première fois à moi. Sa voix me confirma ce que je pensais. — Sérieusement, tu as le don pour te mettre dans le pétrin, Drago, grommela-t-elle. — Théa ! Est-ce que c’est vraiment toi ? — Plus tard les explications. Pour l’heure, prends ceci et sers-t’en pour survivre au moins cinq minutes. Le corps de ma sœur disparut pour se transformer en une épée à la lame bicolore, blanche comme la neige d’un côté et noire comme la nuit de l’autre. Le pommeau ressemblait à une paire d’ailes aux couleurs inverses de la lame. Dessus était gravé un signe : une fleur de lys dorée. À la vue de cette lame, Hélios, pour la première fois, prit un air réellement contrarié. Il projeta un nouveau rayon dans ma direction avant que je n’aie pu me servir de mon arme. Angéla, vive comme l’éclair, me protégea d’un bouclier de lumière, ce qui rendit l’homme encore plus fou de rage qu’il ne l’était déjà. Derrière notre ennemi, une aura sombre s’éleva et prit peu à peu forme. Une ombre imposante se détacha du corps d’Hélios puis deux yeux rouges comme le sang scintillèrent dans la pénombre. Je reculai d’un pas, troublé. Ce n’était pas simplement le dragon d’Atoum. C’était quelque chose d’autre…, mais quoi ? La chose se dissipa aussi vite qu’elle était apparue et fit place au vrai Spiritual du roi, ce grand dragon doré, brillant comme le soleil. Je contins le flot d’émotions qui m’envahissait et resserrai la prise sur mon épée. Lorsque la créature fantastique cracha une rafale de flammes, ma lame s’illumina, puis dévia le torrent ardent. Je fus repoussé de quelques centimètres sous la force de l’impact, mais je tins bon, devant les regards abasourdis de mes alliés et de nos ennemis. — Darksky, occupe-toi de ces misérables ! le somma Hélios qui perdait le peu de sang-froid qu’il lui restait. — Désolé, maitre, je ne veux pas gaspiller davantage de votre temps, je vous laisse vous en occuper, répondit le garçon en détournant le regard. Tandis que l’homme en armure fulminait de rage, il ne remarqua pas que Violet avait profité de ce temps mort pour ordonner à Kitshono de riposter. Le renard géant s’était jeté sur Hélios, toutes griffes dehors. — Finissons-en ! s’écria-t-elle. Un déluge de flammes bleues s’échappa de la gueule de l’animal. Juste avant le choc, je crus discerner l’ombre sinistre derrière notre ennemi. Elle s’interposa pour repousser l’attaque sur Darksky, qui ne vit rien venir. Le pauvre garçon, impuissant, hurla de douleur au moment de l’impact. L’explosion le projeta violemment contre le mur et fit trembler les fondations. Le sous-fifre grimaça, puis tenta de se relever avant de retomber aussitôt. — Merci, je te revaudrai ça, mon cher. Nous n’avons plus rien à faire ici, reprit Hélios dont les yeux avaient retrouvé leur couleur d’origine. Il est temps de partir. Drago, Angela, au plaisir de ne pas vous revoir ! — Hélios, attendez une minute, vous aviez promis ! s’écria Darksky, furieux. Le roi se retourna quelques instants, regarda son sous-fifre à terre, puis se détourna et sauta dans le portail qu’il venait d’ouvrir sans ajouter un mot. J’ignorai le danger et me précipitai à sa poursuite, toujours aussi déterminé à découvrir la vérité. Malheureusement, le temps que je l’atteigne, le tunnel s’était déjà refermé. Frustré, je donnai un violent coup dans le mur en jurant.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mar 31 Déc - 0:28 | |
| Chapitre 16 : Un allié inattendu- Spoiler:
Juste après le départ d’Hélios, Darksky perdit connaissance. Alors que Violet lui prodiguait déjà les premiers secours, Elwood pénétra dans la pièce quelques secondes plus tard, suivi du fameux professeur Ryoko Seiu. — Elwood, retour au château au plus vite. Nous avons un prisonnier à soigner et à interroger, déclara aussitôt la présidente. Le majordome prit le garçon dans ses bras et s’exécuta sans perdre un instant. Nous sortîmes de la section des pharaons et vîmes devant la grande pyramide du Louvre toute une série de véhicules de police, ainsi que de nombreux agents d’Ether. Ils avaient apparemment réussi à arrêter d’autres sous-fifres d’Hélios et leur passaient déjà les menottes. Nous embarquâmes Darksky, toujours inconscient, dans la voiture en piteux état, mais qui roulait encore par je ne sais quel miracle. Nous rentrâmes sans Elwood, qui fut assailli par les médias et obligé de répondre à leurs interviews pour permettre à la présidente de s’éclipser en toute discrétion. Nous parlâmes peu sur le chemin. Nous étions tous épuisés par ce combat et, si j’avais engagé la conversation avec Angéla, j’aurais eu bien trop de questions à lui poser. De toute façon, j’étais beaucoup trop préoccupé par ces apparitions de Théa pour discuter d’autre chose. Non seulement cette aventure avait bien failli me coûter la vie, mais en plus je repartais avec davantage d’interrogations que je n’en avais au départ. La bataille avait beau être terminée depuis longtemps, mon cœur battait encore la chamade et l’adrénaline n’était pas entièrement retombée. J’espérais simplement que notre otage eût des informations utiles me concernant. Au moins, je n’aurais pas risqué ma vie stupidement pour rien. À notre arrivée, la première chose que nous fîmes fut d’envoyer Darksky dans la salle de soins, le fameux professeur Ryoko veillant sur lui aux côtés de Violet. Là, Angéla et moi nous retrouvâmes seuls dans le salon. La jeune fille s’affala immédiatement sur l’un des fauteuils en poussant un long soupir. — Encore raté… se lamenta-t-elle. Ce type m’échappe à chaque fois… — J’imagine qu’on aura l’occasion de le revoir malheureusement. — Oui, et la prochaine fois je lui ferai la peau à ce malade ! Il va regretter d’avoir… Mon amie s’arrêta net dans sa phrase avant de se tourner vers moi et de détourner la conversation. — Et sérieusement, c’était quoi cette épée, Drago ? me demanda-t-elle impressionnée. Tu sais que créer des objets physiques est encore plus dur que matérialiser des Spirituals ?! — V... vraiment ? bégayai-je, trop surpris pour répondre. — Mais oui ! Je suis certaine que même Violet n’est pas capable de faire ça ! Allez, dis-moi, c’est quoi ton secret ! Tu viens directement d’Izrath, c’est ça, hein ? Mieux tu es Spiritual toi-même et tu as une mission secrète dans ce monde ? J’ai raison ?! Je grimaçai, gêné. Angéla tirait vraiment des conclusions trop hâtives et totalement farfelues. J’avais l’impression que, moins ses théories étaient crédibles, plus elle y croyait. Heureusement, Violet vint me sauver de cette mauvaise passe. Dans la salle de soins, Darksky était allongé sur le lit et solidement ligoté. Il reprenait peu à peu ses esprits. — Doucement, lui dit la présidente, tu es encore très faible. — Où... Où suis-je ? — Tu es en sécurité. Les yeux du garçon s’agrandirent immédiatement. Il tenta de se relever, mais fut aussitôt retenu par les liens. — Hélios ? Où est-il ? Dites-le-moi ! Je n’en ai pas fini avec lui ! s’écria-t-il en se débattant comme une furie. — Ton maitre t’a lâchement abandonné, railla Angéla. L’ancien sous-fifre cessa de bouger. Son regard se voila tandis qu’un sourire triste fendit sa figure. — Alors elle avait raison… Je ne suis qu’un idiot de ne pas l’avoir écoutée… murmura notre prisonnier. Hélios… vous aviez promis… vous aviez… promis…, répéta-t-il à voix basse. Face au malaise de tout le monde, je tentai de reprendre le dialogue. — Mais au fait, nous ne nous sommes toujours pas présentés : je m’appelle Drago Mio et voici Angela Hopper, Violet Leblanc et… — Ryoko Seiu, termina le professeur. Nous avons de nombreuses questions à te poser. — Mon nom est Michael, Michael Duroy, mais on m’appelle Darksky. — Drôle de surnom…, s’amusa la blonde que je fis taire d’un coup de coude dans les côtes. — Vous allez me laisser partir maintenant ? J’ai des comptes à régler avec cette ordure de roi de pacotille ! — Comme nous tous ! — Ce qu’Angéla essaie de te dire, c’est qu’il faudrait que tu nous expliques pourquoi tu sers Hélios et quel sont ses plans, l’interrompit le professeur avant qu’il ne s’énerve. — Je vous révélerai tout ce que vous voudrez savoir tant que vous me laissez aller lui exprimer ce que je pense de lui ! — Dans ce cas, commence par nous parler de toi. Que faisais-tu à ses côtés ? — Je vous l’ai dit, je m’appelle Michael. Je faisais partie des « soldats » d’Hélios, enfin je l’étais… Il m’avait promis… Quelque chose en échange de mon aide. — Il t’a pourtant abandonné lâchement après sa défaite, fit remarquer Violet. — Oui, mais quand je l’ai rencontré, il m’a affirmé qu’il détenait une information dont j’avais besoin… et je l’ai cru... Comme un idiot… je l’ai cru. — Darksky, je suis désolé, mais Hélios t’a menti, continua Ryoko d’une voix plus tendre. — Merci… je pouvais m’en rendre compte seul, je pense… — Et qu’étiez-vous venus chercher au Louvre ? — Je ne suis qu’un sous-fifre, on ne me disait pas grand-chose, j’ai simplement assisté à la réunion comme tout le monde. Cependant, je sais que nous devions retrouver le livre des morts pour libérer quelque chose. — Cette chose, c’était l’artéfact que nous avons vu, Drago, Violet et moi ? Darksky se mordit la lèvre et croisa les doigts, tremblant. — Je… ce n’est qu’une déduction qu’une amie a faite… Mais nous pensons qu’Hélios essaie de récolter des artéfacts légendaires, divins comme les anciens les appelaient. — Des artéfacts… divins ? répétai-je, confus. — Oui, me répondit gravement Angéla. Peu de gens sont au courant, mais certains historiens affirment que les divinités des religions disparues telles que dans le panthéon grec ou la mythologie égyptienne, n’étaient autres que des Spirituals incroyablement puissants. Athéna, avec qui je possède un lien, fait peut-être même partie de ceux-là selon le père d’une amie. — Et Hélios vient de mettre la main sur l’un d’eux n’est-ce pas ? demanda Ryoko, le teint blême. — En effet, et pas sur le plus inoffensif. Il s’agissait là du dieu du chaos, Apophis, le serpent divin. Apophis. Ce nom éveillait quelque chose en moi. Je n’étais pas le seul à avoir l’air mal à l’aise après avoir entendu cela. Même Violet semblait nerveuse. Toutefois, il n’y avait pas qu’Apophis, il y avait aussi cette présence que j’avais ressentie pendant le combat. Qu’était-ce ? Elle ne dégageait pas la simple aura de Spirituals comme Kitshono ou Atoum, et pas non plus celle d’Apophis, c’était… autre chose, plus puissant, plus sombre et plus destructeur. — Pour l’instant, reprit Darksky, le dieu maléfique n’est pas encore totalement réveillé. Cependant, si Hélios met la main sur d’autres dieux, le monde plongera dans le chaos. — Et tu l’as suivi en sachant tout ça ? s’écria mon amie qui paraissait prête à le frapper. — Je n’avais pas le choix…, se lamenta le garçon. Les paroles de Darksky me firent tressaillir. Ce monde était ma seule chance de sauver le mien. Sans l’aide de Violet, Amon, Nico, Carly, et toutes les personnes que je connaissais étaient condamnés. De plus, sans transporteur dimensionnel, j’étais prisonnier de cette dimension. Avec Asuna, nous avions une mission. Il était hors de question d’échouer et de mourir après tout ce chemin parcouru, surtout sans savoir ce que Théa désirait en m’apparaissant de la sorte. — Darksky, tu n’as pas l’air d’apprécier Hélios plus que nous et tes objectifs semblent coïncider avec les nôtres. Que dirais-tu de te joindre à nous ? déclara soudain Violet. — Me joindre à vous ? — Oui, tu es un combattant puissant. Tu n’as pas besoin de rester sous les ordres de quelqu’un comme Hélios et nous cherchons désormais tous à le vaincre. Alors ? — Et vous m’aideriez à faire ce qu’Hélios n’a pas fait ? — Bien sûr, nous ferons notre possible pour te venir en aide, lui dit Ryoko. Comme nous l’avons toujours fait depuis la création d’Ether. — Dans ce cas, j’accepte. Violet, confiante, détacha les liens qui emprisonnait notre nouveau compagnon qui serra la main que le professeur lui tendait. Tandis que cette alliance inattendue prenait forme, j’avais pris ma décision. Je ne pouvais pas laisser ce monde se faire détruire sans réagir. Déjà parce qu’Asuna ne me l’aurait jamais pardonné après les horreurs que nous avions vécues, mais aussi, car j’avais désormais une dette envers Violet, Angéla et la fédération Ether. J’allais m’entraîner jour et nuit pour maitriser le pouvoir contenu dans ma pierre s’il le fallait, mais j’allais obtenir des réponses et annihiler la menace que représentait ce tyran fou, pour pouvoir rentrer chez moi et accomplir ma mission. J’en faisais le serment.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mar 31 Déc - 19:51 | |
| Chapitre 17 : Osiris- Spoiler:
La bibliothèque du château était une réelle mine d’or. Du sol au plafond, des étagères de livres se succédaient sur une surface plus grande que ma propre maison. Contrairement au reste de la demeure, cette pièce était très sobrement décorée et n’était éclairée que par de petites fenêtres, dont les vitres étaient teintées pour protéger les ouvrages de la lumière du soleil. Je me demandais bien qui avait pu accumuler autant de manuscrits, et surtout, s’ils avaient tous été ouverts au moins une fois, ou bien s’ils prenaient la poussière depuis qu’ils étaient ici. Depuis l’attaque du Louvre, une semaine plus tôt, j’y passai le plus clair de mon temps. Violet avait eu l’amabilité de m’autoriser à fouiller dans ses archives poussiéreuses, et je ne m’en privai pas. Je cherchai à la fois des informations sur Hélios, mais aussi sur le voyage dimensionnel. Même si je m’entrainais pendant de longues heures avec Angéla et la présidente chaque après-midi, je n’avais pas renoncé à trouver un moyen de sauver mon monde par mes propres moyens. Cependant, j’avais l’esprit préoccupé. Depuis notre affrontement avec le roi maléfique, Théa ne s’était plus manifestée. Je craignais qu’il lui soit arrivé malheur, mais je ne pouvais rien faire de plus que continuer mes recherches. Violet et son ancien mentor, le professeur Ryoko, de leur côté, avaient mobilisé toutes les forces d’Ether à travers le globe pour retrouver les artéfacts divins avant Hélios. Darksky l’aidait dans ses investigations grâce aux informations que le roi lui avait certainement fournies avant sa trahison. Le garçon n’était pas bien bavard au quotidien. Il semblait tourmenté en permanence. Même Angéla avait du mal à briser les barrières mentales de notre nouvel allié.
Ce jour-là, j’étais tant absorbé par mes recherches que je n’entendis même pas les pas à côté de moi et continuai simplement mes lectures, perdu dans mes pensées. — Drago, j’ai une super nouvelle pour toi ! Je tombai du tabouret sur lequel j’étais assis, frôlant de peu la crise cardiaque. Je jetai un regard noir à Angéla qui me dévisageait, un grand sourire niais illuminant son visage. Je m’apprêtai déjà à la traiter de tous les noms lorsque je vis qu’elle était suivie de Violet, Elwood et Ryoko. Notre hôtesse tenait dans ses bras un petit coffret scellé par un sceau en forme de griffe. — Il y a un problème ? maugréai-je en me frottant la tête, endolorie à cause de ma chute. — Non, aucun problème, juste des bonnes nouvelles, s’enjailla la présidente. Vois-tu, ma fille, en mission en Égypte, m’a ramené quelque chose de plutôt intéressant, directement du Caire ! La propriétaire du château posa le coffre sur l’une des étagères et brisa le sceau de la fédération pour l’ouvrir. Elle en sortit un minuscule objet qui ressemblait à s’y méprendre à un bâton de berger miniature, accroché à bout d’un morceau de ficelle dorée. — Voici un sceptre Héqa. Cette relique très ancienne était conservée dans un musée, tout comme le livre des morts. C’est pourquoi nous avons toutes les raisons de penser que, comme lui, cet artéfact pourrait renfermer un Spiritual divin, reprit Elwood très calmement. — Vous… pensez ? répétai-je, étonné. Personne n’a essayé d’établir un contact avec lui ? — Ce n’est pas aussi simple que cela, déclara alors Angéla. Autant pour la plupart des Spirituals, les contrats peuvent s’effectuer automatiquement et sans grande difficulté, autant pour les reliques anciennes… — Elles ne peuvent réagir que si elles reconnaissent un propriétaire digne de contrôler leurs pouvoirs, termina Ryoko d’un air contrarié. Nous avons tous essayé, mais il n’y a rien à faire. Même nos propres Spirituals n’arrivent pas à établir un contact. — Peut-être qu’il s’agit juste d’un bijou comme un autre dans ce cas, hasardai-je. Devant les regards insistants de tout le monde, je soupirai et baissai les armes, vaincu. — Bon, j’ai compris. Hélios m’attaque sans raison donc je suis forcément spécial, c’est ça ? Donnez-moi ça, que je vous prouve qu’il n’en est ri… Je n’eus même pas le temps de terminer ma phrase que l’artéfact se mit à scintiller d’une vive lueur vert émeraude. Tout autour de moi commença alors à vaciller, puis je perdis connaissance. Lorsque je rouvris les yeux, mon cœur rata un battement. En face de moi, un immense dragon d’ébène et de jade me dévisageait. Il portait sur son torse une armure colorée, semblable aux parures montrées sur les fresques égyptiennes tandis que sur son crâne luisait une sphère pourpre maintenue entre ses deux cornes. Comme par réflexe, ma main s’approcha de la créature écailleuse, mais je m’arrêtai net à quelques centimètres de son museau, abasourdi. Aux côtés du dragon, trois formes translucides se tenaient, formes que je reconnus immédiatement. Je voulus crier, hurler ou même bouger ne serait-ce que le petit doigt, mais j’étais comme paralysé. En face de moi se trouvaient mes parents, ainsi que Théa, tous trois vêtus de magnifiques tuniques dorées semblables à celles portées par les anciens Égyptiens. Les quatre corps se changèrent alors en sphères lumineuses qui vinrent tourner tout autour de moi avant de m’envelopper de leur lumière chaude et apaisante. Immédiatement, mes peurs et mes angoisses disparurent pour ne laisser en moi qu’une infinie quiétude et un seul nom résonna dans mon esprit : Osiris. Ma vision se brouilla à nouveau, comme happé par un profond sommeil. Lorsque je revins à moi, je me trouvais dans la bibliothèque du château, au moment même où je l’avais quittée. Tout était identique, à l’exception d’un détail : sur le dos de ma main était dessinée une marque dorée, la moitié d’une Ankh Égyptienne. À côté de moi, Angéla écarquillait les yeux de surprise tandis que le professeur regardait ce symbole avec appréhension. — C’est bien la première fois que je vois une relique réagir de la sorte… marmonna ce dernier. — Effectivement, mais, au moins, nous comprenons un peu mieux pourquoi Hélios veut tant s’en prendre à Drago, continua Violet, tout aussi perplexe. — V... Vraiment ? balbutiai-je, encore choqué par ma vision. — Tu n’as jamais fait attention à ce détail ? s’étonna la femme. Hélios possède également cette marque sur la main. Je faillis m’étrangler avec ma propre salive en entendant cela. J’avais été si préoccupé à sauver ma peau et à trouver des réponses que je n’avais pas accordé une grande importance à l’apparence physique du souverain. Alors que tous étaient en train de spéculer sur l’origine réelle de ce symbole, Darksky entra avec fracas dans la pièce. Il avait l’air d’avoir suivi toute notre conversation. — Il s’agit de la marque du pharaon. Cela jeta un froid et tout le monde se tut pour le laisser continuer. Le garçon lâcha un long soupir et se prit la tête dans les bras. — Il faut vraiment tout vous expliquer, grommela-t-il. Si Hélios possède également cette marque, c’est parce qu’il n’a jamais été un pharaon légitime. Le trône qu’il occupait ne lui était que prêté par le véritable pharaon en place… Je déglutis et me mis à revoir mes parents, ainsi que ma sœur dans ma vision. Une pensée aussi folle qu’incohérente me traversa l’esprit. Mais quelque chose au fond de moi me disait que je détenais la vérité. Après tout, depuis mon arrivée ici, plus une chose était insensée, plus elle était probable. Et ce, je l’avais appris à mes dépens. Je pris mon courage à deux mains et posai cette question qui me brûlait les lèvres. — Dis-moi… Saurais-tu...Connaitrais-tu le nom de son prédécesseur ? lui demandai-je d’une voix tremblante. — Solaris. Hélios est monté sur le trône à la place de son héritière, Isis. Évidemment, cela n’évoqua rien à personne dans cette pièce. Mais moi, je dus retenir des spasmes qui parcouraient mon corps tout entier. Ce nom était celui que le roi utilisait pour parler de mon père. Jusque-là, je pensais qu’il faisait erreur et me confondait avec quelqu’un d’autre, mais réalisai qu’il n’en était rien. Ma pierre bicolore, les attaques d’Hélios, le sceptre Héqa, et maintenant ça… J’avais beau essayer de me convaincre, je devais me rendre à l’évidence. Je n’étais pas celui que je croyais être.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 1 Jan - 0:10 | |
| Chapitre 18 : Une autre menace- Spoiler:
Je restai silencieux pendant tout le reste de la conversation durant laquelle tout le monde s’affaira à débattre sur la suite des événements. Mais moi, j’en avais assez entendu pour la journée et je m’éclipsai. J’avais vraiment besoin de prendre l’air. Comme pour me rassurer moi-même, dans le parc, je tentai d’invoquer le Spiritual que j’avais vu en rêve. Cependant, j’avais beau me concentrer et suivre tous les conseils d’Angéla, il n’y avait rien à faire. Dépité, je finis par abandonner. Toutes ces histoires n’avaient ni queue ni tête. Si mon père avait réellement été le prédécesseur d’Hélios, pourquoi m’avait-il caché une vérité aussi importante ? Pourquoi me l’avaient-ils tous cachée ? Théa était certainement dans la confidence depuis bien longtemps et savait ce qui allait arriver. Pourtant, personne n’avait jugé bon de me mettre au courant de quoique ce soit ! Ils m’avaient juste laissé en pleine nature, espérant que je ne découvre jamais mes origines… Mes parents et ma sœur avaient toujours eu leurs petits secrets. Souvent, je m’étais senti mis à l’écart. Même durant l’attaque des terroristes, ils s’étaient échappés sans moi. À présent, je comprenais pourquoi. J’étais sur les nerfs. Il fallait que je me défoule sur quelque chose. Lorsque j’entendis des pas derrière moi, ma rage fut plus forte et je tentai de donner un coup de poing à l’aveugle. Cependant, je me heurtais à un mur de lumière qui me repoussa violemment. Un rire amusé s’éleva près de moi. — Alors, pharaon, que se passe-t-il ? On se fait mettre à terre par une simple fillette de quinze ans ? ricana Angéla, les bras croisés sur sa poitrine, me dévisageant avec ses yeux pétillants de malice. Je me relevai en maugréant et essuyai mes vêtements couverts de terre. Je tournai ensuite le dos à la jeune fille, mais je fus arrêté par un nouvel écran lumineux qui me bloqua le passage. — Attends une minute ! Reste-là, j’ai encore des choses à te dire. — Si tu veux me parler de mes parents, je n’ai rien à raconter sur eux, répondis-je sèchement. — Qu’est-ce que tu peux être tête de bœuf quand tu t’es mets, toi ! râla la blonde en gonflant les joues comme une gamine. — On dit tête de mule, primo. Et secundo, j’ai le droit de vouloir rester un peu seul. Qu’est-ce que tu veux encore ? — J’étais simplement venue discuter pour te changer les idées, mais, puisque monsieur veut rester seul avec ses pensées noires, alors fais comme bon te semble. Mon amie d’infortune fit mine de partir. Je soupirai. Comme d’habitude, elle était vraiment maladroite dans ses expressions, mais je ne pouvais pas lui en vouloir au fond. Elle ne pensait pas à mal. — Désolé… Mais toutes ces histoires… Je crois que je suis en train de devenir fou… Angéla retrouva aussitôt le sourire sur son visage angélique. — Ne t’inquiète pas, on se fait rapidement à la folie. Et puis tu as de la chance, tu n’as pas encore atteint le point de non-retour dans l’irrationnel ! — Vraiment ? Pourtant j’ai l’impression qu’on est assez haut placé avec ce qu’il m’arrive là…, rétorquai-je, sceptique. — Tu rediras ça quand tu te feras attaquer par une horde de singes magiciens. Je restai sans réponse, les yeux ronds d’incompréhension. Je ne parvenais pas à savoir pas si Angéla blaguait ou si elle était sérieuse. Cependant, elle éclata de rire un instant plus tard et me donna une grande tape dans le dos qui me coupa la respiration pendant plusieurs secondes. — Allez, arrête de te faire du souci, Drago ! Vois le bon côté des choses ! Il y a encore une semaine, tu n’étais qu’un mec paumé et sans abri qui se faisait pourchasser, alors que maintenant tu te retrouves héritier du trône avec un cinglé qui veut te faire la peau pour récupérer sa place ! — Est-ce que tu peux m’expliquer ce qu’il y a de bien là-dedans ?! m’étranglai-je. Les deux situations sont aussi mauvaises l’une que l’autre ! — Mais au moins, tu sais pourquoi ce type t’a attaqué alors que, moi, je l’ignore toujours, donc arrête de te plaindre et profites-en ! Je ne pus m’empêcher de sourire en entendant les mots de la jeune fille. Elle était tellement simpliste dans ses raisonnements. Toutefois, elle n’avait pas tort. Être en colère contre des actions passées n’allait me mener à rien. Si mes parents avaient fait cela, ils devaient certainement avoir une bonne raison. Mais une question me tourmentait : étions-nous liés à l’arrivée des terroristes dans notre monde ? Si eux, et les hommes d’Hélios ne formaient qu’un seul et même camp… Cette pensée me donnait des frissons. Non, je devais rester rationnel. Ces hommes n’auraient pas fait plier un pays entier simplement pour retrouver quatre personnes, qui ne se trouvaient plus dans ce monde, de surcroit. Mais alors, quel était leur objectif ? J’avais beau y réfléchir, même presque un an après le premier bombardement, je n’avais pas la moindre piste. Un claquement de doigts devant mon visage me ramena à la réalité. — Eh, Drago, tu dors encore les yeux ouverts ? — N... non, je repensais juste à… Une sonnerie d’alarme retentit dans le parc et nous fit sursauter. Tout autour de la résidence, une sorte de dôme translucide se déploya sous nos yeux ébahis. Au loin, le bruit d’une explosion nous déchira les tympans. Je me tournai vers Angéla et elle comprit aussitôt ce que nous avions à faire. Nous nous précipitâmes vers l’origine de ce bruit. Ce que nous découvrîmes là nous laissa sans voix. Des dizaines d’hommes encerclaient la demeure. Leurs costumes étaient semblables à ceux des sbires d’Hélios, à l’exception de l’insigne qu’ils arboraient : une tour brisée en deux. Bien que la plupart eussent été arrêtés par la barrière d’énergie, certains avaient réussi à s’infiltrer à l’intérieur. Et à en juger par les Spirituals qui les accompagnaient, ils n’étaient pas ici pour discuter. Pour une fois, Angéla ne fonça pas tête la première vers le danger, mais garda ses distances, le visage crispé. — Ces guignols…, je les connais…, marmonna-t-elle, les dents serrées. — Nous sommes Purple Revolution, déclara l’un des hommes qui se détacha du lot. La personne qui se tenait devant nous était un grand gaillard, baraqué, d’au moins un mètre quatre-vingt, la figure cachée par une capuche. Il était accompagné d’un monstre hideux aux allures de mille-pattes géant de deux mètres de haut, entièrement recouvert d’une épaisse armure de fer noir. Je pouvais voir d’ici ses mandibules remuer et ses minuscules yeux rouges me fixer avec haine. — Purple Revolution ? répétai-je, sur mes gardes. — Notre maitre, Shadow, a détecté l’activation d’une relique ancienne. Veuillez nous la remettre sur le champ ! — Ah, mais il fallait le dire que vous étiez venus chercher de l’énergie d’Izrath. Tenez, en voilà ! Sans autre sommation, Angéla tira une sphère de lumière vers l’arthropode géant. Elle devait certainement compter sur l’effet de surprise pour le vaincre, mais son plan tomba à l’eau lorsque l’insecte hideux encaissa l’attaque sans vaciller. La jeune fille recula d’un pas, consciente qu’elle venait de faire une erreur. — Si vous refusez d’obtempérer, nous serons obligés de vous forcer la main ! Le Spiritual, sur les ordres de son maitre, se jeta sur nous qui étions sans défense. D’un geste rapide, je me saisis du révolver anti Kvantiki que je gardais précieusement avec moi. Toutefois, je n’eus pas l’occasion de m’en servir. Une ombre furtive passa devant moi et repoussa notre agresseur sans aucune difficulté. L’homme recula d’un pas, troublé, lorsque Darksky s’interposa entre nous et le mystérieux groupe. Il avait activé ses pouvoirs et ses mains s’étaient changées en serres d’aigle acérées. — Il ne manquait plus qu’eux, grommela-t-il. — Parce que tu connais ces bouffons ? Eh bien, je ne te félicite pas pour tes fréquentations…, railla Angéla. — Comment ça, bouffons ? Nous sommes les disciples de maitre Shadow. Ensemble, nous allons bâtir un monde nouveau et nous en serons les maitres ! s’exclama l’homme masqué, ayant visiblement vexé par cette appellation. Je ne savais pas si je devais avoir peur ou rire de ce type. Il sortait tellement d’inepties à la seconde que cela en devenait risible. Cependant, il possédait un Spiritual sous forme physique. Alors, idiot ou non, il n’était pas à prendre à la légère… Du moins, c’était ce que je pensais jusqu’à ce que Darksky s’élance sans hésiter une seconde vers l’arthropode. L’insecte vola sur plusieurs mètres avant de terminer sa course dans un arbre, sous les yeux effarés de son maitre, et sous les nôtres également. Notre allié, lui, se contenta de souffler sur son poing encore fumant d’un air las. — Tiens, apparemment, tu n’es pas la seule à pouvoir les vaincre en un coup… murmura-t-il, perdu dans ses pensées. L’homme, fou de rage, tenta de s’en prendre directement à Darksky, mais Angéla s’interposa et il se heurta à un solide miroir de lumière qui le repoussa violemment. Je m’apprêtai déjà à le bombarder de questions, mais notre ennemi, hors de lui, claqua des doigts et disparut dans une épaisse brume noire, de même que tout le reste de son groupe. — Qu’est-ce que… — Oubliez juste ce que vous venez de voir, cela vaut mieux pour vous. Le garçon en passa à côté de moi, les mains dans les poches, sans même me regarder. Je l’attrapai par l’épaule pour l’arrêter et le dévisageai d’un air sévère. Je refusai de me contenter d’une réponse aussi vague. — Tu sais ce qu’ils nous voulaient, n’est-ce pas ? lui demandai-je fermement. — Vous tuer ? Détruire la planète ? Élever des canards ? Je n’en sais pas plus que toi. — Pourtant, ce n’est pas la première fois que tu les rencontres, j’ai l’impression. — Tout le monde a déjà entendu parler d’eux au moins un jour. Enfin, je vais dire à Violet que le problème est réglé et qu’il n’y a pas besoin de mobiliser l’armée pour se débarrasser de ces abrutis. D’un mouvement brusque, Darksky se dégagea et rentra au château, me laissant avec Angéla dans le désarroi le plus total. — En voilà encore un avec un caractère de mule ! râla-t-elle en gonflant à nouveau les joues. — Un caractère de cochon plutôt…, rectifiai-je naturellement. Mais j’imagine que nous avons tous nos secrets… — Ouais, et bien ce n’est pas une raison pour se comporter comme ça ! Je ne rejette pas ma frustration sur les autres quand je déprime, moi ! — Et sinon, est-ce que quelqu’un va m’expliquer qui sont ces types ? — Rien qu’un groupe de terroristes mineurs. Ils ragent depuis vingt-cinq ans à cause du Purple Requiem et essaient de rallier à leur cause les victimes de la catastrophe. Enfin, comme Violet l’a assez souvent répété, les scientifiques de l’époque n’y sont pour rien, mais les médias leur ont monté la tête. Ce sont de pauvres gens finalement. — Et ce Shadow, c’est… — Alors là, aucune idée, me répondit-elle en haussant les épaules. Première fois que j’entends parler de lui. Je lâchai un soupir. La désinvolture d’Angéla ne me rassurait pas vraiment, mais il n’y avait rien à faire. Violet et Elwood ne vinrent pas diner avec nous, trop occupés à enquêter sur cette attaque-surprise. Et, puisque ce n’était pas Darksky qui allait animer la conversation, nous remontâmes très vite dans nos chambres. Comme le ciel était dégagé cette nuit-là, je décidai de sortir sur le balcon pour observer les étoiles. Le club d’astronomie me paraissait bien loin désormais. Et pourtant, je nous revoyais parfaitement, Nico, Carly, Asuna et moi sur le toit du lycée lors des soirées claires de l’été, rêvant d’une vie remplie aventures et de mystères. Mon cœur se serra lorsque je repensai à mon amie d’enfance. La fédération n’avait trouvé aucune trace d’elle pour le moment. Néanmoins, je ne perdais pas espoir. — Je me demande bien ce que tu es en train de faire en ce moment, murmurai-je, les yeux rivés sur la pleine lune. Tout à coup, l’air à côté de moi se mit à tourbillonner, mais je ne sursautai pas. Je commençais à avoir l’habitude désormais. Dans une trainée scintillante, le corps translucide de ma sœur apparut sur le balcon. Je me contentai de lui sourire, content, malgré tout, de la revoir, et ce, même si elle m’avait caché de nombreuses choses pendant toute ma courte vie. — Bonsoir, Théa. Cela faisait un moment. Je commençais vraiment à m’inquiéter, déclarai-je d’une voix claire. Ma sœur émit un petit gloussement amusé devant mon calme. — Je vois que tu t’es vite habitué à ce monde, Drago, me répondit-elle en riant. — Quand chaque jour est plus fou que le précédent, parler au spectre de ma sœur me parait presque logique, lançai-je en haussant les épaules. Et donc, que me vaut l’honneur de ta visite ce soir ? Pour toute réponse, ma sœur pointa du doigt la marque que j’avais sur la main et son sourire disparut de son visage. — Je crois que je te dois quelques explications, mon cher frère.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 17:21 | |
| Chapitre 46 : Violet, adolescence- Spoiler:
Ainsi commença ma nouvelle vie en tant que scientifique. Après la remise des diplômes, E.T.H.E.R s’était séparé. Chacun avait décidé de suivre sa propre voie. Masamune et Flore s’étaient dirigés vers la médecine et la police scientifique, si bien qu’ils s’étaient retrouvés tous deux une fois de plus dans la même université, au grand dam de la pauvre fille. Édouard avait tout bonnement disparu de la circulation. Même s’il resurgissait de temps en temps, il nous était impossible de savoir ce qu’il devenait précisément. Certains pensaient qu’il s’était reconverti en trafiquant de drogue, d’autres le voyaient espion de la NASA depuis le début, et Soichiro le croyait simplement chômeur à plein temps. Hakaze, elle, avait choisi cette voie toute particulière de l’enseignement. Après tout, elle avait étudié tellement d’années derrière les bancs de l’école qu’elle ne pouvait plus se passer de ces salles de classe poussiéreuses et bruyantes. De temps à autre, elle apportait ses connaissances scientifiques à l’équipe dont nous faisions partie, mon ancien rival et désormais fiancé, Soichiro Namatame, mon professeur, superviseur de club et ami de mes parents, Ryoko Seiu, et l’héritière d’une des plus grandes fortunes de France, moi, Violet Leblanc. Jusqu’à mes vingt-quatre ans, nous nous efforçâmes de terminer le réacteur Kvantiki sans cesser de rechercher un moyen de canaliser l’énergie d’Izrath dans notre monde. Lors de nos travaux, nous fîmes de nombreuses découvertes intéressantes qui nous valurent des dizaines de prix. C’est ainsi que nous nous forgeâmes une réputation certaine dans la communauté scientifique internationale, qui fut obligée de reconnaitre notre efficacité et nos prouesses. Très rapidement, le gouvernement s’intéressa également de très près à nos recherches et nous envoya des fonds qui étaient les bienvenus. Jusque-là, je puisais sur ma fortune personnelle afin de financer nos projets, mais, bien que millionnaire, certaines expériences étaient juste hors de la portée d’un particulier. Malheureusement, ces travaux étaient chronophages et nous empêchaient de développer une vraie relation. C’est pourquoi Soichiro et moi étions toujours fiancés même après tout ce temps. Toutefois, cela ne semblait déranger aucun de nous deux. Nous étions passionnés par nos recherches et nous aimions le réaliser ensemble. Rien d’autre ne comptait. Et c’est ainsi que ces années de travaux acharnés portèrent leurs fruits. Le jour des vingt-six ans de mon fiancé, nous réussîmes à concevoir le premier réacteur Kvantiki opérationnel. Enfin. Après près de dix ans, notre rêve se concrétisait. Nous avions créé un artefact artificiel et nous l’avions relié au noyau d’Izrath. Il apportait ainsi à la terre toute l’énergie nécessaire pour faire tourner des villes, même des pays tout entier de façon propre, durable et surtout, sans danger. La catastrophe de Tchernobyl, survenue un an plus tôt, était encore fraiche dans les esprits. Le nucléaire était dans une mauvaise passe et, même si le Japon restait l’un des leaders dans ce domaine, l’opinion publique ne désirait que trouver une source alternative. Le réacteur Kvantiki était donc exactement ce dont le monde avait besoin. Du moins, c’était ce que nous pensions. Devant notre succès, notre équipe grandit de façon exponentielle et de nombreux partenaires commerciaux s’intéressèrent à nos travaux. Ce fut cette popularité montante qui transforma notre doux rêve en cauchemar.
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Cela faisait maintenant deux mois que le réacteur Kvantiki était financé par l’État, deux mois que nous perdions peu à peu pied sur nos propres recherches, deux mois que les frères Sawyer, Ricky et Romain, avaient pris la tête du projet « Hakaze ». Nous les avions recrutés sur les conseils de cette dernière, d’ailleurs puisqu’il s’agissait de ses cousins germains. Légèrement plus jeunes que nous, ils étaient sortis diplômés de Rikoukei quelques années après nous pour s’engager dans d’autres branches, pour finalement travailler pour le gouvernement. Ce qui aurait dû être la plus grande révolution depuis l’invention de la machine à vapeur battait de l’aile. Nos nouveaux collaborateurs se montraient autoritaires, voire tyranniques avec nos employés. Très rapidement, tous s’étaient désistés, ne laissant plus que nous cinq sur ce projet grandiose. Les catastrophes s’étaient succédé, les tensions ne faisaient que creuser le fossé entre ce qu’il restait de notre équipe, divisée maintenant en deux camps. Ryoko, Soichiro et moi ne désirions plus que mettre un terme à cette expérience pour éviter le cataclysme. Les frères Sawyer, eux, souhaitaient à tout prix le continuer, avec l’appui de nos partenaires financiers. Il n’y avait rien à faire. Tous étaient aveuglés par le pouvoir et la course à l’armement, en ces temps de guerre froide. Ce jour-là encore, alors que le projet touchait à son but et que l’inauguration du réacteur se rapprochait, un différend éclata entre les deux factions de notre équipe. — Soyez raisonnables, Ricky, Romain. Le réacteur Kvantiki est bien trop instable pour être lancé. Il nous manque beaucoup trop de données sur Izrath et sur la téléportation quantique pour nous permettre d’effectuer un test à grande échelle ! Je vous conjure d’arrêter cette folie tant qu’il est encore temps ! supplia le professeur en bloquant l’accès du laboratoire à nos supérieurs. — Professeur Ryoko, loin de moi l’idée de vous manquer de respect, mais nous pensons que vos craintes sont infondées. Nous avons nous-mêmes supervisé le projet, alors que vous avez tout fait pour le ralentir, répliqua Ricky, sèchement. Nous sommes bien mieux placés que vous pour savoir ce genre de choses, il me semble. — Écoutez-moi bien, les gamins, reprit Soichiro, sévère. Je possède avec moi des documents que vous seriez incapables de comprendre, même si vous les étudiez pendant toute votre vie. Si une catastrophe comme celle de Tchernobyl se produisait, est-ce que vous assumeriez les conséquences de vos actes ? Romain Sawyer se raidit. Le cadet, contrairement à son ainé, se faisait bien plus discret. Certes, il soutenait son frère, mais ne parlait que peu. Il donnait même l’impression d’être de notre avis, sans, toutefois, oser contredire Ricky. — Si je puis me permettre, Soichiro, tout comme vous, nous sommes sortis majors de notre promotion, enchaina le plus jeune. Nous sommes conscients des risques, mais, si nous ne lançons pas le réacteur très rapidement, le monde pourrait connaitre une crise énergétique sans précédent. — Tout à fait, confirma l’ainé, avec une arrogance telle que je dus me retenir de lui sauter à la gorge. L’orgueil de ce type était insupportable. En plus d’avoir un style totalement approximatif, avec sa coupe banane et ses pattes qui descendaient jusqu’au menton, il osait prendre de haut tous ceux avec qui il travaillait, y compris son propre frère. Je comprenais parfaitement pourquoi tous nos collaborateurs nous avaient quittés. Si cela n’avait tenu qu’à moi, je serais partie également. Cependant, je refusais de laisser Soichiro et le professeur seuls face à ces deux tyrans. — Dois-je vous rappeler qui a fait fondre l’enveloppe externe du réacteur, il n’y a même pas une semaine ? répliquai-je. Avant votre arrivée, jamais nous n’avions eu le moindre problème. Étrangement, depuis que vous êtes ici, rien ne va plus. À croire que vous essayez de saboter volontairement notre projet… ou alors votre incompétence est telle qu’elle vous empêche de voir vos propres faiblesses ? Ricky me lança un regard si noir que même Soichiro tressaillit. Toutefois, je le soutins sans broncher. — Violet Leblanc… vous devriez vraiment rester à votre place, f… La colère fut plus forte que moi. Pour la première fois, depuis le début de ma carrière, je perdis patience. J’activai les pouvoirs de mon Spiritual pour mettre le feu à la blouse de l’homme. Ryoko et Soichiro écarquillèrent les yeux, abasourdis, tandis que Romain se précipitait vers l’extincteur pour sauver son frère. Je n’ajoutai pas un seul mot et tournai les talons. Au moment de quitter la pièce, je m’arrêtai un instant pour lancer un dernier regard vers cet homme abject. Je lus à ce moment-là dans ses pupilles une haine indescriptible. — Voilà ce qui vous attend si vous persistez dans l’erreur, déclarai-je d’une voix la plus calme possible. Est-ce vraiment ce que vous voulez, mourir brûlé vif dans l’explosion de votre propre réacteur, Ricky Sawyer ? — Vous… vous allez payer pour cet affront, je vous en fais le serment. Je ferai en sorte que votre nom soit terni à jamais, qu’à chacun de vos pas, vous soyez huée par la foule et lynchée en public telle… — Ricky ! l’interrompit Romain, toujours affolé. Arrête, s’il te plait. Tu ne penses pas que tu vas… — Je ne vois pas comment un futur défunt responsable d’un génocide pourrait porter atteinte à ma réputation. Romain, s’il vous reste une once de raison, vous comprendriez. À moins que, comme votre frère, la folie ne vous ait déjà happé. Puis je sortis de la pièce. Le lendemain, je ne revins pas au laboratoire. Je n’avais nullement envie de revoir la tête de cet imbécile de Ricky. À la place, je montai à l’observatoire de la mairie de Tokyo. Lorsque nous voulions nous détendre et oublier nos longues journées de travail, Soichiro, c’était ici que nous venions. Là-haut, perchée au quarante-cinquième étage, à plus de deux-cents mètres du sol, je me sentais apaisée, comme dans un autre monde. La vue était sublime. La ville s’étendait à mes pieds, comme une gigantesque fourmilière remplie de passants et d’automobiles. Derrière les tours imposantes se dressait le mont Fuji, symbole du pays. Cette montagne inébranlable au sommet immaculé m’avait toujours fait relativiser. Malgré toutes nos actions, tous nos progrès scientifiques, toutes nos inventions, aussi folles soient-elles, aucune n’égalait la majesté de ce volcan endormi, capable de raser la capitale dans un accès de colère. Et il en allait de même pour le réacteur Kvantiki. J’ignorais à quoi jouaient les frères Sawyer, mais, selon mes calculs, si le cœur entrait en fusion, même la montagne sacrée courait le risque d’être rayée de la carte. — Un an est passé depuis la catastrophe de Tchernobyl, et, pourtant, les puissants n’en ont tiré aucune leçon. Combien d’autres cataclysmes seront nécessaires pour faire comprendre à l’homme qu’il n’est pas un dieu tout puissant ? murmurai-je. Nos ailes sont en train de prendre feu sans même que nous le remarquions. Le mythe d’Icare m’avait inspiré depuis ma plus tendre enfance. J’avais toujours voulu me rapprocher du Soleil, sans pour autant désirer l’atteindre, par peur de reproduire les erreurs du passé. Les frères Sawyer, eux, se trouvaient déjà en son cœur, les yeux brûlés et les nerfs détruits par la lueur qu’ils recherchaient, incapable de ressentir la douleur qui les consumait. La sonnerie de mon Smartphone — l’évolution de notre invention d’université — retentit et me tira de mes pensées. Il s’agissait de Flore. Cela faisait un petit moment que je n’avais pas eu de ses nouvelles, alors, même si je n’étais pas d’humeur, je décrochai. Toutefois, je n’eus pas le temps de prononcer un mot que la voix de mon amie me déchira les tympans. — Violet ! Bon sang, où es-tu ? s’écria-t-elle, affolée. Soichiro te cherche depuis ce matin ! — Désolée, je ne me sentais pas bien, aujourd’hui, du coup, j’ai décidé de… — Mais tu n’as pas vu les informations ? C’est Ryoko, il s’est fait arrêter par les forces de l’ordre !
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 17:26 | |
| Chapitre 47 : Violet, Erreur de jeunesse- Spoiler:
Le professeur Ryoko Seiu, le plus éminent esprit de ce siècle, mon mentor, directeur de l’académie et précurseur du réacteur Kvantiki, avait été arrêté. Devant le laboratoire, les voitures de police affluaient tandis que l’homme que j’avais toujours admiré n’était plus que l’ombre de lui-même. Menotté, le teint livide et le regard vide, il ne cherchait qu’à esquiver les questions des journalistes. À ses côtés se tenaient les frères Sawyer, triomphants. Je tombai à genoux, à la fois sidérée, et détruite de l’intérieur. Je maudis Ricky et Romain tout en agrippant le sol pour me retenir de les brûler vifs. Quelques mètres plus loin, Soichiro observait également la scène, impuissant. — Je me vengerai… Ricky… Romain… Quel que soit votre projet, je le ferai échouer… et je vous trainerai dans la boue, exactement comme vous l’avez fait avec Ryoko… Je jure que votre nom soit associé à ceux des plus grands criminels de l’histoire… Les jours qui suivirent furent comme un brouillard opaque pour moi. Soichiro m’apprit que, dans un geste désespéré, notre mentor avait tenté de saboter le réacteur principal avant l’inauguration, en vain. Les caméras de surveillance l’avaient pris sur le fait. L’homme que j’avais toujours considéré comme mon modèle devint ainsi un paria dans la communauté scientifique, alors que la renommée des Sawyer ne faisait que croitre. Toutefois, cet événement n’entacha en rien la détermination de mon ancien associé. Derrière les barreaux de sa cellule provisoire, il nous avait confié une mission à Soichiro et moi : continuer son œuvre afin de protéger sa femme et son enfant à naitre. Malheureusement, nos efforts furent tout aussi vains que les siens. Plus arrogant que jamais, Ricky finalisa seul les derniers réglages. Il était devenu sourd à toutes les revendications, y compris celles de son frère, qui commençait à entrevoir l’ombre de la menace planant sur le monde. Nous fûmes incapables d’entraver le bon déroulement du projet et le jour fatidique arriva. https://www.youtube.com/watch?v=VdO63IuN--8&En ce jour de décembre 1987, une foule s’était rassemblée autour du réacteur pour l’inauguration. Des directeurs de la Terre entière avaient fait le déplacement, ainsi que de nombreux membres du parlement japonais. Tous croyaient assister à la plus grande révolution de l’humanité, mais ils ignoraient que, devant leurs yeux se préparaient la plus grande catastrophe jamais connue. Soichiro et moi étions dans la salle du réacteur principal, sous la surveillance étroite des caméras. Il nous était impossible de saboter le projet dans ces conditions. Les frères Sawyer, eux, s’occupaient de la partie médiatique, à l’écart de la zone d’explosion potentielle. Nous étions pieds et poings liés. Si nous ne terminions pas le travail, quelqu’un d’autre allait le faire à notre place. Et, qu’importe le résultat, Ricky et Romain étaient hors de portée de la catastrophe. Toutefois, selon leurs calculs seulement. — C’est ainsi que, dans un souci de faire évoluer le monde vers un avenir durable, nous déclarons le premier réacteur Kvantiki opérationnel ! Nos associés, Violet Leblanc et Soichiro Namatame, ces deux esprits brillants de l’académie Rikoukei, vont se faire une joie de vous faire une démonstration du potentiel de la plus grande invention de l’histoire de l’humanité ! À ce moment-là, Ricky lança un regard vers la caméra. Je compris, à la haine qui brûlait dans ses yeux, qu’il nous était directement adressé. Mon cœur s’accéléra. Je suai à grosses gouttes et mes mains étaient moites. Devant nous se tenait le bouton d’activation du réacteur. Il suffisait d’une simple pression pour le mettre en marche. https://www.youtube.com/watch?v=MqekPcVvWbgJe regardai Soichiro qui me rendit un regard aussi peu serein que le mien. — Nous ne pouvons pas faire ça, Soichiro, lui dis-je d’une voix tremblante. J’ai refait les calculs hier soir chez nous. Tokyo risque d’être séparée en deux. — Violet, le professeur nous a confié une mission. Je ne voulais pas en arriver là, mais ces enflures ne nous laissent pas le choix. Est-ce que tu me fais confiance ? J’eus un temps d’arrêt. En plongeant mes yeux dans les iris de mon fiancé, j’y discernai une telle détermination que je baissai les armes. — Quand tout ça sera terminé, oublions la science et allons nous marier quelque part, qu’est-ce que tu en dis, gamine ? — C’est peut-être la demande en mariage la moins romantique que je n’aie jamais entendue, ricanai-je malgré la tension palpable. Mais je n’en attendais pas moins de toi. Fais ce que tu as à faire. Je place mes espoirs en toi. https://www.youtube.com/watch?v=x_Y2_BN_C4IL’homme que j’aimais hocha la tête, puis, sans prévenir qui que ce soit, activa les pouvoirs de son Spiritual. À ses côtés, une guerrière de lumière aux cheveux d’argent se dressa au milieu de la salle de contrôle. Les médias, affolés, reculèrent vivement, avec des regards d’incompréhension. Ricky Sawyer, qui regardait en direct la rediffusion sur écran géant, fronça les sourcils. Le Spiritual braqua son sceptre d’or vers le cœur de la machine. Sa cape sombre se para de milliers d’étoiles scintillantes tandis que le rubis incrusté dans son arme rayonna d’une vive lueur écarlate. — Jeune maitre, j’attends vos ordres, lança la femme, le visage sévère. — Citoyens du monde ! Moi, Soichiro Namatame déclare que le réacteur Kvantiki est hors de contrôle ! Je vais vous demander d’évacuer les lieux pendant que je contiendrai l’énergie ! Il est temps de faire tomber les masques, Ricky Sawyer ! À toi, Azéthys : Ieró fotismó ! Un rayon de lumière s’échappa du sceptre et fusa droit vers le cœur du réacteur. Et à ce moment-là, mon sang se glaça dans mes veines. Notre associé, sous les yeux ébahis de son frère cadet, sortit un petit bouton de sa poche, sur lequel il appuya. — Je vous avais prévenus, Soichiro, Violet. Vos noms seront ternis à tout jamais, déclara l’homme dans un murmure que je parvins à lire sur ses lèvres. — RICKY ! hurlai-je, folle de rage. Le cœur du réacteur se mit en route. De la vapeur envahit la salle. Le panneau de contrôle sauta. Une déferlante d’énergie s’abattit sur nous. Le monde entier fut enveloppé par une lumière mauve et sinistre. Et puis plus rien. Tout disparu. L’académie, les laboratoires, la ville elle-même, tout fut balayé dans un sifflement assourdissant par ce qui fut retenu par la suite sous le triste nom de « Purple Requiem. »
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 17:28 | |
| Chapitre 48 : Violet, grandir- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=w6tewysXVRUJ’eus tout juste le temps d’activer les pouvoirs de Kitshono afin de me protéger de cette lueur mortelle. Malgré mon armure de flammes, je fus expulsée à l’extérieur du réacteur et m’écrasai à plusieurs centaines de mètres du cœur du cataclysme. Je roulais plusieurs fois dans la poussière avant de pouvoir enfin m’arrêter et constater l’apocalypse qui se déroulait sous mes yeux. Le ciel, quelques instants plus tôt d’un bleu azur, était masqué par un épais brouillard sombre, si opaque que le Soleil ne parvenait pas à percer au travers. La seule source de lumière était ces flammes mauves qui s’échappaient du réacteur transformé en bûcher immense. Le sol était recouvert de débris et d’un tapis de cendres grises. Une pluie de fines particules tombait sur la Terre, une pluie de Kvantiki pur. Lorsque je me relevai, je constatai que, tout comme moi, Soichiro avait été protégé par son Spiritual. — Soichiro ! m’écriai-je, soulagée. Je courus vers lui, mais il me fit signe de ne pas bouger. Je me figeai. Mon fiancé fixait le cœur du réacteur, sur ses gardes, prêt à passer à l’attaque. Soudain, une colonne de lumière émergea des ruines du laboratoire et fusa vers le ciel. À l’intérieur, l’ombre d’une créature colossale se dessina. Je mis mes mains devant ma bouche pour m’empêcher de hurler d’effroi lorsque deux yeux écarlates percèrent à travers les ténèbres. — Azéthys. Je suis désolé de te demander ça, mais… — Je vous protégerai, jeune maitre, déclara le Spiritual. Zephyra, j’ai besoin de ton aide. Aux côtés de la femme, une seconde guerrière apparut. Elle était en tout point semblable, à l’exception de son visage, légèrement plus arrondi, et de sa robe, pourpre et non turquoise. Toutes deux se jetèrent vers la forme sombre. Pendant qu’elles luttaient de toutes leurs forces, Soichiro tourna la tête vers moi, le regard sévère. — Violet, écoute-moi. Ricky Sawyer nous a piégés. Il a piégé le monde entier. — Q… qu’est-ce que tu veux dire, Soichiro ? m’étranglai-je. — J’ignore comment il a fait, mais il a absorbé les radiations de l’explosion et… Un éclair interrompit mon fiancé. Tel un boulet de canon, Azéthys avait été repoussée et vint s’écraser sur Soichiro, qui fut assommé sur le coup. La femme, grièvement blessée au flanc, saignait abondamment. Pire, sa blessure avait pris une inquiétante teinte violacée, comme infectée par un poison mortel. Elle me lança un regard désespéré et tendit un bras tremblant vers moi. — Violet… Je t’en supplie… Sauve le jeune maitre… Dans une pluie d’étoiles scintillante, l’esprit aux cheveux d’argent s’évanouit dans les ténèbres. https://www.youtube.com/watch?v=S4jN0twQHkQ&Au loin, Zephyra, qui luttait toujours contre l’ombre sinistre, fut transpercée de part en part avant de s’éteindre de la même façon que sa sœur. La créature tapie dans la fournaise se rapprocha alors de nous. Par réflexe, je me plaçai devant Soichiro, inconscient, et amplifiai les pouvoirs de mon Spiritual pour ériger un véritable mur de flammes autour de mon fiancé, dans le but de le protéger. La fumée se dissipa enfin. Ce que je découvris me laissa sans voix. Jamais de toute ma vie je n’avais vu une telle abomination. Devant moi, comme sorti des entrailles du Tartare, se tenait Ricky Sawyer. Ou du moins, ce qu’il restait de lui. Notre associé était méconnaissable. Ses pupilles s’étaient allongées, à la façon de celles d’un reptile, tandis que ses iris avaient viré au cramoisi. Sa peau encore fumante s’était couverte d’une fine couche écailleuse. Ses doigts s’étaient changés en griffes acérées et, dans son dos, se déployaient une paire d’ailes sombres. Mais le plus effrayant était certainement cette lueur mauve qui scintillait sur son torse, comme une sphère ancrée dans sa chair au niveau de son cœur. Tout son corps baignait dans une aura aussi sinistre que la lumière qui dévorait Tokyo. L’homme me dévisageait, impassible, bien que son regard trahît toute la haine qu’il éprouvait à mon égard, ainsi qu’une satisfaction malsaine. — Les humains… Quelle espèce pitoyable, commença le démon d’une voix à glacer le sang. Si fascinés par ce qui peut les détruire en une fraction de seconde. J’ai presque honte d’appartenir à cette espèce. — Ricky Sawyer… qu’avez-vous fait, espèce de cinglé ? — Ah, Violet Leblanc. Je me doutais que vous, et Soichiro, vous survivriez à mon petit cadeau. Après tout, le pouvoir des Spirituals est merveilleux, vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Confier une telle puissance à des politiciens véreux aurait été un immense gâchis. Le monde appartient aux puissants. Cette loi existe depuis la nuit des temps. Elle est immuable, intrinsèque à la vie. Je tentai de couper l’homme dans son discours mégalomane en projetant une rafale de flammes sur lui, mais mon attaque n’eut aucun effet. Elle rebondit simplement sur son armure, comme un vulgaire jet d’eau et détruisit un bâtiment déjà en ruines proche de nous. Ricky sourit face à ma tentative. — C’est ça, Violet. Essaie de me vaincre. Si tu y arrives, tu deviendras la personne la plus influente au monde. Parce que tu seras celle qui a défait l’invincible. — Arrêtez de délirer, Sawyer, et dites-moi pourquoi vous avez fait ça ! hurlai-je, prête à exploser. Des milliers de civils ont péri dans l’explosion. Des femmes, des enfants, des maris, des professeurs, des amis, des amants, des jeunes, des personnes handicapées et des gens sans défense ! Comment pouvez-vous vous délecter de leur souffrance et parler ainsi ! L’ennemi ferma les yeux et secoua la tête d’un air désolé. — Je vais vous avouer quelque chose. La vie me dégoute. — La vie… vous dégoute ? — Tout à fait. Ne trouvez-vous pas ce concept abject ? La vie ne peut exister sans la mort. Tous les êtres vivants, sans exception, doivent se repaitre d’autres êtres vivants pour subsister. Les plantes absorbent les ressources de la Terre. Les herbivores se nourrissent des plantes. Les carnivores dévorent les herbivores. Et l’homme moderne ne peut survivre sans détruire. Vous me direz que tout cela est normal, que la mort fait partie de notre quotidien. Et je vous répondrai que vous avez raison. Mais, entre nous, Violet Leblanc, le spectacle que vous avez sous les yeux ne vous révolte-t-il pas ? Vous mentiriez en le niant. Et pourtant, il s’agit de ce cycle si naturel que vous appelez « la vie ». — Vous êtes sérieusement atteint, ma parole, murmurai-je, stupéfaite par ses mots. — Peut-être bien. Contrairement à vous autres humains, je n’ai aucune prétention de détenir la vérité. Cependant, j’aimerais vous faire part d’un point important. Je suis certain que cela vous intéressera, curieuse et fouineuse comme vous êtes : cette explosion n’est que la première étape de mon plan afin de surpasser ce cycle répugnant. Comme vous pouvez le voir, j’ai fusionné avec un Spiritual particulier et ai acquis quelques capacités… fascinantes, dira-t-on. Saviez-vous que ces créatures, contrairement à nous, sont immortelles ? Tant qu’elles sont alimentées en Kvantiki, leur corps peut survivre des millions d’années en totale autonomie. Ne serait-il pas intéressant d’observer comment évoluerait le monde si nous étions dotés de pouvoirs similaires ? Que se passerait-il si nous réécrivions le concept même de la vie ? L’ancien scientifique ouvrit la paume de sa main et la pointa dans ma direction alors qu’une sinistre sphère prenait forme en son centre. Par réflexe, j’intensifiai davantage l’armure de flammes bleues qui me protégeait, prête à me défendre corps et âme pour écraser ce fou dangereux. Toutefois, un sourire illumina le visage de ce psychopathe et il s’arrêta net, amusé. — Allons, Violet, je ne vous ai pas expliqué tout cela pour vous tuer. Cela serait trop facile. Après tout, la mort me dégoute tout autant que la vie. Puisque vous avez servi mes intérêts, j’aimerais que vous soyez témoin de cette nouvelle ère que j’instaurerai. Ainsi, vous pourrez comprendre à quel point vous étiez dans l’erreur et vous me remercierez. Je ne pus m’empêcher de sourire face à l’absurdité de cet homme. — Vous le regretterez, vous savez. Tant que je vivrai, je n’aurai de cesse que de vous pourchasser et de vous mettre hors d’état de nuire. Et ce, définitivement. Vous avez gâché le projet de notre vie, à Soichiro, Ryoko et moi. Alors, ne comptez pas sur moi pour vous épargner. — Fort bien. Essayez donc. Enfin, si vous y parvenez. N’oubliez pas que, désormais, votre nom sera associé à jamais à cette catastrophe. Avec un peu de chance, vous ne serez qu’exilés et vous ne pourrez rien faire d’autre que d’admirer mon œuvre en me maudissant de toute votre âme. — Espèce d’enflure… Vous aviez tout prévu depuis le début… — Évidemment. Avoir un coup d’avance sur son adversaire est une stratégie basique pour gagner une guerre. Enfin, je devrais plutôt dire, ne pas avoir un coup de retard, dans votre cas. Je serrai les dents, à court d’arguments. Cela ne servait à rien de continuer ce dialogue. Ricky Sawyer était fou à lier. Lassée de ce débat sans queue ni tête, je fis apparaitre mon Spiritual. À mes côtés se dressa dans une colonne de flammes bleues mon renard blanc. À sa vue, le démon humain grimaça et recula. Je compris alors que, malgré ses grands discours, il ne possédait pas le contrôle total de ses pouvoirs. — Kitshono, débarrasse-nous de cet imbécile : Aoi Hono https://www.youtube.com/watch?v=5kdPjZTXHS0&Alors qu’un brasier de saphir embrasait le ciel et la Terre, quelque chose d’encore plus inattendu se passa. Le sol s’ouvrit entre nous deux pour laisser apparaitre un homme. Ce dernier, sans aucune difficulté, attrapa dans sa main mon attaque et la fit disparaitre d’un claquement de doigts. Mon cœur s’arrêta de battre lorsque son regard croisa le mien. Il était en tout point similaire à celui de Soichiro. Pire. Son visage, sa carrure, ses traits, étaient ceux de mon fiancé, avec trente ans de plus. — Ricky, je peux savoir ce que tu fais ? Romain a du mal à contenir les journalistes, ce n’est pas le moment de t’amuser avec cette scientifique de seconde zone et son faire-valoir. — C’est Soichiro que vous traitez de faire-valoir ?! m’écriai-je. L’homme m’ignora. — Nous avons encore quelqu’un à aller récupérer, je te rappelle. Ricky cracha et replia ses ailes, vaincu. — Très bien, j’ai compris, Silver. Violet, à notre prochaine rencontre, l’humanité sera devenue immortelle. En attendant, profitez bien des journalistes et de la prison. Peut-être que si vous trouvez quelqu’un de plus qualifié que vous, vous serez en mesure de m’arrêter. Mais j’en doute fortement. D’un claquement de doigts, notre ancien associé disparut dans les ténèbres. Son acolyte resta un moment de plus et dévisagea le corps inconscient de Soichiro avec mépris. — Il me semblait t’avoir mieux éduqué que cela, mon fils. Le pouvoir est la seule chose qui compte en ce monde. Tu le vois par toi-même. Il y aura toujours quelqu’un de plus puissant que toi. — Vous, là ! Je vous ordonne de… Sans même prendre la peine de me lancer un regard, le dénommé Silver claqua des doigts pour faire apparaitre, juste au-dessus de ma tête, un énorme bloc de glace. La masse colossale s’écrasa sur moi sans que je n’eusse le temps de réagir, et l’homme disparut à son tour tandis que je sombrai peu à peu dans les ténèbres de l’inconscience.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 17:30 | |
| Chapitre 49 : Violet, jeune adulte- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4Lorsque je repris mes esprits, je ne me trouvais plus au milieu des ruines de nos espoirs. Je reposai sur un matelas dur, le corps endolori de la tête au pied. Sur mon front, je sentais des bandages de fortunes, tandis qu’on m’avait retiré ma blouse pour me recouvrir d’une couverture de survie. Avec difficulté, je m’assis, et la personne que je vis à mon chevet me fit grimacer. — Bien le bonjour Violet, bien dormi ? Je t’ai préparé du thé pour te remettre sur pieds, c’est du fait maison. — Masamune…, grommelai-je, d’une voix rauque. Merci, mais non merci. Que s’est-il passé ? Le visage de mon ami de l’université, jusque-là souriant, se renfrogna. — Toi, tu vas plutôt m’expliquer, reprit-il, sévèrement. Cette explosion dans le laboratoire… Je ne peux pas croire que vous en soyez responsables. Que s’est-il réellement passé ? Encore faible, je racontai à l’homme au bandeau tous les détails de l’opération, du complot de Ricky pour nous faire inculper, jusqu’à son plan tordu. Le jeune policier ne m’interrompit pas une seule fois, et m’écouta avec attention. Lorsque j’eus terminé, il se détendit légèrement. — Je vois. C’est bien ce que je pensais, soupira-t-il. Sache que j’ai mené ma petite enquête quand le professeur a été arrêté, et je soupçonnais ces deux énergumènes de manigancer quelque chose. Du coup, j’ai demandé à Édouard de se rendre sur le terrain. Nos résultats concordent parfaitement avec ta version des faits. Cependant… Masamune grimaça et se mit à regarder tout autour de lui, d’un air gêné. — Parfait. Si la police a tous les éléments, nous pouvons… — Il est trop tard, Violet, me coupa mon amie, attristé. Romain a déjà fait sa déclaration. Je me crispai. Lorsqu’il attrapa la télécommande pour allumer la télévision. Là, devant la mairie de Tokyo, se tenait Romain Sawyer, entouré de dizaines de journalistes. Son visage grave et sa mine sinistre me révoltèrent. Mais pas autant que son discours, empreint d’une telle mauvaise foi que je me retins de donner un coup de poing dans l’écran. — Passons maintenant à la conférence de presse tant attendue d’un des membres de l’équipe en charge du projet : monsieur Romain Sawyer. Ce dernier, premier rescapé retrouvé près de la centrale, va expliquer en détail, au monde entier, et en direct, les véritables causes de l’incident. — Je vous remercie beaucoup, s’inclina l’homme que je redoutais alors qu’il s’installait sur l’estrade. Mes chers amis, prendre la parole en de telles circonstances m’émeut très fortement. Je ne chercherai pas à nous défendre. Nous avons échoué. Par notre faute, dans notre soif d’un avenir meilleur, des tas d’hommes, de femmes, et d’enfants ont perdu la vie. Je pense notamment à la fiancée de mon très cher ami et collègue, le professeur Seiu, ma cousine Hakaze, ainsi qu’à ma propre mère, à qui je souhaite la paix dans l’autre monde. Je me mordis la lèvre tellement fort en entendant cela que du sang se répandit sur les draps immaculés. Les larmes me montèrent aux yeux et brouillèrent ma vision. Néanmoins, j’ignorais que cette annonce de décès n’était que le prélude d’une descente aux enfers bien plus violente. — Étant pour le moment le seul homme sorti indemne de cette tragédie, je me dois de vous révéler ce qu’il s’est vraiment passé. La vérité pure et dure, sans le moindre mensonge. Vous, ainsi que toutes les victimes de cet évènement tragique, vous méritez de la connaitre. Mon cœur s’accéléra. Je savais ce qu’il allait annoncer. Pourtant, au fond de moi, j’avais encore une once d’espoir dans cet homme que je considérais comme une marionnette de son frère. — Je ne suis pas quelqu’un qui pratique la calomnie, surtout lorsque l’on parle d’une personne qui n’est pas physiquement présente, et qui est peut-être décédée à l’heure actuelle. Cependant, vous avez vu, de vos propres yeux, l’action de Soichiro Namatame contre le cœur du réacteur. J’ignore quelles étaient ses intentions, à lui et à Violet Leblanc. Peut-être la gloire les a effrayés. Peut-être refusaient-ils de partager ce succès avec le monde. Peut-être désiraient-ils garder leurs recherches pour eux. Dans tous les cas, qu’importent leurs motivations, ces esprits brillants ont commis l’irréparable. Je suis prêt à prendre l’entièreté de la faute sur mes épaules si cela peut soulager les victimes. J’aurais dû être plus vigilant et ne pas confier une aussi lourde tâche à n’importe qui. Je frappai violemment la table de chevet de mon poing, si fort que je renversai la tasse de thé de Masamune. Je prenais vraiment sur moi pour ne pas étriper ce type. Il me dégoutait. Moi qui le considérais pour une victime, tout comme nous, il venait de faire bien pire que son enflure de frère ! Voyant que je n’allais pas en supporter davantage, Masamune éteignit la télévision et posa la main sur mon épaule. — Violet, ce n’est qu’un tissu de mensonges. Nul ne le croira. Vous avez toujours agi pour le bien de l’humanité. Je suis certain que… — Masamune. Dis-moi… Pourquoi ne m’as-tu pas encore rien dit sur l’état de Soichiro ? Le policier grimaça. Toutefois, je soutins son regard et il finit par céder. — Il a fait ce qu’il avait à faire. J’ai été incapable de le retenir, même blessé. Mon ami passa sur une autre chaine d’informations qui diffusait un discours qui me laissa coi. Soichiro, lui aussi assailli par les journalistes, tenait une conférence de presse bien différente. Il était loin d’être remis de ses blessures, et pourtant, il faisait face à ses détracteurs qui n’hésitaient pas à le traiter de tous les noms. — Comme je vous l’ai dit, mademoiselle Leblanc n’a rien à voir avec cette histoire. Je l’ai forcée à collaborer avec moi. Elle n’avait donc d’autre choix que de me soutenir. Elle a bien tenté de m’arrêter, mais il était trop tard. L’explosion n’était en aucun cas volontaire. Toutefois, je compatirai devant n’importe quelle cour de justice étant donné que, par ma faute, et par mon unique faute, vous avez perdu des proches, vos familles, vos amis, et bien d’autres encore qui comptaient pour vous. Mais je le répète, je… https://www.youtube.com/watch?v=z9_RD-iRQW0Cette fois-ci, ce fut moi qui éteignis la télévision, incapable d’en supporter davantage. Je ne pus me contenir plus longtemps et laissai éclater ma peine. Cette explosion ne m’avait pas tuée, mais elle avait brisé mon cœur et mon esprit en mille morceaux. Je comprenais à présent les menaces de Ricky, mais jamais, au grand jamais, je n’aurais imaginé qu’il puisse aller jusque-là. Je hurlai. Hurlai de désespoir. Hurlai à l’injustice. Hurlai de haine. Hurlai de rage. Hurlai de tristesse. Hurlai de remords. Mais il était trop tard. Nul ne pouvait entendre mes pleurs qui, tel un torrent d’émotions négatives, s’écoulaient le long de mon visage dans une cascade incontrôlable. Masamune me prit dans ses bras et laissa exploser sa propre peine. Lui aussi, il venait de perdre bien plus qu’un ami. — Je ferai éclater la vérité au grand jour, sanglotai-je. Je laverai le nom de Soichiro, et je ferai en sorte que celui des Sawyer soit inscrit au panthéon des enflures, aux côtés des dictateurs… J’en fais le serment, Masamune. ** Je ne pus me remettre sur pieds que le lendemain. Flore et Masamune, afin éviter les émeutes, avaient accepté de m’accueillir dans leur petit appartement du centre de Tokyo. Grâce aux remèdes de mon amie, toutes mes courbatures avaient quasiment disparu. Soichiro avait profité de cette affaire pour blanchir notre mentor, désormais libre, mais tout aussi détruit que moi. Cependant, la nuit blanche que je venais de passer m’avait permis de réfléchir. Je savais comment obtenir ma vengeance, à présent. Mais pour cela… Il allait falloir que je quitte le Japon, que je retourne en France et que je reparte de zéro. C’était un pari risqué, mais nécessaire si je voulais laver le nom de Soichiro. Je devais créer quelque chose de grandiose, capable de faire éclater la vérité au grand jour et de rivaliser avec l’influence médiatique de cette ordure de Romain Sawyer. De toute façon… il était impensable de rester ici, où chaque coin de rue me rappelait mon échec. Je savais que je m’engageais sur une voie dangereuse et de non-retour, mais mon âme ne pouvait être purgée de la colère qui l’animait tant que les flammes qui la consumaient ne seraient pas éteintes. Ainsi, je fis part de ce projet fou à mon mentor qui, dévasté par la mort de sa femme et de notre amie, accepta aussitôt. Il ne me restait donc plus qu’une seule chose à faire avant de pouvoir entamer cette nouvelle phase de ma vie, guidée par la fureur et la vengeance. Je devais… faire mes adieux à Soichiro.
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 17:32 | |
| Chapitre 50 : Violet, encore une gamine- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=WYimrwF_XYwAu petit matin, je pris la direction de la cathédrale Sainte-Marie de Tokyo. Ce bâtiment à l’architecture étrange me fascinait, autant sur le plan technique qu’artistique. Il n’y avait aucun mot pour la décrire. Ces huit murs incurvés, parallèles deux à deux, formant une croix vue du ciel et recouverts de feuilles d’acier contrastaient totalement avec les structures classiques, ce qui rendait ce lieu vraiment incroyable à mes yeux. Soichiro et moi avions prévu de nous marier ici, une fois le projet terminé, avant de partir loin du Japon. Mais le destin en avait voulu autrement. Mon fiancé, encore en garde à vue en l’attente de son procès, nous pouvait pas sortir sans être accompagné de près d’un membre des forces de l’ordre. C’est pourquoi j’avais chargé Masamune de l’escorter jusqu’ici. Je m’assis sur l’un des bancs au premier rang, puis attendis, le regard plongé vers l’autel, illuminé par une petite ouverture dans la voute. Les jeux de lumière sur le tabernacle et le sol étaient tout simplement sublimes. Tout était calme. Il n’y avait pas un bruit à part l’écho de ma respiration. Cet endroit semblait avoir été épargné par la catastrophe que les médias appelaient déjà « Purple Requiem ». En plein centre de la ville, une faille gigantesque s’était ouverte. Chiyoda, Ginza et Shinjuku avaient été coupés en deux, ni plus, ni moins. Des milliers d’habitants étaient toujours portés disparus, happés par cette lumière mauve. Je me sentais chanceler rien qu’en y repensant. https://www.youtube.com/watch?v=rZqe39C172ESoudain, un bruit de pas me tira de mes pensées. Toutefois, je ne tournai pas la tête et fis signe à la personne qui venait d’entrer de s’asseoir sur le banc derrière moi. — Violet, je… Je l’interrompis. Une boule me nouait la gorge rien qu’en entendant le son de sa voix, cette voix qui m’avait sauvée tant de fois par le passé. — Soichiro, je suis contente que tu aies accepté mon invitation. Je vois que, pour une fois, Masamune ne s’est pas perdu dans les rues. — Eh bien, pour te dire la vérité, cela fait dix minutes que nous cherchons l’église, me répondit mon fiancé, mal à l’aise. Je ne pus m’empêcher de sourire. — Comme quoi, un rayon de lumière peut détruire une ville, certaines choses ne changeront jamais. Silence. Ni lui, ni moi, ne savions comment nous parler. — Dis-moi. Pourquoi t’es-tu dénoncé ? finis-je par déclarer d’une voix faible. Si tu m’avais attendu, j’aurais pu t’amener les preuves dont nous avions besoin pour descendre cette enflure de Romain. — Je l’ignore moi-même. J’ai simplement pensé à ce que tu subirais à ton réveil… Alors j’ai agi sans réfléchir. — Et maintenant, tu es dans l’attente de ton procès, que tu ne pourras jamais gagner. Pourquoi n’as-tu pas dénoncé cette ordure ? — Qui m’aurait cru, de toute façon ? Le premier à dévoiler la vérité, même si elle est fausse, est le vainqueur. Les contestataires ne sont que des accusés qui tentent de se défendre, vainement. Mais j’imagine que tu es encore trop jeune pour le comprendre, gamine. — Oui… Tu as raison… Je ne suis encore qu’une gamine. Comme une enfant irresponsable, j’ai été incapable de te soutenir, murmurai-je, la tête basse. Un autre silence. Pour la première fois, Soichiro ne saisit pas la perche que je lui tendais. Quelle était l’expression sur son visage à ce moment-là ? Quelles émotions tiraillaient son cœur ? Quels étaient les espoirs qui le maintenaient en vie ? Je n’osai me retourner pour trouver de réponses à mes questions. — Tu vas être condamné à mort. Est-ce que tu en es conscient ? Le crime que tu as prétendument commis est impardonnable. — Je le sais. — Aucun avocat ne pourra te défendre. Romain Sawyer sera témoin contre toi. Lui, et des milliers d’autres victimes. — Je le sais. — Même moi, je n’aurai aucun poids judiciaire. Pas après ce que tu as déclaré sur moi. Aux yeux du monde, je ne suis qu’une martyre parmi tant d’autres. — Je le sais. — Mais cela ne veut pas dire que j’abandonne, Soichiro. Je vais retourner en France, et, de là, je ferai mon possible pour te venir en aide. — C’est bien ce que je dis. Tu es une gamine, naïve et rêveuse, tu ne peux… — Un rêve est une équation, à première vue, insoluble. Il suffit d’aborder le problème sous un autre angle pour entrevoir la solution. Tant que le contraire n’est pas démontré, il existe une réponse. Qu’était le projet « Hakaze », si ce n’est la rêverie d’un enfant ? Soichiro émit un rire léger. — Tu dois avoir raison. Je suis certainement trop vieux pour continuer à rêver dans ce cas. Sans ajouter un mot, je me levai et passai devant Soichiro, toujours sans oser croiser son regard. Cependant, lorsque je l’eus dépassé, je m’arrêtai et touchai l’anneau d’or qui ornait mon annulaire. — Le monde est vaste, Soichiro. Et nos chemins imprévisibles. Si on m’avait dit qu’en venant m’installer au Japon, je rencontrerais tous nos amis de Rikoukei et que je bâtissais avec toi et Ryoko ce projet fou, jamais je ne l’aurais cru. Et pour cause, je n’osais même pas te regarder dans les yeux lors de notre première rencontre. Tout comme aujourd’hui, somme toute. — Violet…, murmura mon fiancé, incapable de répondre. — Je voulais devenir scientifique pour me plonger pleinement dans mes recherches, oublier le monde qui m’entourait. À défaut de laisser un souvenir aux gens que je côtoyais, j’espérais que mon nom soit inscrit dans les livres d’histoire, aux côtés d’Einstein, Descartes et Newton. Je souhaitais pouvoir guérir les famines, arrêter les guerres et rencontrer des personnes formidables, partageant la même passion que moi. Je marquai une pause pour reprendre ma respiration. Chaque mot que je prononçais me nouait davantage la gorge. — Malgré toutes mes erreurs, ce rêve est encore possible aujourd’hui. Et ce, grâce à toi. — Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’as fait aucune… — Ton nom est peut-être sali, mais nous avons surmonté bien des épreuves, tous les deux. Combien de fois la salle de club a-t-elle explosé à cause des expériences d’Édouard ? Le Purple Requiem n’est qu’une explosion de plus pour nous, une explosion que nous pourrons réparer également. Mais cela, je ne pourrai le faire que depuis la France. Ce que je te dis aujourd’hui sont certainement les derniers mots que tu entendras de ma bouche avant très longtemps. Toutefois, je te fais le serment que, lorsque nous nous reverrons, tu seras redevenu le scientifique respecté et reconnu que tu étais destiné à devenir. Chaque parole que je prononçais me brûlait la gorge, mais c’était mieux ainsi. Soichiro le savait lui aussi. De toute façon, jamais il n’aurait pu quitter le Japon dans ces circonstances. Contrairement à moi, il ne possédait pas de double nationalité. — Une dernière question, Soichiro : ton père, est-il… — Je n’ai pas de père, je te l’ai déjà dit de nombreuses fois. — Je vois. Je comprends mieux. Dans un ultime geste qui déchira ce qu’il restait de mon cœur brisé, je retirai l’anneau d’or que je portais à mon doigt depuis maintenant huit ans, le déposai sur le banc, et sortis de cette église sans me retourner, sans jeter un seul regard à l’homme de ma vie. Car je savais qu’au moment même où mes yeux se poseraient sur lui, j’allais être incapable de m’enfuir. — Adieu, Tokyo. Adieu, E.T.H.E.R. Adieu, Soichiro. Puis je partis rejoindre le professeur à l’aéroport en direction de Paris, là où tout avait commencé, et où recommencerait. ** https://www.youtube.com/watch?v=bbss_iQEX9IUne sensation étrange m’envahit lorsque je posai pour la première fois dix ans le pied sur le sol français. L’aéroport n’avait pas changé, ni même les Français, d’ailleurs. Il y avait toujours ce désordre et cette agitation perpétuels à l’annonce de vols retardés, reportés ou supprimés. Les gens nous bousculaient sans s’excuser. D’autres manifestaient en plein milieu du hall d’entrée. D’autres encore couraient pour attraper un avion de dernière minute. Oui. Ici, tout était identique au jour où j’avais quitté la France. Le Purple Requiem n’avait nullement affecté le quotidien de toutes ces personnes. La vie continuait son cours, imperturbablement. Ce fut sur le quai de débarquement que je fis finalement mes adieux à mon mentor. — Bien… Je crois que nos chemins à nous se séparent également, professeur, déclarai-je tristement. — Ne m’appelle plus comme ça, Violet, je ne suis plus qu’un ami désormais. J’ai perdu ce titre le jour où j’ai accepté que les frères Sawyer imposent leur loi, me répondit-il en se forçant à sourire. — Qu’importe si vous deviez vous reconvertir en vendeur à la sauvette, vous resteriez tout de même pour moi mon mentor, mon superviseur de club et mon collègue, Ryoko. Ce dernier, submergé par l’émotion, me prit dans ses bras et me serra contre lui, comme un père réconfortant une gamine sur le point d’éclater en sanglots. — Ne fais rien de stupide, ma petite Violet, me lança-t-il d’une voix brisée par la tristesse. Nous avons déjà perdu notre travail, nos rêves, nos amis, nos réputations et nos familles. Ne m’impose pas de te perdre toi aussi, mon enfant. — Dites, professeur… Est-ce que vous pensez... Est-ce que vous pensez que la catastrophe s’est produite parce qu’elle devait se produire... Ou bien par notre seule et unique faute ? Un temps de silence me répondit, temps pendant lequel il ne me lâcha pas et resserra son étreinte contre lui. — Violet. Il est impossible de changer le passé… — Je le sais, professeur. C’est vous qui m’avez appris les lois de la physique de notre monde… — Oui. Les lois de la physique… de notre monde… Ces lois qui peuvent être différentes ailleurs… Sur le moment, je ne compris pas ce que mon mentor voulait me dire et il ne développa pas davantage sa pensée. Ce furent les dernières paroles qu’il me prononça avant de choisir sa route, et moi, la mienne. Il partait pour Genève, au CERN, là où des collègues du projet Hakaze avaient trouvé refuge et lui avaient gardé une place. Quant à moi, je pris la direction de mon ancienne demeure, où j’avais grandi, seule, isolée du reste du monde. Le taxi me déposa en pleine campagne et je décidai de terminer à pied. Ainsi, je remontai cette longue, longue allée de platanes qui menait directement au château. Tout était, une fois de plus, comme dans mes souvenirs. Le silence régnait. Des champs de colza s’étendaient à perte de vue. Le chemin ombragé ne laissait se faufiler que quelques rares rayons de soleil à travers l’épais talus de feuilles qui couvrait ma tête. Un vent chaud et sec soufflait sur ma peau. L’air était lourd, mais le ciel d’un bleu éclatant, sans un nuage à l’horizon, exactement comme tous ces étés que j’avais passés ici, seule. J’arrivai devant le portail après dix minutes de marche lente, à me remémorer tous les souvenirs que je possédais dans cette immense bâtisse qui me faisait face. Ce château d’un blanc immaculé bien trop grand pour une personne, cette façade sculptée selon mes désirs d’enfant, cette fontaine ornant le parc, à l’arrêt depuis bientôt dix ans… Tout était comme dans mes souvenirs brumeux. Ici non plus, le Purple Requiem n’avait pas eu d’impact. La main tremblante, je sortis la clé de ma poche et poussai ce lourd portail rouillé qui s’ouvrit en grinçant. Mon cœur s’accéléra au fur et à mesure que j’avançai sur ces graviers si familiers. J’avais quitté la France, des rêves plein la tête, des espoirs dans mon cœur et l’envie de m’instruire dans la peau. Et je ne revenais qu’avec une valise à moitié vide, usée par les âges. D’un pas lourd, je montai les marches du parvis et m’arrêtai devant cette porte monumentale que j’avais franchie tant de fois, seule. Et, alors que je pensais remettre les pieds, ici, avec Soichiro, je m’apprêtai une fois de plus à la franchir sans personne pour m’accompagner. Mais, alors que j’allais introduire la clé dans la serrure, le portique s’ouvrit et me laissa découvrir le visage si familier d’Elwood. Il debout au milieu du hall d’entrée, un sourire triste illuminant son ses lèvres. — Bienvenue chez vous, mademoiselle Violet, me lança-t-il en s’inclinant. À ce moment-là, je ne pus me retenir davantage. Ce fut le visage couvert de larmes de tristesse, de joie, de nostalgie et de regret que je me jetai dans ses bras et lui répondis : — Je suis rentrée, Elwood.
Chapitre 51 : Violet, vie adulte- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStwY a-t-il un sens à nos actions ? Sommes-nous réellement libres de nos choix ? Ou bien sont-ils guidés par cette force supérieure que l’on appelle « destin » ? Aucune de ces deux réponses ne me satisfaisait. Je refusais de croire que tout ce que nous avions fait jusque-là avait toujours été voué à l’échec, et ce, peu importe les choix que nous faisions. Mais d’un autre côté, admettre que ces événements étaient entièrement de notre faute revenait à admettre que nous étions des incapables, faibles, et que ce n’était que notre châtiment pour avoir voulu sauver le monde. Je ne savais plus quoi penser. Alors, pour ne pas sombrer dans la folie, à ressasser sans cesse des futurs alternatifs, je me plongeai corps et âme dans ce nouveau projet que je nommai simplement : Ether. À peine fussé-je de retour au château que je dilapidai toute la fortune de mon héritage pour racheter le futur quartier général de ma vengeance contre les Sawyer : la tour Montparnasse. Mon but était simple. Créer une fédération suffisamment puissante et influente pour contrecarrer les plans de Romain et de son enflure de frère, Ricky. Je repris également la société et les employés de mes parents. Cela leur permit de s’offrir une retraite paisible sur la Côte d’Azur, tandis que je leur promis de continuer leur œuvre. Mais il n’en était rien. En tant que rescapée de la catastrophe, je fis jouer mon influence pour investir des millions dans une aide à la reconstruction de Tokyo. Très rapidement, Ether, la fondation humanitaire, surclassa même l’ONU. Au début, je crus être capable de contredire les déclarations de Romain et de dévoiler la vérité, mais il n’y avait rien à faire. Ce type avait toujours une longueur d’avance sur moi. Je compris alors que la cause que je défendais était peine perdue. Il avait le soutien des gouvernements et des entreprises. Tout ce que je pouvais faire était de chercher en vain des preuves de sa culpabilité. En trois ans à peine, une bonne partie de la ville fut reconstruite grâce à nos uniques efforts, ce qui améliora encore l’image de cette entreprise ayant obtenu le titre de fédération. De nombreux Tokyoïtes, hostiles au gouvernement de Sawyer, vinrent s’installer en France et me rejoignirent dans ma quête de vérité. Sans surprise, Soichiro fut condamné à mort par le tribunal autoritaire du nouveau maitre de Tokyo, Romain Sawyer. Toutefois, c’était sans compter sur ma propre influence. Ainsi, je rachetai les ruines du réacteur Kvantiki, ainsi qu’un gigantesque terrain aux alentours qui devint une sorte d’État à part entière, sous mon entière juridiction. Avec l’aide de Masamune, Flore et Édouard, nous exfiltrâmes le soi-disant criminel dans cette Terre d’accueil où les lois de Tokyo ne pouvaient s’appliquer. Ce n’était qu’une solution temporaire dans l’attente d’un scandale qui ferait éclater la vérité au grand jour. Entre temps, j’avais donné naissance à une fille, Alice, qui fêtait ses deux ans le jour même de la fin de cette première grande étape. C’était en grande partie grâce à elle que je ne sombrai pas dans la folie, je pense. Sa présence à mes côtés me donnait une raison de poursuivre ce rêve insensé. Je voulais que cette petite chose fragile rencontre son père, non pas comme l’homme détruit et recherché que j’avais laissé derrière moi, mais comme le génie scientifique qui m’avait séduite. Qu’elle puisse être fière de lui. Les années passèrent. Ether se développa considérablement. Alice grandit bien trop vite. Et Ricky Sawyer courait toujours. C’est pourquoi, dans la crainte d’un second Purple Requiem, j’ouvris une nouvelle branche, celle qui fut par la suite le symbole de la fédération : la branche d’Izrath. Celle-ci n’avait qu’un seul objectif : former des combattants possédant des Spirituals afin de lutter partout sur le globe contre les guerres et aider les populations. Je refusais que le monde dans lequel allait grandir Alice soit sans cesse menacé par les ambitions de fous comme les frères Sawyer. De plus, Ricky et son associé, Silver, s’étaient volatilisés depuis la catastrophe. Romain l’avait simplement déclaré disparu, mais je savais que son esprit tordu cachait une vérité bien plus sombre. Dix ans s’écoulèrent encore. Dix ans pendant lesquels Romain s’était tenu tranquille. Cette ordure se faisait désormais passer pour un bienfaiteur et avait même été élue plusieurs fois maire de Tokyo. Cela me dégoutait de le voir jouer au bon samaritain, d’autant plus que j’avais pleinement conscience qu’il ne faisait pas tout cela pour se racheter de ses crimes. Malheureusement pour ce déchet, j’étais à présent aussi, voire plus influente que lui, moi qui étais à la tête de la première puissance française. ** https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4Ce jour-là, je faisais les cent pas dans mon bureau au cinquante-huitième étage de la tour Éther. J’attendais les nouvelles de notre dernière opération avec appréhension. Cette mission était risquée, non seulement pour les envoyés sur place, mais également pour la fédération elle-même. C’est pourquoi seuls quelques hommes se trouvaient sur le terrain. Soudain, l’écran de mon ordinateur s’alluma et je me précipitai à mon bureau, le cœur battant à tout rompre. Le visage de Masamune apparut devant le champ de ruines tristement célèbres du réacteur Kvantiki. Mon ami de l’académie, autrefois si blagueur et insouciant, affichait une mine angoissée et contrariée. — Masamune Nishijima, au rapport ! — Venons-en directement aux faits, Masamune. Dis-moi, est-ce que vous avez découvert quelque chose ? lui lançai-je aussitôt sans prendre la peine de le saluer. L’homme se mordit la lèvre. Après avoir regardé furtivement tout autour de lui, il rapprocha le micro de sa bouche et se mit à chuchoter. — Écoute-moi bien, Violet, murmura-t-il. Mon flair de policier justicier ne me trompe pas. Tout ce que tu m’as raconté, nous en avons les preuves, désormais. Le Kvantiki laisse des traces, même plusieurs années après. Et il est évident que l’explosion du réacteur n’était pas accidentelle…, mais bien provoquée par un Spiritual. Enfin… Pas accidentelle, je parle sans savoir. — Que veux-tu dire ? lui demandais-je, sceptique. Ricky d’être parfaitement conscient de ce qu’il faisait. — Oui… Et non. Comment expliquer cela de façon simple… Mon ami se gratta la barbe, regarda à nouveau tout autour de lui furtivement, et reprit d’une voix encore plus basse, presque imperceptible. — Il s’est enfui. Le monstre qu’a libéré Ricky Sawyer a échappé à son contrôle. C’est cela qui a propagé l’explosion à des kilomètres à la ronde. Je me figeai. Un frisson me parcourut l’échine rien qu’à l’idée qu’une créature seule ait pu engendrer autant de dégâts matériels et humains. — Qu… Qu’est-ce que tu me racontes encore, Masamune ? Édouard et ses complots n’auraient-ils pas déteint sur toi ? Je te préviens, je n’ai pas le temps pour… — Je suis très sérieux, Violet, me coupa-t-il d’une voix tremblante. Je peux même affirmer, grâce aux traces qu’elle a laissées, que cette créature était d’origine quasi divine. Un seigneur d’Izrath. Un seigneur déchu. Le pouvoir de Ricky que tu as entrevu n’était qu’une infime partie de la puissance de ce Spiritual. Je me levai et me remis à faire les cent pas dans mon bureau. Était-ce réellement possible ? Un seigneur d’Izrath, déchu qui plus est, en liberté sur Terre ? Pourquoi ? Où était-il, désormais ? Quelles étaient les véritables intentions de Ricky en la libérant ? Que s’était-il passé pour qu’il échappe à son contrôle ? Se pouvait-il qu’en réalité, son plan ait totalement échoué ? Cela me frustrait. J’avais tous les éléments de réponse sous les yeux, et, pourtant, cette énigme était toujours aussi brumeuse. Plus j’enquêtais et moins je comprenais les objectifs de Ricky et Romain. https://www.youtube.com/watch?v=Xql1m5kUe4MSoudain, les portes automatiques de l’ascenseur s’ouvrirent et laissèrent rentrer Alice, qui courut vers moi, l’air affolé. Je n’y prêtai que peu attention. Elle avait sans cesse tendance à trop en faire. J’imaginais déjà qu’elle allait m’annoncer qu’elle avait cassé un chandelier ou fait tomber un tableau du mur. — Maman, j’ai besoin de ton aide ! Le proviseur m’a demandé de faire le discours de fin d’année, mais je ne sais pas du tout parler en public ! Est-ce que tu pourrais me le faire s’il te plait ? Je suis perdue ! Devant cette scène, Masamune lâcha un léger rire amusé. Ma fille, qui n’avait pas remarqué jusque-là que j’étais en communication, s’empourpra comme une tomate et se cacha maladroitement derrière moi. Ce fut à mon tour de pouffer. — Eh bien, c’est que tu as grandi, ma petite Alice ! s’exclama le policier enthousiaste. La dernière fois que je t’ai vue, tu étais haute comme trois pommes ! Tu te souviens de ton amie Akemi ? Je suis son père ! — Euh… je… Merci… Enfin, je crois… Toujours plus honteuse, elle tenta de disparaitre encore plus. Il était vrai que les années avaient passé très rapidement et que j’avais été si absorbée par mes recherches que mes anciens camarades n’avaient que très rarement rencontré Alice. Elle venait de fêter ses quatorze ans récemment et était mon portrait craché. Tout ce qui nous différenciait était ses cheveux, châtain cendré et légèrement ondulés, ainsi que ses yeux. Elle avait hérité de ceux de Soichiro. Je m’étais souvent perdue dans son regard quand elle n’était encore qu’une enfant qui me rappelait tant l’homme que j’avais un jour aimé. — D’ailleurs, Masamune, repris-je d’une voix douce, oubliant complètement la révélation qu’il venait de me faire. Puisque tu es à Tokyo, est-ce que tu l’as revu ? Ou bien est-ce que tu aurais de ses nouvelles ? — D’après la rumeur, cette vieille branche est devenue leader de gang dans ton petit État indépendant. Je lâchai un long soupir et me pris la tête dans les mains. Sérieusement, comment s’était-il débrouillé ? Son nom était peut-être encore souillé, ce qui l’empêchait d’avoir une vie normale, mais de là à intégrer la pègre… Ce type était désespérant. — Tu sais, je me disais… Il faudrait qu’on fasse une réunion au labo un de ces quatre, reprit mon ami en plongeant son regard dans les ruines. Tu verras, Akemi et Kosei ont beaucoup grandi, eux aussi ! — Un jour, sûrement, oui, on en fera une. De toute façon, le laboratoire ne peut plus exploser désormais… Tout en prononçant ces mots, je me mis à passer machinalement ma main dans les cheveux d’Alice qui, en se dégageant, me ramena à la réalité. — Oh, désolée. Ne t’inquiète pas ma chérie, je te ferai ton discours après. Je suis en réunion pour l’instant, mais je ne devrais plus tarder. Demande à Elwood de te trouver une occupation, je suis certain qu’il connait des endroits sympathiques dans le quartier. — Ne rentre pas trop tard, hein ! — Promis, j’arrive bientôt. Alice repartit comme elle était venue. Cela brisa ce court instant de répit et me ramena à des affaires bien plus sombres. https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4— Reprenons Masamune, lançai-je après m’être raclé la gorge. Du côté d’Édouard, est-ce qu’il y a du nouveau ? — Rien malheureusement. Tu étais sûre que l’envoyer en infiltration dans le mouvement ESPer était une bonne idée ? — N’oublie pas qui est le leader actuel, rétorquai-je. Éric Sawyer n’était peut-être qu’un enfant à cette époque, mais, aujourd’hui, il a sa propre organisation. Je suis certaine qu’il a, lui aussi, sa part de responsabilités. Connaissant cette famille de dérangés, cela ne m’étonnerait même pas. — Très bien, j’ai compris. Tu veux qu’Édouard le pousse à se révolter, c’est cela ? — En effet. On ferait ainsi d’une pierre deux coups. Forcer ESPer à prendre la ville, détrôner Romain, puis arrêter Éric. L’idée est alléchante n’est-ce pas ? Derrière son écran, je vis le visage de Masamune se crisper. Il déglutit. Certainement devait-il me prendre pour une folle, et peut-être l’étais-je devenue, mais Romain devait tomber de son piédestal à tout prix. Et pour cela, j’étais prête à employer n’importe quel moyen, y compris les moins nobles. À Tokyo, il y avait encore de nombreux opposants à la fédération Ether, mais également à Romain. Tous étaient réunis sous la même bannière de « Purple Revolution », un groupe de terroristes qui souhaitait reprendre le contrôle de la ville. Il ne faisait d’ailleurs aucun doute que le mouvement ESPer y fût étroitement lié. — Sérieusement… Si je finis en prison par ta faute, Laure va vraiment divorcer cette fois… — Ne t’inquiète pas. Édouard sera le seul responsable de son échec. De toute façon, j’ai déjà payé sa caution pour les trente prochaines années la dernière fois qu’il a tenté de voler de l’uranium au CERN. — Tu as toujours un coup d’avance sur nous même après toutes ces années, Violet, s’amusa l’homme à la cicatrice. https://www.youtube.com/watch?v=qSvpN72u9F8— Si seulement… j’avais pu avoir un coup d’avance de soir-là aussi, soupirai-je. Lentement, je fis tourner mon siège pour regarder la ville à travers l’immense baie vitrée de mon bureau. Je ne m’y étais pas encore habitué. Tout semblait si petit vu d’ici alors qu’à Tokyo, les gigantesques tours poussaient comme de mauvaises herbes. Mais finalement, la vie n’était pas bien différente… À l’exception qu’à Paris, aucun réacteur Kvantiki ne menaçait d’exploser à tout moment et aucun fou dangereux n’était aux commandes. J’étais seule maitresse à bord, seule présidente d’Éther, seule femme possédant le pouvoir sur toute la ville. — Tu sais… Nous y arriverons, reprit Masamune d’une voix douce. Nous détrônerons Romain. Nous laverons le nom de Soichiro. Et nous vengerons Hakaze. Ce jour-là, nous nous retrouverons tous ensemble pour fêter le renouveau ! Je ris légèrement. Même après toutes ces années, Masamune ne pouvait s’empêcher de sortir des âneries à chacune de ses phrases. — Prends une pause et viens me rejoindre à Paris avec Flore et Édouard. Cela vous fera du bien à tous. — À vos ordres, présidente ! ricana mon ami avec un salut militaire exagéré. Je lâchai un soupir puis coupai la communication. Je n’étais pas tirée d’affaire avec de tels associés. Néanmoins, j’ignore ce que j’aurais fait sans leur soutien. Je leur devais énormément. — Nous fêterons le renouveau très bientôt. Je vous le promets.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Mer 8 Jan - 20:21 | |
| Chapitre 52 : Violet, problèmes d’adultes- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=UZcjUqmdHMA&t=3sUn an plus tard, tout était fin prêt pour lancer l’ultime opération de la fédération Ether, ce pour quoi je m’étais battu toutes ces années, la raison même de la création de ce mouvement. Pour l’occasion, j’avais convoqué le « noyau dur » de l’équipe comme nous nous appelions entre nous, à Paris, pour finaliser les derniers détails. Sans surprise, le professeur Ryoko fut le premier arrivé à la tour Ether. Mon ami et mentor avait énormément changé depuis le cataclysme, autant physiquement que moralement. Ses cheveux s’étaient mis à grisonner rapidement jusqu’à devenir presque argentés, des rides commençaient à sillonner prématurément son visage et ses yeux, autrefois si pétillants, avaient perdu leur éclat. Je n’avais eu que très peu d’échanges avec lui, mais ses nombreuses découvertes scientifiques me confirmaient ce que je redoutais le plus. Il s’était renfermé sur lui-même, passant ses journées à travailler pour noyer sa peine et tenter d’oublier la cruauté du monde. Nous échangeâmes quelques banalités et il me félicita pour ma réussite. Je pouvais sentir dans sa voix qu’il n’était plus que l’ombre de celui qui avait autrefois été à deux doigts de changer la face de l’humanité. Les trois autres lascars arrivèrent avec plus d’une heure de retard. Toutefois, je ne m’énervais pas. J’avais bien attendu plus de dix ans. Je pouvais bien patienter une heure de plus. Sans plus tarder, je m’installai à la table ronde de mon bureau pour commencer cette ultime réunion. — Bien. Je suis contente que vous ayez répondu à mon invitation, tous autant que vous êtes, et malgré vos impératifs. — Tu croyais vraiment que tu pouvais défaire un complot sans le génie maléfique d’Édouard Delacour ? Je n’ai pas passé près d’un an dans ce mouvement de fol dingo pour… — Justement, Édouard, au lieu de débiter des bêtises plus grosses que toi, fais-nous ton rapport sur cette année. https://www.youtube.com/watch?v=yNYWNUwT0r4Le visage du prétendu savant fou s’assombrit aussitôt. Pour que cet abruti fini abandonne ses blagues et ses théories complotistes, les nouvelles ne devaient pas être réjouissantes. — Comme notre leader aux cheveux de paille l’a si bien dit, j’ai effectivement infiltré le mouvement ESPer pendant un an. Ce que j’y ai découvert n’est pas glorieux. Outre le fait qu’il s’agisse d’un régime à la limite de la légalité, autant sur leurs pratiques que sur leurs actions, je pense qu’ils cachent des relations très étroites avec le gouvernement. — Allons bon, tu vas nous sortir que la NASA et le Népal sont impliqués là-dedans, je me trompe ? ricana sa sœur tout en sirotant une tasse de thé préparée par Masamune. — Dois-je te rappeler, ma chère Flore, qu’il est réellement question d’une organisation secrète qui tire les ficelles dans l’ombre de Tokyo ? Il y a vraiment quelque chose que le monde ignore. Quelque chose d’énorme ! — Il n’a pas tort, pour une fois, je pense qu’il est le mieux placé pour parler, ajouta le policier. — Si on m’avait dit que ces théories du complot nous mèneraient quelque part, je ne l’aurais jamais cru, grommela le professeur. Je lâchai un long soupir. La réunion n’avait même pas commencé depuis deux minutes que nous nous écartions déjà du sujet. Je fis donc taire toutes ces contestations pour nous focaliser sur notre objectif. Édouard s’éclaircit la gorge, puis continua son discours. — Je reprends. Comme vous le savez, le mouvement ESPer a été fondé par Éric Sawyer, le fils de Ricky, peu après le Purple Requiem. Officiellement, il s’agit d’un groupe qui a pour but d’aider les humains incapables de maitriser les pouvoirs de leurs Spirituals. — Je ne sais pas pourquoi, mais je doute fort que cette famille de cinglé prône l’humanitaire, déclara Ryoko, les bras croisés sur son torse. N’oubliez pas qu’ils ont tué leurs propres mère et cousine sans aucun remords. Si ça ne tenait qu’à moi, ils seraient déjà irradiés aux rayons gamma. — C’est bien pour cela que tu m’as envoyé enquêter, Violet. Je hochai la tête. — J’ai pu gagner la confiance de la numéro deux de cette organisation, une certaine Cécilia Marciela, qui m’a donné accès aux archives. — Et bien, ils doivent être vraiment dérangés dans ce mouvement pour faire confiance à ce type, railla Flore. Je lançai un regard noir à mon amie qui se tut aussitôt. La situation était trop grave pour nous permettre d’en rire. — Comme Violet le pensait, Éric et Romain sont en contact. Plus inquiétant, ils recherchent quelque chose qu’ils nomment « le cœur d’Izrath ». Je me crispai et le professeur écarquilla les yeux, le visage soudain blême. — Le… Le cœur d’Izrath, tu dis ? répétai-je, abasourdi. Ryoko, ce n’est quand même pas… — Si… C’est exactement cela. Il s’agit de la pierre que nous avons utilisée en tant que catalyseur du réacteur. Mais c’est étrange… elle a été détruire durant l’explosion. Son pouvoir est infime, à peine suffisant pour maintenir quelqu’un en… Il s’arrêta net. Lui comme moi, nous avions parfaitement compris où ces dérangés voulaient en venir. — Quand Ricky m’est apparu… Il m’a dit haïr la vie… Mais il m’a aussi fait part de son plan… de rendre l’humanité immortelle. — L’humanité immortelle ?! s’étrangla Flore en recrachant son thé d’un seul coup. Qu’est-ce que c’est que ce plan foireux encore ? Et surtout, pourquoi ? Je sais bien que c’est le rêve de milliers de gens…, mais cela n’a juste aucun sens ! — J’imagine que nous sommes incapables de comprendre à notre niveau, répondis-je gravement. Cependant, le cœur d’Izrath existe bel et bien, et correctement exploité, il aurait cette capacité. Je croisai les bras sur ma poitrine, pensive. Le souvenir de notre affrontement me hantait toujours. Quelque chose n’allait pas dans cette histoire. Ricky n’agissait pas seul. Il y avait cet homme, Silver. Tous deux semblaient œuvrer dans un but bien précis, autrement plus complexe que ce projet insensé de donner l’immortalité à l’humanité. — Selon les recherches du mouvement, deux fragments sur quatre seraient déjà localisés, dont un en la possession de Romain. C’est là que les choses sérieuses commencent. Édouard s’accouda sur la table et sortit de sa mallette aux couleurs d’ESPer un document classifié « top secret ». Lorsque je posai les yeux dessus, je dus réprimer un hoquet de surprise. — Apparemment, l’accord entre l’oncle et le neveu a, comme qui dirait, du plomb dans l’aile. — Attends… C’est du sérieux ? murmura Masamune, interdit. ESPer compte réellement lancer une attaque contre la mairie de Tokyo ? C’est de la folie ! — De la folie, peut-être, l’interrompis-je. Mais une occasion pour nous. Tous les regards se tournèrent vers moi. Je soupirai. Il fallait vraiment tout leur expliquer. https://www.youtube.com/watch?v=iJhp5U4ozpM— C’est le moment rêver pour détruire deux de nos ennemis en même temps. Laissons Éric attaquer son oncle. Ainsi, non seulement Romain se retrouvera fortement affaibli, mais en plus, nous pourrons démanteler ce mouvement stupide et faire parler le rejeton de Ricky. — Attends, Violet ! Il y a des civils à la mairie ! s’écria le policier, abasourdi. Nous ne pouvons pas… — Masamune, le coupai-je sèchement. Combien de personnes mourront si un second Purple Requiem se produit ? Mal utilisé, le cœur d’Izrath est aussi instable qu’une centaine de bombes nucléaires. Ce que Ricky désire accomplir pourra, soit rendre l’humanité immortelle… soit anéantir la planète. Comme tu le sais, nous n’avons aucune autorité à Tokyo. Romain condamnerait la fédération si nous attaquions ESPer sur des motifs qu’il démentirait facilement. Galvanisée par mon propre discours, je me levai brutalement de mon siège et frappai un grand coup sur la table de réunion. — C’est notre chance ou jamais ! Le gouvernement, affaibli et dépassé par l’attaque d’Éric, ne pourra que remercier Ether d’être venue à son secours. Certes, il y aura des victimes à déplorer. Certes, cette stratégie ne me plait pas plus qu’à vous. Certes, nous aurons des morts sur la conscience. Mais pensez que, si nous n’agissons pas, ce ne sont pas dix, ni cent, ni mille personnes qui périront, mais peut-être bien des milliards ! Nous ne sommes pas des héros ni des justiciers. Nous sommes humains. Nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Toutefois, nous pouvons sauver LE monde. Masamune, Flore, Édouard, professeur Ryoko, je sais que je vous en demande énormément, mais j’ai besoin de votre soutien une fois de plus. Nous allons devoir nous salir les mains, mais nous le ferons pour nettoyer la Terre de ces vermines qui le rongent ! N’oubliez pas cela. Tant que Romain ne sera pas tombé, le monde vivra dans le mensonge et la calomnie… Et plus que tout, Soichiro sera obligé de se cacher pour le restant de ses jours. Est-ce vraiment ce que vous voulez ? Abandonner notre président de club ? Condamner l’esprit le plus brillant de la planète à croupir dans les bas-fonds d’une ville en ruines ? Je marquai un temps d’arrêt pour reprendre mon souffle. Je m’apprêtai à développer d’autres arguments lorsque j’entendis les applaudissements du professeur. — Je me souviens de ton arrivée à Rikoukei comme si c’était hier, ma petite Violet. Tu as beaucoup changé, tu sais ? Tu es devenue une vraie meneuse. Hakaze serait vraiment fière de toi, aujourd’hui. Masamune, vaincu, lâcha un long soupir. — Si cette histoire s’ébruite, tu ne pourras pas payer notre caution, tu en es consciente ? — Mais on s’en fout de ta caution, triple andouille ! le rabroua Flore en lui assénant un violent coup de poing à l’arrière du crâne. Moi aussi, je suis réticente à l’idée de devoir sacrifier des innocents… mais comme tu l’as dit, nous ne sommes pas des héros. Nous ne vivons pas dans une utopie. Les frères Sawyer doivent être stoppés, quoi qu’il nous en coute ! Je te suivrai jusqu’au bout, même en prison, s’il le faut ! Avant que je n’aie pu répondre quoique ce soit, Édouard éclata de rire, à la façon d’un savant fou. Il se leva tout aussi brusquement que moi et, l’œil droit caché par l’une de ses mains, il pointa le doigt vers moi. — C’est ça, femme aux cheveux de paille ! La folie commence à te ronger également ! C’est pourquoi moi, le grand Édouard Delacour, accepte, une fois de plus, de mettre à ton service mon esprit brillant. Sois-en honorée ! Face au soutien de mes amis de club, les larmes me montèrent aux yeux. Je fus obligée de baisser la tête pour ne pas montrer ma faiblesse dans un tel moment. — Merci… J’ai vraiment de la chance de vous avoir… Et Soichiro aussi, murmurai-je. — Qu’entends-je ? Tu viens de lancer l’opération Bifröst, présidente ? ricana le prétendu savant fou. D’un revers de la manche, j’essuyai les larmes qui trempaient mon visage puis fis face à l’équipe technologique et historique de l’école Rikoukei, plus déterminée que jamais. — Faisons tomber ensemble cet imposteur de Romain et rétablissions la vérité, les amis ! Oui. Après quinze ans de mensonges et de tourmente, la fédération allait sortir victorieuse.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 9 Jan - 1:01 | |
| Chapitre 53 : Violet, la sagesse des âges- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=8zj0eWxRYU4La mairie de Tokyo, un immense complexe situé dans le quartier de Shinjuku où nous avions l’habitude de nous rendre, Soichiro et moi, pour profiter de la vue panoramique de l’observatoire. Mais ce jour-là, il n’était pas question de tourisme. Ce jour-là, j’allais réparer une injustice vieille de quinze ans. Ce jour-là, Hakaze allait être vengée. Ce jour-là, Soichiro allait pouvoir vivre à nouveau une vie paisible. Ce jour-là, Romain Sawyer allait tomber. Je montais quatre par quatre les marches de la tour est de l’immense immeuble pour y atteindre le quarante-huitième étage, siège du gouvernement et actuel bureau de Romain. Tout au long de notre ascension, nous affrontâmes plusieurs membres du mouvement ESPer, mais aucun ne faisait le poids face à mes hommes. Après tout, je les avais préparés spécialement pour ce moment. Alors que nous approchions du sommet, j’ordonnai à mes troupes de se séparer et de sauver tous les employés de la mairie et d’arrêter les assaillants. En vérité, je voulais simplement pénétrer seule dans la pièce finale. — Édouard, je suis au dernier étage. Est-ce que la voie est libre ? murmurai-je dans mon oreillette, cachée derrière un mur. — Évidemment qu’elle l’est ! Moi, le grand Édouard Delacour, t’ai ouvert la voie, femme aux cheveux de paille ! — Parfait, je te recontac… — Attends, Violet. Le ton que mon ancien camarade de club prit me stoppa net. Ce n’était jamais bon signe lorsqu’il perdait son côté loufoque. — Ne force pas trop. Quoiqu’il arrive, n’oublie pas qu’il n’y a jamais qu’un seul responsable. — La NASA est derrière tout cela, c’est ça que tu essaies de me dire ? raillai-je, bien trop habituée aux idioties de mon ami. — Si seulement… Je te ferai un rapport détaillé de mon séjour au mouvement. Alors s’il te plait…, reviens vivante. — Merci pour le conseil, je tenterai de l’appliquer. Sur ce, je te laisse à ta mission. On se retrouve en bas avec Masamune en fin d’après-midi. Là-dessus, je coupai la communication. Puis, après avoir pris une grande inspiration, j’activai les facultés de Kitshono pour recouvrir mon corps d’une armure de flammes bleu royal. J’étais prête à combattre. Pendant tout mon temps libre, j’avais demandé à Elwood de m’entraîner et avais finalement atteint un niveau exceptionnel dans la maitrise des pouvoirs de mon Spiritual. La défaite contre Ricky et son associé m’avait laissé un gout amer dans la bouche. Je m’étais promis de ne plus jamais faiblir face à l’ennemi. D’un coup violent, je défonçai la porte du bureau du maire qui vola en éclats dans un vacarme assourdissant. Le spectacle qui s’offrit à moi me stupéfia. La pièce était dévastée. Un feu sombre dévorait les meubles et les livres tandis une épaisse fumée flottait dans l’air, le rendant presque irrespirable. Une bataille avait eu lieu ici, mais, apparemment, j’étais arrivée trop tard. Je ne pouvais que constater l’étendue des dégâts. Lentement, je m’avançai au milieu des décombres et des corps mutilés de quelques gardes du corps de Romain. Je cherchais désespérément un indice sur ce qui avait pu se passer, quand, soudain, un gémissement de douleur près de la fenêtre brisée attira mon attention. Je me précipitai vers son origine et découvris, sous les restes du bureau, l’homme que j’avais détesté, haï même, pendant ces quinze dernières années, le maire actuel de la ville et investigateur du Purple Requiem : Romain Sawyer. La moitié de son visage était gravement brûlé, son ventre transpercé d’une épaisse planche de bois et tout son corps recouvert d’hématomes. Même si je méprisai ce type du plus profond de mon âme, le voir dans cet état me fit grimacer. https://www.youtube.com/watch?v=0uDqpWM5mjEAvec précaution, je dégageai les débris et tirai péniblement l’homme contre le mur. Sa respiration était faible, son pouls quasi inexistant et son cœur battait faiblement dans sa poitrine. Dans son état, plus personne ne pouvait le sauver, pas même la plus avancée des médecines. Cependant, je refusais d’être venue ici pour repartir les mains vides. C’est pourquoi, dans un geste désespéré, je claquai une Shungite contre le sol et dirigeai le Kvantiki vers mon ennemi de toujours. L’énergie bleutée enveloppa tout son corps et Romain ouvrit faiblement les yeux, d’abord timidement, puis les écarquilla en me découvrant devant lui. — Bonjour, Romain, déclarai-je d’une voix glaciale. Cela faisait longtemps, n’est-ce pas ? — Vio… let ? articula-t-il tout en crachant une gerbe de sang noir. — Je n’irai pas par quatre chemins, Sawyer. Vous allez mourir. Mais avant cela, j’ai besoin de réponse et je compte bien faire durer votre supplice jusqu’à les avoir obtenues. L’homme tenta de lever la main vers moi, mais ses forces l’abandonnèrent et son bras tomba mollement contre son corps. Devant son impuissance, le maire de la ville se mit à rire tout en crachant ses poumons. — Alors voilà… Voilà à quoi j’en suis réduit…, reprit-il faiblement. Trahi par mon propre neveu… Cela doit être mon châtiment pour cette nuit-là… — Répondez-moi, Sawyer, le coupai-je. Que s’est-il passé lors du Purple Requiem ? Quels étaient vos objectifs, à vous et Ricky ? Et qui était ce Spiritual que vous tentiez d’invoquer ? — Alors comme ça… Vous avez découvert la vérité ? Je n’en attendais pas moins de vous… Vous étiez toujours à fourrer ton nez là où vous ne deviez pas… Vous auriez dû rester à votre place, Violet. Prise d’un accès de colère, je donnai un violent coup de genou dans la poutre qui traversait l’estomac du maire. Il se tordit de douleur avant de tomber lamentablement au sol. Je l’attrapai par le col de sa chemise brûlée puis approchai mon regard à quelques centimètres du sien. — Ne jouez pas aux plus malins avec moi et répondez à mes questions ! Je n’ai pas le temps de faire des devinettes. Je le relâchai brutalement. L’homme s’écrasa à nouveau contre le mur tandis qu’un mince filet de sang se mit à couler le long de sa joue droite. Vaincu, Romain lâcha un long soupir et baissa le regard vers le sol. — Notre objectif… À Ricky et moi… était simple. Prendre le contrôle du réacteur… afin de nous rendre en Izrath. — Vous rendre… en Izrath ? répétai-je, dubitative. — Oui. Nous venions d’être diplômés de l’université de Rikoukei, tout comme vous, lorsque cela est arrivé. Nous avons intercepté… un signal étrange un soir, un signal d’une autre dimension… — Une autre dimension ? Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? — Au début, nous étions sceptiques nous aussi. Mais il s’est répété, encore et encore, chaque nuit pendant une semaine. Nous en étions persuadés. Quelqu’un essayait de communiquer avec nous. C’est pourquoi, Ricky a remonté jusqu’à l’origine du signal… Et nous avons pu lui parler. — Lui ? — Amon. C’était ainsi qu’il se faisait appeler. Il prétendait… venir de notre monde… d’une autre époque également. Et nous a proposé un marché… Nous lui permettions de revenir… et il nous offrait toutes les connaissances perdues au fil des âges sur Izrath. — Et vous avez réellement accepté ?! m’étranglai-je, hors de moi. — C’était l’occasion rêvée pour se faire un nom dans la communauté scientifique. Ryoko Seiu, Soichiro Namatame et vous, Violet Leblanc… Sans cela, nous n’aurions jamais été que des sous-fifres, des faire-valoir, des employés des acteurs de la révolution. Et cela, nous le refusions. — Alors vous avez saboté notre projet et mis le vôtre en place en douce ? grognai-je, prête à le découper en morceaux. — Oui. Le projet Hakaze tel que nous l’avions modifié n’aurait pas dû puiser dans le cœur d’Izrath afin de créer une énergie illimitée… mais aurait ouvrir une brèche, un trou de ver reliant notre monde, Izrath et celui d’Amon. Imaginez une seule seconde ! Être les scientifiques à l’origine de la découverte du voyage dimensionnel. Cela nous aurait apporté à coup sûr gloire, argent et prospérité ! — Mais vous avez échoué lamentablement et vous avez emporté avec votre échec des milliers de vies innocentes ! hurlai-je. Le visage de Romain, qui juste là n’affichait que la folie démesurée d’un homme aux portes de la mort, se crispa soudainement et il se mordit la lèvre qui saigna à son tour abondamment. — Nous… Nous n’avons pas échoué… Nous avons réussi. Nous avons bel et bien ouvert une brèche entre Izrath et la terre… — Alors Édouard avait raison. Cette explosion…, elle était… — Totalement accidentelle. Quelque chose, ou quelqu’un est venu perturber nos plans. — Cette chose… C’était ce Spiritual qui a ravagé la ville, n’est-ce pas ? murmurai-je, blême. — Oui. Ce Spiritual. Cette entité. Ce démon des ténèbres… Je m’en souviens. Il a surgi de la faille sans que nous ne puissions rien faire ! Tout le corps de Romain fut saisi de spasmes incontrôlables. Il se prit la tête dans les mains, l’air terrifié. — Ricky… m’a trahi. Il n’a jamais eu l’intention de se rendre sur Izrath. Du moins, pas comme je le pensais. Il a tenté de s’accaparer de la puissance de cette créature, mais il a échoué. Lui et son associé… Ils m’ont abandonné au milieu des flammes, seul ! Sa respiration s’accéléra. Il serra le poing si fort qu’il transperça sa peau déjà mal en point. — Le cœur d’Izrath du réacteur Kvantiki m’a sauvé. Malheureusement…, j’ai fait confiance à la mauvaise personne. C’est alors que je remarquai sur le corps de l’homme un détail qui m’avait échappé jusqu’ici. Ce que j’avais pris pour des brûlures sur son torse n’en étaient pas. Il s’agissait simplement de trous béants présents à même sa chair, mais d’où aucun sang ne s’écoulait. Lentement, l’énergie bleutée qui entourait Romain Sawyer se dissipait, de même que sa flamme vitale. — Éric, mon neveu… il s’est approprié le pouvoir que j’avais obtenu cette nuit-là, qui me maintenait en vie… ainsi que de l’artéfact que j’avais récupéré afin de contrer ce pouvoir des ténèbres… Romain se remit à tousser et cracher du sang, mais, puisant dans ses dernières forces, il m’attrapa par la manche et me lança un regard suppliant. — Vous… Vous devez mettre un terme à ses ambitions à tout prix… Sinon… Sinon le Purple Requiem se jouera à nouveau et, cette fois-ci, il ne s’arrêtera pas au prélude ! Je reculai d’un pas, abasourdie. Non, ce n’était pas possible. Je le refusais. Je refusais de devoir revivre cela. Je n’allais pas le supporter. L’aura de la Shungite diminua encore d’intensité tandis que les yeux de Romain Sawyer se voilaient, perdant tout leur éclat. https://www.youtube.com/watch?v=RqxmFkmEoZQ— Je suis désolé, Violet… Désolé pour ce que vous avez dû endurer par notre faute. Mais il me fallait un responsable… afin de continuer mes recherches dans le but de sceller à jamais cette force maléfique… Je suis certain que Ricky n’est qu’une victime d’un pouvoir qui le dépasse… Est-ce que vous pourrez un jour nous pardonner ? — Non. Jamais je ne vous pardonnerai, Romain, lui répondis-je sèchement. — Je m’en doutais…, sourit-il dans un ultime effort. — Mais je ne salirai pas votre nom comme vous avez sali le mien et celui de Soichiro. Je rétablirai simplement la vérité et j’empêcherai à l’histoire d’écrire un second mouvement au Purple Requiem. Ceci est la seule promesse que je peux vous faire. — Merci beaucoup, Violet. Même si je vous ai détestée, travailler avec vous… a été enrichissant. J’aurais aimé pouvoir marcher à vos côtés… si les circonstances avaient été différentes. Vous possédez tout ce que je n’ai jamais eu… Alors, je vous en conjure… retrouvez le cœur d’Izrath et ne laissez pas Ricky mener à bien son projet. Et surtout, marchez. Marchez aussi loin que vous le pouvez. Ne laissez rien ni personne vous arrêter. La voix de l’homme se transforma en un murmure presque inaudible, pas plus fort qu’une brise légère. — Toutefois, n’oubliez pas cette leçon… que la vie m’a appris… Parfois, il faut savoir… laisser sa place à d’autres, plus qualifiés… L’énergie de la Shungite s’évapora dans l’obscurité et Romain Sawyer rendit son ultime souffle. Dans un geste de compassion, je fermai les yeux de celui que j’avais traqué pendant quinze années et me rapprochai de la fenêtre détruite. Là, je tirai en l’air une colonne de flamme, signal qui marquait la fin de cette opération. Cependant, alors que tout le monde se réjouissait de notre réussite, je n’étais pas sereine. Les dernières paroles de Romain continuaient à me hanter l’esprit. Mon regard se porta sur les ruines du réacteur au loin, tas de ferraille informe, comme une cicatrice indélébile ancrée profondément dans la chair de la ville martyre. — Romain Sawyer. Je vous ai détesté. Toutefois, au fond de moi, je suis bien mal placée pour vous juger. J’ai agi exactement de la même façon que vous pour sauver celui que j’aimais. Votre loyauté envers votre frère devrait être un modèle à suivre. Alors, soyez-en certain, je continuerai votre œuvre, et je mettrai un terme aux ambitions de Ricky. Vous avez ma parole.
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| | | Heart
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| Sujet: Re: L'avènement des dieux, Rewrite 2.0 Jeu 9 Jan - 1:29 | |
| Chapitre 54 : Violet, au-delà de la sagesse- Spoiler:
https://www.youtube.com/watch?v=rIwl2cDwStwLe succès de cette opération augmenta la renommée d’Éther à travers le monde. De plus en plus de personnes désiraient y rentrer. Les années se succédèrent. Le Purple Requiem fut relégué aux livres d’histoire et, bientôt, une nouvelle académie vit le jour sur les ruines de la première. Mais malgré tous nos effectifs, Éric Sawyer demeura introuvable. Il s’était comme évaporé après la défaite de son mouvement et plus personne n’entendit parler de lui pendant de nombreuses années. Peut-être était-ce pour le mieux. Ou bien préparait-il un coup de maitre dans l’ombre ? Nul ne le savait, pas même ses anciens subordonnés. Il en allait de même pour Ricky et Silver, eux aussi, volatilisés sans laisser de traces. Concernant l’origine du cataclysme, je n’avais encore rien révélé à la presse. La mort du maire de Tokyo était toujours fraiche dans les esprits des gens. Personne n’aurait accepté aussi tôt que celui qu’ils prenaient pour leur bienfaiteur n’était qu’un menteur. Cependant, je réussis à réhabiliter Soichiro en prétendant que Romain s’était trompé et m’avait confié la mission de dévoiler la vérité. Et puisque plus personne n’était là pour me contredire, ma parole fit foi. Néanmoins, mon but était loin d’être atteint. Même si les Sawyer se tenaient tranquilles, nous devions nous préparer. Car derrière eux, il y avait encore un homme, Amon, qui semblait prêt à tout pour revenir dans notre monde. Puisque nous ne connaissions pas ses intentions, Ether se devait d’être paré à le combattre en temps voulu, si besoin. Neuf nouvelles années s’écoulèrent dans un calme absolu. Alice obtint son bac avec une moyenne supérieure à vingt. Elle s’engagea par la suite dans les rangs de la fédération dès ses dix-neuf ans, non pas dans la branche Izrath — je m’y étais opposée — mais dans la branche historique, celle que j’avais ouverte afin d’enquêter sur l’énergie noire qui avait dévasté Tokyo, ce soir-là. Cela lui permettait de voyager aux quatre coins du monde en toute sécurité tout en vivant sa passion d’exploratrice. Masamune devint commissaire général de Tokyo en récompense de son aide apportée lors de l’attaque de la mairie, tandis qu’Édouard, lui, continua son rôle d’espion peu discret. Je confiai à Flore la présidence de la branche japonaise de la fédération, elle qui ne désirait qu’être la supérieure hiérarchique de son mari. Grâce à l’enquête de mon amie, j’appris également que Soichiro avait fortement participé à détruire ce qu’il restait du mouvement ESPer avec son gang pendant que nous prenions d’assaut le siège du gouvernement. Puis il avait définitivement disparu de la circulation. J’avais beau lancer des recherches, il demeurait introuvable. Cependant, je ne m’inquiétais pas pour lui. Après tout, il n’était pas isolé. Ses deux Spirituals l’accompagnaient et je savais qu’elles veilleraient toujours sur lui, bien mieux que je ne l’avais jamais fait. Il devait certainement se sentir encore trop coupable pour oser se montrer en public. Seul le temps pouvait guérir cette blessure de son cœur. Quant au professeur Ryoko, il menait une vie paisible au CERN, perdu dans ses travaux sur les trous de vers et leurs propriétés quantiques. Tout se déroulait pour le mieux dans le meilleur des mondes… Du moins, ce fut le cas jusqu’au funeste jour du 15 mars 2013. Le CERN fut attaqué et mon mentor enlevé par un groupe d’hommes mystérieux, ce même groupe qui, quelques jours auparavant, avait déjà semé le chaos dans l’ancien lycée de ma fille. Au départ, j’avais pensé qu’il ne s’agissait que de dégénérés, voire des membres de Purple Revolution un peu trop véhéments. Toutefois, cette attaque de grande envergure me fit prendre conscience que la menace évoquée par Romain, neuf ans plus tôt, était bien réelle. Je déployai donc tous les moyens disponibles de la fédération afin d’attraper le cerveau de cette affaire, mais il n’y avait rien à faire. De même qu’Éric Sawyer, il nous échappait encore et toujours, comme s’ils avaient le pouvoir de se volatiliser dans une autre dimension. Ce fut par ailleurs sans surprise que nous trouvâmes assez vite un lien entre les deux hommes, ce qui ne fit que renforcer ma détermination à mettre un terme définitif à cette histoire qui n’avait que trop duré. ** Alors que je me trouvai sur le parvis de mon château, je vis la voiture d’Elwood rentrer de Paris. May, mon amie d’enfance, et son mari, le professeur John Wheeler, un collègue et ami proche de Ryoko, étaient également sur le coup. Ils m’avaient demandé de garder un œil sur quelqu’un en particulier, une certaine Angéla Hopper, prise en chasse par Hélios, le roi des dégénérés. Tandis que je voyais la jeune fille descendre du véhicule, accompagné d’un garçon aux airs perdus, je ne pus m’empêcher de sourire bêtement en repensant aux toutes dernières paroles de Romain. Peut-être avait-il raison. Peut-être avais-je passé l’âge de jouer aux héroïnes finalement. Peut-être que ce n’était pas à moi de vaincre Hélios et Éric Sawyer. Seul le destin le savait. Dans tous les cas, je comptais bien faire tout ce qui était en mon pouvoir pour terminer ce que j’avais entrepris, vingt-cinq ans plus tôt, en cette nuit funeste illuminée une colonne mauve et bercée par la mélodie mortelle qui avait fauché tant de vies innocentes. Mais, malgré tout ce qui avait pu nous arriver, je ne regrettais rien. J’avais surmonté toutes les épreuves mises sur mon chemin et en étais ressortie plus forte. À présent, je devais forger la génération de demain et leur transmettre tout ce que les années m’avaient appris. Telle était la mission de l’équipe technologique et histoire de l’école Rikoukei. Telle était la mission de la fédération Éther. — Attends-moi encore quelque temps, Soichiro. Bientôt se jouera la conclusion du requiem, le dernier acte de cet opéra tragique, l’ultime combat avant que nous ne soyons enfin réunis.
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